Chapitre 18 - Embarquement (partie 1)

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Le groupe conduit par Valdir arriva dans le port de la ville, en aval du fleuve. De nombreuses barges effectuaient une navette en le port de Muzia et celui de Madil à l’embouchure du fleuve. D’autres embarcations venaient de Lyr, capitale de l’empire Lyrgo. Les hommes s’affairaient, tels des fourmis, à charger ou décharger les barges. Ici des céréales, là de la pierre taillée, et là-bas du bois. Toute cette activité donna le tournis à Kaldor. Il n’en avait jamais vu autant dans le port de Merfol.

— Dites Valdir, il n’y a que des bateaux à fond plat ici…, commença Findol

— … nous ne pouvons naviguer en mer avec, acheva Zèlyu.

— Bonne remarque les gars ! Valdir, vous ne voudriez pas nous mener en bateau, par hasard, dit Adrim avec un large sourire. Rho, allez ! Elle était bonne, non ? Non ?

Valdir et Binlian lui rendirent un regard blasé qui le refroidit sur place. À l’évidence, ils n’étaient pas d’humeur à rire.

— Pfff, vous n’avez aucun humour, les gars.

Il alla bougonner à l’arrière du groupe. Kaldor et Élaëna se rendirent à côté de lui pour le réconforter et lui assurèrent avoir trouvé cela marrant. Ragaillardi, le soldat se remit à marcher joyeusement. Les deux jeunes gens se regardèrent, satisfaits d’avoir remonté le moral de leur compagnon.

Enfin, Valdir s’arrêta devant la passerelle d’un navire qu’aucun de ses compagnons n’avait vu jusqu’à présent. La plupart des navires présents sur le fleuve étaient des péniches à fond plat et les navires « marins » étaient des caraques, de larges et lourds vaisseaux à la coque arrondie. Valdir confia discrètement à Kaldor que le navire devant eux était un navire de son royaume. Il avait une coque haute, un faible tirant d'eau et une voilure très manœuvrable. Seuls les Eldyriens possédaient de tels navires, capable d’aller en pleine mer et sur un fleuve.

Un homme aux longs cheveux blancs apparut en haut de la passerelle et leur fit signe de monter à bord. Une dizaine d’hommes s’affairaient sur le pont et ils semblaient être les seuls membres d’équipage.

— Bonjour, je suis le capitaine de ce navire et je m’appelle Domot, se présenta-t-il à ses passagers d’un air joyeux. Mon cher Valdir, je suis content de te revoir, cela faisait longtemps. Tu manques à beaucoup de gens au royaume. J’ai failli ne pas être au rendez-vous à temps, deux semaines c’était un peu juste pour venir ici d’… du Sudar.

— Vous avez mis seulement deux semaines pour couvrir toute cette distance ?! s’exclama Adrim.

— Vous verrez en temps voulu, soldat. Montez à bord, nous allons faire les présentations dans ma cabine. J’ai une petite liqueur aux notes fleuries, vous m’en direz des nouvelles.

Valdir se chargea de faire les présentations. Domot inclina légèrement la tête pour saluer les quatre soldats, fit un baisemain à Élaëna et écarquilla les yeux quand il vit Kaldor. Depuis le début, le jeune homme se tenait en retrait derrière les autres, passant inaperçu avec sa capuche sur la tête. Binlian se chargea de raconter les différentes péripéties rencontrées lors de leur voyage, alors que Domot leur demandait des détails. Le jeune homme n’écouta que d’une oreille et porta ses pensées vers sa mère. Il espérait que tout allait bien pour elle.

— Tout va bien Kaldor ? chuchota Élaëna.

— Oui, je pensais à ma maman…

— Je suis sûre qu’elle et ma famille vont bien, lui affirma-t-elle avec un grand sourire.

Elle lui prit la main et cala sa tête sur son épaule. Ils attendirent ainsi que Binlian termine son récit. Puis, le capitaine du navire leur indiqua le chemin jusqu’à leurs cabines, coupant court à ce beau moment.


Valdir, Kaldor et Domot restèrent dans la cabine du capitaine, pendant que les autres gagnaient leurs couchettes pour y déposer leurs affaires. Élaëna ne savait toujours pas au sujet des vraies origines des trois hommes et, à la surprise de Kaldor, son mentor voulait qu’elle reste dans l’ignorance aussi longtemps que possible.

— Un jeune Eldyrien ! s’étonna-t-il. Où l’as-tu dégoté ? Je sais très bien qu’actuellement il n’y en a pas dans le royaume.

D’abord perplexe, son visage afficha un air de contentement lorsque la réponse s’imposa dans son esprit.

— Oooh, je vois. Alors c’est… c’est LE jeune… Donc, ça signifie que…

— Oui, cela a commencé, acheva Valdir.

Le jeune homme afficha une mine étonnée, il ne comprenait pas ce qui se passait.

— Eh, oui Kaldor, en Eldyrie, tu es célèbre. Tu es le seul enfant né depuis des siècles.

— Pourquoi dites-vous le seul enfant ? Suis-je le fruit d’une prophétie ?

Valdir et Domot le regardèrent comme s’il venait de dire une bêtise.

— Les Eldyriens sont immortels et le prix de l’immortalité est la stérilité. Il n’y a donc aucun enfant dans le royaume. Il peut être possible d’en avoir mais c’est très compliqué. Les deux parents doivent renoncer à l’immortalité pour procréer. Ce doit donc être une décision murement réfléchie, expliqua le capitaine Domot.

— Quant à une prophétie, rien de tel. Elles n’existent que dans les livres, mon garçon. Il est en effet impossible de prédire l’avenir à très long terme. Nous savions que tu allais naître car Eldyr en avait l’intention et l’annonça à quelques personnes. Enfin, quand tu as vu le jour, la nouvelle s’est répandue, exposa Valdir.

— Alors cela veut dire que ma mère… celle qui m’a enfanté…

— Oui, elle a sacrifié son immortalité, acheva Valdir. Alors quand tu la rencontreras un jour, et cela arrivera, repenses-y avant de lui lancer ta colère à la figure…

Soudain, son mentor afficha un air si triste que le jeune homme en fut étonné et eut de la peine pour lui. Cet être, d’apparence froide de prime abord, semblait cacher quelqu’un de sensible. Il en vint à regretter les fois où avait mal parlé à son mentor. Il lui sembla même apercevoir une larme perler au coin de son œil. Domot se racla la gorge et leur proposa d’aller ranger leurs affaires sur leurs couchettes.

Kaldor gagna sa petite cabine et s’affala sur son lit. Soudain, une pensée lui vint. Et si son mentor était amoureux de sa mère Eldyrienne ? Cela ferait de lui son beau-père ? Non, il chassa cette idée. L’avoir comme mentor était déjà bien suffisant. Il ne savait plus quoi penser de toute cette aventure. La tâche n’allait pas être facile, mais si en plus tous les Eldyriens savaient qui il était et scrutaient ses moindres faits et gestes… Combien de choses Valdir lui cachait-il sur lui ou sur la quête ? Voire peut-être même sur leur mystérieux ennemi. Non, s’il avait des informations à ce sujet il les aurait partagées, ce n’était pas rien ! Comment voulait-on qu’il fasse la quête correctement, si on ne lui donnait pas toutes les informations dont il avait besoin pour avancer. Ce fut sur un sentiment de confusion qu’il entendit le capitaine Domot ordonner de lever l’ancre.

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