4.Conseil stratégique

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« Alors, Charlie, comment allez-vous ?

-Pas trop mal, mais j’imagine que j’irai mieux une fois votre rapport terminé.

-Oui, sûrement, répondit-il en s’asseyant. Par quoi commençons-nous ?

-Nous attendons Shimada. Il devrait entrer dans un instant, s’il est toujours quarante secondes en avance comme dans le temps. »

La porte s’ouvrit au moment où elle terminait sa phrase.

« Belle ponctualité, numéro sept. Vous devriez l’apprendre à votre élève.

-Allons, chacun sa marque de fabrique. Vous ne portez jamais de jupe plus courte, d’ailleurs ?

-Jamais. Ça vous ennuie ?

-Au contraire. C’est plaisant de voir que certaines personnes conservent les valeurs de mon enfance.

-Vous n’aimiez pas les robes légèrement suggestives qui marquèrent les Années Folles ?

-Personne n’a dit que c’était incompatible », sourit-il en prenant un siège à côté de William.

La trentenaire soupira, puis sortit une pochette d’un tiroir et la posa sur son bureau.

« Voici le dossier de l’opération Cheetah. Il est évidemment vide, et aucun d’entre nous ne sortira de cette pièce tant que ce sera le cas. Alors, messieurs ? »

Un court silence passa, puis le jeune homme en costar gris répondit d’un air amusé :

« Rien.

-Comment ça rien ?

-Autant d’indices que de Français exfiltrés à Dunkerque.

-Vous nous plus, Shimada ?! Mais qu’avez-vous fait durant les trois derniers mois ?

-Bonne question. Je dirais que j’ai, enfin que nous, oui, nous avons mis en place notre couverture afin d’ensuite passer à l’action.

-Et quand comptiez-vous approcher le ministre ? »

Les deux agents se regardèrent, après quoi William annonça :

« Demain, entre dix-huit et vingt heures, lors de sa conférence à l’université.

-Comment ça ?

-Le thème sera : ‘’Chasseurs et intercepteurs des industries Mig, fleurons de l’armée de l’air soviétique’’. Je le sais passionné pour les appareils de la dernière guerre, et je compte bien attirer son attention en évoquant un prototype de ma connaissance.

-C’est-à-dire ?

-Le Geheim Mk-III. Un bijou achevé en avril 1945, que n’a donc jamais pu servir la Luftwaffe, et qui obsède les passionnés d’aéronautique militaire. Il suffira que je mentionne ce nom pour obtenir toute son attention, mais j’ai bien entendu fait de nombreuses recherches en vue de la discussion.

-Vous croyez vraiment que ça marchera ?

-C’est absolument certain, répondit Keiji à sa place. J’ai piloté Spitfire, Messerschmitt et Fockewulf, et je peux vous assurer de la passion qui saisit un homme une fois qu’il est allé là-haut.

-Encore faudrait-il qu’il ait déjà volé.

-Escadron Cougar, affecté à la défense de Munich entre fin 1944 et début 1945, puis dissout à la mort du capitaine et par cause du manque de ressources. Lieutenant von Stroheim, volant sur Messerschmitt-110, abattu une fois, trois victoires sur P-38 Lightning enregistrées et une probable sur B-17 Flying Fortress. Il n’a pas volé longtemps, mais la chasse l’a marqué de manière indélébile.

-Vous voulez dire que vous n’aurez qu’à prononcer le nom ‘’Geheim Mk-III’’ pour vous rapprocher en un instant de votre cible, et ce plus rapidement que n’importe qui ?

-C’est à peu près l’idée, acquiesça William. D’ailleurs, voilà un dossier sur ce prototype, ainsi que les archives militaires nazies concernant notre cher ministre.

-J’y ajoute un résumé de la politique menée par Stroheim, enchérit Keiji. C’est scandaleusement orienté vers l’armée de l’air.

-Oh, j’oubliais l’emploi du temps hebdomadaire, ainsi que son agenda pour les quatre prochaines semaines.

-Et je termine par la dernière lettre de son père – une copie bien sûr – avant que son bataillon SS ne soit décimé par une frappe aérienne de B-24 en Normandie. La relation entre son fils et lui est intéressante, et donne des clefs de lecture de l’individu qu’il est aujourd’hui devenu. »

La pochette gagna en volume d’un seul coup, sous les yeux étonnés de Charlie. Une fois l’intégralité des documents déposés, elle demanda :

« Vous vous êtes vraiment mis d’accord pour me faire stresser alors que tout était prêt ?

-Oui m’dame.

-Shimada, vous avez beau avoir soixante ans, vous êtes un grand gamin.

-Je sais.

-Et William, nous aurons quelques explications à échanger.

-Ça tombe bien, je connais un excellent café.

-Vous êtes au thé vert jusqu’à nouvel ordre. »

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