Départ de feu

2 minutes de lecture

Le mal était fait. Le dessus de lit se consumait en dégageant une fumée noire et piquante. Du fait de l'absence totale d'équipement sanitaire sur place,- faut quand même pas rêver -, il n'avait pas le moindre petit verre d'eau sous la main pour stopper ces velléités d'incendie. Jean-Claude hésita sur ce qu'il devait prendre pour étouffer les flammèches qui mangeaient son dessus de lit avec un appétit croissant. Son blouson ? Sûrement pas. Sa valise? Pleine de bouquins. Un dico ? Trop petit. Vite, vite, il fallait trouver quelque chose car le gourmand commençait à goûter de sa couverture. La fumée s'épaississait. Elle suffoquait Jean-Claude, tétanisé par la rapidité avec laquelle le sinistre s'étendait et s'amplifiait. Les nombreux papiers qu'il rencontrait lui donnaient une vigueur inattendue. Un million de scénarios-catastrophes traversèrent son esprit à la vitesse de la lumière. Devant la nécessité d'agir, désespéré, il prit son blouson et tapa à grands coups sur son lit qui crachait à chaque offensive de petites gerbes d'étincelles. Comprenant que cela ne suffirait pas,  qu'il avait sous-estimé le danger, qu'il fallait être plus d'une personne - peut-être deux - il se dirigea vers le couloir, aveuglé par la fumée et freiné par des quintes de toux qui lui donnaient des envies de vomir. Il reçu l'air frais du couloir comme une  délivrance, couru les dix mètres qui le séparaient de la chambre du père Etienne dans laquelle il s'engouffra, le souffle court, les yeux rougis et larmoyants.

- Il y a le feu. Je n'arrive pas à l'éteindre. Il faut donner l'alerte.

Sans attendre de réponse, il laissa le Père Etienne interloqué et perdu dans ses interrogations. Il dégringola les escaliers jusqu'au bureau du Préfet des études, en risquant dix fois la foulure sur les marches émoussées qu'il sautait quatre à quatre. Il pénétra dans la pièce sans y être invité, ce qui constituait en soi une circonstance aggravante à ses distractions précédentes. Le Père Chaumienne, honorable Préfet des études depuis quatre ans, allait remettre à sa place ce jeune freluquet dont l'impolitesse frisait le ridicule mais le jeune freluquet, décidément pétri d'inconscience, récidiva immédiatement en lui coupant la parole:

- Mon Père, il y a le feu, et je ne parviens pas à l'éteindre.

Annotations

Vous aimez lire Oncle Dan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0