Chapitre 6 - Dieu et monstre (partie1)

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Kaldor se sentait en suspension dans les airs, mais seul le noir l’entourait. Soudain, une lumière argentée apparut et s’approcha de lui. Elle se transforma en un homme vêtu d’une robe bleu-clair et nimbé d’un halo argenté. Sa barbe et ses longs cheveux étaient aussi blancs que les neiges éternelles. Ses yeux étaient dorés. La présence de cet inconnu en imposait. Ce fut avec un sourire chaleureux et bienveillant qu’il parla.

— Bonjour Kaldor. Le moment de notre rencontre est arrivé.

— Quoi ?! fit Kaldor étonné. Comment connaissez-vous mon nom ? Mais, d’abord, qui êtes-vous ?

— Je suis Eldyr. Quant à ton nom, je le connais car je te surveille depuis longtemps.

— Eldyr ?! Comme le dieu des Eldyriens ? Suis-je en train de rêver ? fit le jeune homme plus surpris.

— Non, tu ne rêves pas. En effet, je suis le dieu Eldyr.

— Mais, pourquoi s’adresser à moi ? demanda Kaldor, surpris.

Le jeune homme n’en croyait pas ses oreilles ! Pourquoi la divinité d’un peuple mythique tenait absolument à lui parler ?

— J’ai besoin de ton aide. Le moment est venu d’accomplir la mission pour laquelle tu es né. Je comprends que ma venue te paraisse bizarre. Mais ce que j’ai à te dire et très important pour notre monde. La mission, que je souhaite te confier, est de retrouver trois reliques que j’ai cachées jadis un peu partout en Camaörie. Il ne faut en aucun cas qu’elles tombent en de mauvaises mains. Une fois que tu les auras trouvées, tu me les apporteras, lui expliqua Eldyr.

— Attendez un peu ! Je ne comprends pas. Vous dites : « la mission pour laquelle je suis né ». Qu’est-ce que cela veut dire ? demanda le jeune homme, décontenancé.

— Comme je te l’ai dit, je te surveille depuis longtemps. Tu es un jeune homme très spécial, Kaldor, car tu es mon fils, lui révéla le dieu.

Ces mots lui firent l’effet d’un coup de masse. Non, non, non ! Il devait être en train de rêver ! Ce n’était pas possible. Il ne pouvait pas être le fils d’un dieu, c’était irréel ! C’était au-delà de tout ce qu’il avait pu imaginer depuis qu’il savait pour son adoption. Pourquoi ne pouvait-il pas être Kaldor, un jeune homme normal aimé de ses parents ?!

— Non ! Ce n’est pas possible ! cria le jeune homme déconcerté.

— C’est la stricte vérité. Tu es mon fils, lui assura Eldyr.

Kaldor était perdu dans un labyrinthe d’incertitudes. En lui croissait une tempête, où se mêlaient la colère et la déception. L’image du père content et fier de son fils, tomba lamentablement du piédestal sur laquelle le jeune homme l’avait mise. Ce soi-disant père n’en avait rien à faire de lui, mais tout à faire de sa fichue mission. Eldyr s’approcha et posa sa main sur son cou, en signe d’apaisement.

— Mon garçon…

Cela en fut trop et la tempête éclata en lui. Ivre de colère, il le repoussa.

— Non ! Je refuse d’être le fils d’un père aussi égoïste ! cria-t-il. Vous n’avez rien d’un père à mes yeux. Un père ne souhaiterait pas avoir un fils juste pour effectuer une stupide mission. Il veut un enfant pour l’aimer, le féliciter, l’encourager, le soutenir et non pour s’en servir comme d’un pion !

— Kaldor… Je t’en prie, écoute-moi, s’il te plaît.

— Non ! Laissez-moi vivre ma vie tranquille ! hurla le jeune homme.

Il balaya le bras du dieu d’un revers de la main. Le regard plein de colère, il le repoussa loin de lui. Eldyr eut un regard surpris, il y eut un flash et Kaldor se sentit regagner son corps.


La douleur qu’il ressentit fut si intense qu’il ouvrit les yeux avec rapidité. Il faisait encore jour et vu la façon dont le soleil pénétrait par sa petite fenêtre, c’était le début de l’après-midi. Il voulut se relever mais une main le maintint fermement contre le matelas. Grépas était assis à côté de lui, dans sa chambre.

— Reste tranquille, mon garçon, lui intima-t-il. Tu m’as fait une sacrée peur. J’ai cru que tu avais vidé toute ta force vitale. Ça va mon garçon ? Tu as l’air tout chamboulé.

— Un… Un mauvais rêve… Juste un mauvais rêve, maître Grépas, répondit le jeune homme d’une voix lasse.

Une larme perla au coin de son œil droit.

— Que s’est-il passé ? s’enquit-il pour changer de sujet.

Son corps le faisait souffrir et sa tête lui tournait. L’apothicaire lui donna un remède au goût amer à boire. Il ne put réprimer une grimace.

— Tu ne te souviens pas ? Eh bien, tu m’as aidé à tracer une rune pour soigner des malades et la magie n’a pas fonctionné comme elle aurait dû. Je ne sais fichtrement pas comment cela a pu arriver ! Néanmoins, j’ai été fort surpris de voir les malades tous guéris, de tous leurs maux.

— Vous n’avez pas une petite idée de ce qui a causé cette réaction ?

— Non, mon garçon. Tu as été étonnant. Tes yeux se sont illuminés et des tatouages argentés sont apparus sur tes bras. Ils s’enroulaient comme des lianes ou des serpents. Regarde, ils ont disparu à présent.

Kaldor inspecta ses bras et ne vit rien d’anormal. Quand il reporta son regard sur Grépas, celui-ci affichait une mine soucieuse.

— Avant que je n’oublie, un homme bizarre est venu pour savoir si tu étais là. Il ne m’inspirait pas confiance avec son visage caché dans la capuche de sa longue cape noire. Je lui ai dit que tu étais parti pour la semaine. Ne t’inquiète pas, je ne lui ai pas dit où tu habites. D’ailleurs, je t’accorde cette semaine pour te reposer et voir ta famille. Tu l’as bien méritée.

Le jeune homme le remercia et se mura dans le silence, en proie à un questionnement intérieur. Devait-il croire ce que ce dieu lui avait révélé ? Être un Eldyrien et fils d’un dieu de surcroît était complètement surréaliste ! Non ! Il ne voulait pas que cela soit vrai. Pourquoi ne pouvait-il pas être simplement un jeune homme normal aimé de ses parents ? La fatigue eut raison de lui et le replongea dans le sommeil.

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