De la main à la main

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Jusqu'en 1965, le jésuite avait la situation bien en main. Il imbibait nos cervelles spongieuses de main de maître, en nous tendant la main et sans trop forcer la notre. Je veux parler de notre main, bien sûr. Du moins, en général. Car, à maintes reprises, il n'y allait pas de main morte. Il avait plutôt la main lourde. Comme dit le proverbe: "Une main de fer dans un gant de velours" !... Et je vous le dis preuve en main.

Les faits se sont passés dans une salle de classe. L'objet officiel de notre réunion était une discussion sur un sujet d'instruction religieuse. Nous avions tous mis la main à la pâte et l'avions traité, je n'hésite pas à le dire, à pleines mains. C'est alors que Pinocchio me demanda en sous main un coup de main sur un exercice de mathématiques auquel je venais juste de mettre la dernière main et que j'avais là, par hasard, sous la main. Le cœur  sur la main, je lui remis ma copie de la main à la main. Alors qu'il faisait main basse dessus, un pion surgit dans la pièce et s'en saisit. Sous le coup de la surprise, nous avons perdu pied et étions devant notre censeur, pieds et poings liés, sans argument. Nous étions là à ses pieds, prêts à lui manger dans la main, mais il était décidé à mettre les pieds dans le plat. Il était bête comme ses pieds et dit qu'une bonne mise à pied nous ferait les pieds. Sans doute, s'était-il levé du pied gauche !

On ne savait plus sur quel pied danser. Pour nous, c'était un peu comme avoir un pied dans la tombe. Nous perdions pied et ce n'était pas le pied. Comme nous étions au pied du mur, nous fîmes des pieds et des mains pour nous tirer de ce mauvais pas, mais rien n'y fit et il nous fut impossible de retomber sur nos pieds.

Nous fûmes renvoyés huit jours pour abus de confiance. Le papier exhibé était la notification de ce renvoi. Cette preuve tangible de la sentence passa de mains en mains, et c'était bien la moindre des choses après un tel récit.

Comme le montre ce fait d'hiver, - nous étions en janvier -, étudier les mathématiques à la place de l'instruction religieuse, même à dose homéopathique, était une faute très grave aux yeux du jésuite. Il plaçait la confiance et la prise de responsabilité au dessus de tout.

Cette philosophie le conduisit tout naturellement à instaurer dans les années 65, l'auto-surveillance.

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