Chapitre 18 - Embarquement (partie 2)

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Au matin du quatrième jour à bord du navire Eldyren, Kaldor se leva de bonne humeur, depuis qu’il avait embarqué quatre jours plus tôt. La raison de sa bonne humeur ? La belle Élaëna. Belle pour sûr, il l’avait trouvé très jolie dès leur première rencontre. Au départ, son caractère de fille unique trop gâtée et à qui l’on ne refuse rien, l’avait vite refroidi. Kaldor avait appris à la connaître depuis qu’elle s’était imposée, oui c’était le mot, à eux.

Ce matin-là, il la trouva accoudée au bastingage de la proue, regardant tristement le paysage, sans vraiment le voir. Il avait découvert derrière ce personnage une grande solitude, un grand vide. Elle qui pouvait avoir tout ce qu’elle voulait de par sa richesse et son statut de noble, n’avait en fait rien. Des ami(e)s et des amoureux, elle en avait des tas, non pas intéressés par sa personne, mais par sa richesse et sa position, lui avait-elle confié un jour plus tôt. Il s’approcha et s’accouda au bastingage à côté d’elle. Après un moment à ne rien dire, elle prit la parole.

— Merci, Kaldor. Merci d’être un vrai ami, de me… supporter et de ne pas dire oui tout le temps pour ne pas me contrarier. Oui je sais, les femmes sont compliquées, dit-on.

— Oui, il paraît, la taquina-t-il.

Elle lui donna un coup de coude dans les côtes, le faisant grimacer.

— Hé ! Que je le reconnaisse, ne veut pas forcément dire que je veux te l’entendre dire, dit-elle avec un sourire. Aller, je te laisse, j’ai promis à Binlian de l’aider à faire l’inventaire de tout ce que l’on possède. Si tu ne sais pas quoi faire, tu peux venir nous aider.

Elle lui déposa un baiser sur la joue et partit cheveux au vent. Elle le laissa là, immobile comme une statue, il l’admira marcher avec grâce. Valdir et Adrim arrivèrent sur ces entrefaites. Le premier haussa, comme à son habitude, un sourcil et l’autre afficha un grand sourire.

— Ah les femmes ! Elles vous retournent les sens ! Pas vrai Valdir ? Toi, tu es amoureux, mon gars, railla-t-il.

— Moi ? Non pas du tout ! se récria Kaldor. C’est une amie, c’est tout… Et puis d’abord, occupe-toi de tes oignons.

— Oh oh, du calme je ne vais pas te la chiper ta donzelle. Elle a peut-être un fort joli minois, mais elle a un sacré caractère. Je suis plutôt du gen…

— Tu es plutôt du genre à aimer les filles faciles, acheva Valdir avec un sourire. Aller, laisse le donc tranquille.

— Pfff. Il faut toujours que vous ayez le dernier…


Un grand claquement retentit au loin, suivi d’une grande secousse parcourant tout le navire, comme si quelque chose l’avait heurté. Kaldor n’avait pas fait attention, alors qu’il discutait le navire Eldyrien quittait le fleuve pour entrer en mer. Là devant eux se tenaient deux navires. Sur leurs ponts, les deux équipages s’affairaient autour de balistes. Tous, sur le navire Eldyrien, sortirent sur le pont pour voir ce qu’il se passait.

— Des pirates, remarqua le capitaine Domot. Par tous les démons, que font-ils ici ?

— Je crains que ça soit nous qu’il cherche, répondit Valdir en désignant un homme vêtu d’un manteau noir à capuche. Un servombre les commande.

— Un servombre ! s’exclama Domot, stupéfait. Eh bien, nous allons lui montrer de quel bois on se chauffe. Dame Élaëna, allez vous mettre à l’abri dans le navire. La coque ne craint pas les boulets de pierre. Branlebas de combat, matelots ! Sortez les canons !

— Les canons ? Comme les engins que l’on utilise pour les sièges ? demanda Binlian. Ne sont-ils pas trop gros, lourd et dangereux pour être sur un navire ?

— Ceux-ci diffèrent complètement des vôtres, précisa Valdir.

Kaldor et ses compagnons purent observer les canons Eldyriens, quand l’équipage retira les bâches qui les recouvraient. Le navire, plus petit qu’un bateau de guerre, n’était doté que de deux rangées de quatre canons sur le pont supérieur. Le jeune homme n’en avait jamais vu, mais d’après Binlian, ils ressemblaient à ceux qu’il avait déjà vus.

Les matelots s’affairaient autour de ces armes et invoquèrent leur magie. Les canons se mirent à grésiller et luire. Quand le capitaine le leur ordonna, ils commencèrent à tirer. Le bruit fut assourdissant, comme se retrouver sous un orage. Kaldor le ressentit résonner dans tout son corps. Puis vinrent les hurlements de peur des équipages ennemis devant la foudre dévastatrice qui pulvérisaient et enflammait le bois. Eux, comme Kaldor, n’avaient rien vu de tel auparavant.

Pour le jeune homme, c’était bien là une arme de terreur, qui n’aurait pas dû exister. Ne supportant plus le spectacle, il ferma les yeux et se boucha les oreilles jusqu’à ce que les canons se taisent. Quand il osa regarder, les navires ennemis sombraient petit à petit dans la mer et nulle trace du servombre. Mais comment faisait-il poursavoir où ils se trouvaient ?

— Quels instruments de terreur est-ce là ? demanda-t-il, sonné.

— Des canons à foudre. Il serve à concentrer notre pouvoir et à le diriger plus aisément là où on le souhaite, lui expliqua Domot. Comme tu l’as vu, ils sont destructeurs… Et tu n’as pas fini d’être étonné aujourd’hui.

Le capitaine lui fit un clin d’œil et ordonna de mettre les voiles vers le nord. Alors, il se produisit un bien étrange phénomène. Devant le navire, un gigantesque trou bleu foncé s’ouvrit et le navire fut comme aspiré à l’intérieur. Kaldor et ses compagnons furent projetés en arrière. Valdir et les autres Eldyriens restèrent quant à eux sur leurs pieds. Puis le trou se referma derrière eux, les plongeant dans le noir.

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