chapitre 13

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Au fil des semaines, une sorte de routine se met en place, Ivy me rejoint en bas, on s’entraîne, on se prépare et on va en cours. Personne à part Cameron n’est au courant. Au lycée tout le monde m’ignore à part mes amis.

Ivy nous rejoint de plus en plus, ses copines me fusillent du regard surtout Ashley, la blonde avec qui je me suis embrouillée à propos de ma moto. Petit à petit, même Cameron se met à venir nous voir à la pause déjeuner, mais son comportement est bizarre, des fois, il se contente de nous saluer et de rester assis avec nous sans rien dire, la plupart du temps il me fixe.

La première fois qu’il l’a fait, ça a un peu jeté un froid sur la conversation, mais tout le monde a fini par s’habituer. Je me surprends souvent en train de l’observer, ou de l’écouter quand il parle avec Sawyer. Je commence vraiment à l’apprécier.

Logan se comporte normalement, mais il n’apprécie visiblement pas qu’Ivy passe du temps avec nous, Camden non plus. Il est de plus en plus désagréable, et se dispute beaucoup avec Ivy. Les relations avec lui sont tendues, même à la maison, il s’engueule avec tout le monde.

Un midi, Ivy arrive à table, les autres sont déjà là, même Cameron, qui parle à Sawyer du prochain match. Depuis le début de la saison, ils n’ont perdu que le premier match et ils ont ensuite enchaîné les victoires, huit matchs gagnés.

Je mets un coup de coude à Cameron qui n’a même pas jeté un coup d’œil à sa cousine, il se retourne et je lui désigne d’un mouvement de tête, elle a les larmes aux yeux.

- ça va Ivy ? Demande sky

Elle renifle, et je sens Cameron se raidir, je jette un œil à la table des « populaires » et vois Logan en grande conversation avec Ashley, mais il n’a pas l’air en colère.

Elle se laisse tomber à côté de moi

- c’est rien, je me suis encore pris la tête avec Camden, y a vraiment quelque chose qui va pas avec lui… Dit-elle

je lui frotte le dos

- t'inquiète ! Il va se calmer c’est sûrement rien…

- non je t'assure, je le vois bien, il est vraiment bizarre ces derniers temps

Elle secoue la tête, et justement Camden passe devant nous, en nous jetant un regard noir, que tous mes amis lui renvoient. Ils se lèvent tous pour repartir en cours.

- tu viens toujours au match ? demande Cameron en m’attendant

- oui, oui dis-je pourquoi ?

- parce que depuis que tu viens au match, on gagne !! dit il,

je souris

- tu veux dire que je porte chance à l’équipe ? Je me moque, trouvant l'idée aberrante

mais Cameron hoche la tête imperturbable, ce qui a pour effet de couper mon hilarité

- t’es sérieux ? Je demande gênée

il se penche vers moi, ce qui me provoque des violents frissons comme toujours, et murmure à mon oreille

- tu me portes chance à moi…

Il s’éloigne, conscient du trouble qu’il vient de provoquer chez moi, vu le sourire qu’il ébauche et qui m’éblouit. Je m’ébroue et les rattrape.

En sortant des cours, tout le monde est sur le parking, Ivy m’attend, je l’emmène tous les jours, depuis que Joshua et Heather m’ont offert une magnifique jeep. Je vois Camden partir en trombe, Cameron et Connor arrivent passablement énervés.

- on peut rentrer avec vous Camden nous a planté ? Me demande Connor un peu gêné

j'acquiesce et tends les clés à Cameron, je ne suis pas assez à l’aise pour conduire avec tant de monde, il semble surpris mais j'hausse les épaules et m’installe coté passager.

Avec Connor nos relations sont devenues, disons cordiales, on n’est pas les meilleurs amis mais au moins il ne me déteste plus.

Après mes devoirs, j’aide Heather et elle m’envoie chercher tous le monde pour le dîner, je tape et entre dans la chambre d’Ivy sans la trouver, je file jusqu’à la salle de bain, que j'ouvre en grand, sourire aux lèvres.

Sourire qui se fige instantanément quand je vois les bras d’Ivy. Elle s’empresse de les cacher mais c’est trop tard.

- bordel Ivy, qu’est qu’il s’est passé ? Je lui demande hors de moi

- rr..rien je, je me suis fait mal

- tu t’es faits mal ? Tu te fous de ma gueule ? C’est des putains de marques de doigts ! !! ! !!

C’est à ce moment que Camden arrive

- qu’est ce qui se passe ici ? Pourquoi tu cries sur ma sœur ? Dit-il, énervé

Ivy me supplie du regard

- ça te regarde pas, je te demande, moi pourquoi tu t’engueules avec elle ?

Il s’insurge

- rien à voir c’est ma jumelle, toi t’es rien pour elle par contre ! !! ! Crache-t-il, rageusement

je ricane, mais ça fait mal parce que sur ce coup, il a raison

- ouais tu t’occupes tellement bien d’elle que… Je commence

- Malia ! !! ! M’interromps Ivy les larmes aux yeux

- que quoi ? Dit-il, son regard passant d’Ivy à moi

- laisse tomber ! !! Je souffle j’y vais

Je me précipite vers la porte, Ivy essai de me rattraper mais son frère s’interpose ce qui m’arrange pour une fois. Je sors alors que Cameron arrive, j’enfourche ma moto et démarre. Je m’enfuis encore.

Je me retrouve devant la salle, et combattre me devient aussi nécessaire que respirer.

À l’intérieur, Ethan me salue pendant que je cherche un adversaire. Mon regard tombe sur Allie qui me sourit, elle est douée, mais pas assez, j’ai besoin de me dépasser pour oublier. Je continue mon inspection et je vois Will qui semble chercher un adversaire digne de lui, il n’a vraiment pas l’air heureux, on dirait que tous les malheurs du monde sont sur ses épaules.

- Ivy ne lui parle plus, il est un peu au fond du seau depuis me glisse allie d’un air triste

Je me retourne vers Will et nos regards s’accrochent, on se dirige vers le ring, et d’un commun accord, on se met en position. Ce combat risque d’être violent, mais c’est exactement de ça dont j’ai besoin.

Apparemment Will aussi, parce qu’au début, il me ménage, mais quand il comprend que je ne suis ni novice, ni fragile, il se donne à fond. On est tous les deux épuisés et bien amochés. Quand le combat se termine, j’ai mal partout. Allie, nous regarde comme si on était fou, elle nous tend des bouteilles d’eau et me fait un signe pour me montrer quelque chose.

Pas quelque chose, quelqu’un, quand je le repère comme d’habitude nos yeux s’aimantent, il s’avance vers moi, je n’arrive pas à savoir ce qu’il pense.

- c’était impressionnant, dit-il, en secouant la tête, un peu dangereux mais impressionnant…

J’avale de travers

- pourquoi dangereux ? On n’est pas inconscient quand même !!

Il me regarde comme si j’étais une gamine qui venait de dire un gros mot

- pas pour toi pour moi, j’ai failli faire une crise cardiaque quand je t’ai vu la, j’étais partagé entre t’admirer ou m’interposer, d’où le dangereux…

Je le regarde, sans être sûr de bien décrypter ce que disent ses yeux. La douleur se réveille, surtout au niveau de mes côtes maintenant que l’adrénaline se dissipe, je me demande comment je vais monter sur ma moto

- tu veux que je te ramène ? Me demande-t-il, après m’avoir vu grimacer

j'hésite, je n’ai pas envie de laisser ma forty ici, et c’est allie qui me sauve

- tu veux que je ramène ta moto ? Je suis venu avec des amis, l’un d’eux peut me suivre jusqu’à chez toi pour me ramener après

j’acquiesce, pas assez bien pour conduire

- OK Cameron ramène-moi, s’il te plaît !

Il hoche la tête et passe devant, je fais un petit signe de la main à Will et Ethan qui discute et monte dans la voiture. Cameron à l’air tendu, quand il démarre

- comment tu as su ou me trouver ?je demande en me massant la main

- Ivy m’a appelé, elle ne pouvait pas venir, Camden s’est énervé encore lâche-t-il

Je ne réponds rien, je revois Ivy les bras couverts de marques violettes, et ma rage revient en suivant. Quand je serre les poings, un gémissement m’échappe, j’y suis peut-être allé un peu fort.

Cameron me lance un coup d’œil et attrape ma main. Des décharges me traversent, quand il commence à la masser avec délicatesse, je ne peux pas m’empêcher de frissonner. Je suis tellement surprise que je ne dis rien, une douce chaleur, se propage, à l’intérieur de moi. Ce moment est en dehors du temps, c’est très agréable et je me laisse aller à la sensation. Malheureusement, il gâche tout

- qu’est ce qui t’a mis dans cet état ?

Je me renfrogne et récupère ma main

- rien laisse tombé dis-je, sans desserrer les dents

Son expression se durcit

- pourquoi tu ne me parles jamais, on est plus proche qu’avant non ? Me demande-t-il

je médite quelques secondes sur sa déclaration, oui on est plus proche, mais je ne peux pas en parler, Ivy ne me le pardonnera pas, d’un autre côté, il pourrait m’aider…

- je ne peux pas t’en parler c’est pas que je ne veux pas, mais on m’a demandé de me taire dis-je, alors s’il te plaît arrête

- qui ?

- quoi qui ?

- qui t’a demandé de te taire ?

- rhoooo mais c’est pas vrai, arrête ! Je ne te le dirais pas c’est tout pourquoi tu veux absolument le savoir ? C’est comme pour les cauchemars !! Je ne suis pas obligée de tout te dire ça te concerne pas ! !! ! !! !

Il se crispe

- si ça me concerne !

- mais pourquoi bordel ?, tu ne me dis pas tout toi non plus, par exemple quand il y a tes parents, des fois tu te refermes d’un coup et t’as l’air sur le point de péter les plombs, je ne viens pas pour essayer de savoir ce que t’as !!! !!

Bon en vrai, j’en meurs d’envie, mais je sais qu’il va m’envoyer bouler, alors je n’essaie même pas. Il a l’air surpris

- tu l’as remarqué ?

- ouais

Il souffle

- je pensais être plus discret

- oh, mais tu l’es, c’est juste que j’ai l’habitude de remarquer ce genre de trucs…

Le silence s’étire, mais heureusement on est presque arrivé.

- merci de m’avoir ramené dis-je, en sortant.

Cameron n’en a apparemment pas fini, il se place face à moi tout doucement, ses mouvements m’hypnotisent tellement que je ne comprends pas tout de suite ce qu’il me dit

- quoi ?

- dis-moi !!

Et là j’explose

- va te faire foutre Cameron ! !! ! ! C’est quoi ton problème ? C’est pas tes affaires !!! Je fais demi-tour, mais il m’attrape par le bras

- tout ce que tu fais me concerne !!! ! Crache-t-il entre ses dents, tes problèmes c’est aussi les miens ! !

- mais pourquoi ? Plus touché qu’il n’y parait

je n’ose plus respirer,

- parce que…

Il s’apprête à dire quelque chose, mais je vois le moment ou il change d’avis, il se raidit détourne le regard soupire, et replonge dans mes yeux

- parce que t’es la sœur d’Harley, t’es de ma famille, je protège ma famille ! Dit-il, d’une traite

Cette phrase qui devrait pourtant me faire plaisir, me déchire et je ne comprends même pas pourquoi, c’est trop alors je crie

- je ne suis pas de ta famille ! !! ! Et je ne le serai jamais……

Je cours jusqu’à la porte, que je referme violemment derrière moi. Ivy est en haut des escaliers.

- Malia je suis vraiment… Commence-t-elle

Je ne m’arrête pas, je fonce par la baie vitrée, dehors je siffle jusqu’à ne plus y arriver. Je recommence encore et encore, mais Lucky ne vient pas. Je sais que je suis complètement injuste, mais j’ai mal et je ne comprends pas mes émotions alors je cours encore jusqu’à être sur la plage.

Quand mes pieds touchent le sable, je m’effondre littéralement physiquement et moralement, je craque et je pleure sur tout, ma vie d’avant, mon passé traumatisant, ma mère qui n’est pas vraiment une mère, mon père qui est mort, ma sœur qui s’éloigne de moi et même mon chien qui m’a oublié. Je pleure parce que ressentir ça c’est égoïste, mais je me sens tellement seule que ça m’aveugle.

Bien sur, je pleure aussi pour Cameron, parce que je me voile la face, je me suis attachée à lui, il m’attire et m’intrigue depuis le premier jour, et ça fait mal, je refuse de ressentir ça.

Les pensées se bousculent dans ma tête, je suis tellement ailleurs que je mets bien cinq minutes à sentir la langue qui lèche mon visage, et au milieu de mes larmes, mon chien est là gémissant sentant ma souffrance et essayant à sa manière de me réconforter, un rire m’échappe et je le serre contre moi.

Je reste longtemps sur la plage à réfléchir, mais quand la fatigue et la douleur ont presque raisons de moi, je fais demi-tour, Lucky collé à moi. Je me sens vidée. Évidemment, la seule fois où je ne veux voir personne, je croise quasiment tous les membres de la famille sauf ma sœur, ils essaient de me parler, de m’arrêter mais mon chien grogne, il me protège, personne ne s’approche et je m’enferme dans ma chambre. Je m’endors blottis contre lui.

La dernière pensée qui me traverse est absurde, l’équipe de foot du lycée va perdre parce que je n’irai pas au match.

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