Chapitre 50B: juillet 1801

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Le lendemain matin, Marie me disait ignorer ce qu’il s’était passé avec Alice la nuit dernière. Lorsque j’en parlais avec mon fils, il me répondait qu’il y avait certains points de son éducation sur lesquels il ne dérogerait pas, sans répondre à ma question. Il me fis part de son désir d’enseigner à ses enfants les valeurs chrétiennes, le respect et l’entraide, et de leur donner une éducation stricte. Ce qu’il disait ne pas avoir reçu de ma part dans son enfance, sans avoir l’air de me le reprocher.

Marie n’eut pas le temps de redonner ses linges blancs a laver a Jeanne. Le Seigneur avait décidé de lui confier un nouveau cadeau du ciel au printemps prochain, même si Louise – Marie n’avait que trois mois, et qu’elle était allaitée. De ce fait, on sevra le nourrisson, pour ne pas qu’il vienne sucer les pieds de l’enfant à venir, et on lui fis préparer des biberons au lait de chèvre.

Souvent, à la fin d’une journée particulièrement chaude, il y avait de l’orage. Si nous étions assises dans le salon, Alice venait alors se réfugier dans mes bras, où ceux de sa mère, pour y enfouir sa tête et être rassurée. Je sentais qu’elle en avait besoin, de cette chaleur maternelle, de ces baisers, surtout depuis la naissance de sa sœur.

Nous reçûmes une visite du collègue de Léon – Paul, au début du mois de septembre, qui venait de passer la journée à l’hôpital en sa compagnie et qui rentrait se faire offrir un verre à la maison avant que Jeanne ne dresse la table pour le souper. Nous restâmes à nous occuper des enfants pendant qu’ils discutaient, essayant de calmer Alice qui réclamait un morceau de la miche de pain qu’elle avait en ligne de mire depuis un certain temps. Lorsqu’elle voulu exprimer sa frustration, elle profita d’une minute d’inattention de sa mère pour asséner un grand coup sur la tête à sa sœur de cinq mois. Louise – Marie se mis à pleurer, et Alice me regardait en souriant, ravie d’avoir enfin mon attention. Je la fixait en fronçant les sourcils, et m’aperçus que Marie s’en était allée parler à son époux.

Ce fus une autre histoire lorsqu’il s’en mêla. Dès qu’elle vit arriver son père, le pas lourd et décidé, Alice se mis à chouiner, sachant bien ce qu’il allait se passer.

—''Comment ais -je pu donner le jour à une enfant pareille?!

Il l’attrapa par le poignet, la fessa et la conduisit à l’étage, sans doute dans sa chambre. J’entendis ma petite – fille pleurer, fort et longtemps. Léon – Paul redescendit ensuite retrouver son collègue qui l’attendait patiemment, toujours assis dans le salon.

Lorsque Marie alla coucher Louise – Marie après qu’elle ait pris son biberon, elle passa sa tête par la chambre de son aînée et me fis signe de m’approcher.

—''Venez – voir Louise.

Alice dormait allongée sur le ventre, la tête près du bord du lit, les fesses relevées, ses langes dévoilés par cette position sans doute peu confortable. Je la couchais sur le dos, bien qu’elle remue un peu, et dégageais les longs cheveux qui collaient à son doux visage, à cause des larmes qui avaient roulées sur ses joues. Nous priâmes à sa place pour que Dieu garde son sommeil et nous rejoignîmes ensuite le rez de chaussée, pour aider Jeanne aux nombreuses tâches ménagères qu’elle peinait à effectuer seule dans les temps.

Si mon neveu venait régulièrement nous voir, pour discuter et boire avec Léon – Paul qu’il appréciait, Alice ne le suivait plus. Lorsque Marie s’inquiéta auprès d’Auguste des raisons de cette absence, il nous répondit qu’elle était fatiguée, car leur fille Marie – Léonie, âgée de vingt – deux mois, était malade. Très inquiète, je m’en faisais d’autant plus que je ne la voyais guère aux messes dominicales. Mon souci devint bientôt une tartinade d’esprit qui ne me quitta plus. Je m’imaginais mille et une histoire sur ce qui aurait pu lui arriver, jusqu’au pire.

Mon soulagement fut énorme lorsqu’elle revint avec son mari et leurs deux enfants quelques temps plus tard. Mais je remarquais bien vite qu’elle avait l’air malade, elle restait silencieuse, son teint était pâle et ses mains tremblaient, si bien qu’elle manqua de laisser s’éclater sa tasse par terre. Je lui parlais doucement, tandis qu’elle fixait le plancher.

—''Que se passe t-il Alice ?

Marie tenta de dénouer la situation.

—''Vous pouvez tout nous dire… Vous savez, nous sommes inquiètes, car nous ne vous avions pas vu depuis le début de septembre. Votre mari nous a parlé de fatigue, mais je ne suis pas sûre…

—''Je n’ai pas très envie d’en discuter. Elle se leva. Excusez – moi.

Ma belle – fille soupira en la regardant aller s’occuper de Marie – Léonie, qui gribouillait avec la petite Alice, tout aussi appliquée, assise à la grande table du salon.

Alice monta ensuite, et c’est peu de temps après qu’un cri strident se fit entendre. Nous levâmes les yeux de notre lecture, et nous allâmes voir se qu’il se passait. Dans le salon, allongée sur le ventre sur la chaise, Alice criait et essayait d’arracher des mains le crayon à Marie – Léonie, qui lui tenait tête en enfonçant ses petites dents dans sa peau. Marie rassit les deux enfants, rendit l’objet de la convoitise à la plus jeune, et s’adressa à sa fille, qui pleurait.

—''Ce soir, je demanderais à ton père de te punir.

—''Non… Pas papa… Maman…

—''Si si, je le ferais. Cela t’apprendras.

La petite se remit à sangloter de plus belle, implorant de ses mots d’enfant sa mère, qui ne revint pas sur sa décision. Marie n’oublia pas Marie – Léonie, et lui parla en lui tenant la figure.

—''Quand à toi, Marie – Léonie, je te conseille de te calmer. Tu ne dois pas mordre. Ton jeune âge n’excuse rien.

En redescendant, Alice fis part à Marie des mauvaises odeurs qui régnaient dans la chambre où dormait Louise – Marie.

—''J’irais la changer. Vous auriez dû me la descendre, si elle était réveillée.

—''Ce n’est pas ma fille. Je ne m’occupe pas des enfants des autres, moi. Marie-Léonie vint montrer son œuvre à sa mère. Eh bien ma puce… Pourquoi y a t-il une larme sur sa joue ? Aurait-elle pleuré ?

—''Il est sûr que vous êtes de suite plus en forme quand il s’agit de m’accuser. Elle a mordu Alice et je lui ait juste dit que c’était mal. Elle doit être sensible comme vous.

Alice cracha presque ses poumons à force de tousser, mais elle trouva le souffle de lui rétorquer.

—''Elle n’est pas sensible, c’est juste qu'elle est toute petite. Vous auriez dû venir me voir au lieu d'intervenir. Est - ce que je m’occupe de vos enfants moi ? Je viens ici pour passer du bon temps, et je termine par me prendre la tête avec vous, alors que je vous apprécie beaucoup pour tout dire. Si ça continue, je crois que je ne viendrais plus.

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