Chapitre 3 - Alpha ! Vous me recevez ? - Partie 5

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« Non ! Non ! Et Non ! Ce n’est pas possible ! » Milo Vard tapait des deux mains sur les pupitres. L’affichage de l’un d’entre eux en fit les frais. Fatia se tenait derrière lui la main sur la bouche, hagarde. La nuée ne tournait plus. Les hurlements du responsable de l’ensemencement venaient de rompre le lourd silence qui emplissait le centre décisionnel. Un lourd silence qui s’imposa, lorsque une fois de plus, les humains et machines au sol ne répondirent plus.

Milo Vard s’assit, posant ses mains sur son front, penché vers le sol. Quelques pleurs provenaient des alentours. Passé l’effroi, un sentiment de désespoir inondait le cœur du Markind.

« Je vais vérifier les cartes tactiques », dit Fatia mécaniquement.

À ces mots, Milo Vard ne réagit pas.

Fatia s’isola avec deux membres de son équipe qui semblaient avoir gardé leur sang-froid. Ils décortiquèrent les dernières secondes où l’équipe de Nil s’avançait vers les algues noires. Les images ne montraient rien de spécifique. L’équipe au sol s’était volatilisée sous leurs yeux. La vue tactique au contraire se montra plus prolifique. Fatia savait désormais à quoi s’attendre. Une à deux secondes avant la perte de contact, un sursaut d’énergie électromagnétique dessinait un large cercle à moins de cent mètres de la dernière position. Les cartes suivantes, issues des plus récentes observations des sondes en vol, montraient des traces rectilignes.

Ils ont été comme happés par les algues, pensa-t-elle.

Chose étonnante. Les derniers comptes rendus médicaux ne montraient aucune irrégularité. Elle retourna aux dernières prises de vues du sol parélien. Le robot tactique restait là, immobile. Il s’était montré totalement impuissant devant la célérité de la disparition de ceux dont il avait la garde.

Vidar venait d’entrer dans le centre décisionnel. Il marqua un temps d’arrêt, observant pendant quelques instants les membres d’équipage encore sous le choc. Puis, il avança en direction de Milo Vard.

« Bon sang, qu’est-ce que ces saloperies d’algues ont fait de nos compagnons ? », lança-t-il sur ce ton bougon le caractérisant tellement. À ces mots, Milo Vard leva la tête.

« Je n’en sais fichtrement rien, répondit Milo Vard.

— Ce que je sais, c’est que vos « petits » ne les intéressent pas, ajouta-t-il.

— C’est peut-être notre chance, Milo, dit Vidar.

— Comment ça, Vidar ?

— Eh bien, je pense que nous pourrions envoyer une sonde de reconnaissance au sol. Les algues n’ont jamais montré quelque intérêt que ce soit, avant ou après ces évènements, envers elles. À mon avis, mes petits sont des victimes collatérales. Elles sont justes désactivées par ces puissants champs EM. Et ce malgré mes modifications, expliqua Vidar.

— Pourquoi pas ? De toute façon, je ne vois pas quoi faire d’autre., répondit Milo Vard.

Fatia approcha et s’immisça dans la discussion.

— Les cartes tactiques montrent les mêmes configurations qu’auparavant. Vidar, vous avez des éléments nouveaux ? Le robot tactique peut-être ?, demanda-t-elle.

— Il a été aussi utile qu’un cube de débarquement vide, répondit Vidar.

— Cependant, je proposais à Milo d’envoyer un drone de reconnaissance dans les algues où l’équipe de Nil a disparu. Les algues n’en ont cure apparemment. Les équipements du camp Alpha n’ont pas été impactés, cette fois-ci, et je peux déployer un de ceux présents dans moins d’une heure à l’aide d’une sonde volante, expliqua Vidar.

— Vous avez carte blanche, Vidar, dit Milo d’une voix détachée. Il replongea aussitôt dans ses pensées. Le responsable de l’ensemencement balayait lentement d’un regard vide une partie du centre décisionnel. Fatia retourna à l’étude de ses cartes tactiques et autres données de terrain fraîchement reçues.

Vidar les salua et repartit en direction de ses ateliers. Sa démarche démontrait un certain entrain qui dénotait totalement de l’ambiance endeuillée qui recouvrait le centre décisionnel.

Sur le camp Alpha désert, le drone de reconnaissance reçut ses instructions. Activant ses systèmes de déplacement, il se dirigea vers une plateforme destinée au transport de fret. Arrivant avec une précision millimétrique à destination, il sortit ses trois organes d’ancrage. Déjà un point sombre apparaissait, au-dessus des tentes d’habitation. En quelques secondes, la sonde aérienne s’arrêta en vol stationnaire au-dessus de lui. La manœuvre automatique ne mit que quelques minutes à s’accomplir. Puis le couple décolla en direction de l’Est.

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