Chapitre 16

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Sagitta, Douzième Royaume. Palais de Valyar.

Satia découvrit que les étages au-dessus des cuisines étaient aménagés comme une auberge. Une grande salle pourvue de deux cheminées et garnie de nombreuses tables, ainsi que plusieurs petites salles pour qui désirait un peu plus d’intimité. Des brassées de fleurs fraiches étaient disposées dans des vases en cristal sur les rebords des fenêtres, encadrées de lourds rideaux de velours violets. Plusieurs tapis étouffaient les sons et donnaient une ambiance chaleureuse.

Damien remarqua sa surprise.

–Certains Djicams se font amener leur repas dans leurs appartements, et il arrive que l’Assemblée dine chichement en session, mais la plupart du temps, c’est ici que les repas se prennent.

La jeune femme admit qu’il devait être bien plus pratique pour les domestiques de ne pas avoir à effectuer un long trajet depuis les cuisines. Et au moins le repas restait chaud.

Ils rejoignirent une longue table où plusieurs convives étaient déjà attablés, et Damien s’occupa des présentations.

–Les amis, voici la Durckma Satia !

Les jeunes gens commencèrent à se lever pour la saluer, mais Satia les arrêta d’un geste.

–Je ne suis pas en fonction, dit-elle en désignant l’absence de diadème sur sa tête. Alors faites-moi grâce des formalités.

Elle retint un sourire face aux réactions diverses, allant de la stupeur au soulagement, et s’installa à l’une des quelques places libres, aussitôt imitée par Damien.

À côté d’elle, une jeune Niléenne. Ses yeux étaient du même bleu que sa peau, ses cheveux blonds nattés dégageaient un visage rond à la bouche sévère. Contrairement à ses compagnes, elle ne portait pas de robe, mais un pantalon noir assorti d’un gilet en cuir pour protéger sa chemise. Comme tous les Niléens, elle avait un tatouage sur le front, représentant son appartenance à l’une des guildes de la planète dédiée aux Arts. Une rose, d’un bleu si foncé qu’il aurait pu être confondu avec du noir. Une spécialiste de l’art floral, supposa Satia.

Elle s’appelait Joya sey Stellaris et était la fille du Djicam Michnor de Niléa.

Satia nota que son sourire cachait une certaine réserve. Nul doute que le Djicam entendrait parler de ce repas… Elle allait devoir jouer l’amabilité et soigner ses relations sociales ; une épreuve dont elle se serait bien passée.

Il y avait aussi un Massilien, les ailes marron rayées de bandes sombres et claires, et une centaure en bout de table. Avec son pelage d’un orange vif, elle s’était contentée d’une fine chemise blanche pour couvrir sa poitrine. Satia frissonna à la simple vue des manches courtes, un rappel bien inutile que les habitants du Quatrième Royaume ne craignaient pas les variations de températures.

La Durckma maintint un sourire de façade tandis que Damien égrenait les noms et titres éventuels. Heureusement, ils n’étaient que huit ; pourtant, elle était presque certaine d’avoir déjà tout oublié.

Après quelques instants de flottement, les conversations reprirent, et Satia, soulagée, constata qu’elle n’était pas bombardée de questions. Elle picora son assiette tout en écoutant distraitement. Ils reflétaient parfaitement la diversité des douze royaumes et arboraient une large palette de couleurs ; la peau, les cheveux, les plumes ou les poils… tous assortis avec plus ou moins de réussite à leurs vêtements.

–Vous avez entendu la rumeur ? Parait qu’un camp de Maagoïs a été démantelé en plein cœur de la forêt de Tyrion.

Satia s’immobilisa. Le Massilien qui venait de parler remarqua son trouble.

–Vous n’étiez pas au courant ? Oh, mes excuses, je ne me suis pas présenté. Mat do Dorav, je suis un aspirant de la Garde du Phénix, dit-il en désignant son uniforme bleu nuit.

La double rangée de boutons dorés était rutilante, comme on pouvait en attendre d’un Seyhid. Pourtant elle doutait qu’à son âge il ait vécu la réalité des combats, malgré ses origines.

–Des Maagoïs si près de Valyar ? Je suis plutôt surprise… répondit Satia.

–Oui, qui l’aurait cru ?

–Une source fiable ? s’enquit Damien.

–Trop de murmures de tous bords pour une simple supposition ! Fédric a profité d’un moment de permission pour s’approcher des lieux.

Baissant d’un ton, il ajouta dans un murmure :

–Il a vu des Mecers, au moins un Messager ! S’ils sont là-bas, ce n’est certainement pas pour rien !

Ils n’avaient donc rien d’autre à se mettre sous la dent que des rumeurs. Soulagée, Satia se désintéressa de la conversation et se contenta d’écouter d’une oreille distraite. Elle les trouvait facilement impressionnables ; d’un autre côté, ils étaient jeunes et ne connaissaient sans doute rien d’autre que la vie facile permise par leur rang. Elle comprenait mieux ce que le Souverain avait laissé entendre. Après tout, ses camarades de l’Académie étaient un peu pareils, et s’imaginer en héros était bien plus agréable que la dure réalité du sol humide par une nuit sans étoiles.

Satia espéra que Lucas ne se trompait pas, et qu’elle était réellement en sécurité au Palais. Pour le moment, elle avait plutôt l’impression qu’on lui rirait au nez si elle osait faire part de ses craintes. Mais qui ferait le lien entre la jeune fille effacée et la nouvelle Durckma ? La couleur de sa peau serait interprétée comme une fantaisie parmi d’autres. La plupart des Seyhids auraient détonné au milieu d’un petit village en pleine campagne. Leur extravagance serait un atout.

Après le repas, les jeunes gens se dispersèrent au gré de leurs occupations, et Satia songea qu’elle avait passé un agréable moment malgré tout. Qu’elle l’aime ou pas, le côté social de son nouveau rôle était important, et il lui faudrait s’y faire.

*****

Massilia, Neuvième Royaume, à proximité de la Porte.

Lucas respira avec bonheur l’air frais de sa planète natale. Rien à faire, c’était ici qu’il se sentait le mieux. Les senteurs subtiles des forêts de sapins, les effluves faiblement iodés de l’océan au loin, l’odeur poussiéreuse de la roche associée à l’humidité de la mousse des hauts sommets…

Un air revigorant à la saveur toute particulière. Celle de la maison.

–Ça fait du bien, hein ? dit Matthias à ses côtés.

Le jeune Émissaire acquiesça.

Tout autour d’eux, d’autres Émissaires accompagnés de quelques Envoyés avaient traversé la Porte également. La garnison sur Sagitta était régulièrement renouvelée.

–Allons-y. Nous sommes attendus.

Les deux amis s’envolèrent. À perte de vue, les pics nus de Massilia ponctuaient le paysage. De l’ocre et du gris pour la roche, des touches de vert dégradés dans toutes ses nuances pour les forêts de conifères et pour les cimes les plus élevées, le blanc immaculé de la neige, sur un ciel d’un bleu limpide.

La météo se révélait très changeante sur la neuvième planète de la Fédération et pour le moment, il restait agréable de fendre l’air dans une atmosphère paisible.

Le quartier-général des Mecers se trouvait à plusieurs heures de vol, à proximité de la cité d’Émeraude, et Lucas en profita pour détailler son compagnon. Le seul qu’il puisse vraiment considérer comme un ami.

Huit ans d’écart, pourtant le jeune Massilien avait été le premier à oser l’approcher, alors à peine Envoyé. Au contraire de ses camarades, il ne s’était pas montré intrusif. À force de patience, il était parvenu à s’imposer auprès de celui que tous considéraient comme un gamin fermé et solitaire.

Lucas retint un sourire. Beaucoup s’arrêtaient à son âge et le sous-estimaient. Matthias n’avait pas commis cette erreur. Il s’était contenté d’être là, sans jamais rien demander en retour. Grâce à lui, Lucas s’était peu à peu rouvert au monde. Il avait d’abord toléré, puis accepté, de combattre en groupe.

Tu lui dois beaucoup, en effet, commenta Lika qui suivait le fil de ses pensées.

Oui. Bien davantage qu’il ne le pense.

Lucas aimait le silence de l’altitude et appréciait de partager ce moment avec Matthias.

Ils étaient suffisamment hauts pour se laisser porter par les courants aériens et réduire leur effort au minimum.

Pourquoi chevaucher quand il était si doux de planer dans les airs ? Les terrestres ne savaient pas ce qu’ils rataient. Ce froid mordant était si doux…

Même les arbres étaient minuscules vus d’ici ; s’ils s’élevaient encore, ils ne tarderaient pas à atteindre les hauteurs où l’oxygène se raréfiait. La limite était invisible, et traitre. Il était souvent trop tard pour s’apercevoir qu’elle avait été franchie, et la perte de conscience qu’elle entrainait conduisait à une chute fatale.

Les deux Émissaires étaient bien trop expérimentés pour se laisser piéger.

Enfin, ils arrivèrent en vue du quartier général des Mecers, leur base la plus importante sur Massilia. Son enceinte de pierres grises était visible depuis le ciel.

Ils se posèrent dans l’aire d’atterrissage aménagée à cet effet. Une zone loin des combats d’entrainement pour éviter tout accident, et gardée en permanence pour prévenir toute attaque. Il convenait de respecter le protocole afin d’éviter un funeste malentendu.

Les deux amis furent soulagés de reposer un peu leurs ailes.

–Lucas !

Surpris, le concerné se figea. N’avoir pas remarqué la présence d’un Émissaire, du Quatrième Cercle en plus ! Il devait être plus fatigué qu’il ne le pensait. Se ressaisissant, il salua formellement, le poing droit fermé sur le cœur.

–Émissaire Dorian.

Le troisième fils du Djicam de Massilia, pour couronner le tout. Que faisait-il là à l’attendre ? Les yeux gris le scrutaient comme s’ils pouvaient lire son âme et Lucas s’agita, mal à l’aise.

–Suis-moi. Nous devons parler.

Lucas ravala sa salive. Il n’avait pas pour habitude d’être impressionné par les Émissaires plus âgés – il en était de toute façon le plus jeune membre, mais là, on parlait d’un autre niveau. À vingt-six ans, Dorian possédait le Quatrième Cercle depuis peu. La Seycam plaçait la barre très haut concernant les exigences de ses membres.

Matthias lui adressa un sourire d’encouragement assorti d’un clin d’œil et Lucas se mit en route derrière son ainé.

Tu le crains à ce point ? s’enquit Lika.

Non. Enfin… Je ne comprends pas ce qu’il attend de moi.

Tout se passera bien.

Le réconfort transmis par le lien réchauffa son âme et raffermit sa confiance.

L’Émissaire Dorian le conduisit à travers l’immense arène d’entrainement, cerclée par les immenses bâtiments de pierre, pour rejoindre une terrasse isolée. Au passage, il héla un Émissaire.

Quatre Cercles s’entrelaçaient également sur sa poitrine. Le cœur de Lucas s’emballa en le reconnaissant : Valérian sey Garden, second fils du Djicam Ivan. À ses côtés, son Compagnon, un tylingre imposant au pelage crème rayé de bleu, promenait un regard nonchalant sur les alentours.

Lucas s’empressa de saluer. Cette fois, même Lika ne parvint pas à atténuer son malaise.

–Que me veux-tu, Dorian ? fit Valérian en étouffant un bâillement.

–Il a survécu au Commandeur, répliqua l’Émissaire en croisant les bras.

–Je sais merci, j’ai lu son rapport aussi, je te rappelle. Tu me déranges pour une broutille pareille ?

Un instant, Lucas songea à profiter de leur querelle pour s’éclipser. Il avait à peine amorcé un pas en arrière quand Dorian posa la main sur son épaule.

–T’ai-je donné la permission de t’en aller ? dit-il avec gentillesse.

–Non, Émissaire, répondit poliment Lucas, coincé. Qu’attendez-vous de moi ?

–As-tu vraiment cherché à vaincre le Commandeur Éric ?

–Il était trop fort pour moi.

–Ce n’est pas ce que je te demande.

Lucas déglutit. Il n’était jamais agréable de revenir sur des souvenirs désagréables.

–Non, admit-il.

–Es-tu bien conscient que ce n’est pas l’attitude qu’on attend d’un Émissaire ?

–Qu’aurais-je dû faire de plus, Émissaire ? rétorqua Lucas en sentant la colère s’emparer de lui. Me laisser mourir ?

–Bien sûr que non, renifla dédaigneusement Valérian. Ce qu’il essaie de t’expliquer, c’est que tu as refusé le combat.

–Je ne comprends pas, avoua Lucas, perdu.

–Tu es parti du principe qu’il était trop fort, expliqua Dorian. Et que tu ne pouvais donc le vaincre.

–N’était-ce pas le cas ?

–La force n’est pas le seul élément d’un combat. Tu peux être dominé, et vaincre malgré tout.

–Pour ça, tu dois croire en tes capacités, renchérit Dorian. Alors, explique-nous sa force.

Lucas rassembla ses souvenirs.

–Il était rapide.

Dorian grimaça.

–Pas le plus simple à gérer, surtout quand le choix du terrain t’es imposé.

–Précis…

–Ce qui aurait pu te permettre d’anticiper. Un tel adversaire ne s’embarrassera pas de fioritures et se concentrera sur tes points vitaux.

–Puissant.

–La puissance n’est rien sans impact. En pénétrant son centre tu peux détourner cette puissance à ton avantage.

–Ou esquiver, plus simplement, ajouta Valérian.

Lucas resta silencieux, considérant les paroles des deux Émissaires plus expérimentés.

–Comment ton Compagnon t’a-t-il aidé ? demanda finalement Dorian.

–Elle ne participe pas directement à mes combats.

–Tu es loin d’être le seul dans ce cas. Leur analyse permet un point de vue différent de la situation, et une meilleure approche.

Une précieuse leçon, n’est-ce pas ? s’amusa Lika.

On reparle de tes encouragements ? rétorqua Lucas, maussade.

Étrangement, seul le silence fit écho à ses pensées.

–Lucas !

Le jeune Massilien sursauta. Vraiment, ce n’était pas dans ses habitudes d’être ainsi pris au dépourvu !

–Messager Arcal, salua-t-il, soulagé.

La quarantaine, l’uniforme d’un blanc immaculé et les bottes cirées impeccables, le robuste Messager aux cheveux grisonnants incarnait l’idéal auquel aspirait tout Mecer. Il portait son épée sur la hanche droite, une rareté, et la lame en Ilik était d’un jaune pâle. Les épées forgées pour les Mecers étaient l’union des quatre éléments fondamentaux : le sable de la Terre servait de matière première, puis le Feu sacré la modelait. L’Air façonnait son tranchant. Enfin, le trempage dans l’Eau lui conférait une résistance à toute épreuve. Plus la lame plongeait dans le sang, plus sa couleur devenait orangée.

Une telle arme était confiée à chaque Émissaire nouvellement promu, et par tradition leur propre sang conférait la première teinte rouge à la lame.

Les deux Émissaires s’inclinèrent à leur tour. Le Messager les observa un instant en croisant les bras.

–Vous en avez terminé avec l’Émissaire Lucas ?

Dorian et Valérian ouvrirent la bouche pour protester… avant de se raviser. Face à un Messager, tout Seyr qu’ils soient, ils n’auraient jamais le dessus.

–Parfait, poursuivit Arcal. Tu es attendu Lucas, l’aurais-tu oublié ?

–Non, Messager.

–Alors qu’attends-tu ?

Lucas salua précipitamment les deux autres Émissaires et s’empressa d’emboiter le pas au Messager.

–Puis-je demander la raison de ma convocation, Messager ?

–Zilar ne t’a rien dit ? s’étonna Arcal.

–Non, Messager.

Lucas sentit un nœud se former au creux de son estomac. Il avait eu son lot de surprises pour la journée.

Détends-toi.

Facile à dire… j’ai l’impression de voler en aveugle.

Tu es nerveux depuis notre arrivée sur Massilia. Tu t’inquiètes pour Satia ?

Lika avait raison. Il devait parvenir à mettre son inquiétude de côté pour se concentrer au maximum sur sa tâche.

Fais-lui confiance. Elle a déjà survécu sans toi.

Son père était à ses côtés.

La Garde du Phénix saura la protéger. Tu en doutes ?

Oui.

Il va te falloir accepter que tu ne peux te battre sur tous les fronts.

Je le sais bien. Je ne pensais pas que ce serait aussi difficile…

Tu y arriveras, fit Lika avec compassion. N’oublie pas que tu n’es pas seul. Je suis à tes côtés, pour le restant de tes jours.

La douce chaleur désormais familière l’enveloppa, lui redonnant confiance.

Merci.

Perdu dans ses pensées, Lucas n’avait pas prêté attention au chemin qu’ils suivaient. Quand le Messager s’arrêta devant l’Esker, le bâtiment où se déroulaient les épreuves des Mecers, le Massilien frissonna, et un sombre pressentiment s’empara de lui.

–Le Messager Zilar t’a recommandé pour le premier Cercle. Comme tu le sais, chaque Cercle requiert l’approbation d’un nombre égal de Messagers.

–N’est-ce pas un peu tôt ? s’inquiéta Lucas.

Arcal sourit.

–Si telle est la volonté d’Eraïm, tu réussiras. Si non… eh bien, tu auras l’occasion de retenter ta chance encore deux fois.

Mal à l’aise, l’Émissaire Lucas suivit son mentor à l’intérieur. Après un passage rapide dans un vestibule qui évitait aux curieux d’apercevoir le cœur du bâtiment, les deux Mecers pénétrèrent dans une salle rectangulaire aux dimensions impressionnantes.

Une immense mosaïque s’étalait sur le sol. Elle représentait l’emblème de la neuvième planète, une épée. La garde était dorée, et trois portiques rectangulaires s’y déployaient, pour les trois épreuves des Envoyés. La lame était composée de pierres grises, polies jusqu’à posséder l’éclat de l’argent. Six portiques circulaires la parcouraient, et nul ne savait comment les cercles dorés se dressaient là, parfaitement verticaux, quelques centimètres au-dessus du sol. Un héritage des Anciens, sans nul doute.

Plusieurs Messagers étaient présents, ainsi qu’un Maitre des Vents, indispensable au bon déroulement de l’épreuve.

Lucas était tellement nerveux qu’il ne sentit même pas Lika atténuer son anxiété.

Un Messager s’avança vers les deux hommes, son uniforme aussi blanc que les cheveux sur son crâne. Autour des yeux sombres, de fines rides trahissaient son âge avancé.

Les mains sèches et nerveuses étaient nouées dans son dos, où s’élevaient deux ailes d’un vert vif. Un membre du Clan de l’Île du Sud, songea distraitement Lucas.

–Qui amènes-tu en ces lieux, Messager ?

–Un aspirant au Premier Cercle, répondit calmement Arcal.

–Agit-il avec Honneur ?

–Le Messager Zilar s’en porte garant.

–Alors entre dans le Premier Cercle, Émissaire Lucas. Que l’Honneur guide tes pas, et tu nous reviendras.

Les poings serrés pour juguler sa peur, le jeune Massilien enjamba l’arceau, suffisamment grand pour qu’il n’ait pas à baisser la tête, et disparut.

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