Au bonheur de l'aventurier

3 minutes de lecture

Chez Anthelme le basané - Au bonheur de l'aventurier - la plus belle échoppe de la ville, peut être même du royaume. Sur ses étagères, des parchemins précieux, des cartes, des armes anciennes, et des coffrets de bois précieux que nul main humaine n'a jamais forcée, et que Xilihangon, dieu du commerce lui fasse faire faillite si quiconque sait ce qu'ils contiennent de reliques précieuses ou de parfums enfermés qui s'évaporeront comme fumée à la première ouverture.

Le problème avec les aventuriers, c'est que même quand ils ne ramènent que de la cochonnerie, on se sent obligé de la prendre. C'est du bon sens commercial : si on refuse de racheter le butin des aventures médiocres, ils ne reviendront pas le jour où ils tomberont sur quelque chose de vraiment intéressant. Un fournisseur - bon ou mauvais – on doit le respecter.

Mais certains jours, il faut vraiment prendre sur soi... Gunther-le-barbare-sanguinaire avait presque l'air gêné en ouvrant sa caisse. Une vieille armure et une poignée de parchemins moisis, seules dépouilles d'un seigneur démoniaque qui aurait mieux fait de choisir une autre carrière, au vu de son équipement moisi. Invendable.

Pour ne pas ajouter l'insulte à l'humiliation, Gunther-le-barbare-sanguinaire avait précisé qu'elles devraient être vendues de manière anonyme. A moins que peut être, l'armure ait une valeur historique ? Une relique des temsp anciens peut être ? Malheureusement non ; Anthelme en était désolé, mais devant les merveilles qu'il lui avait autrefois ramenées, cette armure faisait vraiment pâle figure.

Sa boutique n'était pas une friperie pour aventuriers en mal d'armures déglinguées, mais la plus renommée des échoppes de curiosités de la ville. On y trouvait des objets magiques et des meubles de prix. Des tapis volant de la lointaine Persépolis, et des cornes de baleine de la mer occitane. Dans un coin, un tonneau empli de monnaies anciennes racontait l'histoire des fortunes de l'humanité. Sous un globe de verre, la couronne de Transniestrie étincelait, joyaux aux couleurs de nuit. Le prince héritier l'avait laissée en gage, échangée contre un grand sac de jetons de poker qui devaient lui permettre de regagner un trône qu'il avait perdu à la partie précédente. Il n'était jamais venu la reprendre.

Anthelme était fier de sa boutique, cabinet de curiosité qu'arpentaient les clients richissimes et les amateurs éclairés. Anthelme était fier de leur vendre bien plus que des trésors : des fragments d'histoire et de culture.

La clochette de la porte se mit à carillonner comme si quelqu'un lui assenait de furieux coups de bâton. "Sonne, sonne, saleté". Les senteurs de santal et de bois ciré furent brutalement remplacées par une odeur de champignons brûlés. "C'est là, c'est là, je vous avais dit que c'était là".

Alarmé, Anthelme s'abrite derrière son comptoir. Par la porte, une marée de créatures dépenaillées se déverse dans la boutique.

De grandes oreilles, des vêtements aux couleurs vives et de petites dents pointues. Des gobelins !!!

Anthelme s'étrangle : "C'est fermé, c'est fermé !"

Jeté dans la direction du comptoir, l'écriteau 'Ouvert' s'en va voltiger derrière une tenture.

"C'est pas fermé ! C'est pas marqué !"

Anthelme l'avait attachée avec un fin cordon de soie, un des gobelins est en train de le machouiller, apparement un peu déçu par son goût.

Les gobelins ne sont pas forcément agressifs. Ils n'en ont pas besoin pour être la pire crainte des commerçants, capables de ravager une boutique en quelques instants. Une horde de gamins dans une confiserie.

La momie est complêtement désséchée, enveloppée dans une grande étoffe en tissu d'arlequin. Le marchand la gardait pour un client qui aurait eu le goût du macabre et un cabinet de curiosités. D'origine indéterminée, la momie n'a pour elle que son inquiétant rictus. Après tout, si les gobelins veulent la manger, ça les regarde. Tout plutôt que de les voir planter leurs sales petites incisives dans un objet précieux.

"On veut ça, on veut ça !"

Puis désignant la caisse contenant l'armure rouillée.

"Et on veut ça aussi"

Anthelme se penche en plissant les yeux.

"L'armure légendaire que Gunther-le-Barbare-Sanguinaire" a ramené au péril de sa vie de la Grande Necropole de l'Ouest et qu'il m'a confié pour que je la nettoie ? Il acceptera peut être de vous la céder, mais il va en demander beaucoup."

"Quoi il veut ? De l'or ? On a ça !!! "

Entrent trois gobelins portant un coffre tout brinqueballant dont le fond est renforcé de grosses planches, et Anthelme retrouve le sourire. Peut être avait il méjugé ces gentils gobelins.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Guillaume Roussard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0