Attaque

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Lui qui dormait habituellement d'une seule traite se réveilla deux fois. La première, il se rendormit après quelques secondes. Il avait cru entendre des coups de sabots dans la cour. Il chassa cette idée de son esprit : Rusty adorait dormir dans l'écurie, jamais il ne s'échappait. Il devait rêver. La seconde, après s'être tourné et retourné dans son lit, le décida à se lever pour aller chercher un verre d'eau.

Dans la cuisine, l'air était frais. Le fermier sortit un verre et commença à pencher la cruche. Il lui fallut quelques secondes pour qu'il réalise que celle-ci était vide et qu'il ne remplissait rien du tout. Il décida de puiser un seau au puit et chaussa rapidement ses bottes. De plus, Marie aurait ferait ça de moins à faire le lendemain. Après quelques pas dans la cour, il entendit un miaulement joyeux.

C'était le chat de la maisonnée qui l'accueillait en son domaine. S'il dormait le jour dans la cuisine, la nuit, la ferme entière était son royaume. Le félin regarda attentivement les mouvements de son patron, l'accompagnant dans cette quête de l'eau. Il alla même jusqu'à sauter sur la margelle et regarda le seau disparaitre. Le vent s'amusa avec l'éolienne mais cette dernière ne grinçait plus depuis les réparations.

La nuit était d'un calme royal. Tom tourna la manivelle pour monter le seau. La tâche n'était pas facile et il craignait d'en renverser la moitié. Il entendait le liquide retomber dans la nappe dès qu'il tournait trop brusquement. Pourtant ses bras le brûlaient. Il songea à sa femme qui accomplissait cette tâche sans effort. Elle était sans nul doute, tout aussi costaude et forte que lui.

Soudain, le chat arrondit le dos, ébouriffa son poil et feula. Le son perçant le silence le fit sursauter. Tom se retourna pour voir ce qui avait provoqué cette réaction chez le félin. Le sang quitta son visage et ses jambes, il crut qu'il allait tomber à genoux de peur. Devant lui, un loup à dents de sabre.

Énorme, aussi grand qu'un cheval, des pattes aussi larges qu'une assiette. Sa peau était recouverte de pierres disposées en ardoises, lui faisant des crêtes irrégulières et menaçantes. Entre les roches, à l'avant du museau, deux crocs plus longs qu'une main. Les yeux reflétaient la lune et brillaient d'une lueur rouge malveillante. La bête ouvrit la gueule et commença à gronder.

Le chat feula plus fort. Mais le loup ne regardait pas le petit félin, son regard meurtrier était fixé sur l'humain. Il chargea. Tom n'avait rien pour se défendre, il n'avait pas le temps de courir pour atteindre la maison. Le monstre se ruait vers lui sans un bruit, le rendant plus terrifiant encore. Sans réfléchir, Tom sauta dans le puit.

Le choc contre l'eau fut rude. Après quelques secondes pour se repérer dans l'espace, le fermier regarda l'entrée du puits. Le loup grognait, grattait la margelle avec ses griffes, détachait les pierres de sa férocité. Quelques une churent en l'éclaboussant. Il entendit soudain un coup de feu suivit d'une autre. La bête s'éloigna en galopant. Une tête assombrit la lueur de la lune.

— Chéri ! Tu es là-dedans ?

— Oui. Fais attention à ce qu'il ne revienne pas ! Fais attention à toi !

— Attends, je vais te sortir de là !

— Non ! Attache juste la corde du seau. Je vais grimper. Je préfère que tu surveilles les environs.

— Juste le temps de recharger et je fais ça.

Le puits augmentait les sons, il put entendre chacun de ses mouvements. Il remonta aussi vite que possible. À peine eut-il posé une main sur le reste de la margelle que la poigne de sa femme l'attrapa et le tira.

— Vite, Tom, rentrons !

— Il faut que j'aille voir comment se porte Rusty !

— J'avais fermé l'écurie. Le loup ne pourra pas y rentrer. Allons à la maison.

Ils coururent alors jusqu'à la cuisine et fermèrent derrière eux. Ils restèrent de longues minutes à écouter la nuit, Marie pointant le fusil sur la porte au cas où. Petit à petit, leurs respirations affolées se calmèrent. La bête semblait partie.

Marie alla vérifier comment dormaient les enfants. Ils n'avaient rien entendu. Ni elle ni Tom ne purent se rendormir. Ils veillèrent autour d'une tasse de café. Le fermier partit dès les premières lueurs du jour vers le point de rassemblement. Il ne fut pas longtemps avant que Jones n'arrive aussi énervé qu'affolé :

— Tu sais quoi ? Le loup a encore tué une de mes vaches cette nuit ! Il en a dévoré la moitié ! J'ai hâte qu'on la tue, cette satanée bestiole !

— Il m'a attaqué.

— Quoi ?

— Je n'ai eu la vie sauve que parce que j'ai sauté dans le puit.

— Il faut vraiment qu'on arrête ce monstre, confirma une troisième voix derrière lui.

C'était le shérif accompagné du reste de la troupe. Après quelques explications, ils se mirent en marche. Le groupe des rabatteurs s'éloigna vers l'ouest et fut suivi peu après des chasseurs. La matinée fut plutôt facile : il avait été décidé de commencer dans des forêts peu denses. Les animaux les fuyaient. On repéra des chevreuils et des daims à foison, une harde de biches avec leur cerf, d'innombrables lapins, quelques sangliers et des blaireaux mais aucun loup à dent de sabre.

L'après-midi devint un peu plus difficile : la forêt était plus escarpée, avec quelques falaises de dix à vingt mètres de haut. Ce n'était rien d'insurmontable mais les contourner ou les escalader leur prenait beaucoup de temps. Le feuillage était dense et teintait la forêt d'une teinte rougeâtre, brouillant un peu la vision, provoquant quelques chutes parmi les membres de l'expédition. Cela provoquait quelques rires et quelques moqueries mais bien vite, tout le monde reprenait sa concentration. Il ne s'agissait pas de rater le loup si on le rencontrait !

Le shérif stoppa la battue en début de soirée et décida de monter le camp. Suite aux révélations de Tom, on organisa des tours de garde. L'atmosphère se détendit lorsque l'un des assistants du shérif sortit son banjo et commença à chanter des couplets populaires. La troupe reprit les chansons en cœur puis après une dernière rasade d'eau – ou de whisky pour certains – on alla se coucher. Tom s'endormit rapidement jusqu'au coup de feu.

— Alerte ! Levez-vous ! Venez m'aidez bon sang ! Le loup est là !

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