Après le réfectoire, ce fut la visite des études et salles de classe.

Le retour en arrière était saisissant. Pas besoin d'H.-G. Wells et de sa machine à explorer le temps, pour se faire une idée de la vie des potaches au cours des siècles passés. Médusé, je regardais l'amusant musée, sans réaliser tout à fait qu'il constituait mon futur cadre de vie.

La salle d'études comptait environ cent vingt bureaux posés sur des tréteaux devant des bancs étroits et rudimentaires, sans dossier. Ces antiquités percées d'un trou, pour recevoir l'encrier en porcelaine de nos grand' pères, s'ouvraient à la façon d'un vieux grimoire, à la couverture noire et épaisse articulée par des charnières. L'opération la plus délicate était d'en extraire un livre ou un cahier, car il fallait déplacer préalablement tout ce qui se trouvait sur le pupitre. En outre, de nombreuses aspérités et des générations de coups de canifs rendaient l'usage du sous-main absolument indispensable.

Mon guide me conduisit ensuite dans la salle de classe la plus austère, la plus inhospitalière et la plus rébarbative qui soit.

Les pupitres noirs et inclinés étaient attachés à des bancs hors d'âge sur lesquels cinq ou six potaches devaient se serrer les coudes. Eux aussi avaient été sculptés au canif de poche et ils étaient recouverts de nombreuses balafres.