VIII

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Les véhicules de pompiers se succédaient dans le parking et un lacis serré de lances vint le tapisser. Trois hommes en rouge se portèrent au chevet des rescapés, étonnés de voir un blessé attaché par des menottes. L’oxymètre était bon, ils n’avaient pas trop respiré de fumées. Bientôt, un dernier gyrophare apparut, sa couleur ne faisait pas mystère sur le contenu du véhicule et trois gendarmes se dirigèrent rapidement vers les rescapés. Avec leur tact légendaire, ils balancèrent dans les yeux le faisceau de leur torche. Ils remarquèrent rapidement le prisonnier menotté.

L’officier de la maréchaussée apprécia très vite le problème, trop vite probablement pour être honnête.

Le brasier s’apaisait sous la pluie des lances et l’ombre vacillante des trois pandores s’étalait sur les trois rescapés assis, Mohamed était accroupi et toussait à cracher ses poumons. Sa pipe n’était pas une bonne idée.

— Mais quel est ce cirque ! Que faisiez-vous dans cette maison ? Hurla le capitaine sans préambule.

Bakar voulut se relever, l’officier lui posa une main ferme sur l’épaule, mais cette dernière se déroba soudain ce qui déséquilibra le militaire. Mohamed poursuivit prestement son rétablissement tout en accompagnant au sol le gendarme. Quand le commissaire sortit son arme et la pointa sur le crâne du soldat immobilisé par terre le bras en l’air en subluxation et le poignet plié en col de cygne par la force d’une main de fer, les deux autres pandores restèrent paralysés.

— Commissaire Mohamed Bakar pour vous servir, capitaine. Leçon no1, on ne met pas la main sur mon épaule sans s’être présenté. Leçon no2, son corollaire, on dit bonjour quand on arrive. Nous étions en train d’enquêter avec maître Mabouba sur un homicide vieux de trente ans et une tentative de meurtre sur sa personne, il y a quelques heures. Voici le suspect.

Bakar désigna Bob menotté.

— Je vous préviens, il n’est pas bavard !

La silhouette d’un homme bedonnant qui marchait difficilement en dodelinant du cul vint à s’approcher. Quand il réalisa la scène surréaliste d’un gendarme au sol sur le ventre grimaçant de douleur avec un bras tendu à la verticale entre les jambes d’un Maghrébin et deux autres soldats figés en spectateur, il eut un mouvement de recul.

— M. Didier Villard je présume ? fit Bakar qui observait l’approche hésitante du quidam depuis quelques minutes, n’hésitez pas à vous joindre à nous !

Bob s’agita soudain à la vue de l’élu du peuple. Mais resta muet quand ce dernier le fixa.

— Une connaissance ?

— Pas du tout ! Je suis là parce que je viens d’appendre l’incendie d’un de mes biens.

— Et vite là ! Non ? Vous habitez Nîmes, si je ne m’abuse.

L’homme sortit un mouchoir pour s’éponger le front. Ce n’était pas la chaleur du brasier mourant, mais un malaise évidant. L’incendie n’avait commencé qu’une petite heure auparavant. Entre le délai de l’alerte et son arrivée sur les lieux en provenance de Nîmes, ça faisait court !

— C’est la gendarmerie qui m’a prévenu !

— C’est exact fit le militaire au sol en grimaçant.

— Oui, et vous allez me dire que vous l’avez acheminé ici en hélico ! fit Bakar taquin. Il a reçu votre appel dans sa voiture probablement à quelque pas d’ici.

— Qu’insinuez-vous Commissaire ? fit Villard

— Tiens et vous me connaissez ? Là, comme ça ? J’insinue simplement que vous n’êtes pas là si vite par hasard et que vous m’avez suivi avec votre complice ici présent.

Ce ne furent plus quelques gouttes qui coulèrent du front du conseiller général, mais les chutes du Niagara !

— S’il vous plaît commissaire, fit le gendarme, pourriez-vous me lâcher à présent.

— Ah ! Pardon, je vous avais oublié vous !

Mohamed relâcha son étreinte et le militaire se releva prestement. Quand il palpa machinalement son arme, il constata qu’elle n’était plus dans son étui et quand il releva la tête, il constata qu’elle était dans les mains de Farida qui le tenait en joue.

— Oui, nous sommes suspicieux quant à la probité de la maréchaussée depuis un stage à NDDL et quelques autres déconvenues avec des cow-boys en bleu. J’ai bon espoir de la venue d’un collègue de confiance, de la police nationale sous peu…

Il ne se fit guère attendre. Carrière avait bien reçu le texto de Bakar malgré le réseau défaillant et aléatoire. Sa silhouette massive vint bientôt se joindre au cercle.

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