Chapitre 8 De révélation en... Bah, révélation.

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Une visite des plus redoutée par Félicie, du travail administratif à ne plus savoir où donner de la tête, c'était pas suffisant ? Non ! Fallait en plus gérer le vieux machin qui refaisait surface après les avoirs bien mis dans la merde, elle et Aaron. Putain de connerie d'anneaux magique ! Surtout que... Mais qu'est-ce qu'il foutait ici, le papy ?

  • Madame ! On a trouvé cet oiseau de malheur dans un poulailler, un doigt dans l’orifice d'une...

  • Pour savoir s'il va pleuvoir... Il faut mettre un doigt dans le cul de la poule !

Là, il pouvait pas se plaindre vu la situation. Félicie lui colla un de ces marrons sur son crâne dégarni. L'état mental du vioc ne s'arrangeait vraiment pas. C'était même surprenant qu'il soit parvenu ici en restant en vie. Quoique, après tout il avait presque atteint l'âge plus que vénérable du millénaire. Il avait formé Aaron, dont les pouvoirs étaient extraordinaires pour un mage élémentaire.

En vrai elle ne savait rien des vraies capacités du papy. Rien que de dire ça c'était bizarre. Le vioc associé au mot « capacité » ça frôlait l’antinomique. En fait, si, elle lui connaissait bien un talent : celui d'être un sacré emmerdeur. Et elle avait enfin l'occasion de lui reprocher. Ha ha ! Tu ne perds rien pour attendre vieille branche !

  • Au fait, vieux maître, je ne sais pas la raison de votre présence ici, mais ça tombe bien j'ai deux mots à vous...

  • Me voilà les jeunes ! Je dois vous prévenir ! Vous vous êtes trompés d'anneaux magiques ! Je m'en viens vous sauver !

Quoi, quoi, quoi ? Félicie qui s'est trompée ? Il est à la ramasse pépé ! Bon, demander des explications au vioc ça devra attendre. La priorité ? Lui coller une bonne grosse baffe dans la tronche pour lui remettre les idées en place.

  • Les anneaux, c'est vous qui me les aviez donnés, ça vous revient ?

  • Oh, mais oui, je me souviens de vous et des vos arguments, très... Convaincant !

Traitement de choc ! Et un coup de pied dans les noix ! Un ! Apparemment, du côté cerveau y'avait plus rien de sauvable. Geste qui fut salué par les suivantes de Félicie, mais pas d'Aaron.

  • Félicie, tu vois bien qu'il n'a plus toute sa tête.

  • Oui, mais ce n'est pas une excuse. Puisque tu le connais mieux que moi, prend le relai ! Car moi je vais le massacrer l'ancien !

  • Si Madame me permet une suggestion, peut-être faudrait-il lui trouver un lieu, et une occupation, où il ne risque pas de faire de bêtises.

Ha que c'était pratique d'avoir Mi... Mi... Atchoum ! Mimi la sucrette comme conseillère. La fée avait déjà une petite idée en tête. Comment occuper un vieux dérangé de la cafetière sans qu'il ne cause de dégât ? Il savait lire, non ? Il avait de l'expérience ? Et il lui fallait une leçon ! Félicie le fit ramener à la citadelle, et enfermer dans le cabinet de travail. Et un papy bureaucrate ! Un ! Aaron tenta bien de la dissuader, prétextant que c'était tout sauf une bonne idée de laisser le vioc avec des documents importants entre les mains. Mais la simple menace de devoir aider pépé dans sa tâche calma rapidement le jeune homme.

Elle fit quand même surveiller l'ancien, se permettant même en fin de journée d'aller observer d'elle-même ce qu'il faisait. Et quelle surprise, oh, mes amis, quelle surprise ce ne fut pas ! Que de voir le vieux maître, assidu, concentré, tellement professionnel qu'il avait déjà traité l'une des plus grosses pile de documents ! Un logement fut attribué au pépé pour qu'il dorme, parce que ouais, ils étaient rancuniers envers le vioc, mais pas salaud non plus. Une qu'il fut parti, elle regarda de plus près. Il faisait son travail et il le faisait bien, ce qui laissa Félicie sans voix, perplexe, complètement paumé.

Finalement, l'ancien paraissait bien plus lucide qu'elle ne l'aurait crue. Tellement qu'elle se méfiait de lui désormais. S'était-il même vraiment trompé concernant les anneaux ? S’ils les avaient volontairement mariés de force, il allait devoir s'expliquer pépé.

Au lendemain, elle alla donc le trouver, mais quelqu'un l'avait devancé. Le vioc parlait avec Aaron. Elle se demanda si elle devait s'en mêler. Elle hésita, puis préféra jouer aux espionnes. Peut-être que, lui, saurait tirer des informations du vieux machin.

  • Dis-moi pépé. Qu'est-ce que tu es vraiment venu faire par ici ?

  • Pour vous prévenir ! N'utilisez pas les anneaux ! Félicie s'est trompée !

  • Non, tu as merdé, le vioc ! Et t'as pas l'impression qu'il est un peu trop tard, là ?

  • Heu... Je suis vieux...

  • À d'autres ! Je te le redemande, que viens-tu faire ici ?

  • Je n’ai pas le droit de veiller sur mon petit Aaron ? Puis, aussi je viens vous guider dans ces heures sombres !

  • Toi ? Nous guider ? Pourquoi on aurait besoin de ton aide ?

  • Car en battant Leméchant, vous mit un sacré bazar dans l'équilibre des forces du monde ! Moi, mon plan, c'était juste que vous récupériez la gamine, et vous partiez en vitesse. Maintenant, vous risquez de comprendre pourquoi je n’ai jamais affronté le maître des lieux.

  • Bah, il était pas si fort que ça. Même toi, qui êtes plus expérimenté et plus puissant que moi, tu aurais pu l'écraser.

  • Ha, mon p'tit Aaron, que ce n’est pas une question de force ! Maintenant que Leméchant est vaincu, vous allez recevoir les représailles de ses frères.

La pauvre Félicie ne savait pas si elle devait rester là où elle était ou s'en mêler. Que de révélations, oh oui. Certes, le mariage semblait bien accidentel ? Foutaises ! Elle avait trop de mal à y croire. Il était un peu... beaucoup... trop lucide et sérieux pépé. Ça cachait forcément des trucs, surtout que la voix d'Aaron ne montrait aucune surprise. Si c'était déjà une raison de rester discrète et d'écouter, Félicie voulait aussi savoir : Leméchant, il avait des frères ? C'était quoi cette embrouille ?

  • Vous avez battu Juste Leméchant. En faisant ça, vous avez défié Encore Leméchant, et Jamais-deux-sans-trois Leméchant !

Bah bien sûr ! Comme si ça suffisait pas comme ça les noms pourris ! Après Mimi la sucrette, voilà que même les grands méchants de l'histoire ont des patronimes à coucher dehors. Au moins pas de surprise de ce côté-là, sait déjà qu'ils vont venir foutre la merde dans le coin.

  • On pas eu le choix. Puis je préfère encore affronter ça que la solitude et les ténèbres d'une prison moisie.

  • Parlant solitude, ça se passe bien avec Félicie ?

  • Non, mais ça te regarde pas ! Et puis, je croyais que tu n'y étais pour rien dans cette histoire de mariage magique !

  • C'est vrai ! Mais je n’ai jamais dit que la situation me posait problème ! Bien fait pour ce gros con de roi des fées qui t'a enfermé ! Ça va lui faire tout drôle de te voir libre et marié à sa fille !

  • T'es complètement dérangé le vioc ! Si ça t'arranges tant que ça, comment tu peux dire que tu ne l'as pas fait exprès ?

  • Parce que je ne t'aurais jamais imposé ça. Je te connais depuis que tu es un bébé. N'oublie pas que je t'ai élevé et tout appris. T'es mon p'tit Aaron.

Ho que oui, il avait bien plus qu'un lien de maître et élève. Le vieux c'était la seule famille qu'Aaron n'ai jamais eue et connus. Ça, il ne l'oubliait pas. Sinon, il n'aurait jamais laissé le papy s'en sortir aussi facilement après le coup des anneaux magiques.

  • Ouais, je sais vous êtes comme un grand-père pour moi.

  • Mais Aaron, je suis ton grand-père !

  • Quoi !?

  • Aaron ! Contrairement à ce que tu crois, tu n'es pas orphelin ! Tu as des parents encore bien en vie !

  • Quoi !?

Là, ça fait un peut trop effet théâtral à deux balles comme scène, mais ce n'est ni plus ni moins l'échange réel entre les deux. Par contre, les révélations de papy c'est pas un peu trop « cheveux sur la soupe » ? Le pauvre Aaron il doit être paumé avec toutes ces informations qu'il prend dans la tronche. C'était quoi cette grosse arnaque ? Aaron il devait avoir vingt à tout péter. Alors que le vioc il devait bien approchait les mille ans ce con. Comment c'était possible ce lien de famille ? Quoique, avec son côté lubrique, c'était pas si incohérent.

Le plus surprenant restait que si Aaron avait des parents, ils étaient où ? Pourquoi le confier au vieux ? Non, mais c'est vrai. Quelle personne censée et responsable ferait ça ? Il devait s'être produit des choses terribles, inimaginables, épiques mêmes, pour en arriver là.

  • Attendez un peu, comment ça j'ai des parents ? Pourquoi vous me l'avez jamais dit ?

  • Parce que c'était sans intérêt, enfin je veux dire que ça n'aurait rien changé. C'est un couple de gros cons au conseil des mages qui ont perçu ton potentiel dès ta naissance et se sont débarrassés de toi pour éviter, je les cite « les emmerdes ». Dire que j'ai engendré l'un des deux est ma plus grande déception.

  • Le conseil ? Ça veut dire que...

  • Ouais, c'est aussi eux qui t'ont fait enfermer.

Aaron enrageait tellement qu'il était rouge de fureur. Sa magie aqueuse ressortait sous forme de vapeur. On aurait dit une vraie cocotte minute sur le point d'exploser. Il y avait de quoi. Même Félicie en tremblait de colère. Elle se promit intérieurement de ne jamais ressemblait aux parents d'Aaron. S'ils avaient un gamin ensemble, impossible qu'elle l'abandonne peut importe le résultat de leur union. C'était bien beau de dire ça, mais avant même de savoir si une fée et un élémentaire étaient compatibles, encore fallait-il qu'elle parvienne à faire quelque chose avec Aaron. Rien que ça c'était pas gagné. Par contre, si le vieux s'en mêlait, ça pouvait peut-être marcher... Bah quoi ? Pour une fois qu'il était lucide, tout était possible, même les miracles les plus fous. D'ailleurs, comment faisait-il ?

  • Sinon, tu as recommencé à te gaver de pilules magiques ? Ça faisait bien longtemps que je ne t'avais pas vu aussi censé et réfléchi.

  • Seulement depuis hier. Tu sais, elles ne sont pas aussi efficaces que tu le crois.

  • Pourquoi ? Tu as l'air bien dans ta tête.

  • Aaron, je suis vieux ! Très vieux... Plus j'en prendrais moins elles seront efficaces.Elles ne peuvent pas surpasser les ravages du temps. J'ai bien peur de ne plus en avoir beaucoup...

  • C'est pas possible. Ça fait des années que tu es dans cet état. Pourtant les pilules elles...

  • Aaron ! Je te l'ai dit, je suis venu vous guider dans ces heures sombres, mais elles seront les dernières pour moi. C'est aussi pour ça que même si c'est un pur accident, je ne suis pas mécontent de te savoir en de très bonnes mains.

  • Tu parles ! J'ai rien de personnel contre elle, j'ai juste du mal à lui faire confiance. J'ai l'impression d'être plus gagnant qu'elle dans l'histoire. Je suis libre, j'ai retrouvé mes pouvoirs, et j'ai la garantie de ne plus jamais souffrir de solitude.

Ça, c'était surprenant à entendre pour la fée. Elle qui croyait qu'Aaron la détestait, lui en voulait à mort pour les anneaux magiques... Bon, c'était pas trop une déclaration d'amour, loin de là. Plutôt un bilan pratique de la situation. Ce qui était déjà un début pour Félicie. Elle aussi, elle ne pouvait pas se dire amoureuse, mais plutôt... Bref, je sais, vous savez, on sait tous.Revenons donc à ce qui nous "intéresse" vraiment : problème entre elle et Aaron.

  • Je pourrais pas vraiment la rendre heureuse. La simple idée de me retrouver nu en sa compagnie me terrifie. J'ai l'impression qu'il n'y a qu'un pas entre ça et un retour en prison. Même la voir sans vêtements me gêne.

  • Tu ne sais pas ce que rates. Elle a de sacrés arguments pour te faire changer d'avis...

  • Non, mais ça va pas vieux fou !

  • Je t'ai raconté l'époque où je courrais après les nymphes ?

  • Quel rapport ? Puis, je n’oublie pas qu'elle est la fille de celui qui a scellé mes pouvoirs et enfermé. Même si Félicie est gentille, je lui ferais pas aussi facilement confiance uniquement pour ses charmes.

  • De mon temps, je faisais le tour des villages pour transformer l'eau en vin...

  • Pépé, tu délires, tes pilules... Elles... ne font plus effet...

Ça, c'était bien à lui-même qu'il le disait. Le papy était redevenu celui qu'on connaît si bien. Tournant en rond, racontant n'importe quoi. Bref, le vioc quoi. Félicie s'apprêtait à partir, sachant qu'elle n'entendrait rien de plus intéressant. Elle se fit alors devancer par Aaron qui lui fit face, sans la moindre surprise sur sa présence :

  • Au moins, tu sais à quoi t'en tenir.

  • Mais... enfin... Je veux dire... Comment vous... tu as su que j’étais là ? En prison, tu...

  • Tu as déjà oublié ? Tu as des pouvoirs désormais et moi aussi. Je t'ai senti arriver.

  • Soit. Alors à moi de te dire clairement les choses. Que tu me fasses confiance, il le faudra bien. Ces anneaux magiques sont bien là pour nous le rappeler. Aucun de nous ne pourra trahir l'autre.

  • C'est vrai. Mais rien n'empêche quelqu'un de le faire pour toi.

  • Dans ce cas, je vais te montrer que tu te trompes. Je prends même le pari de te libérer de cette peur que tu as d'être intime avec moi. Sauf si tu as menti au vieux maître pour le rassurer, et que je te déplais vraiment.

  • Tu crois que, juste parce que tu es jolie, et gentille avec moi, tu vas effacer des années de nudité vécue comme une punition, une humiliation ? Laisse-moi rire. Tu es aussi dérangé que le vieux ou les elfes noirs sur le sujet.

  • On verra si vous êtes toujours sûr de vous, monsieur ! J'ai tout mon temps et toutes mes nuits pour vous prouver le contraire. J'ai juste évité de brusquer les choses jusqu'à présent !

Aaron était sur le point de répliquer, mais il tourna les talons et ignora la fée. En tout cas, elle avait bien fait passer le message. Désormais, il devait s'attendre à ce qu'elle soit plus entreprenante. Sauf que... Elle savait au moins comment faire ? Non parce que pas sûr qu'on lui ait bien expliqué le pollen et les abeilles. Autant dire que cette partie de l'histoire risque bien d'être très intéressante, et surtout très drôle à suivre.

En tout cas, ce fut un échange riche en rebondissements auquel elle venait d’assister. Que de révélations ! Le pire, c'est que le pépé avait bien mis dans le mille en étant lucide. Dès le lendemain, les messages adressés à Keeleran se succédaient. La nouvelle de la chute de Juste Leméchant s'était répandue comme une traînée de poudre. Dans le lot il y avait pas mal d'insultes qu'on va éviter de citer. C'est juste pour préciser que beaucoup n'avaient pas apprécié la fin d'une paix, dont ils profitaient tous. D'autres messages impliquaient plusieurs visites diplomatiques qui allaient se succéder.

Déjà, il y avait celle des parents de Félicie. Bonne occasion de se débarrasser de la petite sœur. Bah oui, on l'a oublié, mais elle est toujours là. Simplement, elle est bien gardée pour que la fée puisse faire son boulot. Ça, c'est signé Félicie qui a profité de la situation. Puis aussi une délégation de nain qui devait venir. Sans doute pour se plaindre du bordel foutu lors de la réparation de la grande muraille frontalière. Quant aux diverses visites de dames et seigneurs elfes noirs, là, Félicie et Aaron n’avaient pas d'explication. Ils n’avaient pas abandonné leurs potes aux mains des démons eux ?

Bref, fallait s'attendre à beaucoup de joute verbale et de négociation. Pas moyen que Félicie s'en sorte sans aide cette fois-ci. Elle exigea donc la présence d'Aaron à ses côtés. Pas sûr que ça soit une bonne idée. D'autant que même le conseil des mages voulait venir, mais rien de confirmé. Autant dire qu'il faudrait aussi gérer la colère du conjoint en plus des relations diplomatiques. Ça va pas être beau à voir, mais très drôle.

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