Le soleil de printemps illuminait les jardins royaux. Divitia, d'un côté, et Ignazio, de l'autre, arrivaient. Ils se rejoignirent enfin.

 - Vous êtes enfin là, dit-elle.

 Après un soupir, il répondit :

 - Oui. Mais cette nuit durant, plusieurs questions flottèrent et flottent toujours dans ma tête.

 - Ah ?

 Puis, soudainement, une nouvelle forme apparut : celle de Potentia.

 - Mais que fais-tu ici, ma sœur ? dit-elle en les voyant tous les deux.

 - Je devrais te poser la même question. Ce chers jeune homme, Ignazio, a rendez-vous avec moi ici.

 - Eh bien moi aussi j'ai rendez-vous ici avec lui. Et à ce moment même !

 - Quoi !

 - Je devrais te dire la même chose !

 - Princesse Divitia ! Princesse Potentia ! Arrêtez ! Je vous en supplie, ne commencez pas une pareille querelle !

 - Mais, normalement, tu as rendez-vous avec moi, pas avec elle ! dirent-elles en même temps avec une colère puérile.

 - Parce que c'est vous qui avez dit où et quand se passait ce rendez-vous ! J'aimerais vous poser une ou deux questions, puisque vous êtes toutes les deux en face de moi.

 - Des questions ? fit Potentia.

 - Lesquelles ? dit Divitia.

 - Premièrement : comment connaissez-vous mon nom et savez que je n'ai pas de femme ?!

 - Eh bien... hésitèrent-elles.

 - Non ! Ce ne sont pas mes parents ! Ils ne vous ont rien dit sur moi ! C'est à peine si j'existais lorsqu'ils vous parlaient !

 - Divitia ?

 - Potentia ?

 - On lui dit ?

 - J'allais te poser la même question donc oui.

 - Donc, à qui l'honneur ?

 - Je dirais à toi, ma chers sœur.

 - Très bien... Ignazio... La première fois que l'on vous a vu, c'était il y a quelques jours.

 - Ah ? dit-il, intrigué.

 - Oui, répondit l'autre Princesse, vous vous baladiez avec votre père et nous avions entendu votre discussion. Vous aviez peur de venir nous parler en premier alors nous sommes venu vous voir pour vous parler et faire plus ample connaissance.

 - Je vois... Et le problème est que vous semblez m'aimer toutes les deux.

 - Exactement, dirent-elles.

 - Enfin, deuxièmement... Vous faites ça pour le pouvoir, je me trompe ?

 - On a promis à notre père d'épouser quelqu'un par amour.

 - Nous vous aimons... Mais nous voulons aussi le trône, nous l'avouons.

 - Très bien... Vous savez quoi ? Je m'en vais ! Revenez me voir que lorsqu'une solution à ce problème sera trouvée !

 Il partit alors, laissant les deux sœurs seuls. Elles soupirèrent... Elles avaient bien gaffé, là.

 - Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Potentia.

 - Je... Je ne sais pas, répondit Divitia.

 - J'aime ce garçon...

 - Moi aussi...

 - Mais je ne peux pas le quitter.

 - Je ne sais même pas si, un jour, nous reverrons quelqu'un comme ça...

 - Moi non plus...

 - Tout cela est de ta faute !

 - Quoi ! Non ! Tout cela est de TA faute !

 - Non ! Tu lui a donné rendez-vous au même endroit et au même moment que moi !

 - Comment je pouvais savoir que Madame avait piqué mon idée et l'avait dit avant moi !

 - Quoi ! C'est toi qui m'a piqué cette idée !

 - Menteuse !

 - Arrête de proférer ces infâmes infamies !

 - Et toi, ferme-la pour enfin donner la paix au château... Que dis-je ! Au Royaume entier !

 - Tu veux vraiment ça !

 - Oui !

 - Tu veux avoir la guerre !

 - Dit plutôt que c'est toi qui la veux !

 - Très bien, tu vas l'avoir, cette guerre !

 - Et toi aussi !

 Et elles s'en allèrent, partant chacune de son côté...

 Il semblerait que ceci était la solution qu'elles avaient trouvé.