Vacances forcées

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Il était plus que temps. Nous sommes quelques uns à jouer des castagnettes. Il nous faut encore attendre dans un couloir mal éclairé que l'on retrouve les clés d'un dortoir désaffecté à défaut d'être désinfecté. Mais enfin, il ne fait plus que moins dix au lieu de moins vingt. On a presque chaud lorsque l'on pénètre dans un ancien dortoir sous les toits (c'est fou ce qu'il peut y avoir comme dortoirs sous les toits !) où se trouve un alignement de lits, sans matelas, ni couvertures, ni draps, ni polochons, ni oreillers, ni tables de nuits, ni pots de chambre, ni pantoufles, ni pyjamas, ni sommeil ...

Le concierge, qui a perdu le sien, se montre à présent plus compatissant à notre égard. Enfin, c'est ce que l'on m'a dit. Grâce à la pénombre du couloir, quelqu'un aurait aperçu une étincelle de compassion au fond de son oeil glauque. Moi, je n'ai rien vu, mais je vous rapporte ce témoignage pour la sincérité de mon récit. Je dois admettre que ce Quasimodo à la mine presque tibulaire essaye de se faire pardonner depuis qu'il a compris qu'il fallait une raison sérieuse pour qu'une soixantaine de potaches viennent se geler devant sa porte (en chêne) au milieu de la nuit.

Il est allé nous chercher des matelas et des couvertures. Cela lui prend un temps certain, qui nous paraît très long. Pour supporter cette nouvelle attente après les émotions que nous avons déjà vécues, le pion nous raconte une histoire. Une histoire vraie, car ainsi que la dit Ridley Scott: "La vie a plus d'imagination que n'en portent nos rêves", et le récit que nous allons entendre en est une parfaite illustration.

Les héros de cette histoire, je les connais déjà. Ils font partis de ces cow-boys à la recherche d'une diligence dont on a déjà parlé. Ils font partie des ces inconscients qui, non contents de bouffer de la soutane pendant l'année scolaire, en redemandent et sont allés faire une balade aux Baléares avec ces mêmes soutanes pendant leurs vacances. Je vous l'ai dit, on croit rêver. Et bien non, c'est dans l'ordre des choses. L'esprit d'émulation qui émaille chaque jour de l'année scolaire du Jésuite doit être un mode de vie à développer même à l'extérieur du collège. Le Jésuite en fait la promotion de jour comme de nuit, l'été comme l'hiver, en vacances aussi bien qu'en classe.

Avant de vous rapporter cette histoire, et pour conclure cette nuit d'incendie qui a fait beaucoup de bruit dans la région et dans la presse locale, sachez que nous avons été mis en vacances forcées dès le lendemain matin, les parents étant invités à venir chercher leurs progénitures.

Toute une aile de bâtiment avait brûlé. L'eau avait provoqué également beaucoup de dégâts.

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