Chapitre 70

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Sagitta, Douzième Royaume, Palais de Valyar.

Le Djicam Aioros soupira en avisant la pile de dossiers qui s’amoncelait sur son bureau. C’était une catastrophe. Il s’était passé un peu plus d’une semaine depuis sa nomination officielle au poste de Djicam et il croulait déjà sous la masse de travail. Il pensait savoir s’organiser mais avait dû admettre qu’assister son père n’était rien à côté du travail qu’il abattait chaque jour.

Tu devrais peut-être l’imiter, et déléguer un peu, suggéra Saeros.

Oui, mais à qui ? Je n’ose plus faire confiance à qui que ce soit depuis la disparition de la Durckma et la trahison qui a menée à la mort de mon père. Je ne sais même pas où est Lucas…

Aïtor et Alya sont rétablis, ils me semblent. Sanae les a visités avant-hier.

Et je n’y ai même pas prêté attention…

Tu as besoin d’un peu de repos, convint Saeros.

–Tu as quelques minutes à m’accorder, Aioros ?

Le Messager releva la tête. Son oncle Erwan se tenait devant lui. Comme d’habitude il ne l’avait même pas entendu entrer.

–Bien sûr, répondit le Djicam. Installe-toi à ton aise. Qu’est-ce qui t’amène ? Je croyais que tu étais rentré sur Massilia.

–J’y ai renvoyé Lyred. J’estime qu’il est bon de garder un œil sur les Clans lors d’une succession.

Aioros soupira.

–Tu es venu me parler du Clan des Montagnes du Sud, devina-t-il.

–Tu es conscient que ton père était opposé à cette union.

–Oui, se rembrunit le jeune homme. J’ai écouté ses arguments. Mais je trouve dommage de priver Massilia d’un semblant d’unité pour des évènements qui deviennent lointains.

–La Seycam a beaucoup souffert lors de ce conflit.

–Je sais. Je pense depuis des années à ce rapprochement, et c’était bien avant de connaitre Elycia. J’avoue que je joins l’utile à l’agréable, mais les Montagnes du Sud sont ostracisés depuis trop longtemps.

Le commandant des Veilleurs garda le silence.

–Tu as peut-être raison, dit-il enfin. Je suis de l’ancienne génération. J’ai vu ton père souffrir de leurs accusations. Ils n’ont jamais accepté qu’Ivan refuse tout remariage après la mort d’Yléna.

–En tant que nouveau Djicam, je peux représenter un changement. Je pense celui-ci bénéfique. C’est une ouverture, une main tendue. Si j’ai bonne mémoire, jamais jusque-là les Clans du Sud n’avaient été assimilés à la Seycam.

–Tu les ramènes donc dans notre giron ?

–Oui. J’ai parfaitement conscience que c’est un geste fort. Je l’assume.

–J’apprécie que tu m’aies écouté. Je me range à ta position. N’oublie pas que dans tous les cas, je fais partie de la Seycam. Je respecterai toujours tes décisions, même si je ne les approuve pas.

–Je comprends.

Son oncle eut un sourire.

–Une chose est certaine, elle a su se faire remarquer dès son arrivée.

–Oui, grimaça le jeune homme. On peut dire qu’elle a du caractère.

–C’est une bonne chose, en ce cas. Qu’elle ne soit pas intimidée par ton statut, ajouta-t-il face à sa surprise. Tu comptes la présenter à la Seycam avant votre mariage ? Comme le veut la coutume ?

Aioros s’assombrit.

–Il le faudrait, mais… vu l’état actuel de la Fédération, ce ne sera peut-être pas possible.

–Vous avez fixé une date ?

–C’est en discussion. Je voulais d’abord finir les préparatifs pour la cérémonie d’enterrement de père. Il ne reste que trois jours si je veux respecter la tradition.

–Oui, neuf jours est un délai suffisant. Un aller-retour sur Massilia va nous prendre du temps.

–Je sais bien, mais quel autre choix avons-nous ? Sans parler du fait qu’il faudra faire confiance au Prêtre de Mayar qui ouvrira la Porte… Une embuscade pourrait nous attendre de l’autre côté.

Il se prit la tête à deux mains.

–Je suis coincé.

–Je peux envoyer un Veilleur Lié à la Porte de Massilia pour vérifier les alentours, si tu le souhaites.

–Inutile, j’ai déjà des Mecers qui m’informent quotidiennement. Il n’en reste pas moins que nous serons tous loin de Valyar alors que les événements risquent de s’emballer. Je ne veux pas laisser l’Assemblée à Damien et Mickaëla, même pour une journée.

–Rien n’a été laissé au hasard, commenta sombrement son oncle. Cependant… pourquoi ne pas les convier à la cérémonie ? Après tout, il s’agit de la mort d’un Djicam.

–Je pensais davantage à un cadre intimiste, mais s’il le faut… brillante idée, Erwan.

Le Veilleur sourit.

–Tu n’es pas seul, Aioros.

–C’est vrai. Je tacherai de ne plus l’oublier à l’avenir.

–Le climat n’incite pas à la confiance, mais nous sommes Massiliens et nous sommes hommes d’honneur. Quitte un peu ce bureau et va dégourdir tes ailes jusqu’à la caserne, ça te fera du bien.

Le Messager haussa un sourcil.

–Me donnerais-tu un ordre, mon oncle ?

Erwan éclata de rire.

–Un conseil, Aioros.

*****

Aioros retrouva son frère Aïtor à la caserne de Valyar. Les saluts et les sourires chaleureux sur son passage lui firent du bien. Son oncle avait eu raison de l’envoyer ici ; le souvenir de l’arrestation de son père était encore trop présent dans les esprits. Voir le nouveau Djicam permettait d’apaiser les tensions et de soulager les craintes.

Aioros avait aussi pu se rendre compte qu’il était resté enfermé au Palais depuis sa prise de fonction… une erreur qu’il était bien décidé à ne plus commettre. Se retrouver au milieu de ses confrères massiliens était rafraichissant par rapport aux courtisans du Palais. Les intrigues et les basses manœuvres politiques l’écœuraient déjà. Mais c’était là son devoir désormais ; représenter au mieux les intérêts de Massilia au sein de la Fédération.

–Ça me parait une bonne idée, commenta Aïtor en lui rendant son papier.

La guérisseuse Sanae lui avait demandé de revenir pour vérifier la bonne cicatrisation de ses blessures. Lové autour de son bras, le Compagnon de l’Émissaire lui adressa un clin d’œil, et siffla comme elle sursautait de surprise.

Aneth, sérieusement…

Oh ça va, si on ne peut plus s’amuser…

–Parfait alors, répondit Aioros. Je n’ai plus qu’à recopier l’invitation une douzaine de fois.

–Tu as un secrétaire, non ? Fais-lui mériter son salaire.

–Le délai te parait raisonnable ?

–Deux jours pour rallier la Porte de Sagitta ? Oui. Certes, on y serait bien plus vite en volant, mais bon, il faut tenir compte des terrestres. Tu as préparé un discours ?

–Justement, à ce propos, j’aimerai bien l’avis d’Alya.

–Je lui dirai de passer te voir alors.

–Merci.

–Mais tu peux aussi demander à Ananth de lui transmettre, hein ?

–J’essaie de ne pas utiliser le Wild pour des communications aussi triviales, marmonna Aioros. Ou alors je n’ai plus qu’à m’enfermer dans la tour du Palais.

Son frère ricana.

–Je doute fort que tu tiennes plus que quelques jours. Tu aimes trop les grands espaces. Comment ça se passe, là-bas ? reprit-il plus sérieusement.

–C’est compliqué. L’Assemblée se perd dans des débats sans fin sur des problèmes insignifiants au regard de la disparition de la Souveraine légitime. À part le Djicam Altaïr et moi, personne ne semble trouver cela anormal. Zalma et Rodrig me disent d’attendre que Mickaëla fasse une erreur, mais je m’inquiète…

–Toujours rien contre la Grande Prêtresse d’Eraïm ?

–Non. (il serra les poings). Elle est venue me narguer devant son cercueil !

Aïtor posa sa main sur son épaule.

–N’oublie pas que nous sommes avec toi. Tu peux compter sur Alya et moi. Nous ne sommes certes qu’Émissaires, mais nous avons rempli de nombreuses missions pour père à l’occasion. Aneth et Ananth sont de parfaits agents d’infiltration.

–Je m’en souviendrai.

Aioros se leva.

–J’aimerai voler un peu, faire un tour en ville… ça te dit de passer un petit moment en famille ?

Son cadet exécuta un salut moqueur.

–Ce sera un honneur, mon frère. Pourquoi ne pas demander aux Émissaires Matthias et Pietro de nous accompagner ?

Aioros soupira.

–Sérieusement, une escorte ? À Valyar ?

–Tu as des ennemis, Aioros. Et nous n’avons aucune envie d’aller te remplacer au pied levé.

–Très bien, maugréa le Djicam de Massilia. Mais fais vite, mes ailes me démangent déjà.

–À tes ordres, frère bien-aimé, répondit le jeune homme en retenant un sourire.

****

Cette petite promenade lui avait fait du bien, décida Aioros en atterrissant souplement dans la Cour du Palais. Il remit un peu d’ordre dans sa tenue et arrangea ses cheveux échevelés avant de se diriger vers la grande tour qui abritait ses appartements. Neuf étages à grimper ; un jeu d’enfant pour un Messager entrainé tel que lui.

Il passa la porte de son bureau puis appela son secrétaire.

–Malik ? Tu voudrais bien me faire quelques copies de cette lettre, je te prie ?

–Ce sera fait, Djicam. Pour ce soir ?

–Oui, ce serait bien.

Le secrétaire s’inclina avant de prendre congé.

Une bonne chose de faite. Il était temps de se remettre au travail. Il avait à peine saisi le dossier en haut de la pile quand on frappa. Il s’interrompit net et soupira.

–Entrez.

Un jeune Envoyé pénétra dans la pièce et salua.

–Un message pour vous, Djicam, bredouilla-t-il.

–Donne, dit-il en tendant la main.

L’Envoyé aux ailes chocolat lui remit une lettre cachetée. Aioros examina le sceau un instant et soupira de nouveau. C’était certain, les nouvelles n’allaient pas être bonnes.

Il parcourut rapidement les quelques lignes puis froissa la lettre dans sa main. En face, l’Envoyé pâlit.

Te voilà sacrément contrarié, fit Saeros.

Le mot est faible, fulmina Aioros.

–Merci, Ethan, dit-il en revenant au jeune Envoyé. Il va me falloir un peu de temps pour répondre. Saurais-tu où se trouve l’Envoyé Itzal, par hasard ?

–Celui aux ailes noires ?

Le Djicam acquiesça.

–Il s’entrainait dans la cour avec d’autres Envoyés, tout à l’heure, répondit Ethan. Le Messager Minos les encadrait.

–Dis-lui de venir quand il aura fini, veux-tu ? J’ai à lui parler.

Le jeune Envoyé s’inclina, la main sur le cœur.

–Ce sera fait, Djicam, répondit-il avant de se détourner et de quitter les lieux.

Resté seul, le Messager soupira et prit sa tête entre ses mains. Qu’allait-il faire, maintenant ?

*****

On frappa de nouveau à la porte de son bureau.

–Entrez, fit Aioros sur un ton las.

–Ce n’est que moi, dit sa sœur Alya. Ne te dérange pas. Ananth m’a fait comprendre que tu n’étais pas bien.

–Rien d’autre qu’une certaine déception et une lassitude de ce genre de problèmes…

–À d’autres, rétorqua-t-elle, les mains sur les hanches. Crache le morceau. Ça concerne ce dont tu avais parlé à Aïtor ?

–Oui. Je n’ai rien caché des détails aux Massiliens de la capitale. J’en ai même touché un mot à la Djicam Mickaëla, ce midi. Qui a approuvé mon initiative et m’a carrément donné sa bénédiction ! J’aurais mieux fait de m’abstenir. Tout ça pour quoi ? Pour que quelques heures plus tard, elle m’envoie un courrier tout ce qu’il y a de plus officiel, comme quoi Eraïm a décidé que la date optimale pour les funérailles du Souverain était dans trois jours ! « La volonté d’Eraïm », bien sûr ! Elle n’est pas sa Grande Prêtresse pour rien.

La jeune Émissaire jura entre ses dents.

–Il est clair qu’elle cherche à te discréditer.

–Elle a trop bien pris en main l’Assemblée, lui apprit Aioros. Je ne sais pas si elle travaille de concert avec Damien, mais une chose est sûre, pour le moment il apparait timide et effacé. Faible.

–Ne le sous-estime pas, avertit Alya. J’ai demeuré à Valyar plus longtemps que toi ces derniers temps. Il est au cœur de bien des sujets de conversation au Palais.

–Sur ?

–Il se montre très entreprenant avec les servantes du Palais. Ou devrais-je dire, trop. Elles n’apprécient pas son comportement déplacé. Tout comme avec certaines Seyhids. Il considère que c’est un honneur pour elles que le Souverain, fut-ce par intérim, leur accorde son attention.

–Mais personne ne parlera, devina Aioros.

–Exact.

–Je vais mettre l’information de côté, elle pourrait toujours être utile à l’occasion.

–Que vas-tu faire pour les enterrements, du coup ?

Il joignit ses mains sous le menton et réfléchit quelques secondes.

–La situation est délicate, dit-il enfin. Si la Seycam de Massilia n’est pas présente aux funérailles du Souverain… cela sera très mal vu par l’ensemble des Seycams. Notre réputation, déjà mise à mal par l’incarcération de notre père, n’en souffrira que davantage. Nous pourrions être considérés comme des rebelles ; voire être à l’origine d’une guerre civile, chose qui n’est plus arrivée depuis des siècles.

–Ce serait une catastrophe, convint Alya.

–Mais je ne peux pas non plus décaler comme ça les funérailles de notre père… Et je tiens à y assister. Pouvoir lui dire adieu une dernière fois. Je ne peux pas choisir entre mon devoir et mon honneur.

–Et c’est précisément ce qu’ils vont te demander de faire, devina Alya. La prochaine réunion de l’Assemblée est prévue pour quand ?

–Demain matin. Ça me laisse un peu de temps pour réfléchir à une réponse diplomatiquement acceptable.

–Je te souhaite bien du courage… Je peux faire quelque chose ?

Sa réponse fut si rapide qu’elle devina sans peine qu’il avait déjà réfléchi à la question.

–Nous sommes en deuil, Alya. Il n’est pas dans notre caractère de l’afficher ouvertement, mais… il n’y a pas eu seulement père, il y a eu nos frères et sœurs, et plus largement, notre famille. Si tu as une idée… épate-moi.

–Très bien. Je vais m’y efforcer, Djicam, salua-t-elle avec un sourire.

–Épargne-moi les formalités, je te prie ! grogna-t-il tandis qu’elle disparaissait dans l’embrasure de la porte.

*****

Le lendemain matin…

Devant son miroir, le Djicam Aioros terminait d’ajuster son uniforme. Les bottes noires avaient été assez cirées pour qu’il puisse observer son reflet, sa tenue était impeccablement blanche, et le cercle d’argent ressortait sur ses cheveux noirs. Le brassard noir à son bras gauche était bien en place, parfaitement visible : nul ne pourrait dire qu’il ne participait pas au deuil de Dionéris. Impossible d’en faire plus ; maintenant il devait aller affronter l’Assemblée et voir ce qu’il pouvait négocier.

Courage.

Il avait à peine posé la main sur la poignée de la porte que cette dernière s’ouvrit à la volée, le manquant de peu.

–Salutations, Djicam, haleta un Envoyé.

Trois Barrettes, et essoufflé ? Il devrait en toucher un mot aux Messagers. L’endurance était une valeur à privilégier, y compris quand l’usage du vol n’était pas possible.

–L’Émissaire du Cinquième Cercle Alya m’envoie, continua-t-il. Vous devez vous changer. Tenez, fit-il en lui donnant un paquet de vêtements.

–Mais…

–Pas le temps. Dépêchez-vous.

Les deux Mecers se regardèrent fixement, avant que le jeune comprenne qu’il venait de donner un ordre à son Djicam. Il pâlit avant de s’incliner en bredouillant des excuses. Aioros retint un sourire.

–Merci, Tabris. Surveille la porte, veux-tu ?

Au pas de course, le Messager revint dans sa chambre pour se dévêtir.

–Aioros ? C’est toi ? murmura Elycia d’une voix endormie. Tu n’as pas autre chose de plus important à faire ce matin ?

–Rendors-toi, mon amour, fit-il en déposant un baiser sur son front. Un changement de dernière minute improvisé par Alya. Je suis certain que vous vous entendrez à merveille toutes les deux, ajouta-t-il en sautillant sur un pied, l’autre passé dans son pantalon.

La jeune femme s’assit en baillant.

–Approche donc, que je rajuste ta chemise. Noire aussi ? commenta-t-elle. Dois-je suivre ce code couleur ?

–Je n’en ai aucune idée, Elycia. Fais comme tu le sens. Suis-je présentable ?

–Tu es parfait, murmura-t-elle avant de l’embrasser. Je ne sais pas ce que tu as en tête, mais impressionne-les tous.

*****

Lorsqu’Aioros rejoignit ses confrères Djicams dans la salle de réunion de l’Assemblée, les discussions allaient bon train.

–Que signifie cet accoutrement ? demanda aussitôt Mickaëla en l’apercevant.

–Le bonjour, Djicams, salua poliment Aioros. Quel point souhaitez-vous éclaircir ?

–Tous les Mecers, et de nombreux massiliens, dans et autour du Palais, sont habillés en noir, intervint Damien.

–Nous sommes en deuil, expliqua patiemment le Djicam.

–La convention est le brassard noir, dit Zalma, Djicam de Soctoris.

–Je le porte, avec le symbole de la Fédération, répondit Aioros. Suis-je le seul à avoir reçu un courrier avec la date et le lieu des funérailles de Dionéris, Eraïm garde son âme ?

–Non, nous avons tous été informés. Cela vous pose un problème ? demanda Sylvie, Djicam de Kleïto.

–Oui.

La Djicam Mickaëla ouvrit les mains en signe d’apaisement.

–La volonté d’Eraïm ne peut être remise en question, énonça-t-elle.

–La sienne, ou la vôtre ? attaqua Aioros. Je trouve pour ma part étrange, d’avoir convenu d’une date et d’une heure pour Dionéris, Eraïm garde son âme, qui se trouve être exactement la même que celle retenue pour les funérailles de mon père. Alors que je vous en avais parlé.

–Pure coïncidence, voyons, répondit la Grande Prêtresse avec un sourire. Notre bien-aimé Souverain, Eraïm garde son âme, mérite une cérémonie digne de la valeur de son règne. Votre père, en revanche…

–N’ajoutez pas un mot, avertit Aioros, soudain menaçant.

Elle se contenta d’un sourire équivoque avant de se détourner pour rejoindre sa place. Plusieurs Djicams lui adressèrent un regard compatissant. Aioros serra les poings, sa colère s’embrasant.

Ne leur offre pas ce qu’ils désirent, Aioros.

Elle m’agace profondément !

Moi aussi. Elle a compris que tu ne serais pas un allié ; elle cherche à te décrédibiliser.

Satia doit revenir rapidement. Mickaëla est en train de s’emparer du pouvoir.

Je suis tout à fait d’accord avec toi.

Tu as des nouvelles, Saeros ?

Peu. Je crains de te donner trop d’espoir. Patiente encore.

Magnifique, maugréa Aioros.

*****

Quand le Djicam revint à ses appartements, il y trouva Erwan.

–Je ne suis pas sûr d’être d’humeur, mon oncle, commenta-t-il en s’affalant sur une chaise.

Le commandant des Veilleurs, vêtu de noir, salua.

–J’ai discuté avec ta sœur Alya. Elle est vraiment plein de ressources, hein ?

–Oui, mais je ne sais pas encore si sa trouvaille nous a aidée ou pas, maugréa-t-il.

–Je vais finir par croire que ce futur mariage te rend nerveux.

–Une chose après l’autre, répondit Aioros en se massant l’arête du nez. Je n’ose imaginer l’intendance liée à un tel évènement…

–As-tu pris ta décision concernant les funérailles d’Ivan, Eraïm garde son âme ?

–Non, marmonna le Djicam. Je ne sais pas quoi faire maintenant que mon premier plan tombe à l’eau.

–Alors permets-moi de te donner un conseil. Cède. Montre-lui que tu courbes l’échine devant sa sagesse.

–Je n’aime pas ça.

–Je n’ai pas dit que ça te plairait, tempéra son oncle. Tu représentes Massilia. Tu dois paraitre fort, mais ouvert et adaptable également. Sinon tu seras brisé, et nous avec.

– Ton conseil coule de source, je l’admets, soupira Aioros. Je suis trop sur les nerfs actuellement pour réfléchir comme je le devrais. Tout est trop soudain. Je reculerai la cérémonie d’une journée. Le neuvième jour après sa mort, ce sera symbolique. Seuls viendront les intimes et ceux qui auront le courage de faire le trajet, ainsi. Ce sera tout aussi bien.

–Excellent choix, convint le Veilleur. Et sois très prudent avec Mickaëla. Je ne connais pas tous les secrets qu’elle partageait avec mon frère, mais… je pense qu’elle était au courant pour Éric. Si elle sent que tu t’opposes trop à elle… elle n’hésitera pas.

–Je m’en souviendrai. Merci.

–Je sais que le temps est compté pour faire les choses dans les règles mais… une présentation informelle de ta fiancée pourrait être intéressant, non, avant que nous soyons tous réunis pour les funérailles ?

–Viens manger ce soir, alors, fit Aioros. Je vais faire parvenir un message à Aïtor et Alya. Ce sera un début.

–Ce sera parfait.

*****

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