VII

2 minutes de lecture

L’homme désormais identifiable à la lumière du brasier était comme pétrifié par le canon d’un Sig Sauer collé sur sa nuque et prêt à la faire exploser dans un fracas de vertèbre et de chair. Son visage émacié et lacéré de rides profondes, son manteau trop grand aux manches retroussées offrait le spectacle d’un homme de la rue, pas d’un tueur.

Mohamed se saisit de la barre de fer, et des menottes claquèrent bientôt au poignet du pyromane. Il était temps, car Farie se releva soudain pour se jeter dans les bras du commissaire qui faillit oublier son prisonnier quelques fractions de secondes.

Ils s’écartèrent du brasier et après avoir attaché solidement l’homme avec l’autre menotte. Le commissaire s’assit dans l’herbe et sortit sa pipe puis la bourra en regardant les flammes, sans plus se soucier de Farie comme du captif.

La jeune femme vint se coller à lui.

— Mais, comment es-tu sorti de là ? Je t’ai cru mort… fit-elle dans un dernier sanglot de joie cette fois.

Mohamed souffla quelques volutes de fumée parfumée de cannabis qui égayèrent leurs nez remplis des fumées acre de l’incendie.

— Quand je t’ai hissée, je n’ai pas trouvé d’appuis pour te rejoindre par le soupirail. J’ai trouvé à tâtons un placard et comme je l’imaginais, il donnait sur une cave. Le sous-terrain dont parlait Greg n’était pas une métaphore pour décrire les trésors qui se cachaient sous la ceinture d’Elsa, mais s’était aussi l’évocation d’une cave. J’y suis par bonheur, tombé dedans en martelant la cloison de brique déjà en partie écroulée. J’ai roulé dans un escalier pour y atterrir.

— Et tu es sorti par un sous terrain !

— Non, plutôt un effondrement de la cave. Assez pour y respirer et m’extraire à deux pas.

— Mais qui est ce type ? fit-elle en désignant de la tête, le pyromane.

— On va le lui demander gentiment pour commencer, fit le commissaire en tirant fermement l’oreille de son agresseur.

L’homme hurla aussitôt en bredouillant un « Bob » à peine audible. Puis se replia dans son mutisme, le visage enfoui dans le col de son manteau.

— Bob, à la bonne heure ! C’est un début ! Je pense qu’il s’agit de ton agresseur qui nous a suivis et qui avait pour mission de faire disparaître des indices. Il ne parlera pas plus ici. Peut-être que Carrière trouvera des arguments pour lui faire cracher le nom de son commanditaire. Bien que j’ai ma petite idée.

— Villard ?

— Peut-être.

— Mais pourquoi ?

— Parce qu’il y avait le feu, fit Bakar en souriant. Le feu parce que Greg était sorti du trou et qu’il traînait dans la ville. Tant qu’il délirait imbibé d’alcool, il n’y avait pas urgence, mais serré et en prison c’était autre chose.

— Mais qu’aurait-il pu faire comme autre confidence ?

— Un double meurtre. Il y avait deux cadavres dans la cave que je viens de quitter, deux squelettes salement amochés de femmes, l’une blonde comme Céline, l’autre brune comme Elsa avec des lambeaux de la robe noire qu’elle porte sur la photo.

— Je n’y comprends rien, pourquoi Villard aurait tué sa femme et celle de Greg ?

Un énorme craquement annonça la chute de la charpente et du toit. Seuls les murs de la vieille bâtisse résistaient. Le gyrophare d’un camion de pompier illumina le parking au-dessous.

— Les bleus ne vont pas traîner, j’espère que Carrière aura reçu mon texto où je lui indiquais notre destination.

— Tu n’as pas répondu à ma question…

— Parce que tout reste flou encore et que je n’ai peut-être pas encore recraché les fumées toxiques.

Annotations

Vous aimez lire Guy MASAVI ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0