L'heure d'or

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C'est seulement quelques semaines plus tard qu'Alex et Tom, comme deux étoiles, rentrèrent en collision. Tom passait son temps à la caserne militaire où il terminait un entraînement de plusieurs mois qui lui permettrait d'être sous officier. Le sport intensif sous un soleil de plomb le seyait, et peu à peu, alors qu'il supportait déjà une carrure remarquable, se découpaient ici et là quelques muscles fuselés. Tom excellait dans l’effort et la souffrance, et c’est au point de bascule entre ceux qui abandonnent et ceux qui poursuivent qu’il se révélait. Si cette carrure le seyait, c’est parce qu’il se défonçait à la tâche, et n’était pas satisfait d’un entraînement physique s’il n’avait pas envie de vomir après. Sport, chaleur, vomissements, la formule miracle pour un physique d'apollon semble-t-il.

Alex, en attendant la rentrée et la reprise de ses études, continuait de travailler dur, sans compter ses heures au restaurant. Elle n'avait pas une minute à elle, si bien qu'en se levant elle partait travailler, et entre deux services tentait de faire une sieste pour pouvoir assurer le service du soir. Comme souvent l'été, la fatigue, la chaleur, et le manque de temps lui coupaient l'appétit et elle avait perdu sans sans rendre compte, ni même vraiment y penser, quelques kilos qui auparavant venaient épouser ses hanches et épaissir ses cuisses. Elle ne s’en plaignait pas, au contraire, et si Tom avait perçu ses hanches comme voluptueuses, elle les trouvait elle disgracieuses et trop moelleuses. Elle ne s'émeut donc pas à l’idée de resserrer d’un cran ses ceintures, et malgré un régime drastique, celui-ci était exclusivement composé de sucre, de jus de fruits et autres apéritifs qu”elle arrivait à engloutir quand elle avait une seconde, si bien qu’elle ne préférait pas savoir combien de carences en vitamines et en fer elle pouvait bien avoir. Peu importait pour elle, elle ne voyait le médecin que si elle craignait pour sa vie, et sa santé était loin, très loins sur la liste de ses priorités. Elle savait de toute façon que la fin de l’été venu, elle verrait ses fesses plus rebondies, rehaussées par un régime de chocolats au lait et autres churros de Noël. Alex, bien que peu à l’aise avec son reflet, estimait qu’en cas de préoccupation ou sous haut stress, si trois chocolats par jour lui faisaient du bien, alors ainsi soit-il.

A la fin de l'été, quand la saison s'essouffla et qu'Alex parvint enfin à reprendre son souffle, elle avait réussi à se laisser convaincre par Agathe de monter chez elle pour un dîner entre copains en fin de soirée. Elle ne pensa pas vraiment à Tom en acceptant, la suractivité estivale avait eu raison de ses idées fantasmagoriques qui plaçaient systématiquement son voisin en personnage principal. Lui était concentré sur ses examens, et sur sa volonté de partir en Opex, et le spectre d'Alex s'était quelque peu estompé dans son esprit. C’est tout l’avantage des groupes d’amis de longue date, leur compagnie est reposante puisque les uns et les autres se connaissant si bien que personne ne fait d’extravagants efforts de socialisation. Alex avait donc accepté, sachant que se présageait un repas qu’elle n’aurait ni préparé ni servi ni débarrassé, et que la soirée se résumerait en fous rires en tout genres, comme à tous les innombrables repas qu’ils avaient partagés. Il semblait que cet été là le cercle s’était élargi, quelques autres mais surtout Tom étaient dorénavant systématiquement convié, le militaire ayant réussi comme toujours à charmer les uns et les autres.

Le soir venu, Agathe avait préparé un dîner convivial, l'immense tablée de son anniversaire avait disparu, et elle avait aménagé une table plus petite sous le porche, l'entourait des chaises et banquettes diverses et variées. Le soleil déclinait seulement et la façade toute entière semblait recouverte d'or. Pour soulager les esprits et les portes monnaies, on avait décidé d’acheter une poignée de baguettes, du bon fromage, des fruits et crudités. La seule concession avait été faite sur l’alcool, les uns et les autres ayant décidé de s’accorder le luxe de quelques cocktails.

Chacun avait revêtu sa tenue habituelle, de sorte que sans que cela soit volontaire on se reconnaissait les uns les autres du premier coup d'œil. Agathe ne lésinait pas sur les couleurs et les imprimés et se prélassait sous un soleil enfin plus doux dans une combinaison vichy. Alex, en retard comme toujours, n'avait pas vraiment eu le temps de réfléchir à sa tenue et comme toujours dans ce cas avait opté pour son uniforme: elle avait passé une robe qui venait onduler à ses chevilles, noire, dans une double gaze de coton brut, légèrement gaufrée. La tenue venait se croiser en portefeuille sur sa hanche, dévoilant timidement un décolleté bronzé encadré par deux manches ballons, et une jambe élancée quand elle marchait dans la brise de soirée d'été. Elle avait fait l'effort de troquer sa pince habituelle pour un chignon bas qui laissait échapper, encadrant avec douceur son visage parfois sévère des mèches blondies par la lumière, vestiges de ce qui avait été il y a quelques années une frange. Ceux qui revenaient de la plage portaient sur les épaules une serviette qui épongeait tant bien que mal les cheveux dégoulinant de soleil et de sel.

En arrivant, Alex découvrit avec bonheur l'assemblée. Comme souvent le groupe était divisé en sous groupe de deux ou trois, chacun entretenant des discussions parallèles qui formaient un doux brouhaha. Du premier cou d’oeil, elle aperçut Tom, sous la partie reculée du porche, appuyé avec un certain flegme contre le mur, entretenant un verre à la main une conversation avec Capucine, une des filles du groupe qui rentrait du lac et qui semble-t-il n'avait aucun problème, contrairement à Alex, à assumer son corps dénudé en pleine lumière. Capucine était une jeune femme pétillante, mais on la connaissait surtout pour sa personnalité séductrice, et une franchise déconcertante.

En le remarquant, comme à chaque fois que ses pensées s'égarent sur lui, le cœur d'Alex eut un sursaut. Elle ne put s'empêcher de remarquer Capucine et sans raison valable, mais en faut-il seulement une, cette conversation en tête à tête entre les deux personnages ne lui plut pas. Malgré cette personnalité charmeuse Alex s’était toujours bien entendue avec Capucine dont elle avait partagé la classe et les soirées depuis plusieurs années. Mais elle la savait séduisante, et elle savait surtout que les hommes étaient très réceptifs à son charme, or hors de question que Tom y succombe. Mais Alex n’était pas le genre à s’imposer dans leur conversation, ni à délimiter son territoire, troublée mais résolue, elle vint alors à la rencontre d’Agathe qui saurait lui changer les idées. Mais Alex, malgré elle et alors que son propre comportement l’irritait, ne décolèrait pas. Pourtant elle ne lui avait jamais adressé un mot, ils ne se connaissaient pas. Mais une envie qu'elle essayait de repousser de le posséder, et en même temps de lui appartenir grondait dans sa poitrine.

Tom n'avait pas non plus dérogé à ses habitudes, et avait troqué son jean pour un short gris en molleton qui tombait sur ses hanches nonchalantes. Lui aussi avait remarqué la jeune femme, il donnait la réplique sans grande passion à Capucine quand, sans raison particulière, son regard se détourna et il put apercevoir la silhouette puissante d'Alex se détacher dans un rayon de soleil rasant qui empêchait de distinguer réellement son visage. Il aimait contre toute attente la modestie de ses vêtements, elle ne portait jamais que du beige, du noir, du bleu profond, dans des tissus couvrant toujours ses cuisses, ses bras. Mais cette élégance humble le séduisait pourtant, plus que Capucine dont la peau ainsi mise à nue semblait presque agressive en comparaison. Tom avait deviné qu’elle ne l’approcherait pas, et à juste titre puisque Alex avait la fâcheuse tendance de fuir quand une trop forte émotion s'approchait de trop près. Il eut ainsi tout le loisir de la voir se rapprocher, de discerner cette fois une poitrine tout à fait couverte, quelques mèches qui s’autorisaient à onduler autour de ses joues. Quand elle se dirigea vers Agathe, il perçut depuis quelques mètres son odeur ensoleillée, l’odeur d’une peau tannée qui avait avidement bu crème solaire et après-soleil monoïé.

La soirée poursuit son cours sans que l'un et l'autre ne se parlent ou ne se regardent. Pourtant ils étaient dans les pensées vagabondes de l'autre, dans la perception si particulière qui existe entre les étoiles qui s'entrechoquent. Sans se voir ils savent où l'autre se trouve, ils n'entendent que sa voix, et perçoivent ses mouvements qu'ils ont inexplicablement tendance à mimer. Le tout en une valse élégante tournante, où chacun se déplace en orbite de l'autre, sans jamais s'éloigner trop, et sans jamais laisser la gravité étourdissante qui les attire les rapprocher. N’importe qui à ce dîner n’aurait pu deviner cette danse qui se jouait, mais dans le silence des mots les cœurs hurlaient.

On mangea, et on bu, et on rit. Les baguettes de pain fraîches et odorantes n’avaient pas fait long feu, et seules restaient quelques dodues tomates cerises sur la table. Le dîner ayant été dévoré par les bouches affamées des nageurs et travailleurs, et alors que ces bouches rassasiées reprenaient peu à peu leurs conversation, Alex prit l’initiative de se lever, attrapant au passage quelques assiettes qu'elle empila savamment comme seule les serveuses expérimentées savent le faire, deux empilées qu’elle portait de la main gauche, trois alignées sur son poignet de la main droite. Elle glissa également sous son aisselle une bouteille de vin pétillant bon marché vide, et pris la direction de la cuisine, pied nue sur les graviers qui meurtrissaient sa chair délicate. Il faisait enfin un peu plus frais et sa robe, plutôt que de coller à sa peau crèmée, acceptait enfin de surfer sur la brise.

A l’intérieur, les portes vitrées grandes ouvertes laissaient entendre la légère musique des conversations. Alex glissa les assiettes et couverts dans le lave-vaisselle, mis la bouteille dans la caisse de fortune qui servait de tri sélectif. Finalement elle entreprit de se laver les mains, sous une eau délicieusement fraîche sur sa peau brûlante. Alors qu’Alex s'affairait dans la cuisine, Tom à son tour entra dans la pièce, pieds nus lui aussi, son short toujours suspendu à ses hanches. Depuis la dernière fois, son t-shirt semblait encore plus tendu sur sa carrure qui à vue d'œil se faisait plus imposante. Alex se tendit en sentant sa présence dans la cuisine, alors qu’elle soufflait dans ce moment de solitude.

Tom venait semble-t-il chercher un paquet de cigarette qu'il ne dégainait que parfois quand la soirée s'étirait, la cigarette lui permettant parfois de s’isoler, parfois d’entamer la conversation, et même parfois de s’occuper les mains. Souvent le silence est l'ennemi à abattre lorsque deux inconnus se trouvent dans la même pièce. Mais pas ici. Le silence était peut-être un peu pesant, peut-être seulement lourd de promesses. Il le brisa en premier, avide sans le savoir de l'entendre, de savoir si la voix d’Alex serait assurée comme il le soupçonnait, ou intimidée par sa présence, ce qui l'aurait probablement autant séduit mais certainement surpris.

"Salut !", sa voix sombre glissa

-oh, salut ! répondit-elle en faisant volte-face.

-Besoin d'aide ? J'irais fumer après

-Non, non, je t'en prie, je n’en ai pas pour longtemps.

Sentant malgré la réponse d'Alex une hésitation, où en tout cas que la réponse avait été dictée par le bon sens et la politesse, il n'en fit rien. Il prit place sur un des tabourets disposés autour de l'îlot central de la cuisine, sans avoir besoin de s’y hisser depuis son mètre quatre-vingt-neuf. Accoudé sur le comptoir en granit, un pied sur le sol et une jambe reposant sur le repose-pied de l'assise, il distingua que les épaules d’Alex retombèrent légèrement, lui permettant de se demander si elle était nerveuse en sa présence, autant que lui en la sienne du moins. Elle sentit dans son dos sa présence et constata avec soulagement qu'il ne l'avait pas écoutée et qu’il était aussi curieux qu’elle, au moins ne le fuyait-il pas. Elle se retourna et s'appuya contre le comptoir, les mains derrière son dos.

-Agathe m'a dit que tu bossait encore au restaurant jusqu'à la fin de l'été ?" lança-t-il

-Oui, encore quinze jours et la saison se termine. Elle m'a dit que tu étais bientôt sous-officier ? répondit-elle poliment.

-Les nouvelles vont vite. Oui, quinze jours et le grade est à moi

-Et après ? demanda-t-elle, curieuse

-Après, l'Opex. Afghanistan probablement.

-Afghanistan ? Intéressant d'être déployé là-bas alors que les Etats-Unis se retirent, dit-elle en haussant les épaules et avec le regard qui devenait percutant, comme toujours quand on lui parlait de politique.

Elle avait essayé d’être mesurée, de contrôler sa voix, mais toutes ses considérations se vidaient toujours de son esprit quand elle se passionnait pour un sujet, rebondissait sur une phrase.

-Paradoxale ouais. Je ne savais pas que tu étais branchée géopolitique, dit-il amusé. Généralement on le remerciait pour son service, les bouches s'ouvraient en un "O" admiratif ce qui ne manquait jamais de le rendre mal à l'aise. Elle était donc bien aussi intelligente qu’elle en avait l’air, et que ce qu’on lui avait dit.

-C'est ma branche, rétorqua-t-elle, gênée d'avoir saisi le sujet aussi rapidement.

-Ta branche ?

-Mes études. je suis spécialisée dans les conflits du Moyen-Orient, répondit-elle en baissant les yeux humblement.

Tom se leva de sa chaise, pour venir s'appuyer contre l'îlot central, faisant alors face à Alex, seulement quelques centimètres plus près que ce qu’il aurait fallu.

-Intéressant, acquiesça-t-il. Qu'est-ce que tu penses du retrait américain ?

-Je pense qu'il est temps, mais je ne sais pas encore quoi penser de la date qu'ils ont choisie pour ce retrait, je crois que la symbolique est débattable.

-Débattable ? C'est prudent comme réponse, ajouta-t-il, provocateur. Il se redressa de l'îlot, réduisant un peu plus la distance qui les séparait, limitée maintenant par une soixantaine de centimètres, assez proche pour entendre le cœur de l'autre marteler dans sa poitrine, mais encore assez loin pour rendre la distance aussi insurmontable qu’elle était insupportable.

-Je demande à voir, je pourrais me faire un avis quand tous les détails du retrait pourront être publics, mais tu dois en savoir plus que moi je suppose. Alex se surprit à être très engagée dans un débat qui n’en était pas un, et qui avait commencé comme une simple conversation de routine entre deux voisins qui ne s’étaient jamais parlés.

-Est qu’est-ce-que tu penses du fait que moi et mon unité soyons déployés là bas ? Renchérit-il.

-Cela dépend si on parle de ton déploiement ou de celui de ton unité, répondit-elle courageusement alors que les mots dévalaient sans qu'elle ait le temps de les retenir, comme souvent chez Alex.

Surpris, il s'approcha encore. Plus que 40 centimètres avant l'impact.

-La réponse n'est pas la même pour les deux ? S'enquit-il, son instinct joueur se réveillant, son centre de gravité aimanté par la jeune femme.

-Peut-être pas. Mais c'est ton devoir de servir ton pays, tu dois le faire, et en être fière.

-Je le suis, dit-il en amorçant un pas de plus. Les collègues là-bas ont besoin de nous.

Il était frappé par la puissance des convictions de la femme devant lui, elle n'avait pas de compassion pour lui, pour son déploiement à venir. Plutôt qu'être émue par le sort de l'homme devant elle, elle avait conscience des enjeux et savait que c'était la chose à faire, servir son drapeau avant tout. Il détestait qu’on le voit comme un héros, alors que son engagement au départ était plutôt le fruit du hasard que celui de la vocation, et apprécia donc la lucidité dont elle faisait preuve.

-Je sais. Son cœur tambourinait dans un concert de percussions de plus en plus irrégulier.

Il parvint, alors que l’un et l'autre se demandaient si c’était seulement possible, à étirer encore le supplice. Tom plaça lentement ses bras à gauche et à droite d'Alex, les appuyant sur le comptoir dans le dos de la jeune femme. Les yeux rivés dans ceux de l'autre, elle était maintenant dans une cage dorée. Le carrelage au sol était délicieusement froid. D'une part et d'autre de la cuisine et de la maison, les fenêtres étaient ouvertes pour faire traverser un courant d'air si d'aventure il acceptait de s'offrir aux habitants de la maisonnée. Le soleil était toujours plus rasant,et pénétrait avec persistance dans tous les encadrements se trouvant sur son chemin, se reflétant sur les peaux tannées, se frayant un chemin entre les poils blonds sur leurs bras, chatouillant les cheveux d'Alex, rendant les regards encore plus brillants. Avec ce geste, Tom avait cette fois réduit irrémédiablement la distance entre eux.

Pourtant si proches ils étaient encore si loin. Ni l'un ni l'autre ne connaissait le nom de famille de son voisin, peut-être vaguement son âge tout au plus, mais peu importe.

Alex se décolla légèrement du comptoir dans une tentative de réduire encore l'infranchissable crevasse entre eux, ses tripes la tirant en avant. Alors que leur poitrines se touchaient bientôt, que l’impact était imminent, que déjà les cheveux échappés d’Alex tutoyaient le cou de Tom, on entendit un concerto de chaises grinçantes se déplaçant à l'unisson, le brouhaha se rapprochait et tous, semble-il, venaient chercher une glace qui viendrait rafraîchir leur langue et se mêler au vin pétillant sur leurs papilles. A contre-cœur, mais peut-être pas tant que ça, ils s'écartèrent brusquement l'un de l'autre, instinctivement. La lenteur de l’approche contrastait violemment avec la brutalité de la séparation. Quand tous les convives ou presque rentrèrent dans la cuisine, personne n'aurait pu soupçonner ce qui venait de se produire. On pourrait deviner que Tom et Alex voulaient capturer dans un écrin ce fragile instant partagé, et qu'il n'était pas question d'ébranler cette bulle. Pudiques l'un comme l'autre, les jaseries et rumeurs qui auraient découlées n'auraient qu'éteint un début de feu, alors que seule une légère fumée commençait à se former sur le bûcher de leur rencontre.

Alex et Tom reprirent leur place à table, plus attentif que jamais à l’autre. Tom se demandait comment il était possible que personne ne parle de ce qui venait de se passer, comment les autres avaient pu ne rien remarquer, cela crevait les yeux non ? Rapidement, la fatigue se fit sentir et les groupes se répartirent dans les voitures. Dans les dernières arrivées, Alex eut la chance, se disait-elle, de pouvoir repartir en premier pour dégager sa voiture, et ainsi saluer le groupe sans avoir à s’attarder sur l’un ou l’autre des invités. Sur L’invité.

Après cette soirée, à nouveau pendant quelques jours les pensées d'Alex et Tom furent parasitées par des flashbacks, des scénarios en tout genre où cette fois, cette fois personne n'entrait dans la cuisine. Personne ne voulait de glace et le moment se prolongeait, tantôt la discussion reprenait, tantôt tous leurs fantasmes se greffaient sur ce moment. Mais comme toujours, chacun par la force des choses repris sa vie, et ni l'un ni l'autre, peut être bénéfiquement, ne se croisèrent dans leurs lotissements respectifs. Alors que l'été s'achevait lentement, et que chacun passait avec déni le peu de jours de bonheur qu'il restait, il semblait pour Alex et Tom que peut être, peut être, le moment resterai indéfiniment en suspens, l'instant serait de ceux dont on se remémore plus tard, lorsque l'on rêvasse de moments passés plus heureux.

Et si, et si j'avais bougé, et si j'avais parlé ? Et s' il avait osé ? Et si elle avait franchi le cap ?

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