Chapitre 10 - Temple-ville (partie 1)

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Kaldor ferma les yeux, aussi fort qu’il le pouvait. Il n’avait pas fait ça ?! Pourquoi avoir sauté ? Ce devait être un cauchemar et il allait se réveiller ! Il ouvrit les yeux, pour s'apercevoir qu'il était en train de tomber. Son regard trouva celui de sa mère, terrifiée. Elle tendait ses mains vers son fils avec désespoir.

Non ! Elle ne pouvait pas mourir ! Il avait déjà perdu un être cher. Plus jamais ! Il ne voulait plus jamais ressentir la disparition d’une personne aimée. C’était trop dur, trop insoutenable. Elle semblait lui dire quelque chose, mais il ne parvenait pas à la comprendre à cause du vent qui sifflait dans ces oreilles.

— Maman ! Je vais te sauver ! cria-t-il.

Soudain, une intuition s’immisça dans son esprit. Il sauverait sa mère ! Il ramena les bras contre son corps et plongea à toute allure vers elle. Juste au moment où il l’attrapa, il se concentra puis se transforma en un nuage argenté et ils disparurent.

Le jeune homme et sa mère réapparurent sur la falaise dans un halo d’argent. Ils flottaient à un mètre du sol. Kaldor ressenti un intense mal de tête et perdit sa concentration. Ils tombèrent alors à terre. Au loin, Valdir se débarrassait du dernier agresseur. Il l’envoya heurter un arbre, comme une vulgaire poupée de chiffons. Le bandit s’écroula à terre, assommé. Ce fut la dernière chose que le jeune homme vit avant de s’évanouir, terrassé par l’immense fatigue qui s’emparait de son corps.

Quand il s’éveilla, il vit l’Eldyrien, au-dessus de lui une main sur son torse, le regarder avec une certaine colère.

— Mais qu’est-ce qui t’a pris, mon garçon ?! maugréa-t-il une fois auprès de lui. Tu m’as fait une de ces peurs !

— Je ne pouvais pas la laisser mourir, se défendit Kaldor.

— Cette impulsivité te perdra, tu dois réfléchir avant d’agir. Une chance que tu n’aies ressenti la fatigue qu’après. Tu n’étais pas assez entraîné et ton corps n’était pas prêt pour une telle dépense d’énergie. Je t’ai transféré la mienne, mais je ne serais pas toujours là…

— Je ne peux expliquer mon comportement. J’ai eu comme… une intuition.

— Hum… Cela peut arriver. Au final, je dois reconnaître que c’est une bonne chose. Tu as achevé ta mutation, tu es pleinement un Eldyrien à présent. Tu apprendras mieux l’Elmència.

— L’Elmència ?

— C’est le nom de la magie Eldyrienne. Rassemblons nos affaires et partons. Il nous reste encore du chemin avant d’arriver à destination.

— Valdir ? Comment se fait-il que je sois parvenu à me transformer si vite ?

— La peur peut être un pouvoir. Elle te pousse dans tes retranchements. Elle te rend plus intelligent et plus fort.

Les soldats de l’Ordre rassemblèrent tant bien que mal les chevaux. Ceux-ci avaient pris peur et s’étaient enfuis dans toutes les directions. Le groupe mit le plus de distance possible entre lui et le lieu de l’agression. Il ne s’arrêta qu’à la tombée de la nuit.


De la troupe d’une quinzaine de personnes, qui était partie du village de Boisfeuillus environ deux semaines plus tôt, seulement dix s’en étaient arrivées indemnes à Temple-ville. Le groupe s’engagea sur la route menant à la porte Nord. Kaldor et sa mère furent subjugués par sa beauté. D’un bleu profond, parsemée d’étoiles d’or, elle mesurait au moins vingt mètres de haut. De part et d’autre étaient sculptées deux statues de dix mètres. Elles représentaient le Dieu Kaelliom tirant une grande flèche, sur une sorte de grand lézard crachant du feu.

— C’est… magnifique et impressionnant, dirent en cœur la mère et son fils.

Ils ne pouvaient détacher leurs yeux de cette beauté architecturale. Ils n’avaient jamais rien vu de tel auparavant. Ces sculptures étaient constituées d’un éclatant marbre blanc, excepté le gros reptile qui était en marbre noir.

— C’est tellement beau ! Qu’est-ce que cela représente ? demanda Kaldor. Je sais qu’il s’agit du dieu Kaelliom, mais je n’ai pas souvenir d’un reptile géant dans les sermons des prêtres.

— En effet, c’est magnifique, acquiesça Binlian. Moi, je suis resté au moins une dizaine de minutes, la première fois que je suis venu.

— Pour moi, c’est la plus belle architecture du monde, renchérit un soldat.

— Eh bien, tu n’as pas encore vu l’architecture Eldyrienne, chuchota Valdir à l’oreille de Kaldor. Cela représente un vieux mythe quasiment oublié, qui évoque la lutte du Bien contre le Mal. Selon la légende, le Divin Kaelliom a combattu et vaincu un démon de l’ancien monde qui asservissait les humains.

Il s’approcha du jeune homme et murmura à nouveau à son oreille.

— En vérité, il fut aidé par les autres dieux. Néanmoins, ce fut lui qui porta le coup fatal. Ses frères avaient réussi à briser quelques écailles au niveau du poitrail de la bête. Il en a profité pour décocher quelques traits mortels. Voilà en résumé ce que dit le mythe.

Une question brûlait les lèvres de Kaldor.

— Valdir, quelle est la hiérarchie au sein de l’Ordre du Temple ? Je ne crois pas avoir eu de leçons à ce sujet ou je ne m’en rappelle plus.

L’Eldyrien le lui expliqua bien volontiers.

À la tête de cette organisation religieuse se trouvait le Patriarche, qui une fois élu, nommait les Archecardites, ses ministres. Chaque royaume avait à sa tête un Archimandrite. Ensuite, venaient les Prélats pour les provinces, puis les Prieurs pour les communautés et enfin les prêtres. Cette hiérarchie était employée quasiment de la même façon en Gèndar et en Tyrn. À la seule différence qu’en Tyrn, on trouvait des communautés de prêtresses gérées par des Grandes-prêtresses. Valdir lui expliqua ensuite qu’en Eldyrie la hiérarchie était plus simple. Il y avait un Grand-prêtre (ou Grande-prêtresse), puis les prêtres.

Le capitaine Binlian, ravi, prit la relève pour lui expliquer la hiérarchie militaire. Les Généraux en chef d’armée étaient sous l’autorité du Patriarche, mais on trouvait de nombreux grades en dessous du leur. À la suite du Général en chef, venait le grade de Commandeur qui gérait une division. Ensuite il y avait le Major qui commandait un bataillon. Puis venait le Capitaine qui dirigeait une compagnie. Et enfin pour les grades inférieurs : le Sergent Major, le Sergent et les soldats de première et deuxième classe.

Kaldor se demanda s’il avait bien fait de demander des précisions. Il avait l’impression que sa tête allait exploser devant tous ces noms de grades et fonctions.

Ils arrivèrent devant le Grand Temple de Kaelliom et là aussi ils furent fascinés par tant de beauté. Les toits du temple étaient courbés, pareils à des livres ouverts posés sur une table. Au centre de la façade se trouvait une gigantesque statue du dieu, le jeune homme ne parvint pas à évaluer sa hauteur. Elle saluait les étrangers et les passants et leur adressait un regard protecteur. Le dieu était représenté comme un homme d’une trentaine d’années, portant arc et carquois en bandoulière.

Tout le temple était peint d’un doux bleu clair et les toits étaient dorés. De chaque côté de la statue du dieu, se trouvaient deux magnifiques vitraux en forme de rosace. Plus bas, au niveau de la porte dorée, ils pouvaient admirer trois vitraux ovales, de chaque côté de celle-ci. Ils gravirent un escalier d’une dizaine de marches, d’un blanc immaculé. Valdir expliqua que les deux bâtiments, de chaque côté, étaient ceux de l’administration et des habitations. Il leur apprit que derrière le temple, se trouvait un grand jardin où l’on pouvait venir se reposer et se détendre.

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