03 - une curieuse rencontre

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Nous arrivons à la Grand’Place… et je dois bien avouer que je suis littéralement stupéfait.

En effet, tout comme le couloir, les rues et les véhicules, la Grand’Place est rigoureusement identique à la Grand’Place de mon univers. Mis à part quelques détails cosmétiques, les rues de la ville de cet autre monde sont rigoureusement identiques à celles du monde que j’ai quitté.

Bien sûr, ces deux mondes diffèrent par quelques détails… ainsi le personnage iconique de Walt Disney n’est pas « Donald Duck », mais « Saturnin le canard » ; les uniformes des policiers sont différents – et surtout, ils ne tabassent pas les passants –, les noms et les régimes politiques des pays ne sont pas les mêmes.

— Si vous êtes un bandit, vous allez sûrement attaquer la banque hein ? Je pourrai regarder comment vous faites ? Tenez, ce monsieur nous regarde bizarrement. C’est un complice ?

Décidément, il n’y a pas moyen de la faire taire.

— Écoute petite ! Pour ne pas se faire prendre, les bandits sont obligés de passer inaperçus et pour ça ils doivent se taire. Un bandit qui parle tout le temps se met en danger, et met ses complices en danger, alors on a un truc : si un complice parle trop, on s’en débarrasse.

Le monsieur qui nous regarde bizarrement a tout l’air d’être un SDF. Rien à craindre de ce côté-là.

— Et vous vous en débarrassez comment ?

— On lui coule les pieds dans du béton et on le jette à la rivière. C’est ce qui risque de t’arriver si tu continues à parler tout le temps.

— Je vous crois pas ! Vous ne ferez jamais un truc pareil… vous êtes gentil.

Le pire, c’est qu’elle a raison. Je ne suis même pas capable de faire semblant d’être méchant.

— Le bonjour, m’sieur dame ! s’exclame le SDF en s’approchant. Vous n’auriez pas une petite pièce ? C’est vrai que vous êtes gentil. Vous en avez l’air en tout cas.

Ce bonhomme a quelque chose de vaguement familier, je suis sûr de l’avoir vu quelque part.

— Pourquoi vous me regardez comme ça ? fait-il soudain. Juste une petite pièce pour manger.

— Faites attention, monsieur, lui dit la petite. C’est un bandit et il va vous couler dans du béton.

Je l’interrompt et je donne un billet de cinq au bonhomme.

— Non non, pas du tout ! Tenez, voilà de quoi manger. Vous n’avez croisé personne sur la place ?

— Personne mon brave monsieur, répond-il avec une ébauche de salut militaire. Avec le covid-22, les gens ne sortent que pour aller travailler, faire les courses et rentrer chez eux. Ceux qui sont surpris sans masque prennent 135 crédits d’amende… sauf moi parce que… j’ai pas un rond. Mais si je vois quelqu’un, c’est promis, je cours vous avertir.

Il s’éloigne et se dirige vers un bâtiment ou il a plus de chances de trouver à boire qu’à manger.

Entretemps, j’ai eu le temps d’examiner ses traits et – aussi incroyable que ça parraisse –, ce bonhomme a exactement la même tête que Grand Zeus.

Évidemment, il y a des différence vu que ses vêtements sont en lambeau, ses cheveux défaits et son menton mal rasé, mais je suis assez physionomiste pour n’avoir aucun doute. C’est bien son double.

« Dans l’église ; je suis »

Il ne manquait plus que celui là. Et la gamine qui me colle toujours le train.

— Écoute, petite ! Je vais rejoindre le chef de mon gang qui est caché dans l’église.

— Oh, dans ce cas il vaut mieux que je parte.

Son changement d’attitude m’étonne, mais ça m’arrange.

— Oui, il vaut mieux.

— Je n’entre jamais dans une église, c’est bien trop dangereux. Mon père m’a dit que tous les curés étaient pédophiles et qu’il ne fallait jamais les approcher à cause de ce qu’ils faisaient aux petites filles… sauf qu’il ne m’a pas dit ce qu’ils faisaient. Vous le savez, vous ?

— Bien sûr que non, réponds-je sans hésiter. Mais si tu retournes à l’école, peut-être qu’un professeur te l’expliquera. Tu as eu assez d’aventures pour aujourd’hui.

Elle s’en va… et ce n’est pas trop tôt.

Machin verdâtre est tout près d’ici, et je vais enfin avoir des explications.

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