Chapitre 49D: septembre - décembre 1800

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Lorsque le treize septembre au soir, je fis part à mon fils de l'anniversaire de sa cousine Malou, mais il soupira.

—''Je suis ravi qu'elle ait trente ans, mais j'aimerais savoir si ils viennent vraiment début décembre. Qu'on ne les attende pas. à la rigueur, je préfère qu'elle ne nous écrive pas là – dessus plutôt qu'elle nous fasses espérer une visite qui n'aura pas lieu.

—''Elle a bien encore le temps de vous écrire pour vous confirmer. Je suis sûre qu'elle viendra. Voilà deux ans qu'on ne s'est pas vu, le nécessaire sera fait je pense.

Nous allions régulièrement rendre visite à Auguste et Alice, et leur nous rendions systématiquement l'invitation. Alice aimait observer sa marraine s'occuper de Marie – Léonie, changer ses langes, lui donner à manger. Cela provoquait nos fous rires, surtout lorsqu'elle était conviée à aider. Concentrée, mais maladroite, l'enfant d'un an et demi essaya par exemple de donner la cuillerée au bébé de dix mois, qui termina dans son nez.

Elle deviendrait bientôt grande sœur, mais ça, elle n'en saurait rien avant que des mots ne lui viennent à la bouche pour poser des questions. Des mots, elle en disait bien quelques uns. Un jour, alors que son père venait de partir au travail, et elle nous surpris.

—''Papa !

Sa mère s'approcha d'elle et s'accroupit.

—''Et maman ? Dis - tu maman ?

—''Papa.

Elle n'eut que ce mot en bouche toute la journée. On essaya de lui faire dire ''maman'', mais ce fus en vain. Le soir, quand Léon – Paul rentra, elle descendit de mes genoux, et alla se cacher derrière les jupons de sa mère, qui s'en étonna.

—''Eh bien, tu as parlé de ton père toute la journée, et quand il revient du travail, tu refuses de l'embrasser. Allez, dépêche - toi.

—''A t-elle vraiment parlé de moi ? Demanda t-il en embrassant froidement sa fille que Marie avait pris dans ses bras.

—''Elle n'a que ce mot en bouche, papa, papa, papa.

Nous reçûmes une lettre de ma nièce, à la mi - novembre. Elle nous annonçait qu'elle avait réussi à convaincre Armand de l'emmener, et qu'ils arriveraient le huit décembre pour le dîner. Léon – Paul était soulagé d'avoir eu une confirmation et de prochainement revoir sa chère cousine. Moi de même.

Un matin de novembre, après avoir réveillé sa fille pour qu'elle prenne son déjeuner, et l'avoir descendu dans le salon, Marie l'emmena à la fenêtre.

—''Regarde Alice.

La petite fille, émerveillée, pointa du doigt l'étendu de neige qui recouvrait l'immense jardin.

—''Oui ma chérie, tu as vu ça ? On appelle cela de la neige. Tu sais quoi ? Tu vas manger ta tartine et boire ton verre de lait, et ensuite, on ira dehors. Hum ?

Elle déposa délicatement son enfant sur le sol, qui trottina vers la table du déjeuner, sans doute pressée. Après la petite prière et son déjeuner, sa mère l'habilla chaudement, je lui enfilais l'écharpe que sa marraine Alice lui avait offert lors de leur dernière visite, ses moufles, ses chaussures, et nous la suivîmes jusqu'à dehors. Comme le jardin n'était pas délimité par une quelconque barrière, il fallait la surveiller de près. Nous la regardâmes ainsi s'égayer, s'émerveillant devant les traces qu'elle laissait en marchant, les boules de neige que nous lui fabriquions et qu'elle s'amusait à exploser par terre, la vapeur qui sortait de sa bouche lorsqu'elle expirait, à cause du froid. Quand je m’aperçus que ses lèvres devenaient bleues, malgré qu'elle rit encore, nous la ramenâmes au chaud, et pendant que Jeanne s'en allait ramener du bois pour la cheminée, nous lui fîmes un bain de pied. Elle se mis à grelotter, comme si le fait de lui faire remarquer avait réveillé la sensation.

Elle toussa un peu la nuit suivante, prise du nez et de la gorge, et j'entendis sa mère se lever. Ses parents venaient de la mettre dans une autre chambre, dans un vrai lit, car elle ne tenait plus dans son berceau, et que bientôt, un frère ou une sœur viendrait l'occuper à sa place.

Pour le huit décembre, nous invitâmes Alice, que Léon – Paul alla chercher chez elle. Elle arriva seule avec ses deux enfants, car son mari n'avait que ses dimanches de libres, et, étant en profession libérale, il réservait le privilège de se poser des congés sans soldes aux grands événements. Il verrait sa sœur le soir même, ce n'était pas un problème. Mon fils quant à lui, était dans la même situation, sauf qu'il n'avait le droit aux congés que lorsqu'il en faisait une demande écrite et suffisamment justifiée auprès de sa direction, qui n'était pas sommée d'accepter.

Nous restâmes donc entre femmes, avec les trois enfants, toute la matinée, attendant avec grande impatience l'arrivée de ma nièce et de sa famille. Marie – Léonie, qui venait d'avoir un an, marchait à présent, et son frère aîné, âgé de cinq ans, jouait les grands assis près de nous sur le canapé. Sa mère se tourna vers lui.

—''Bernard doit avoir à peu près ton âge.

—''Il est d’avril 1795, vous n'avez que quatre mois d'écart. Je compte sur vous Auguste, pour le mettre à l'aise.

—''Entends – tu garçon ce que dit Louise ? Tu n'as pas intérêt à te montrer timide avec ton cousin.

—''Oui maman. Quand arrivera papa ?

—''Ce soir, avant le souper. Ramène donc Marie – Léonie qui est en train de s'enfuir.

Comme elle galopait vers la cuisine, Auguste l'attrapa sous le ventre, et la ramena au salon, où sa mère prit bien soin de la garder sur ses genoux, bien qu'elle se débatte.

C'est vers midi qu'on frappa à la porte. Mon cœur se mis à battre plus vite qu'il n'avait jamais battu depuis longtemps. Nous allâmes ouvrir, et saluâmes la famille venue de loin. Malou, dans sa robe ample, tenait fermement Amand par la main, son adorable garçonnet de trois ans trois quarts aux cheveux mi – courts bruns. Son aîné Bernard, qui ressemblait beaucoup à son frère, nous embrassa comme un enfant sage, hésitant à saluer son cousin Auguste. Cependant, nous les incitâmes, et les deux enfants s'en allèrent bien vite jouer dans la maison. Ma nièce caressa les cheveux de sa poupée, Marie – Louise, qui nous tendit sa joue, elle avait de grands yeux bleus, des anglaises qui ondulaient sur son visage d'ange, et quasiment deux ans. C’était assurément une jolie petite fille.

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