Suivez, soutenez et aidez vos auteurs favoris

Inscrivez-vous à l'Atelier des auteurs et tissez des liens avec vos futurs compagnons d'écriture.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
Image de profil de 2648234092120680

Dory

3
œuvres
2
défis réussis
4
"J'aime" reçus

Œuvres

Dory

Il est difficile de dire quand tout cela a commencé, peut-être avec ce maudit confinement. Peut-être même avant, je ne sais plus. J'ai l'impression de ne jamais me rappeler de ce que je ressens. Comme si mes sentiments étaient éphémères telle la vapeur d'une cigarette électronique. Je ne m'en rappelle pas et je ne sais pas les définir non plus. C'est assez étrange quand j'y réfléchis, mon visage et mon corps reflètent une expression, un sentiment, une émotion. Je suis incapable d'analyser mon propre corps alors qu'autrui l'est. Je trouve cela frustrant. Tiens, une émotion. Elle est arrivée, puis repartie aussi vite.
Les sentiments ne sont jamais vécus entièrement par mon corps. Quand je suis triste, je pleure quelques larmes puis mon esprit passe à autre chose et mes sentiments deviennent neutres voire souvent joyeux. La colère est presque inexistante dans mon corps, comme si elle n'y avait pas de place définie et qu'elle passait simplement faire coucou aux autres émotions.
Ma seule manière d'extérioriser mes sentiments se fait par les larmes : je pleure de joie, de tristesse, de colère, de désarroi. Je n'ai jamais hurlé, frapé ou même écrit pour me calmer. Je n'en ai pas besoin, les émotions partent comme elles sont venues.
J'ai essayé de parler de ce « problème » que j'éprouve. Personne ne trouve d'explication. Ah si, la seule chose que j'ai déjà entendue était assez particulière à entendre. D'après cette personne, j'accepterais immédiatement mes émotions, ce qui les laisserait partir de suite, comme si mon inconscient acceptait de lui-même, sans laisser de place au conscient pour cela. Voilà en quoi je suis frustrée de la situation. J'ai l'impression que mon inconscient me censure mes émotions. Peut-être pour me protéger. Mais de quoi ? Il me prive déjà de mes rêves, pourquoi me priver de mes émotions.
Plus je passe de temps avec moi-même, plus je m'accepte telle que je suis, que ce soit physiquement ou mentalement, et je ressens de plus en plus le besoin de m'exprimer et de faire valoir mes sentiments et mes pensées. Cependant, je crains énormément le jugement d'autrui et cela réveille mon manque de confiance en moi. J'ai beau m'accepter de plus en plus, je n'ai toujours pas confiance en moi comme je le devrais. Je fais croire à autrui que rien ne m'atteint mais je suis sensible à ce que j'entends, à l'image que je renvoie. J'aime être aimée et admirée, j'aime être le centre de l'attention.
N'ayant pas une personnalité qui plait à tout le monde, ce qui est le principe même du fait d'être unique et d'être humain, je remplace cette situation par de l'autodérision. Je me rends ridicule pour attirer l'attention d'autrui. Ce comportement m'a apporté tout ce dont je n'ai jamais voulu : la critique, la mise à l'écart.
Plus jeune, les autres filles restaient avec moi pendant les pauses parce que je faisais ce qu'elles me demandaient pour leur plaire mais aussi parce qu'en me tournant en autodérision, elles pouvaient se placer au-dessus de moi, supérieures. J'avais mal.
Je faisais tout cela pour moi. Au final, cela leur permettait à elles de se mettre en avant. Cependant, j'ai longtemps été aveugle vis-à-vis de ce que je ressentais.
Plus j'avance dans la vie, plus je comprends les situations passées. Je comprends qu'elles aient pu utiliser mon autodérision, même si je ne vois aucunement l'intérêt réel qu'elles ont pu en tirer.
J'ai toujours vu le genre humain comme quelque chose de bon, de curieusement attirant. J'aimais chercher à comprendre les autres, en sachant pertinemment que je ne réussirais pas à le faire. Tout cela m'amusait. J'aime à croire que tous les humains sont bons et généreux avec leurs semblables. Plus j'avance, plus j'évolue et plus je me rends compte de leur futilité. Les humains ne cherchent qu'à se mettre au-dessus des autres, comme si c'était un besoin primaire.
Dans mon cas, je n'en ressens pas le besoin mais c'est simplement une façon pour moi de me dire que je ne suis pas invisible à leurs yeux. J'ai toujours essayé de leur montrer que je pouvais être comme eux, que je pouvais leur ressembler. Je voulais leur prouver ma valeur.
Maintenant, je comprends que je n'ai pas à faire cela. Je dois simplement être moi, apprendre à me connaître, et accepter que je ne puisse pas être comme tout le monde. Car oui, tous les humains sont différents, chaque individu est unique à sa manière et cela la beauté de ce genre.
2
6
6
3
Défi
Dory


Je me retrouve balloté dans une voiture inconnue, dans une direction inconnue, accompagné par des inconnus. L’homme derrière le volant est plutôt concentré. Tournant le volant en fonction des virages, activant les clignotants au dernier moment, il a le pied collé à la pédale d’accélération. Jamais son pied ne s’est déplacé sur la pédale de frein, cette homme est effrayant. Je ne sais pas à quoi il pense, sûrement que rien ne peut l’atteindre.

La voiture prend encore quelques virages avant d’entrer dans un lotissement. Les maisons ont l’air d’avoir une dizaine d’année. Une dizaine d’année, ces quelques mots restent dans mon esprit. Je ne sais même pas quel jour nous sommes. Je fouille immédiatement dans mes poches pour trouver mon téléphone. Rien dans les poches de pantalon, ni dans les poches de mon sweat ou encore dans mon manteau. Je n’ai pas mon téléphone. Mes poches sont totalement vides. Pas de téléphone, pas de clés, pas même de paquet de mouchoirs. Un sentiment étrange m’envahit. Serait-ce un kidnapping ?

Le conducteur gare le véhicule sur un trottoir du lotissement, face à ce qui me semble être la plus simple de toutes ces maisons. La femme, qui était assise sur le siège passager, ouvre la portière et descend de la voiture. Silencieuse pendant tout le trajet, elle toque à la fenêtre de ma portière et me demande calmement de sortir. Mon ressentit est toujours assez particulier sur cette situation. Ne voulant pas déplaire à mes « kidnappeurs », je m’exécute. Je suis maintenant face à cette maison inconnue, avec cette femme et cet homme inconnus à mes côtés.

J’ai beau les observer, les contempler, aucune connexion ne fait dans mon cerveau. La forme de leur visage, la couleur de leur peau, leur teint, leurs yeux, leur façon de se tenir ou de se déplacer, rien. Je ne les connais pas, je suis catégorique. Alors, qui sont-ils ? Que me veulent-ils ? Pourquoi suis-je ici, avec eux ? Quel est le but de tout cela ?

J’entre dans une crise d’angoisse. Mes muscles tremblent, mes poings et ma mâchoire se serrent. Je sens mon cœur battre de plus en plus vite.

- Qui êtes-vous ? Hurlais-je à pleins poumons.
- David, calme-toi.

Pardon, mais qui est David ? La femme qui me dit cela, me regarde droit dans les yeux. C’est la première fois depuis que je l’ai rencontré. Elle me tient au niveau des épaules, comme si elle ne voulait pas me laisser fuir. Son contact est franc, son regard est si doux.
C’est moi David ? C’est tout ce que je comprend à ce moment. Je me nomme David. Je suppose.

- Tu ne te rappelles pas de ça non plus ? Soupire la femme, laissant tomber ses bras le longs du corps.
- Il va se rappeler, dis l’homme.

Me rappeler de quoi ? Finalement, je ne comprends rien. Je suppose des choses, émet des hypothèses. Je pense être David, que ces gens sont de ma famille. Pourquoi la femme aurait-elle été aussi proche et sincère dans son regard sinon ? Je pense qu’ils vont me montrer des choses, pour que je me souvienne. D’ailleurs, il est vrai que j’ai peu de souvenir à mon propre sujet. Je sais que j’ai des parents, mais je ne me souviens pas d’eux.

L’homme me regarde un instant et m’invite à entrer. C’est à ce moment que je comprends. Il parle, me fais visiter la maison, me montre des photos, des vidéos. Il m’explique tout, absolument tout ce que j’ai oublié. J’ai conscience d’avoir tout oublier. A mon plus grand regret, je ne me rappelle de rien.

- Tu as fais une tentative de suicide. L’hôpital nous a appelé quand tu t’es réveillé ce matin pour qu’on vienne te chercher, explique la femme.
- Pourquoi j’aurais voulu cela ?
- Tu n’as rien dit, tu n’as rien écris. Tu as sûrement voulu partir anonymement, pour qu’on t’oublies, pleure la femme. Jamais je ne pourrais t’oublier mon fils.

« Mon fils », c’est qu’elle a dit. Elle est ma mère. Je ne la connais pas. Je suis en colère contre ma conscience, mon inconscient, ma mémoire. Contre moi-même. Comment peut-on oublier sa mère ?

- Tiens, dit l’homme qui est en réalité mon père. Ton téléphone était resté dans ta chambre, dit-il en soupirant. Nous n’avons rien regarder, il est chargé.
- Heu, merci, hum papa.

L’homme sourit suite à mes paroles. Des étoiles et des larmes emplissent les yeux de mes parents. Contradictoire, cette émotion qu’ils ressentent.

J’appui calmement sur le bouton de démarrage. L’écran affiche la marque du téléphone avant de me demander les codes que je tape machinalement. Je m’en souviens. C’est perturbant de se souvenir de codes et pas des personnes qui nous entoure.
Une marée de notification envahit l’appareil qui bip pendant 10 min sans discontinuer. Quand le silence revient, j’ouvre les messages un par un.
Un seul me marque, celui de Maëlle. Maëlle. Je me souviens pas de toi, ni de ce qu’on a vécu. Je crois, d’après ce que je lis, que je t’ai fais mal. Vraiment mal. Tu souffres. Chaque message est une lame de couteau dans mon cœur.
Les photos de ton compte Instagram disent que nous étions proches. Très proche même. Qu’ai-je fais pour te faire souffrir ?
La suite des messages est différente, Maëlle change. Elle s’excuse, pense que c’est de sa faute si j’ai voulu en finir. Elle est effrayée. Oui, je le ressens dans les messages.

On sonne à la porte. Je lève la tête et aperçoit la Maëlle des photos, devant moi.

- Maëlle ? demandais-je.
- Oh David, dit-elle de sa voix douce. Tes parents m’ont dit que tu avais perdu la mémoire, mais tu te souviens de moi. Je suis tellement heureuse, sourit-elle en me prenant dans ses bras.

Je ne suis pas l’aise. Cette situation est angoissante pour moi. J’ai fais du mal à cette fille, elle se rend responsable de ma tentative de suicide. Sûrement parce que j’ai dis des choses horribles. Ce n’est encore qu’une hypothèse, mais mieux vaut la préservée.

- Je suis désolé, je ne me souviens pas de toi, ai-je menti.
- Mais tu te souviens de mon prénom.
- Je viens de le voir sur Instagram.

Choquée, bouche bée, elle semble frustrée, triste. Encore une fois, je la fais souffrir. Mais cette fois, j’espère, que c’est pour son bien. Pour son bien, elle doit m’oublier comme je l’ai oublié.

Plusieurs jours passent, Maëlle prend de mes nouvelles tous les jours. Elle tente toutes sortes de choses pour que je souvienne d’elle, de nous. Rien ne revient, je suis honnête cette fois. Pour continuer à être honnête, je lui dis de m’oublier. Elle refuse, mais j’incite. Pour son bien, elle doit m’oublier. La souffrance est minime comparé à celle que je lui infliger avant ma tentative. Elle peut le supporter. Il le faut. Elle se relèvera. Elle a l’air d’une fille forte, pleine de ressource.

« Ferme les yeux Maëlle et dis toi que je n’existe plus, s’il te plaît. Pour toi. Fais-le. Efface-moi de ta vie, c’est moins douloureux que ce que tu crois. Vis ta vie sans moi et prend ton envol. David. »
1
0
2
5
Défi
Dory
Réel cauchemar. Ce que je vis la nuit est-il réel ? Est-ce simplement mon imagination ?
Et vous, êtes- vous seuls ?
1
2
0
6
0