Ce bon père

Une minute de lecture

Tiens, c'était comme ce bon Père Charles de Foucauld. Encore un Saint qui avait fait des siennes. Pour les Jésuites, il était à classer dans la catégorie "Cachez ce saint que je ne saurais voir". Cela suffisait pour me le rendre sympathique. Cet officier fatigué d'avoir fait des frasques avec les femmes de mauvaise vie, lassé de s'enivrer de champagne qu'il buvait dans leurs chaussures, s'était fait missionnaire malgré les objurgations de son ami le général Laperrine. Celui-ci, alors qu'il n'était encore que capitaine, arriva trop tard avec son goum pour le sauver des méchants Touareg qui assiégeaient son bordj.

Selon une version, dont l'authenticité n'est pas encore tout à fait démontrée, le bon père aurait dit "mon oeil" sur un ton pétri d'incrédulité, à l'un d'eux qui manifestait un désir évident de le tuer sans les sommations d'usage. Cet individu basané, dénué de savoir-vivre et d'imagination, mais cependant adroit, lui aurait alors tiré dans l'oeil. Le bon père Charles de Foucauld met les pouces. Il ne joue plus. Le sang coule sur sa joue. Il meurt. C'est triste, mais c'est beau.

J’avais découvert toutes ces aventures dans un bel ouvrage à la tranche dorée et à la couverture de cuir sur l'étagère d'une bibliothèque de couvent lors d'une récollection.

Lorsqu'ils ne priaient pas, la principale occupation des moines était autrefois la transcription des Ecritures Saintes et de divers ouvrages pseudo-scientifiques. Sans doute, faut-il trouver dans cette réalité historique l'origine de ces magnifiques bibliothèques généreusement garnies qui constituaient toujours, avec les objets du culte, l'essentiel des meubles meublants de ces monastères et abbayes.

Inutile de préciser que dans ces ouvrages, nous étions davantage à l'affût de l'homme et de ses faiblesses, que du Saint et de ses miracles. Lorsque nous l'avions découvert, il était d'autant plus facile d'en faire profiter les petits copains que le livre bénéficiait d'une aura de sainteté qui le dispensait de circuler sous le manteau. Sa lecture se résumait alors au chapitre signalé par une image pieuse de première communion.

Au collège, je me sentais plus proche de la première partie de la vie d'Ignace de Loyola que des suivantes.

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