IX

9 minutes de lecture

 Tout ça pour une simple histoire de cœur... Tout ça à cause d'un simple petit caprice amoureux de deux jumelles qui aurait eu aucune importance si leur place dans la hiérarchie n'avait pas été si haute... Divitia et Potentia, même si leur intelligence (ou, plutôt, culture et logique stratégique) était plus grande que beaucoup de personnes, étaient assez immatures, lorsqu'on y pense. De plus, peut-être que leurs méthodes pour ''séduire'' doivent vous choquer, pour certains, mais, je tiens à le répéter elles tiennent cela de leur père ainsi que de leur mère... Et puis, ce n'était pas vraiment de la séduction : en effet, elles voulaient d'abord connaître un peu Ignazio. Elles voulaient savoir son fond intérieur, pour voir si c'était vraiment lui. Mais bon, manque de chance, elles s'étaient persuadées que c'était lui et leur dispute est venue complètement interrompre cette connaissance progressive de l'autre.

 Ah ! Le doux fruit de l'éducation de certains !

 Les deux Princesses se séparèrent, réunissant chacune leurs plus loyaux sujets. Certains restèrent là où ils étaient, ne prenant pas parti dans tout cela. Certains partirent même ailleurs, mais ce n'était qu'un tout petit nombre. Les Elfes, les Nains et les Dragons, quand ils apprirent la nouvelle, décidèrent de ne pas s'en mêler. Encore plus lorsque chacune des deux jumelles envoyèrent un missionnaire pour certaines aides (ce à quoi chacun des chefs avait poliment refusé en leur disant d'aller cordialement se faire mettre par qui elles voulaient et en fermant tout lien commercial avec les Hommes, espèce assez stupides lorsqu'ils y pensaient). Pour éviter d'avoir d'autres problèmes et une nouvelle guerre sur le dos, elles ne la déclarèrent pas à ces Royaumes voisins.

 Chose mature : cela est rare à souligner chez des chefs de nation.

 Divitia partit alors s'installer dans une petite ville, un petit village même, du nom d'Argetur.

 Potentia, quant à elle, s'installa dans le village de Gladior.

 Le Royaume était divisé.

 La ville principale de Fas-Cingar, Bellumorsu, où se trouvait le château de la famille royale, commençait à se vider de ses habitants. Mais, heureusement, certains restèrent et la ville pu survivre. Enfin... pour le moment. Mais cela ne dura guère longtemps.

 En effet, la ville fut totalement abandonnée lorsqu'on sut que les deux Princesses installèrent leur camps et donc que des batailles allaient se passer à deux ou trois kilomètres de là, tout proche de ce que l'on appelle la Forêt des Quatre Saisons, une sylve magique dit-on.

 Pourquoi donc des batailles ?

 ...

 Devinez...

 Ignazio, pendant ce temps, se retrouva à devoir habiter tout seul. Son père et sa mère s'étant disputés et séparés sur qui était la meilleur Princesse tel deux personnes de pensées différentes lors de l'Affaire Dreyfus. Dame Émardersa partit rejoindre rejoindre Divitia et Lord Covreftal, lui, Potentia.

 Dans sa maison, le jeune homme était assis sur sa chaise. Le silence régnait. Il pensait à tout ce qui s'était passé... Il mit ses deux mains sur son visage.

Tout ceci est de ma faute... Pourquoi...

 Ses pensées furent interrompues par un bruit très familier : les gémissements d'un animal particulier.

 Il tourna la tête et vit un magnifique loup gris.

 - Tient, c'est toi Wolprostas...

 Il l'avait rencontré la première fois dans la forêt, entouré de quelques bandits qui voulaient le tuer. Il lui sauva la vie et ce dernier lui fut extrêmement reconnaissant. Bien sûr, il le fut à sa manière. Il fallait dire que c'était un loup libre, sauvage et solitaire, mais qui s'était vite lié d'une forte amitié avec Ignazio et venait donc le voir régulièrement, appréciant ses caresses et sa compagnie. Voyant donc la tristesse de son ami (et pas maître), il s'approcha de lui et redoubla ses gémissements.

 Le jeune homme se leva et se baissa près de lui pour le caresser et presser sa tête contre la sienne.

 - Je sais que tu détestes quand je suis triste, mon grand. Merci de toujours essayer de me réconforter dans ces cas-là...

 Il enleva sa tête et le regarda dans les yeux pour dire avec un rire et un sourire retrouvé :

 - Et puis, bizarrement, ça marche presque tout le temps ! Mais il faut que je fasse quelque chose pour tout ce qui se passe avec les deux jumelles ! Plusieurs vies sont en jeu !

 Et il se rassit sur sa chaise avec un soupir.

 Il savait comment faire pour arrêter cela : épouser l'une des deux Princesses.

 Mais laquelle ?

 Peut-être pourrait-il leur faire voir la raison avant de choisir. Il avait entendu qu'il y aurait une rencontre entre les deux, prochainement. C'était peut-être sa chance. Il irait parler à chacune des deux avant que cette rencontre ai lieu, il essayerait de leur dire de discuter et réfléchir à propos de cela. Il espérait, dans le même temps, que leur passion ne les rendrait pas si aveugles et sourdes. Il espérait... il espérait que, au moins, elles l'écouteraient...

 Wolprostas commença à grogner en direction de la porte d'entrée !

 Ignazio se leva et alla prendre uns des épées familiale accrochées au mur et revint juste à côté du loup ! Cette dernière était une épée bâtarde d'une allure assez simple mais d'une efficacité pas moins redoutable ! Il savait que les grognements de son compagnon n'annonçaient rien de bon !

 Il s'avança jusqu'à la porte d'entrée... Doucement... Très doucement... Il colla son oreille contre elle, une fois arrivé juste devant.

 Des voix et des pas ainsi que des bruits de ferraille : voilà ce qu'il entendait !

 - T'es sûr qu'il est là ? demanda une voix.

 - Ouais ! dit une autre. Sûr et certain !

 Il entendit les pas se rapprocher. Il analysa la situation...

Cinq personnes. Ils portent une armure légère... Je dirais du cuir. Ou peut-être pas d'armure. Et, vu les bruits de cliquetis, je dirais qu'ils sont armées, chacun, d'une épée... Sauf un, qui n'est pas armé d'une arme en ferraille. Qu'a-t-il alors... Un marteau ? Une arme à distance, alors ? Si c'est ça, je me demande si c'est un arc ou une arbalète... Une arbalète, je pense. Plus facile à avoir et à maîtriser.

 - Vas-y, dit une autre voix faiblement. Je pointe la porte et je lui colle un bon carreau. Pendant ce temps, toque !

C'est bel et bien une arbalète !

 Il se mit sur le côté et intima au loup de faire pareil et d'arrêter de grogner. Il obéit et se mit de l'autre côté du jeune homme, en face de lui, donc.

Toc ! Toc !

 Il y eu un moment de silence...

Toc ! Toc ! Toc ! Toc !

 Ignazio et Wolprostas ne firent rien et se mirent sur leurs positions.

 - Défonce la porte ! fit la voix de l'homme à l'arbalète. On va le buter cet enfoiré ! C'est lui qui a déclenché tout ça ! Il ne mérite rien de mieux !

Vlan !

 Cette dernière s'ouvra brutalement, cachant le loup ! Le jeune homme attendait le bon moment pour attaquer. Il ne voulait pas recevoir un carreau ! Il savait comment faire !

 L'homme qui dépassa l'entrée portait une armure de cuir, comme l'avait prédit Ignazio, ainsi qu'une épée à une main. Il ne voyait rien devant lui, personne ! Son cœur battait bruyamment ! Il tourna la tête... et cria !

 Le jeune homme sauta sur lui pour lui donner un coup de poing et le saisir afin d'en faire un bouclier humain !

 L'arbalète fit feu ! Le carreau se déplaça à une vitesse énorme ! Puis il atterrit dans la gorge... de leur allié, qui fit son dernier cri !

Quatre !

 Ignazio poussa le ''bouclier'' juste devant lui, qui tomba au sol pour répandre sur celui-ci son sang en une épaisse flaque !

 - Wolprostas ! hurla-t-il pendant que l'autre rechargeait son arme !

 Ce dernier sortit de sa cachette derrière la porte et fonça sur l’arbalétrier en ignorant les trois autres ! Il sauta sur l'homme sans que celui-ci ai put rechargé et referma ses crocs sur son cou pour, ainsi, brutalement lui arracher la chair, laissant un trou sanglant !

Trois !

 Le jeune homme fonça sur le plus proche, qui avait lui aussi une épée à une main et demie ! Il lui porta un coup vers le haut, que celui-ci para ! Il essaya de contre-attaquer mais Ignazio sauta en arrière pour esquiver ! Puis, l fit ijuste ensuite un nouveau bond, cette fois-ci à l'avant, et fit un fluide et horizontal mouvement de l'épée ! Son adversaire ne put rien faire et fut alors décapité !

Deux !

 Ces derniers allèrent pour se jeter sur le loup, mais l'un des deux dévia sa trajectoire pour aller venger son ami maintenant privé de sa tête !

 - Tu vas payer ça ! dit-il avec rage.

 L'autre donna un coup de son arme à deux mains en direction du loup mais ce dernier esquiva de peu !

 Les deux épées des deux adversaires s'entrechoquèrent ! Les lames furieuses le refirent encore deux ou trois fois avant que l'assaillant dise à son ami :

 - Dépêche-toi de venir m'aider !

 Celui-ci esquiva une attaque du loup et fonça sur Ignazio ! Il le bouscula et l'envoya valser en arrière pour atterrir au sol, sur le dos ! Puis, l'homme se dirigea vers lui et s'apprêta à le trancher en deux et l'achever d'un violent coup ! Mais ce dernier para de justesse !

 - Wolprostas !

 Il donna alors, toujours au sol et sur le dos, un coup de pied dans les parties génitales de son ennemi, ce qui le déstabilisa ! Le loup sauta juste ensuite sur lui, par derrière, ce qui le fit tomber ! Pendant qu'Ignazio se releva rapidement, l'animal acheva le gars avec un bon coup de crocs dans la nuque !

Un !

 Le dernier, voyant que ses amis furent massacrés si facilement, fit demi-tour et commença à fuir, à courir pour sa vie !

 Et le jeune homme, voyant cela, fonça sur le cadavre de l'arbalétrier et pris son arme pour la recharger rapidement avec un carreau ! Puis, il visa le fuyard... C'était comme à la chasse...

 Il tira ! Le carreau fila en sifflant à travers les airs pour finalement venir se planter dans le mollet gauche de l'homme. Celui-ci tomba au sol avec un cri mais se releva rapidement pour foncer en boitant et en hurlant droit devant lui.

 Mais Ignazio eu le temps de recharger l'arbalète et de s'approcher tout en intimant à Wolprostas de ne rien faire ! Il visa l'homme comme si c'était un cerf ou un sanglier et pressa la détente. Le projectile se planta en un jet de sang dans la chair de la jambe droite de son adversaire. Il tomba au sol mais ne put se relever à cause de la douleur. Il se mit à pleurnicher en vain...

 Le jeune homme se rapprocha tel un monstre, tel un prédateur vers sa proie. Une fois près de lui, son adversaire, bien qu'au sol, essaya de lui porter un coup de sa lame ! Mais c'était inutile... L'épée était maintenant au sol et il n'arrivait plus à la soulever. Ignazio mit le pied dessus et l'envoya au loin, désarmant ainsi définitivement son ennemi. Wolprostas vint ensuite se placer juste à côté de son compagnon en grognant vers celui à terre.

 - Dit-moi... fit-il fermement. Vous vouliez me tuer, toi et tes défunts compagnons, n'est-ce pas ?

 - Oui...

 - Pourquoi !

 La colère commençait à monter en lui. Si bien qu'elle se fit ressentir dans le ton de sa voix !

 - P... Parce... Parce que...

 - Parce que quoi !

 - Parce que c'est vous la cause de tout ! Parce que c'est à cause de vous ! C'est vous qui avez divisé le Royaume !

 Cette fois, même s'il le savait, c'était la fureur qui s'attaqua à lui !

 - Dit-moi alors une seule bonne raison pour que je t'épargne !

 Tout en pleurant et en essayant de reculer, il dit sur le ton de la peur :

 - Parce que... Eh bien... Parce que vous ferez un bon Roi... Hein ! J'ai pas raison, hein ! Hein ! Hein !

 Puis, avec un calme effrayant, Ignazio répondit :

 - Très bien... Puisque je suis, d'après toi, un bon Roi, je vais faire mon devoir. Je te condamne à mort pour régicide. Enfin... tentative de régicide.

 - Quoi ! Non ! Non non non non nooooooooooon !!!

 Le jeune homme lui tourna le dos et, en s'éloignant, il donna, pour la première fois, un ordre au loup :

 - Wolprostas.

 Il ne vit rien de l'action mais il entendit l'animal grogner et sauter sur l'homme au sol pour l'achever brutalement pendant qu'il hurlait insupportablement de douleur.

Zéro.

 Une fois cela achevé, Ignazio, en disant à... son loup de le suivre, se dirigea vers l'un des deux camps des deux Princesses, laissant ainsi derrière lui les cinq cadavres encore saignants...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Rémi Silvergold ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0