Les Marsupilamis

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Voici à peu près l'histoire, telle qu'elle nous a été rapportée par notre courageux surveillant, en ces circonstances pénibles. Insensiblement, il allait nous faire oublier les émotions de l'incendie. Voila un pion que je ne damnerai pas.

L'aventure commence le 1er août et se terminera le 24 du même mois. Nous sommes en l'an de crasse 19.... Mais peu importe, cela n'ajoute rien à l'affaire. Elle emporte Chichouf, Sim's dit Boîte à clous, Criquet, Belette, Chouia, Tutu, Pontus (de Pontarlier bien sûr), Gengen, G.G., le petit Job's, Jipette, Marmotte, Râleur, Pinocchio, La Comtesse, Feuille de chou, les deux nounous (Ils sont jumeaux), le grand Job's, Sam Bott, TPLB, TPLV, TPLG et quelques autres, moins gras et dont la retenue les a fait échapper à ces délicats surnoms que sont "Tout Pour La Bouffe", "Tout Pour Le Ventre" ou "Tout Pour La Gueule". C'est qu'ici, encore moins qu'ailleurs, les particules n'ont pas leur place, et G.G. n'est pas l'abréviation de de Gouve de Gorgonzola, mais plus prosaïquement de Grande Geule.

Ils sont prêts pour commencer leur calvaire, les courageux. Le cauchemar va pouvoir commencer. Ils ont rempli un wagon avec trente cinq vélos, deux vespas, une mobylette, trois caisses, un sac fourre-tout et ... deux boîtes de tonimalt. S'ils avaient la moindre idée de ce qui les attend pour leurs vacances, il y a fort à parier que plus d'un aurait mal au ventre. Marmotte se laisserait oublier sur un banc, Sam Bott changerait d'avis, Feuille de chou n'en croirait pas ses oreilles, Râleur s'en donnerait à coeur joie, et même G.G. ne la ramènerait plus. Pourtant, l'équipement est là. On croirait le film "Les canons de Navaronne", et en pensant cela, on n'est pas si loin de la réalité, peut-être même au-delà, car ils sont bien plus nombreux qu'un commando les bougres. Ils ne sont pas moins de cinquante et un à s'entasser dans un wagon sur ce quai de gare dont ils n'ont pas conscience de la tristesse morbide. Ils sont là, insouciants, bardés de gourdes et d'appareils photo. On a même aperçu quelques chapeaux extravagants qui font davantage penser au Mexique qu'à l'Espagne.

Il va leur falloir 24 heures pour parcourir dans des conditions de bétaillère les 963 kilomètres qui les séparent de Barcelone. Les changements de trains, puis les formalités douanières s'effectuent dans une cohue indescriptible. Ensuite, ils ont tout le loisir d'apprécier l'inconfort des wagons de bois espagnols de 3ème classe. N'insistons pas sur le modernisme outrancier des chemins de fer espagnols. Un train poussif leur fait traverser cahin-caha les pays de la soif et ils arriveront enfin à Barcelone. Nous sommes le 4 août à quatre heures de l'après-midi. La chaleur est insupportable. Moites, les vêtements et les yeux fripés par la sieste, les os désarticulés par les secousses sournoisement irrégulières des boggies, la troupe considère d'un air passablement ahuri les sacs qui, sous prétexte qu'ils sont tyroliens, forment une montagne alpine, en s'entassant sur le quai. Peu importe, c'est pour eux une première bénédiction que d'être accueillis dans ce collège de jésuites en plein coeur de la ville. Ce soir, ils vont manger dans un réfectoire, où ils seront rejoints par deux retardataires, et dormir dans un dortoir. Dieu, que de changements avec leurs habitudes scolastiques !

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