Pensées en pagaille

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Avec le soutien de  Agapé 
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Il est difficile de dire quand tout cela a commencé, peut-être avec ce maudit confinement. Peut-être même avant, je ne sais plus. J'ai l'impression de ne jamais me rappeler de ce que je ressens. Comme si mes sentiments étaient éphémères telle la vapeur d'une cigarette électronique. Je ne m'en rappelle pas et je ne sais pas les définir non plus. C'est assez étrange quand j'y réfléchis, mon visage et mon corps reflètent une expression, un sentiment, une émotion. Je suis incapable d'analyser mon propre corps alors qu'autrui l'est. Je trouve cela frustrant. Tiens, une émotion. Elle est arrivée, puis repartie aussi vite.

Les sentiments ne sont jamais vécus entièrement par mon corps. Quand je suis triste, je pleure quelques larmes puis mon esprit passe à autre chose et mes sentiments deviennent neutres voire souvent joyeux. La colère est presque inexistante dans mon corps, comme si elle n'y avait pas de place définie et qu'elle passait simplement faire coucou aux autres émotions.

Ma seule manière d'extérioriser mes sentiments se fait par les larmes : je pleure de joie, de tristesse, de colère, de désarroi. Je n'ai jamais hurlé, frapé ou même écrit pour me calmer. Je n'en ai pas besoin, les émotions partent comme elles sont venues.

J'ai essayé de parler de ce « problème » que j'éprouve. Personne ne trouve d'explication. Ah si, la seule chose que j'ai déjà entendue était assez particulière à entendre. D'après cette personne, j'accepterais immédiatement mes émotions, ce qui les laisserait partir de suite, comme si mon inconscient acceptait de lui-même, sans laisser de place au conscient pour cela. Voilà en quoi je suis frustrée de la situation. J'ai l'impression que mon inconscient me censure mes émotions. Peut-être pour me protéger. Mais de quoi ? Il me prive déjà de mes rêves, pourquoi me priver de mes émotions.

Plus je passe de temps avec moi-même, plus je m'accepte telle que je suis, que ce soit physiquement ou mentalement, et je ressens de plus en plus le besoin de m'exprimer et de faire valoir mes sentiments et mes pensées. Cependant, je crains énormément le jugement d'autrui et cela réveille mon manque de confiance en moi. J'ai beau m'accepter de plus en plus, je n'ai toujours pas confiance en moi comme je le devrais. Je fais croire à autrui que rien ne m'atteint mais je suis sensible à ce que j'entends, à l'image que je renvoie. J'aime être aimée et admirée, j'aime être le centre de l'attention.

N'ayant pas une personnalité qui plait à tout le monde, ce qui est le principe même du fait d'être unique et d'être humain, je remplace cette situation par de l'autodérision. Je me rends ridicule pour attirer l'attention d'autrui. Ce comportement m'a apporté tout ce dont je n'ai jamais voulu : la critique, la mise à l'écart.

Plus jeune, les autres filles restaient avec moi pendant les pauses parce que je faisais ce qu'elles me demandaient pour leur plaire mais aussi parce qu'en me tournant en autodérision, elles pouvaient se placer au-dessus de moi, supérieures. J'avais mal.

Je faisais tout cela pour moi. Au final, cela leur permettait à elles de se mettre en avant. Cependant, j'ai longtemps été aveugle vis-à-vis de ce que je ressentais.

Plus j'avance dans la vie, plus je comprends les situations passées. Je comprends qu'elles aient pu utiliser mon autodérision, même si je ne vois aucunement l'intérêt réel qu'elles ont pu en tirer.

J'ai toujours vu le genre humain comme quelque chose de bon, de curieusement attirant. J'aimais chercher à comprendre les autres, en sachant pertinemment que je ne réussirais pas à le faire. Tout cela m'amusait. J'aime à croire que tous les humains sont bons et généreux avec leurs semblables. Plus j'avance, plus j'évolue et plus je me rends compte de leur futilité. Les humains ne cherchent qu'à se mettre au-dessus des autres, comme si c'était un besoin primaire.

Dans mon cas, je n'en ressens pas le besoin mais c'est simplement une façon pour moi de me dire que je ne suis pas invisible à leurs yeux. J'ai toujours essayé de leur montrer que je pouvais être comme eux, que je pouvais leur ressembler. Je voulais leur prouver ma valeur.

Maintenant, je comprends que je n'ai pas à faire cela. Je dois simplement être moi, apprendre à me connaître, et accepter que je ne puisse pas être comme tout le monde. Car oui, tous les humains sont différents, chaque individu est unique à sa manière et cela la beauté de ce genre.

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Commentaires & Discussions

Émotions et genre humainChapitre6 messages | 3 ans

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