Luci

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Je me sens seul car mes cris résonnent. Je me demande si tu m'entends, je me demande si tu m'écoutes. Parfois j'ai juste l'impression que tu regardes ailleurs. Ton regard me dépasse, pourtant je suis plus grand que toi Maze. Tu me dépasse, tu m'oublie, ou bien tu ne prête plus attention, et alors mes mains tremblent. Je me sens insignifiant quand tu ne me regardes plus. J'ai froid, il fait si froid dans ton cœur parfois. C'est effrayant et l'instant d'après, tu irradies l'envie, le désir, ton regard revient se poser sur moi, enfin, tu me vois et me transperces. Mais qu'il est dur de ne pas te sentir, quand te sentir suffit à me rendre dur.

Tu te tournes, te prosterne et me fait miroiter des délices dont je n'ai jamais entendu parler. Je me laisse berner, je suis un idiot, je suis le Roi des Enfers mais à tes côtés, redevient un simple mortel. Qu'il fait chaud ici bas, dans mon Royaume maudit, où tu règnes désormais plus maître que maîtresse. Pourtant, de ta chute de reins, je médis les vertus et les saints qui ne peuvent savourer pareil spectacle. Je suis résolument pécheur, et je m'en vais t’entraîner dans la fosse aux lions.

Notre combat ne prendra jamais fin, nous sommes deux immortels dans un monde qui n'est pas fait pour nous, je demeure le maître incontesté de ces lieux, emplis d'humains qui n'ont pas su se soustraire à cette volonté. Leurs péchés nourrissent les nôtres et nous attirent plus bas encore que ces cercles. Si tu t'enfonces avec moi, tu ne pourras plus revenir en arrière, tu ne pourras plus fuir, car nous serons attachés l'un à l'autre par cette folie qui nous dévore.

Je m'élance, j'ai le droit ? Je ne suis plus moi, je suis un « nous » qui se perd entre nos deux esprits. Il fait bien plus chaud ici, au plus près de toi. Tu me repousse, et pourtant tu me presses, nous sommes comme deux aimants qui ne peuvent plus se décoller l'un de l'autre. Le désirons-nous seulement ou bien est-ce ce jeu auquel nous nous adonnons depuis des lustres ? Je t'arrache ce soupir qui te rend si fragile, est-ce que c'est moi qui hallucine ? Je t'extirpe un gloussement de panique et je t'envahis de tout mon être. Nous ne ferons plus qu'un désormais car tu m'as tenu la main, m'a suivi sur ce chemin et a pénétré dans un domaine plus sombre que le dernier cercle de l'Enfer. Tu n'as rien vu, tu n'a rien entendu encore, pas même ce chuchotement qui grandit et qui souffle dans le vent brûlant de mon cœur un amour que tu ne sais pas encore.

Comment pourrais-je vouloir t'oublier ou me sevrer de cette ignominie. Si je fais mine de m'éloigner, attaches moi, si je reprends mes esprits, assomme moi, si je ferme les yeux, embrasse moi, et si je fais mine d'arrêter de te désirer, viole moi. Car crois-moi, je le ferais pour toi.

Tout s'efface alors, la scène se transforme et nous voilà alanguis comme deux jouvenceaux. Il n'y a rien que la nuit pour éclairer nos iris enflammés, et rien qu'une bougie vacillante pour épurer nos corps. Juste toi, Maze, et moi ton Lucifer, pris dans les tourments d'un amour dont ne ne connaissons pas les limites. C'est la première fois, le début, la route est longue et tu marche devant moi. J'ai envie de crier mon amour, tu es loin, je te rattrapes et te plaque sans une once de tendresse. Tu n'en as pas envie, tu ne réclames que la nuit. Tu ne désire que moi, et je ne m'en étonne plus, je sais que je suis imprimé sur ton âme à l'encre de souffrance.

Écoute moi bien Maze, et ressens ce que je ressens, tu es si douce, si vulgaire parfois, tu sais être à la fois la pire des chiennes et la plus belle des âmes. Que ne donnerais-je pour être cette robe qui vient effleurer ta peau, que ne voudrais-je t'offrir en cadeau.. Je ferme les yeux et la douceur m'empare, la chaleur m'enveloppe, je suis dans un cocon, chair en devenir, ferme en avenir. Une bosse. Je suis perdu, tu m'as rendu fou. Ou bien l'étais-je avant de te rencontrer ? Tu n'auras alors que déclencher en moi ce que je suis, le MALIN. Maze, je te hais.

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