L'inséminarisation artificielle
Cette mise en train spirituelle n'était que le premier exercice religieux de la journée. Les Jésuites considérant la formation intellectuelle, toute brillante qu'elle dût être, comme la servante de la formation religieuse, les humanités devant en somme préparer l'élève au choix du meilleur genre de vie, la journée était émaillée de nombreuses prières. Elles étaient dites à l'intention des moins favorisés, mais devaient surtout profiter aux moins humanisés. Nous rendions grâce notamment au début et à la fin des repas, ainsi qu'à l'issue de la dernière étude, avant de se rendre dans les dortoirs.
Durant le mois de Mai, mois de Marie, cette prière du soir rassemblait les différentes divisions devant la grotte artificielle qui servait de toile de fond à la cour de récréation des moyens et d'arrière plan à toutes nos photos de classe.
Elle devenait alors une véritable cérémonie en l'hommage de la Très Sainte Vierge Marie, dont, soit dit en passant, j'avais fait ma confidente préférée. "Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier. Je n'ai rien à offrir et rien à demander. Je viens seulement, Mère, pour vous regarder. Vous regarder, savoir que je suis votre enfant et que vous êtes là. Rien que pour un moment, pendant que tout s'arrête. Etre avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes".
La semaine s'achevait par un salut au cours duquel nous remerciions le Créateur pour les joies et les peines dont Il nous avait gratifiés dans son immense Bonté, et l'implorions de nous aider à mieux faire la semaine suivante. Il n'était d'ailleurs pas le seul à être sollicité et l'interminable ressassement des "Priez pour nous" repris en choeur après chaque nom de Saint me résonne encore dans la tête.
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