Chapitre 9 : La diplomatie.

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Quelques jours après la tempête de messages reçus par Félicie, l'arrivée des premiers visiteurs était proche. En fait, carrément le lendemain. La fée n'avait pas mis ses menaces à exécution concernant Aaron. Elle avait dit cela sur un coup de tête, mais elle n'avait aucune intention de précipiter les choses. Son but ? Coincée dans un marriage arrangée et sans issue possible, elle voulait que cela marche entre eux, rien de plus. Celui-ci semblait avoir apprécié cet effort de retenue, et ne broncha pas à la demande qu'il participe aux discussions diplomatiques.

Les plus proches de Keeleran étant les nains, ils viendraient les premiers. Pour se préparer, Félicie avait exigé une réunion de réflexion, avec Aaron, qui semblait ne pas décider à aider plus que nécessaire, et Mimi, qui était celle qui connaissait mieux les affaires du domaine.

  • Je pense que Madame devrait savoir ceci en priorité. Peu importe les raisons pour lesquelles les nains viennent, n'oubliez jamais que les mines qu'ils occupent appartiennent à Keeleran.

  • Quoi ? Mais alors pourquoi on est partis comme des voleurs la dernière fois ?

  • C'est vous qui avez fait ça, Madame. On vous a juste suivi, car vous ne nous avez pas laissé le temps de vous expliquer.

  • D'accord, mais si c'est nos mines à nous, pourquoi c'est les nains qui les ont ?

  • Parce que Leméchant les avait capturés et installés dedans. Jusqu'à votre victoire sur lui, ils étaient comme nous, des esclaves à son service.

Bon, ça commençait mal cette histoire. Félicie allait devoir, non pas négocier une paix et une amitié avec les voisins, mais statuer sur leur présence dans les mines. Elle se tourna vers Aaron pour avoir son avis. Ce fut rapide, il répondit d'un geste de la main désinvolte. En gros, ça signifie « démerde-toi ma chère ». Ha d'accord ? Il le prenait comme ça ? Très bien il allait le payer et bien plus tôt qu'il ne l'imaginait. Sa vengeance s'accomplit le lendemain, lorsqu'elle le fit emmener par suffisamment de gardes pour l'empêcher de fuir. Objectif ? L'habiller convenablement pour qu'il fasse bonne impression en cette journée si importante. Quand elle le vit, elle ne put qu'être heureuse de sa décision :

  • Vous avez l'air d'un prince très cher.

  • Tu parles, juste l'apparence. Et tu as encore utilisé le « vous ».

  • Ça, c'est parce que tu ne fais aucun effort.

Aaron, d'une belle tunique mauve brodée débordant sur un pantalon noir, ses cheveux lavés et bien attachés, il transpirait l'élégance. Bien plus que Félicie qui devait désormais en faire autant, tout comme leurs gardes. Sauf que pour elle, c'était plus compliqué. La robe qu'elle possédait, elle demeurait assez sobre pour une tenue d'elfe noir. Celles qui furent proposées par ses suivantes, beaucoup moins. Bon ça lui couvrait bien le bassin, par contre le reste était très dénudé, ça peinait à contenir sa poitrine. Les seins, ce n’était pas la faute des robes, mais plutôt de dame nature. Heureusement, certaines semblaient plus à sa taille que d'autres de ce côté-là.

Pour Félicie, c'était une bataille féroce et une torture que d'arriver à trouver une tenue qui soit suffisamment distinguée, sans faire trop osée. Pour les autres un véritable jeu avait commencée. Elles semblaient faire un concours pour habiller leur souveraine. Sauf que le résultat était encore pire. Marlith montra sa trouvaille, un magnifique ouvrage de soie, qui faisait surtout sous-vêtement relié ensemble par quelques bouts de tissu se battant en duel :

  • Madame, j'ai déniché ça pour vous !

  • Mais... Mais... On ne porte pas ça pour une visite diplomatique ! Pour quel genre de dirigeante je vais passer, moi ?

  • Pour une reine elfe noire ! Vous savez, chez nous, c'est la qualité de la tenue qui compte, pas ce qu'elle couvre. Et au moins si ça se passe mal aujourd'hui, ça pourrait inciter votre mari à vous consoler.

  • C'est des coups à le faire fuir, oui ! Plus il y a de peau visible, plus il est mal à l'aise. Sinon, je n’aurais même pas besoin de ça, il a bien avoué me trouver « jolie ». Et puis, y'a d'autres moyen que ça pour se faire consoler, non ?

Ha, on y est ! Elle avait bien relevé toutes les fois où Aaron l'avait complimenté, considéré belle et attirante. Par contre, c'est la réaction des suivantes qui faisait bizarre. Sans déconner, elles qui voulaient que Félicie fasse une héritière, elles devraient se réjouir de savoir Aaron attiré par la fée. Sauf qu'elles faisaient littéralement la tronche. Si Luluh lui trouva son bonheur, un mix entre la tenue proposée par Marltih, et une robe de bal noire. Ce n'était plus de ça dont elles se préoccupaient. Et là, oui là, Félicie comprit pourquoi cette ambiance digne d'un cimetière.

  • Madame, on s'en fout de la diplomatie ! Il y a plus urgent !

  • Comment peut y'avoir plus important que la diplomatie ?

Mimi sortit en trombe de la chambre sans dire un mot. On aurait bien aimé des réponses, nous ! On sait bien ce qu'elles estiment « prioritaire » dans l'histoire, puisqu'elles voulaient aider Félicie à passer de « bonnes nuits ». Mais quand même ! Ça pouvait vraiment pas attendre ? Apparemment non. La Sucrette avait fait vite, et vu ce qu'elle tenait dans les mains, ainsi que la transpiration sur son visage, elle avait couru jusqu'au « donjon des plaisirs ». Une robe en cuir à fentes ouvertes sur toutes les parties intimes.

  • Madame ! Prenez ça, vous en avez plus besoin que moi !

  • C'est quoi ce truc immonde ?

  • C'est ma robe de perverse ! Ça fait un bout de temps que j'ai pas eu une femme dans ma vie. Alors j'en ai pas besoin. Vous en revanche...

  • En quoi c'est censé m'aider ?

  • Bah si votre homme bloque sur la nudité, il peut vous faire votre affaire sans vous déshabille.

  • Il bloque sur la sienne principalement ! C'est plutôt moi qui devrait prendre les devants et non l'inverse. Sauf que je ne sais pas comment faire. Puis, y'a pas urgence. J'ai envie de vivre les choses à mon rythme.

  • Pour vous répondre, si il y a urgence. Les autres Dames et Seigneurs elfes noirs pourraient utiliser ça contree vous. Ils vous jugeront selon les coutumes elfes noirs. On vous a jamais expliqué comment faire au lit ? Si c'est ça, redistribution des rôles ! Luluh de l'alcool pour toute la nuit ! Marlith, des dessins explicatifs ! Moi, je m'en sortirais sans vous pour escorter madame !

Bof, en faite ils n’avaient même pas besoin d'elle. Aaron à lui seul suffisait comme sécurité. D'ailleurs, il serait peut-être temps de commencer la diplomatie, là ! Parce que les nains devaient sûrement être déjà arrivés avec tout ce temps perdu en parlotte de fesses, et choix de tenue ! Et surtout, la pression qu'on lui collait à Félicie n'aidait pas. Elle avait des envies comme toutes personnes normale, mais pas non plus d'obession.

Aaron dormait... Heu non, attendait patiemment devant la salle d’audience. Il était calme, et très sérieux. Ho, lueur d'espoir que tu as Félicie. Il fallut le... Le réveiller, car il pionçait bien au final, les yeux grands ouverts. Au moins pas d'engueulade sur ce détail, ça permettait d'oublié le temps perdu. Tous deux firent une entrée digne d'un conte de fées, dans l'élégance d'un couple de célébrités arrivant à un bal. Donc un bon gros cliché. Les nains en restèrent sans voix, pour le peu que ça avait duré. Très vites, Félicie et Aaron furent fixés avec sévérités. Difficile pour les gardes elfes noirs de ne pas se montrer hostile, mais ils ne devaient pas nuire aux pourparler.

Une fois tout le monde autour de la table, la fée chercha du regard le barbu en chef. Fallait bien savoir avec qui elle devait traiter. Alors, comme y'avait pas de roi ou de souverain chez eux, car implanté de force sur le territoire, fallait pas trop chercher de la couronne. Son point de repère se fit sur celui avec la plus belle cascade de poil, et bingo ! Elle n'avait pas trouvé, en faite c'est lui qui l'interpella. En même temps c'était le seul nabot avec des bijoux en or à la barbe et un diadème en fer.

  • Gente dame, on est venu vous causer de nos mines. On est content que les défenses soient réparées, mais faut vous rendre compte du merdier que vous avez foutu ! Alors on vous a ramené la facture.

  • La quoi !?

Félicie réclama de voir ça de plus près, mais à peine eut elle la feuille en main, qu’Aaron la lui chipa. Elle ne s'en plaignit pas, et lui répondit par un sourire. Pour une fois qu'il faisait quelque chose pour participer, elle n'allait pas lui reprocher son geste. Lorsqu'il eut fini de lire, il tendit la douloureuse à la fée, tout en affichant un visage furieux. Et il y avait de quoi.

Tâche Prix en pièces d'or

Rénovation de la mine 8000 P.O

Rénovation de la bière 5000 P.O

Massage des pierres 7860 P.O

Séance de thérapie des métaux 4500 P.O

Traitement psychologique des barbes 15,000 P.O

La liste était encore longue avec diverses stupidités comme "la purification chamanique des fûts de bières", ou "le massage des épaules de l'or". Bref, les barbus avaient l'intention de les pigeonner. Sans doute misaient-ils sur la bonté naturelle des fées. Félicie et Aaron échangèrent un regard assez équivoque pour qu'ils n'aient pas besoin d'ajouter un mot. Merde alors, pour une fois qu'ils étaient d'accord tous les deux. La belle facture des nains s'embrasa « accidentellement » dans la main d'Aaron.

  • Si mon époux n'a pas été assez clair par son geste, permettez-moi de mettre maintenant les choses au point. On ne vous doit rien.

  • Par ma barbe ! Rien ? Et nos mines ?

  • On vous a libéré d'un tyran, en plus on a assuré votre sécurité en réparant la grande muraille. Et pour finir, c'est nous, qui allons vous faire deux offres pour "nos" mines. À vous de choisir celle que vous préférez.

  • Et si on refuse les deux, ma petite dame ?

Là le ton commençait à monter, et le respect à partir en vacances prématurément. C'était même un miracle que les barbus ne se soient pas fait latter la tronche. Non, mais vraiment. On parle d'Aaron et Félicie qui avaient défoncé Leméchant, qui pouvaient réparer des murailles de plusieurs mètres ou restaurer des champs entiers. Pourtant, la fée restait très souriante et détendue. Lui, fixait les nabots un avec un air de défi. Autant dire qu'ils n'étaient pas disposés à accepter un refus.

  • C'est simple, si vous déclinez, on vous dégage nous-mêmes. Je suis sûr que d'autres seraient ravis d'écouter nos offres.

  • Et comment la dame elle va nous virer des mines ?

  • Pas elle, mais moi. Il y a deux types de négociateurs dans le monde. Ceux qui ont la boule de feu, et les autres. Côté cuisson, vous préférer la mort rapide ou à petit feu ?

Mesdames et Messieurs, les héros de cette histoire. Finalement, c'était plus sage et raisonnable quand ça parlait fesse parce que là, la diplomatie se barrait en sucette. Depuis quand on négocie à la boule de feu avec les voisins ? Surtout qu'Aaron en avait formé une dans sa main, afin de montrer qu'il ne bluffait pas. Les barbus en restèrent pétris d’effroi. Du coup, comme ils l'ouvraient beaucoup moins maintenant, Félicie elle pouvait tranquillement « argumenter».

  • Voici mes propositions. Soit on vous loue les mines, donc faudra nous verser un pourcentage sur vos productions. Soit vous continuez d'être affiliés à Keeleran, et à notre service.

  • Il y a une différence entre les deux ? Dans les deux cas, on doit vous refiler des trucs et vous rendre des services.

  • Mais enfin, évidemment qu’il y a une différence. Dans ma première offre, vous avez une autonomie complète, ce qui implique aussi votre sécurité. Dans l'autre, vous faites partie des sujets de Keeleran, et on viendra vous aider sans la moindre hésitation.

En gros, c'est « rejoint-moi » ou « démerde-toi », mais toujours à l'avantage de la fée. Pas mal comme négociation. Elle savait y faire finalement la Félicie. Elle avait même offert un délai de réponse aux nains, qui à sa grande surprise se décidèrent très vite, et surtout pour la seconde proposition. Et Aaron s'était montré bien plus coopératif dans l'affaire qu'elle ne l'aurait pensé. La réunion finie, Félicie s'amusa même à le rémunérer avec un bisou sur la joue. C'était clairement de la provocation pour l'embêter, mais ça n'avait pas marché. Il éclata de rirer.

La diplomatie s'était bien passée, par contre fallait pas tout miser sur la technique de la boule de feu. Surtout quand se pointeraient les parents de Félicie, ou les Dames et Seigneurs elfes noirs. Hé oui, y'en avait du monde pour venir les emmerder. Grâce à leur accord avec les nabots, ils allaient pouvoirs remplir les caisses du domaine. Sauf que la journée n'était pas finie. Félicie tenta de se sauver, mais elle ne put échapper à ses suivantes.

Une nuit très alcoolisée attendait la pauvre fée. Au moins, ça lui changerait beaucoup de sa vie au palais féerique où elle était constamment seule. Ses gardes du corps ça compte vraiment comme des copines ? Bah, y'a de l'alcool, des discussions entres filles et des très osé en prévision, on va dire que oui. Il y en restait quand même un qui se faisait escroquer dans l'histoire : Aaron. On lui avait préparé la même chose en compagnie de Kilt, Raak, et... Du vioc ? Après ça, Félicie elle va en baver pour mettre en application ce qu'on lui aura appris.

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