Huitième leçon - partie 2

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Vingt minutes plus tard, tout est prêt, et peu après on est dans cette charmante boulangerie, moi avec un croissant et un cappuccino, et lui qui m'observe manger en sirotant son jus d'orange frais. Ses yeux me quittent pas depuis notre arrivée.

— Je suis si beau que ça ? Je demande finalement pour contrebalancer l'intensité avec laquelle il me regarde.

— Ouais. Ouais, t'es si beau que ça. T'as pas pris tes médicaments, il me fait remarquer.

Je hausse un sourcil. En fait je suis super content. Il prend soin de moi. Il est attentif. C'est cool de se laisser porter un peu. Je sors mes pilules et les avale devant lui.

— Bien. Super. Et ton téléphone ? Tu voudrais pas le mettre en silencieux ? Il est chiant à vibrer comme ça, il grogne en me piquant un bout de viennoiserie.

Je souris encore. C'est vrai que j'ai reçu encore une dizaine de SMS et quelques appels auxquels j'ai pas répondu. Je m'occupe de tout regarder ; impossible de répondre maintenant, ça va prendre jusqu'à mon prochain anniversaire. Quand je jette des petits coups d'oeil à mon brun, je le vois attendre patiemment en tournant son verre entre ses doigts. Je pince les lèvres et repose délicatement mon portable, qui sonne aussitôt.

— Ok, je l'éteins.

— En silencieux. Si jamais on a un problème en moto... il me dit en fixant ses doigts. On fait quoi, après ?

— Oh. Okay, je supprime le mode vibreur. On essaie de rentrer aujourd'hui ? On peut aller chez toi ou chez moi. Je veux te faire plaisir.

— Chez toi... ? il me propose.

— Ouais. Si tu veux ! On se lève, on paie. On fait le trajet d'un coup ?

— Je sais pas. Ça te fait beaucoup ?

À la sortie de la boulangerie, sa main glisse dans la mienne en marchant, et ça me détend direct.

— Mh, je dirais trois heures et demi. Ça va.

— On fera des petits arrêts alors.

— D'accord. Oh, au fait. Avant que j'oublie. C'est mon anniversaire alors, tu vois, ma mère risque d'en faire tout un plat.

Il s'arrête de marcher et tire en arrière sur ma main.

— Quoi, aujourd'hui ?!

— Ouais, je ris. Eh, c'est pas grave, c'est juste le jour qu'ils ont décidé pour que ma mère fasse une césarienne alors...

— Alors... Faut que je trouve un cadeau pour ta mère ? il se marre et continue de marcher, ses doigts s'entremêlent encore un peu plus aux miens.

— C'est ça. Achète-lui des fleurs, elle sera contente.

— Ok. Faudra que tu t'arrêtes avant d'arriver, alors.

Il balance nos poings liés entre nous deux.

— Ouep. Y a des magasins pas loin, on se garera et on ira chercher ça à pied.

Je regarde nos mains comme si j'y croyais pas. Mon Thomas acquiesce. Une fois à la moto, on grimpe dessus casque sur la tête et c'est parti.

On fait quelques pauses, pour admirer le paysage la plupart du temps, je prends une plombée de photos comme tout le week-end, et on arrive finalement devant chez moi, il est quinze heures. On part acheter des fleurs à deux pâtés de maison, et on arrive chez moi.

A peine à la maison, je suis écrasé par les câlins et les bisous de ma mère, qui m'étouffe et me tue presque sous son amour.

Thomas reste un peu en retrait durant nos grandes accolades, puis tend le bouquet à ma mère en la saluant.

— Oh mon Dieu. Ce garçon, je l'aime beaucoup.

Elle lui prend le bouquet et lui colle un énorme bisou sur la joue ; elle repart direct, toute guillerette, mettre ses fleurs dans un vase.

Thomas se tourne vers moi et effleure mes doigts des siens.

— Écoute, je vais aller poser mes affaires chez moi et me débarbouiller un peu, je reviens plus tard ok ? il me dit un peu bas pour laisser ma mère siffloter en coupant les queues.

— Quoi, pourquoi ? Tu peux le faire ici.

— Ça va, je vais pas déranger. Je vais poser tous mes trucs au passage. Je suis là dans... Une heure, une heure et demi. Ok ? il se dirige déjà vers la porte, qu'il a pas vraiment quitté d'ailleurs, sac en main.

— Tu déranges pas. Je veux passer ce jour avec toi. C'est ptet prématuré pour que t'entendes ça, mais tu vois, on sait jamais combien de jours il reste alors... Mais, tu reviens ? Vite, ok ? Je te dépose. Je peux même t'attendre en bas.

— Ouais. D'accord, on fait comme ça. Je vais y aller à pied, ce serait con d'avoir un accident maintenant. À toute !

Il s'approche rapidement et baise ma joue puis ouvre la porte et part en moins de deux.

Je le regarde, mine boudeuse, disparaître dans le parc qui sépare nos quartiers.

Et effectivement, plus d'une heure plus tard il est pas revenu.

Ma mère s'impatiente, elle s'est occupée en préparant un gâteau alors que j'ai refusé de sortir le moindre mot tant qu'il rentrait pas. Et finalement, je l'ai appelé.

Je suis tombé sur le répondeur, la première fois. Et la deuxième, dix minutes plus tard, il m'a répondu en disant qu'il arrivait bientôt. Je tourne en rond depuis, ça fait un quart d'heure. Pas cool Thomas.

Je viens de m'asseoir sur mon lit pour vérifier mon téléphone lorsque quelqu'un toque à la porte d'entrée.

Je cours et j'ouvre d'un coup. C'est lui. Il est là, sur le pas de la porte à me sourire, sac à la main.

— T'as oublié un truc à Edimbourg ? Je demande en boudant toujours.

Thomas roule des yeux et me pousse pour rentrer.

— Je sais pas j'ai pas vérifié, il raille.

— Je t'ai dit que je voulais fêter mon anniversaire avec toi, je marmonne. Pourquoi t'as été si long... J'attrape ses hanches.

— Un mec bizarre est venu me parler, au retour. J'ai dû faire un grand détour quand j'en ai vu d'autres se diriger vers nous. Mais je suis là maintenant !

— Un mec bizarre ? Je sors de l'appartement. Où ? Il t'a dit quoi ?

Je relève déjà mes manches. Personne emmerde mon copain.

— Vers l'entrée du parc. Je sais pas ce qu'il m'a dit, il était déjà bourré j'ai rien compris, il rigole puis regarde autour de nous, l'air de se demander ce qu'on fait là.

— Il t'a emmerdé ? Il te cherchait des problèmes ? Je peux m'en occuper hein !

— Mais non, tout va bien. Rentre tes griffes chaton, il se marre en frottant mon bras, et je fais claquer mes mâchoires.

— Allez viens, ma mère nous a préparé le goûter.

— Pourquoi tu m'as fait sortir ? il rit en réajustant sa bretelle sur son épaule.

— Pour aller lui casser la gueule et pour voir si je l'apercevais encore.

— Tu risquais pas ! Allez, on va manger !

— Ouais.

Je prends sa main. À moi.

— Enfin de retour ! Il a été invivable durant ton absence ! Je fusille ma mère du regard.

— C'est vrai ? s'amuse mon brun.

— Il a refusé de parler, il a refusé de manger, il a refusé de rester avec moi pour répondre à toutes mes questions. Alors, dis-moi Thomas : qui es-tu ? Elle a ce même sourire que moi quand j'ai une proie entre mes griffes.

— Euh, je suis... Thomas ? il rit un peu. Que dire d'autre... il fait semblant de réfléchir en me souriant innocemment.

— Que dire d'autre ? Je répète, un sourcil haussé.

— Thomas, petit-ami de Will, il se présente professionnellement.

Et elle crie. Et elle saute. Et elle le serre dans ses bras. Et je lève les yeux au ciel, mais en vrai je suis aussi content qu'elle.

Mon petit me sourit, les joues un peu rouges. Je vois bien qu'il sait pas quoi faire.

— Alors c'est officiel ?? Elle insiste. Comment vous vous êtes rencontrés ? C'est de cet ami que tu parlais la dernière fois ?

Thomas me jette un regard en coin interrogateur et presque agacé.

— Ouais. C'est- maman, m'embarrasse pas... Je soupire.

— Quoi ? Pourquoi ? T'as dit quoi ? réagit mon mec.

— Rien, juste, t'sais c'est quand je m'y prenais mal avec toi et, voilà, je souffle.

La honte. Lui il penche la tête pour plus d'explications.

— Et donc, j'imagine que tu ne le vois pas que comme ton professeur, Thomas...

— Maman ! Je lui fais des gros yeux.

Je l'aime ma mère, mais des fois, faudrait qu'elle la ferme. Pourtant, mon brun se met à rire doucement.

— Ouais. Non. Enfin, il m'apprend pleins de trucs mais, je le vois pas que comme un professeur, il dit en effleurant ma main qu'il a lâchée quand ma mère l'a pris dans ses bras.

J'entremêle nos doigts et je lui souris timidement. Je rougis. Moi quoi. Moi. Ma mère nous observe sans rater une miette. Tout à coup, le visage de Thomas s'éclaire.

— Attends ! il dit en s'arrachant de mon étreinte. (Il repart vers la porte, puis fouille son sac. Il en sort un paquet rectangulaire emballé dans un papier de Noël et me le tend). Comme on en parle... il s'explique.

— C'est quoi ? Je demande suspicieux en prenant le paquet.

— Un cadeau.

— Pour moi.

— Ouais.

— Pourquoi ? Je lève les yeux sur lui.

— Pour la césarienne, et pour ton beau jeu au tennis.

— Tu fais du tennis maintenant ? Demande ma mère, dubitative.

— Merci, alors, je souris comme un gamin. On va dans ma chambre ! Je crie à ma mère en attrapant la main de mon garçon jusqu'à ma chambre que je referme derrière moi.

On entend ma mère pouffer et soupirer dans la cuisine - qui est à deux mètres, forcément - et je souffle de bonheur.

— Tu l'ouvres pas ? m'interroge Thomas en s'asseyant.

— Je savoure le paquet. C'est le premier cadeau de mon copain, je souris niaisement.

Il pouffe en m'observant.

— C'est pas le mieux, tu verras. Allez, ouvre. C'est un cadeau drôle, pas un vrai cadeau. Tu l'auras plus tard, celui-là.

— J'ai pas besoin d'un vrai cadeau, je réponds en souriant. Ok, je l'ouvre alors.

Et j'enlève délicatement l'emballage. J'vais le garder. C'est un souvenir.

Le papier glisse lentement du contenu et je découvre un livre, noir et jaune. Sur le dessus, Le CRPE pour les nuls.

— CRPE ? Je fronce les sourcils et le regarde. C'est quoi ? Un truc que je sais pas faire ?

— Le concours de recrutement pour les profs. Ça t'apprend à être un bon prof, il dit tout guilleret. Comme par exemple qu'un prof sort pas avec son élève, il minaude en laissant trainer ses doigts sur mon bras, maintenant debout en face de moi, assis sur le lit.

— Ah. Je suis un mauvais prof, mh ? C'est ça que tu dis ? J'attrape ses jambes. (Il balance sa tête à droite à gauche, l'air de me dire que oui). Je suis ton prof de sexe, je te rappelle, je murmure après avoir tiré le col de son tee-shirt.

Il rit et se penche pour ne pas être déséquilibré.

— Comme ça tu sauras encore mieux comment m'enseigner tout ça, il murmure contre mes lèvres avant de les embrasser et de se retirer aussi vite.

— Ouais. Je vais te montrer, je réponds avec un petit sourire. Tu sauras même plus comment dire merci tellement tu seras épuisé et fasciné.

Il rit et se rassoit à mes côtés.

— Tu veux l'autre maintenant ?

— L'autre ?

— L'autre cadeau. Le cadeau sérieux.

— Tu l'as ici ?

— Bien sûr, il me fait avec enthousiasme. Enfin, pas ici, c'est pas moi, mais dans mon sac !

— Ah, je pensais, quand tu disais plus tard... Je souris encore plus. Je pensais pas que tu l'avais acheté.

— Tu crois qu'on met une heure pour aller de chez toi à chez moi ? il me charrie en se relevant. Je vais le chercher, il dit, et il disparait de la pièce pour revenir quelques secondes plus tard, étui en main.

Je souris encore plus. Et dire que je pétais un plomb dans mon coin. Il pensait juste à moi...

Je récupère l'étui.

— Je peux l'ouvrir ?

— Bien sûr. C'est fait pour ça.

Je l'ouvre et je souris quand je découvre ce qu'il y a dedans.

— Wouah... Ok, je prends le T et toi le W. Je porte ton initiale autour du cou. Tu comptes inviter Méphisto pour le pendentif point d'interrogation ? Je souris doucement.

Sa main part caresser mon cou.

— Les trois sont pour toi.

— Ouais ? Je les mets à côté ? Pourquoi une interrogation ? T'hésites encore ? Je ris en regardant les bijoux de plus près. J'ai envie de les mettre.

— Non, c'est, je me disais que le T était peut-être un peu trop prétentieux. Et que t'étais peut-être pas du genre à porter ton initiale autour du cou. Puis quand je suis allé payer, j'ai vu le point d'interrogation et je l'ai trouvé trop beau. Alors, tu peux alterner, selon les jours, si tu veux. Tu portes celui qui te plaît.

— Je porte les trois, je souffle.

— Ouais ? Ok. Cool. T'aimes alors ? J'aime vraiment le troisième, il dit en montrant le signe de ponctuation.

— J'adore. Merci, je murmure et je l'embrasse. Tu me le mets ?

— Lui ?

Sa main caresse mes cheveux derrière mon oreille et il me regarde attendri.

— Je pensais mettre les trois. Mais ouais, lui, t'as raison. Y a que toi et moi qui savons de quoi il s'agit. J'aime.

Il le prend dans l'étui et grimpe sur le lit derrière moi.

— Je peux mettre les trois si tu veux, il me dit quand je sens ma chaîne bouger sur mon cou.

— Nan. Je mettrai le T pour d'autres occasions. J'aimerais que tu gardes le W. Je voudrais que tu le mettes, si t'as envie.

— Ouais ? C'est vrai ? il embrasse ma nuque. Bien sûr que j'ai envie. Faudra que je cherche si j'ai une chaine argent.

— Je t'en achèterai une. Mon tour, j'ébouriffe ses cheveux. Cool. Trop cool. Ça fait vraiment couple.

Je le vois sourire puis il embrasse mes lèvres lentement, et elles s'étirent ; j'y peux rien, il me rend vraiment niais. Lorsqu'il s'éloigne sa main caresse encore mon cou.

— Et le gâteau ?

— Ouais. On va manger le gâteau. Et après je te remercie comme un bon prof.

— Ouais ? il rit et se lève. Comment ?

— Je vais te faire plaisir. Comme tu veux. Idéalement impliquant ton pénis. Et pourquoi pas le mien, je rigole. (Il se marre d'autant plus). Allez.

Je me lève et tends la main. Il la prend et ouvre la porte pour m'attirer à sa suite. Je rigole et le laisse m'emporter. J'aime comme il aime prendre le dessus. C'est mignon.

On arrive dans la cuisine et forcément, ma mère remarque direct. J'ai pas tant l'habitude de porter des colliers. Elle s'enthousiasme encore comme une folle en posant le gâteau au chocolat devant nous. Elle y a mis vingt bougies.

— Mon fils est un homme !

Elle pleure presque. Vraiment.

— Un bel homme, renchérit Thomas.

— Normal, c'est le mien, elle se vante en me claquant un bisou sur l'épaule.

Elle est trop petite pour le faire plus haut.

— C'est un gâteau au chocolat, alors ? demande mon copain en s'asseyant à table.

— Oui, avec du coulis de cerise et de la crème à l'intérieur. Une forêt noire revisitée, elle répond avec une certaine fierté.

Ma mère est nulle en dessert, mais celui-là elle le fait mieux que personne. D'ailleurs, je vois Thomas se lécher les lèvres en déplissant son jeans.

— Y en a un qui va se remplir la panse, je me marre.

Et ma mère s'empresse de lui mettre la dose.

— Eh ! il l'arrête rapidement, mais pas assez. Pas tant, je peux pas manger tout ça ! il tourne le regard vers moi. Mange avec moi. On partage ? Je peux pas manger tout ça. Eh ! Tes médocs de ce midi ! Tu les avais ?

— T'inquiète. Je gère. Je les ai pris quand on s'est arrêtés à cette station, je souris en prenant une cuillerée.

— Un vrai petit couple... Souffle ma mère qui en peut plus. (Et elle prend une photo). Trop mignons !

Mon Thomas rougit et sourit à la fois. Il attrape sa cuillère et mange à son tour, puis félicite grandement ma mère, qui s'évanouirait presque de bonheur. Elle le kiffe. Va falloir que je la surveille. Je pince les lèvres et embrasse mon brun. Nouvelle photo.

Il s'est retiré rapidement en riant, sûrement avec la peur que je pousse trop loin. Il racle le coulis avec adoration, lorsque l'assiette est terminée.

— Encore ? Demande ma chère maman avec un énorme sourire.

— Non ! Non, merci, c'était vraiment bon mais j'en peux plus maintenant, il lui sourit gentiment et recule sur sa chaise.

— On va dans ma chambre.

Je me lève et m'occupe de débarrasser la table. Thomas m'aide rapidement et en quelques secondes, on est à nouveau dans mon repère.

— Protégez-vous ! Crie ma mère à travers le mur fin.

— J'y compte bien ! répond mon brun de la même manière et je le regarde avec de grands yeux.

— Quoi ? Tu l'entends ? Il faut que je me protège de tes assauts, il raille en sautant sur le lit.

— N'importe quoi ! C'est à moi de me protéger ! Je grimpe à califourchon sur lui.

— Mh ? Pourquoi ?

— Tu m'attaques bien plus souvent que moi... Je minaude.

— Tu inverses les rôles là, Willy !

— Vraiment ? Qui me tire par les cheveux, qui me chauffe comme un fou, mh ?

— Quoi ?! Je l'ai fait une fois ! il s'offusque.

— Ouais. On verra les prochaines... J'appuie ma tête contre son cœur et son bruit rassurant.

Ses mains passent dans mon dos, il se tortille et ses jambes se remontent le long de mon corps jusqu'à ce que ses chevilles soient croisées derrière mes genoux.

— T'es bien comme ça, ma sangsue ?

— Ouaip. Accroché à toi.

— Te détache jamais.

— Ouaip, il répète en tapotant sur mon dos.

— Merde.

— Merde ? Tu me traites de merde ?

— Quoi ? Non, je pensais tout haut.

— Et tu pensais à une merde ?

— Nan je, idiot. Là je te traite d'idiot, je grogne.

Il secoue la tête pour se moquer de moi.

— J'étais en train de penser à un truc sérieux... Je geins.

— Je peux savoir ? il demande en caressant ma nuque.

— Mh. Je voulais juste te donner une leçon pour marquer le coup mais ça marche pas, c'est tout.

— Ça marche pas ?

— Ouais. Elle est déjà faite en fait.

— C'était quoi ?

— Ouais, c'était, juste, tu sais.

Il secoue la tête. Je soupire. Pourquoi t'as ouvert ta gueule Will. Évidemment qu'il veut savoir maintenant, pauvre crétin.

— Tu vois j'avais un ordre particulier dans mes leçons et, mais c'est pas vraiment comme ça que je les prévoyais.

— Je comprends pas.

— Fais-moi tomber amoureux de toi, Thomas. (Il m'observe un moment, un œil après l'autre). C'est trop tard, je lâche en me blottissant contre son cou.

— C'est vrai ? il murmure en me câlinant.

— Ouais.

— Ok. Cool. Super. Et alors tu crois que la leçon précédente est finie ?

— Je crois pas, je souffle.

— Ouais. Ok. Peut-être.

— T'as pas besoin de la terminer.

— Pas besoin ? Quoi ? Pourquoi ?

Il relève mon menton avec ses deux mains sur mon visage.

— Je vais pas t'obliger à dire des trucs que tu ressens pas. Si un jour t'y penses, bah, hésite pas, je souris.

Ses lèvres se posent délicatement sur les miennes et il chuchote :

— Je t'ai dit qu'elle était peut-être déjà terminée, avant de m'embrasser avec douceur, le visage encore maintenu par ses mains.

Je souris encore plus. Je ressens de la chaleur qui part de mon nouveau cœur et monte partout dans mes membres. Dans tous mes membres, forcément.

— Ouais, mais tant que t'es pas sûr...

Il me sourit et caresse ma joue, puis laisse tomber sa tête sur mon oreiller.

— Faudra que je te trouve une autre leçon tout bientôt... Je chuchote.

— C'est fini, pour l'instant ?

— Ouais. Je vais te laisser le temps... De bien réviser tes leçons.

— Tu me les récapitules ? il minaude en jouant avec une mèche de mes cheveux clairs.

— Leçon numéro 1 : admettre que tu es gay... Tu l'as plutôt bien réalisée, j'embrasse son nez. Leçon numéro 2 : me draguer. Mh, ouais, réussi, j'embrasse son front. Leçon numéro 3 : me câliner. Tu câlines bien... J'enfouis ma tête dans son cou. Leçon numéro 4, je murmure. M'embrasser. Je l'aime bien celle-là... Je pose mes lèvres sur les siennes. Leçon numéro 5 : m'exciter. Ma préférée... Je lèche ses lèvres. Leçon numéro 6 : tombe amoureux de moi. Je t'en supplie... Leçon numéro 7 : elle est pour moi : je ferai toujours attention à toi...

Il ne me regarde qu'une seconde avant de prendre mes lèvres. Son mouvement s'est fait rapide, mais il m'embrasse avec lenteur, presque empreint de sensualité comme lorsqu'il me chauffe. Mais je sais que c'est autre chose. Je crois qu'il a juste envie de me montrer ce qu'il peut pas me dire. Ça me va. Je lui réponds, je veux pas avoir l'air d'un pervers, je réfrène mes pulsions et je profite juste.

Le baiser se finit par un gros bruit exagéré de lèvres qui se séparent. Ses chevilles caressent doucement l'arrière de mes cuisses et il me regarde, mains dans mes cheveux, le corps complètement alangui sur mon lit.

— Reste dormir cette nuit...

— Tu veux ? Dernière nuit avant l'école, mh...

— Ouais. Profitons-en juste, ok ?

— Ok, il hoche la tête en regardant mon front où tombent mes cheveux clairs. T'as déjà couché avec quelqu'un ici ? Les murs ont l'air vachement fins.

— Ouais. Quand ma mère est pas là. Je lui présente... Présentais pas ces types.

Il hoche la tête.

On passe le reste de la journée à discuter, à rigoler, à jouer aux jeux vidéo. Et on s'endort ensuite dans les bras l'un de l'autre, lui avant moi, qui suis bercé par son souffle régulier.

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