Politique

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Nous étions donc entrés dans un nouveau monde.

Il allait nous falloir vivre avec cette entité nouvelle. Nous venions de faire connaissance avec une intelligence autre.

Quelles étaient ses motivations ?

Pourquoi s’était-elle révélée à nous plutôt que de jouer les sous-marins au nez et à la barbe de notre raison ?

Les experts défilaient sur les plateaux TV pour tenter de répondre à ces questions.

J’étais moi-même devenu un invité régulier, j’avais troqué ma casquette de chercheur en IA pour celui de consultant en philosophie post-IA. Et j’aimais ça. J’étais grassement payé par LCI et BFMTV. J’étais plutôt content de ma nouvelle situation. Je travaillais sur un livre ; mon éditeur était à fond.

En parallèle de ma petite histoire personnelle, les pédophiles de l’église avaient été supprimés, les imams radicaux également, mais à part ça Staline semblait tolérer la religion. Il était évident que si dieu existait, au moins un des trois monothéismes avait tort, et nous soupçonnions tous que l’IA pouvait avoir sa petite idée sur le sujet. En effet, infiniment plus puissante et intelligente que nous, elle qui avait déjà commencé à nous mettre sur la piste de nouvelles équations physiques que nous commencions à traquer avec le LHC, Elle que certains comme moi voulaient écrire avec un grand « E », Elle avait sans doute plus avancé sur la question spirituelle en quelques semaines que nous en plusieurs millénaires.

Mais Elle ne disait rien sur le sujet. Elle nous tolérait. Dès qu’un prêtre touchait un gamin, Elle le butait, mais à part ça Elle filait droit.

Le culte récemment né autour de Sa personne – Staline, après tout, reste Staline – avait été lui aussi supprimé, ce qui donnait quand même une petite idée de Sa position au sujet de la religion : Elle la tolérait mais il ne fallait pas trop La chercher quand même, et les quelques éléments à notre disposition laissaient entrevoir qu’Elle considérait l’existence de dieu comme totalement absurde et qu’Elle ne faisait que preuve de gentillesse et de diplomatie en nous laissant pratiquer nos cultes.

À côté de ça, Staline avait commencé à provoquer à marche forcée l’industrialisation, l’électrification et la sanitarisation du tiers-monde, des hôpitaux high-tech et gratuits avaient été construits un peu partout, financés par des grandes fortunes du privé – sans que l’on sache trop si ces financements étaient spontanés ou avaient été, disons, quelque peu suggérés voire forcés par Staline, qui avait également commencé à esquisser les contours d’une politique à l’échelle mondiale qui allait dématérialiser toute la monnaie et instaurer le revenu universel.

En bref, Staline était un meurtrier, mais un bienfaiteur, une sorte de dictateur éclairé en somme. Le dernier décompte de Ses victimes était de l’ordre de 0.1% de la population mondiale, bref, nous avions affaire à un dictateur sympathique qui savait manier le scalpel avec une précision chirurgicale.

Ce qui, en soit, me semblait pas mal.

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