I

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Les pas d’Orphée ralentissent. Après une très longue marche dans cette forêt que Gorneval a combattue, les deux compagnons de route, perdent confiance. La tête du Roi est pleine des images du dragon, celui-là même qui lui a permis de comprendre des choses qu’il croyait avoir acquises et qui ne l’étaient pas. En plus du visage de Cassandre, voilà ceux d’Audret, d’Emilie et de Wilfried qui se mêlent entre eux pour lui faire face. Aujourd’hui, les paroles de Périnis résonnent en lui comme des vérités évidentes. Aujourd’hui, il n’a personne d’autre à qui faire confiance que lui-même ; aujourd’hui, il n’a plus d’ami, il est livré à lui-même. La seule personne qui saura le sortir de ce mauvais pas, c’est lui et lui seul. Il veut croire cependant que ses amis ne le détestaient pas, mais qu’ils avaient compris cela bien avant lui. Par manque de maturité, du fait qu’il fut protégé trop longtemps par la présence rassurante de son maître d’armes, le jeune garçon sait désormais toutes ces choses qui font qu’il est plus fort. Mais sans doute ne le serait-il pas si seulement il ne venait pas de comprendre que Cassandre a aussi un rôle à jouer dans sa vie. Cette princesse, cette femme, qui règne encore dans ses rêves les plus intimes, plane sur une partie de sa vie que le Roi n’a pas et ne pourra sans doute jamais renier. Elle est néanmoins une pièce qui s’ajoute au puzzle de sa vie et qui fait que désormais il ne sera plus comme avant. Sa froideur, son dédain lui a apporté des choses dont elle-même ne saurait imaginer la richesse. En s’éloignant de lui comme elle l’a fait, c’est un peu de son cœur qu’elle a emporté, malgré elle ; c’est un peu de ses espoirs, mais c’est aussi tout un pan de sa personnalité qui s’est forgée dans l’ombre de son amour stérile. Aujourd’hui ce pan explose au firmament de son être et fait briller son esprit d’une blessure, qui, à défaut d’être guérie, sera là pour l’éternité afin de lui rappeler que l’amour est l’une des parts des ténèbres. Cette part, il la conserve tout près de son cœur aimant et use de sa cuirasse d’acier pour la protéger. C’est cette même cuirasse qui le protège de la lumière perforante de son étoile favorite.

Pour lui, dans sa courte vie, l’amour a dicté ses lois. Il lui a fait connaître le meilleur, l’incommensurable bien-être, celui qu’il doute aujourd’hui de connaître à nouveau. Il lui a fait vivre le meilleur d’un sentiment qu’il n’éprouvera peut-être plus jamais mais qu’il connaît désormais. Reclus dans une petite partie de son être, ce souvenir luit toujours et permet l’espoir de le retrouver. Au détour d’un chemin, au bout de son périple, il connaîtra d’autres sentiments, d’autres formes d’affection, mais il sait dors et déjà qu’aucun ne pourra égaler la splendeur et l’éclat de celui qu’il a connu envers Cassandre. Il s’aperçoit ainsi que ce qui fut le plus destructeur, n’est pas ce sentiment à proprement parlé, mais bel et bien son manque d’expérience, sa crédulité et son avidité d’en connaître toujours plus sans pouvoir jamais assouvir ses envies. Dans son for intérieur, le jeune homme sait que la princesse avait compris tout cela. Et c’est là, la première ébauche de réponse qu’il peut apporter à son départ. Les sentiments qui la motivaient n’étaient sans doute pas aussi forts et purs que ceux qui l’habitaient de son coté. Il veut croire après maintes et maintes réflexions, que la Belle est partie par respect pour lui, par respect pour ses sentiments. Il veut croire qu’elle a décidé de quitter le pays et de s’exiler pour toujours, afin qu’il porte fièrement ses armes et aboutisse au rang qu’il mérite. Pour ne pas entraver ses chances de réussir, elle serait partie en respectant son amour comme elle espérait qu’il respecta son silence. De là où elle se trouve aujourd’hui, elle pense peut-être à lui de temps à autres et tout ce qu’il désire, c’est qu’elle ne regrette rien et qu’elle conserve de lui, l’image de ce chevalier impétueux et atypique qu’il avait tenté d’être pour elle. Dans le cas contraire, le jeune Roi n’aurait plus rien à espérer de sa vie. C’est là que les paroles de Périnis lui reviennent en mémoire : Un chevalier de ton rang, se doit de ne pas avoir de cœur !

Les sentiments contradictoires que fait régner son amour pour la princesse, nuit à sa position de Roi et de chevalier. Ce fol espoir d’avoir fait naître dans le cœur d’une femme comme Cassandre, le moindre sentiment d’affection pour lui, laisse présager une terrible déception en cas d’échec. Et cette même déception, il tente de la réfréner tant elle prend de la place dans son esprit torturé. Plus il repense à ces instants vécus, plus il a tendance à s’imaginer Cassandre, resplendissante, en des lieux étrangers, insouciante du mal qu’elle a causé à Lidan. Les sentiments qu’il lui porte désormais sont ambigus et il le réalise à l’occasion de cette dernière image. Loin de lui l’envie qu’elle paye toute sa vie durant, le mal qu’elle a occasionné. Cependant, le simple fait qu’elle porte en son cœur un peu de cette nostalgie, de ces regrets aussi, suffirait à subroger amplement son désir de compensation à sa douleur. L’imaginer lointaine et heureuse, l’ayant abandonné lui et les siens à d’amers remords, est une douleur supplémentaire qui lui permet pourtant de prendre le chemin d’une guérison méritée. Ce chemin est long, difficile ; Gorneval ne peut pas même se douter des difficultés qu’il aura à l’oublier. Mais il le décide et c’est là l’expression de sa force nouvelle.


Fort de cette récente et inhabituelle impulsion, c’est le monde entier qui lui ouvre les bras. Un océan de courage le submerge et lui fait dire que la vallée des cœurs perdus, n’est plus si loin. La forêt est toujours aussi prévisible, monotone mais le soleil qui tombe de ses sommets lointains, lui donne d’autant plus de courage que la liberté qu’il s’accorde est totale. Il fait progresser Orphée avec la précision et la dextérité que Périnis lui connaît. La bête est au petit galop, se faufilant entre les bras déchiquetés de la forêt et transperce ce mur d’émeraude. Les deux compagnons filent allègrement le long d’un chemin imaginaire. Les couleurs se mêlent entre elles, la lumière éclate et les ténèbres reculent devant eux. Ils sautent par-dessus les souches, abattent les branches, grimpent les talus, dévalent les pentes, glissent et se rattrapent toujours. Ils volent au temps, les instants qu’ils ont perdus et contemplent bientôt une sorte d’ogive magnifique, surplombant la sortie du territoire des ténèbres. Gorneval arrête sa monture. Il veut profiter de l’instant. Ses yeux courent le long de la porte de verdure. Entre ses bras se trouve une grande plaine verdoyante baignée d’une brume épaisse. La vision de cette terre promise le fait basculer dans une euphorie qu’il ne connaissait pas. Il pourrait pleuvoir, neiger ou venter que cette plaine ne serait pas moins belle.

Sa nouvelle indépendance lui donnant de la vaillance, il bondit en avant. Les postérieurs de son destrier glissent sur la terre humide du sous-bois. Il parvient cependant à se propulser en avant. Il franchit la porte et galope sur la colline d’un pays nouveau. Ses yeux n’ont de cesse de croiser l’horizon incertain. Rien ne se dessine d’autre que des vallons qui ressemblent à tous les autres vallons du pays. Rencontrer ici ce qu’il aurait rencontré chez lui ne lui pose pas de problème. La vallée est une terre qu’il espérait tant voir qu’elle ressemble malgré tout, un peu à ses rêves. La course d’Orphée lui permet ainsi de voir se profiler de larges arbres, des rus et des prairies. Un bonheur naissant lui emplit les poumons. Comme s’il absorbait un peu de cette fortune à laquelle il aspirait quand il était encore de l’autre coté, ses yeux se plissent et un sourire se dessine sur ses lèvres. Il n’avait pas, de mémoire, connu tel sentiment de plénitude, depuis qu’il avait quitté Cassandre, un beau matin d’hiver, au terme d’une nuit passée avec elle. L’émotion le gagne d’une manière dont il ne pouvait s’attendre, même au cœur de ses rêves. Cette émotion le gagne d’autant plus que la beauté des lieux ne lui est pas étrangère. Plus il galope, plus elle lui apparaît familière. Ses rêves semblent surgir d’entre les ténèbres pour étaler leur splendeur sous ses yeux. Il croit subitement pénétrer ses songes comme un voyageur de l’inconnu traverse des contrées nouvelles, tout en espérant qu’elles ressembleront à celles de ses rêveries utopiques. Le chevalier noir a beau se persuader que ces terres ne peuvent avoir l’apparence de celles de ses rêves, ses yeux lui montrent le contraire.


Le destrier, un peu las, passe au trot de sa propre initiative. Gorneval ne fait rien pour modifier l’allure. Il se contente d’observer avec la plus grande attention, les alentours et constate rapidement que sur l’horizon, pèse l’ombre d’une sorte de hameau ou de château. La largeur de cette ombre qui se dessine sur la brume comme sur un mur, est stupéfiante. Elle semble être posée sur la colline, telle une gigantesque fleur noire que les pétales protègent. Plus il approche, plus les formes de la tache deviennent distinctes. Surplombant de quelques dizaines de pieds, il ne peut cependant pas être affirmatif quant à son origine. Orphée ralentit le pas comme s’il craignait tout à coup, la proximité de l’intriguante masse obscure. Sa résistance se propage jusqu’à son maître qui redoute la réaction de son animal. Craignant pour sa sécurité, il dégaine son arme. Enlacés par les tentacules adroits d’un brouillard mystérieux, ils progressent ainsi avec un peu plus de vigilance à chaque pas. Le cheval s’ébroue et refuse parfois d’avancer. Le souverain ne se souvient pas avoir déjà remarqué une si grande fébrilité chez son destrier. Ses pas ralentissent alors qu’un léger bruit parvient aux oreilles du Roi. Pris au piège obscur de la brume, il se retourne, s’agite et adresse la parole au vide qui l’embrasse. La peur progresse en lui et ses doigts se raffermissent sur Titane. A son tour, il ralentit la cadence de la bête avec toutes les forces qu’il peut mobiliser. L’animal s’arrête. Le silence est interrompu, selon le sens du vent, par de légers bruits métalliques. La forme noire devient plus présente et plus précise. Gorneval ne comprend toujours pas ses traits et se perd en d’inutiles conjectures. Bientôt, alors que la brume se dissipe pendant de brefs instants, tel un voile que l’on retire, il parvient à déceler au travers des vallons et des couleurs ternes, les remparts d’une forteresse. Ses yeux ne peuvent quitter l’endroit où ils ont croisés les lignes de la silhouette énigmatique, tant la stupéfaction est grande. Au premier abord, le chevalier noir tente de se persuader que le château qu’il a cru voir, n’était en définitive, pas un château, mais le fruit de son imagination. La fatigue aura fait son œuvre pour tromper son regard. Mais son souvenir est trop net, définitivement trop net pour être discutable. Les lignes de la forteresse sont bien celles de Lidan.

Sa première réaction est de nier l’évidence. Ayant suivi le soleil depuis le départ de son expédition, il n’est pas plausible d’avoir tourné en rond et d’être revenu sur ses pas. Puis, suit un sentiment étrange qui l’oblige à penser inéluctablement aux milliers de victimes qui jonchaient le sol sur plusieurs âcres de terre autour de la citadelle quand il l’a quittée. Ces derniers ne se trouvant pas là alors qu’il est à quelques centaines de pieds désormais des remparts, le fait conclure promptement que l’ombre de la forteresse n’est pas celle de Lidan. Un soulagement exagéré le traverse. Une sorte de libération l’emmène en des sphères étrangères où ses craintes n’ont plus court. Cependant Orphée continue de marcher et les bruits s’intensifient. Ils font rapidement tomber l’enchantement qui planait sur l’esprit du souverain. Les traits de l’ombre maudite s’éclairent, se consolident. Le Roi, par prudence fouille dans sa besace et en sort son heaume et ses gantelets. Il s’arme de nouveau et poursuit sa route. Des vagues de brouillard l’empêchent de distinguer correctement la forteresse, mais son attention se porte désormais sur d’autres formes fantomatiques, qui sont sans erreur possible, celles de guerriers en armure. Ils sont à l’origine des bruissements métalliques. Le souverain passe à une cinquantaine de pieds du château sans y prêter attention, passe un premier vallon, puis après avoir franchi une seconde petite colline, arrive à soixante-dix pieds du groupe qu’il observe.

Ce dernier semble se composer de quelques dizaines de soldats tout au plus. La vue de Gorneval se perfectionne au fur et à mesure de sa progression. Ses yeux s’accommodent des conditions difficiles pour lui livrer les secrets de l’indistinct. C’est ainsi qu’il remarque les soldats qui se battent, semble t-il à cheval et à pieds, car les silhouettes marquent d’importantes différences de taille. La première réaction du Roi à la vue de cet affrontement est celle d’une irrépressible envie de fuir ce nouveau combat. Il aimerait avoir le courage de fuir cette guerre qu’il abhorre. Mais ce courage, il ne le trouve pas. Quelque chose le retient ici. Ce quelque chose l’oblige à continuer d’avancer et à affronter ce nouveau malheur. Sa volonté de devenir quelqu’un d’autre, n’est pas étrangère à cela. Plus que Lidan, c’est le Gorneval d’antan qu’il aimerait fuir ; ici la Vie le lui propose en des termes ambigus qu’il a du mal à comprendre. Il continue d’avancer comme avant, avec toujours une infinie prudence. Les cris des combattants lui parviennent assez distinctement. Il peut entendre les épées et les compter. Il dénombre rapidement pas moins d’une quinzaine de belligérants et d’une poignée de chevaux.

En s’avançant encore un peu, il remarque des couleurs. Très peu de temps lui est nécessaire pour constater qu’elles lui sont familières. Un écu porte le rouge et le blanc peint en parti et lui rappellent celui de son père Dinas. Mais rapidement les pièces honorables du chevalier qui les porte, deviennent autrement plus familières que celles d’un père qu’il n’a jamais connu. Ses yeux croisent son armure, son allure et à nouveau son écu. Le rouge et le blanc sont des couleurs qu’il a vues souvent, il en est certain désormais, pour les avoir contemplées, enviées puis détestées : les couleurs de Gwendal flottent à nouveau sous ses yeux ahuris.


La poigne du chevalier noir se raffermit sur le manche de son arme. Gwendal est mort sous mes yeux ! Se dit-il. L’homme qui se trouve en face de lui, ne peut être alors qu’un imposteur, l’usurpateur des couleurs de son ennemi de jadis, ou celui à qui ce dernier les a empruntées. Le respect de la propriété n’étant pas la plus grande qualité de Gwendal, Gorneval préfère imaginer qu’il s’agit bien du propriétaire original de ces pièces. Puis, en se rapprochant, la brume perdant de son épaisseur, elle permet au souverain de percevoir un homme à terre. Debout face au cavalier qu’il dévisageait à l’instant, il semble un peu désemparé. Affrontant plusieurs fantassins de front, le guerrier paraît faiblir. La main du jeune spectateur hésite à lui venir en aide, mais le danger le réfrène. L’idée qu’il puisse commettre une injustice lui fait abandonner toute velléité de combat.

Néanmoins, la brume ne se dissipe toujours pas et le guerrier, seul face aux fantassins, lutte vainement tant la mort lui paraît promise. Le cavalier descend de cheval et se mêle au reste des troupes pour leur prêter main forte. Son appui est décisif. Le regard de Gorneval admire la qualité et l’habileté manœuvrière des soldats tout en respectant leur affrontement. En bon chevalier, il se refuse encore à prendre parti dans l’affrontement. Son attitude se modifie radicalement au moment même où il voit jaillir d’entre les rideaux opaques d’un brouillard épais, la silhouette d’un nouveau guerrier à cheval. Ce dernier semble prendre le parti du soldat à l’armure sombre qui lutte seul contre tous. Promptement, le chevalier bondit à terre. Il dégaine et prononce un nom qui résonne pour Gorneval, comme le chant des enfers soufflant sur un présent stupéfiant. Sa vie et sa perception des choses, basculent au même instant.

“ Dinas ! ” entend t-il comme s’il entendait le nom d’un démon prononcé en guise de verdict à un procès qu’il mène depuis qu’il sait qu’il est Roi. Comme un voile qu’il retire sur sa conscience endormie, il constate que la forteresse est bien celle de Lidan, que les couleurs sont bien celles de Gwendal et que le preux se nomme Périnis. L’homme aux aboies est bien son père, le Roi Dinas de Lidan, souverain des terres ensanglantées de Lidan et de la Vallée des Larmes. Brutalement, son regard devient trouble. Tout paraît confus. Comment est-il possible de revisiter le passé ? Lance t-il à voix basse en espérant se réveiller sur-le-champ. Fuir est la solution qu’il voudrait adopter de prime abord. Fuir ce champ maudit, cette sorcellerie abjecte qui se joue de lui et de ses sentiments. Il voudrait tant que le cauchemar s’arrête, qu’il ferme les yeux et puisse les ouvrir à nouveau, comme un enfant désespéré. Il regrette d’avoir franchi l’Orée des Ténèbres, maudit Périnis de ne point l’avoir suivit, maudit le dragon de ne pas avoir existé et maudit Cassandre de ne point l’avoir aimé. Il range Titane dans son fourreau.

Paradoxalement, tout ce qu’il tente pour échapper à cet instant – cette scène absurde – lui fait toujours comprendre la réalité des choses. Les faits sont si réels qu’il pourrait y perdre la vie s’il s’aventurait parmi les belligérants. Tout ce qui se trouve autour de lui est parfaitement tangible, incroyablement palpable et vivant. Un cauchemar en suit un autre, mais ici, le jeune homme n’est plus le Roi. Il n’est que le fils de Dinas, le chevalier noir se mêlant à la masse de guerriers présents, anonyme et presque inutile. Cependant, le fait d’avoir franchi l’Orée des ténèbres semble faire parti d’un tout, d’une sorte de cheminement irrationnel qui l’a emmené ici. Ce parcours répond à un ordre établi qui dépasse Gorneval mais qui lui fait comprendre, que dans la scène qui se joue devant lui, il existe une place pour lui.

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