10 avril 1994
10h00
J’étais lavée et habillée mais je ne quittais pas ma chambre, j’étais à la fenêtre, j’écoutais Big Poppa de Notorious Big et The show must go on de Queen en boucle et je fixais tantôt le fil à linge, tantôt les rosiers du jardin, les boutons de roses prêts à s’ouvrir au dessus de leurs grosses épines me faisaient penser à Maman.
Ses sous-vêtements flottaient, bleus, roses, rouges et noirs et encore des nouveaux. Chaque semaine elle achetait un nouvel ensemble. Et quel bonnet ! Les miens étaient minables à côté. Depuis mes douze ans ça ne poussait pas... tout avait coulé derrière.
Les bourdons et les abeilles s’excitaient près du poirier en fleur. Bientôt de jolies poires bien charnues, comme la croupe de Maman, saucissonnée dans ses nouveaux jeans 501 « délavés », et à boutons pour maintenir le ventre, finiraient au four avec du chocolat. Tout dépendait de sa balance. Où est-ce qu’elle avait rangé ses grandes robes colorées avec plein de boutons au milieu ? Je ne les voyais plus. Petite, je dormais toujours avec, elles sentaient bon le patchouli.
Touriya poussa un cri effroyable. Les grosses araignées noires, étaient de retour. Maman les écrasait sous son pied nu.
J’eus juste le temps de boire deux gorgées de chocolat chaud et de manger un morceau de pain bien frais et beurré, que Maman m’attaqua :
_ Va chercher des œufs et du lait !
_ J’mange là !
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