Au début de l'année scolaire, ces "journées de règlement ordinaire" étaient très vite interrompues par une récollection qui servait de préliminaire à l'éducation religieuse que nous allions recevoir tout au long de l'année. Ainsi les éphémérides des années 58-59 décrivaient l'emploi du temps du mois de septembre de la manière suivante:

25 - J - Rentrée des Pensionnaires.- 19 h 30: Souper.- 20h30 : Prière. Coucher.

26 - V - 7 h 15 : Lever.- 7 h 45 : Récréation.- 7 h55 Rentrée des externes.- 8 h. : MESSE DU SAINT-ESPRIT. Chant du Veni Creator.- Sermon.- 9h.: Petit déjeuner.- Récréation.- 9 h 45 : Proclamation des              classes.- Classe du Professeur titulaire.- Ramassage des devoirs de vacances.- 10 h 45 : Récréation.- 11 h 15 : Etude de correspondance.- Le soir : Règl. ord.-            17h. : Devoir du professeur titulaire.

27 – S - Règl. ordinaire.

28 - D - XVIII° DIMANCHE APRES LA PENTECOTE. - Règl. du Dimanche.- 20h30 : Salut.

29 – L - Récollection de rentrée.

30 - M - Récollection de rentrée.

Le vendredi 26 à 11h15, il y avait donc "Etude de correspondance". Les bons Pères veillaient à ce que nous donnions des nouvelles à nos parents. Cette obligation revenait chaque semaine, le dimanche. Très conservatrice, ma mère a soigneusement gardé ces pièces à conviction qui sont devenues des pièces d'archives. Ma toute première lettre de pensionnaire, expurgée autant que faire se peut de ses nombreuses fautes d'orthographe, cherchait à les rassurer tout en évoquant d'emblée ce qui sera et restera le thème majeur de toute cette correspondance au fil des années : LA BOUFFE.

"Chers Parents,

Tout est allé très bien : Je n'ai pas trop mangé le soir ; j'ai bien dormi cette nuit. Le matin, j'ai mangé du café au lait et une tartine de beurre. Nous avons commencé à distribuer les livres. On nous en a donné quatre, tous des livres de grammaire. On nous donnera la suite cet après-midi. Je suis en sixième 1. Le maître a l'air gentil mais tous les autres disent qu'il ne l'est pas. Enfin, on verra bien. En cours, je me fais des camarades. Nous avons deux surveillants. Pensez à moi."

A la relecture, je constate qu'elle se termine tout de même par une sorte d'appel au secours.