Huitième leçon - partie 3

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Le lendemain on se quitte tôt pour tout préparer pour les cours, et on se voit pas de la journée.

C'est que lundi qu'on se croise rapidement dans les couloirs mais on est tous les deux pris par nos cours et on a à peine le temps de discuter le matin ; même pas d'officialiser puisqu'on s'est embrassés alors que les couloirs étaient vides - ouais, je suis arrivé un poil en retard, et il m'a attendu sur notre banc.

MisterTom : T'es un homme occupé

Je reçois de sa part alors que je sors de mon avant-dernier cours de la journée.

Ce midi, il a dû aller chez le kiné comme il a pas pu des vacances, et Lydia avait préparé une sortie entre potes pour moi. On s'est encore pas vus.

Je marche rapidement dans les couloirs et lorsque je le vois, je cours vers lui et lui vole un baiser, je lui fais un clin d'œil et repars avec un au revoir de la main. Je lui écris un SMS droit derrière :

Will : Désolé, je peux pas te voir aujourd'hui, ni demain après les cours, mais pendant ce sera plus simple. J'espère t'avoir à midi demain. Tu me manques.

Je reçois une réponse alors que j'attends encore en dehors de ma salle.

MisterTom : Ok. On mange ensemble à la cantine alors ?

Will : Ouais. J'ai hâte. À demain trésor.

Mon téléphone vibre quand on s'installe tous en philo.

MisterTom : À demain

Et on s'écrit pas plus de la journée. Je commence à réviser mes examens, et j'ai aussi celui d'entrée à l'école de médecine le mois prochain.

Ma mère me regarde faire quand je travaille à la table de la cuisine, et je la vois aussi lancer des petits coups d'œil à mon téléphone discrètement.

— Il a du boulot aussi, m'man. On est pas H24 ensemble non plus.

Même si j'aimerais bien.

— Vous vous êtes disputés ? Tu attendais ses messages impatiemment, avant, elle me dit tout de suite, sûrement soulagée que j'aie amorcé la conversation en premier.

Elle s'est assise en face de moi.

— Non, j'ai juste beaucoup de travail et lui aussi. C'était plus cool pendant les vacances... Je soupire en caressant distraitement mon T.

Elle hoche la tête mais continue de me fixer.

— Quoi ? Je grogne en me concentrant sur ma dissertation.

— Rien. Je peux pas regarder mon fils ? Vous vous voyez demain ?

— À midi. Il est bien hein ? Je dis d'un coup.

— Oui. Oui, très bien, elle acquiesce vivement. Tu voudrais pas venir faire des boutiques avec moi quand tu auras fini, alors ?

— Ouais. On a les moyens ? J'hésite.

Je sais que c'est dur, et qu'entre mon petit boulot et son job, on a déjà du mal à tourner. Surtout avec le prix de mes médocs, pas entièrement remboursés...

— On peut bien, de temps en temps ! J'ai besoin de tee-shirt. Tu pourrais t'acheter un truc. Tu viens alors ? Je t'assure qu'on pourra manger tout le mois même en allant faire des boutiques.

— D'accord, je souris. Ça faisait longtemps qu'elle avait pas pris l'initiative de s'acheter des vêtements.

— C'est sur quoi, ton machin là ? elle me dit en pointant du doigt mes feuilles.

— Orgueil et préjugés, je soupire.

— Et c'est une dissert ça ?

— Ouais, c'est sur les sentiments qu'il éprouve pour elle, un truc pourri en rapport avec la vérité et tout ça.

— C'est pourri, les sentiments ?

Elle se relève en essuyant ses mains avec son torchon.

— C'est compliqué.

Ma mère retourne derrière son plan de travail.

— Comme tout.

— Ouais. Mais y a des trucs moins douloureux que d'autres.

— Sûrement. T'as bientôt fini ?

— Dans une heure, j'espère, je soupire. Si j'avais pas eu ce truc à rendre j'aurais pu le voir.

Ma mère acquiesce. Je finis de travailler en un quart d'heure de plus que prévu, on mange et je vais dans ma chambre. Je reçois un message de mon petit brun après être sorti de la salle de bain, juste quand je me glisse dans mon lit.

MisterTom : Bonne nuit

Will : Tu me stalkes ? Non vraiment c'est flippant. Je suis content qu'il m'écrive. Ouais.

MisterTom : Pourquoi ? Tu t'endormais ?

Ses messages sont rapides.

Will : Non, je venais de me glisser sous les draps ;)

MisterTom : J'y suis aussi

Will : Ouais ? Dans ton énorme lit ?

MisterTom : Ouais. Il est énorme tu trouves ? C'est vrai qu'on passait bien à trois aha

Will : Dans le mien on est obligés de se serrer pour tenir à deux... Pas que ça me dérange. J'envoie.

MisterTom : Peut-être que tu m'inviteras à me serrer un jour

Will : Quand tu veux...

MisterTom : J'attends l'invitation

Je me mords la lèvre.

Will : Viens samedi. Ma mère bosse de nuit.

MisterTom : Ouh, tu m'invites sans ta mère alors, tu veux éviter les problèmes de cloisons

Will : Ouais.

MisterTom : Coquin

Will : On a rien fait depuis deux jours je te rappelle. C'est long.

MisterTom : C'est pas toi qui m'as dit que quand on était pas en équipe on s'occupait seul de sa raquette ?

Je le sens se marrer, le Thomas. Insolent.

Will : Je m'en suis trop occupé ces temps... J'ai besoin de faire une partie, pas un entraînement...

MisterTom : Trop occupé ? Toi ? Seul ?

Will : Ouais.

MisterTom : Tu te branlais alors qu'on a été une semaine ensemble ?!

Will : Nan, je veux dire ces deux jours, là. Comment j'aurais trouvé le temps de me branler sinon ? T'étais tout le temps sur moi :p

MisterTom : T'es insatiable non ? Ces deux jours, là, alors ? Genre, samedi dimanche ou dimanche aujourd'hui ?

Will : Dimanche aujourd'hui. Samedi t'étais là alors ça va.

MisterTom : Ok aha

Will : Après aussi.

MisterTom : Quoi ?

Will : Je vais me faire un petit entraînement solo après aussi. :)

MisterTom : Pour la deuxième fois de la journée, tu t'entraines trop sans moi, j'aurai plus ton niveau après

Will : Faut venir m'aider alors :)

MisterTom : Ce soir c'est pas possible tu te débrouilles. Samedi on verra

Will : Samedi je te ferai beaucoup de bien...

MisterTom : Ouais ?

Will : T'en redemanderas...

MisterTom : Ouais ?

Will : T'as envie de quoi samedi Thomas ?

MisterTom : Et toi ?

Will : Tout.

MisterTom : Tout ? Envie de tout et n'importe quoi ou de... Tout ?

J'écris, et j'efface, et je recommence, et je sais pas formuler et ça fait bien deux minutes que j'ai pas répondu et j'ai pas envie de lui faire peur. Je souffle, je recommence.

Will : Juste, ouais, tout. Tout ce que tu peux accepter et vouloir aussi.

MisterTom : Ok il me répond, et rien d'autre.

Je sais pas si je réponds ou si j'ajoute ou si... Nan.

Will : Bonne nuit Thomas. À demain.

MisterTom : À demain

Je pose mon téléphone sur la table de nuit et me retourne sur le matelas. Il vibre à nouveau. Je me redresse et regarde encore. Pitié, un bon message.

MisterTom : <3

Je souris comme un con et mon cœur s'accélère. Tout ça pour un "plus petit que trois". Je lui envoie le même et je me sens mieux. Je m'endors l'esprit tranquille quelques minutes plus tard.

***

Le lendemain matin, je croise pas Thomas ; j'ai commencé plus tard.

C'est qu'à midi qu'il me demande où on se retrouve en me disant que lui est à son casier. Du coup j'y suis dans la minute, passant mes bras autour de sa taille derrière lui. Oh ouais, ça m'avait manqué.

Quand il se tourne vers moi pour me sourire, la voix de Lydia résonne à mon oreille.

— Eh beau blond ! Elle vient vers moi et me colle un bisou sur la joue alors que je suis moi-même collé à Thomas. Will accro à son dessert, à ce que je vois.

Elle rigole un peu.

— Ouais. Il est beau mon copain hein ? Je demande avec une fierté perceptible.

Le sourire de Thomas s'étire un peu plus et sa main vient caresser la mienne.

— Ton... Wowowow. La Terre aurait-elle arrêté de tourner ? Les oiseaux auraient-ils arrêté de chanter ? William serait-il en couple ?! Seigneur, je sais pas laquelle de ces hypothèses est la plus réaliste ! Elle hoquète, une main sur la bouche.

— Ta gueule ! Je rigole.

Thomas se marre aussi à nos côtés.

On se dirige vers la cafétéria et j'entremêle nos doigts avec délice. Y a des gens qui se retournent parfois sur notre passage.

— La pute a trouvé son mac, Cannaghan ? Hèle ce connard de Jimmy.

— Si tu savais comme il s'occupe bien de moi, chéri ! Je réponds d'une voix mièvre, et le mec se retourne en soufflant.

— Alors c'est ça, d'être avec toi ? rit un peu Thomas en caressant le dos de ma main de son pouce.

— Tu sauras le supporter ? Je le regarde tendrement et j'embrasse sa joue.

— Wouah, je t'ai jamais vu si niais, souffle Lydia qui se prend un coup de pied dans le mollet.

Mon pied.

On attrape nos plateaux et nos mains se lâchent.

— Ouais. Je peux supporter.

On va s'asseoir à notre table habituelle, il se pose à côté de moi. Je peux pas m'empêcher de le dévorer des yeux. J'ai pas pu bien l'observer hier. Ni avant-hier.

— Tu as couché avec des gens du lycée ? il lâche avant d'avaler un bout de pain.

— Ouais. Juste deux.

— Kyle et un autre ?

— Ok, trois, je rigole. (Il m'observe encore). Quoi ? Kyle compte pas vraiment...

— Bah merci, grogne mon pote, en face.

— Pourquoi il compterait pas ? renchérit mon brun.

— Parce que c'est Kyle, c'était un... Un plan cul longue durée, c'est pas des coups comme ça, et c'est bien le seul. Les deux autres j'ai couché avec qu'une fois.

— Pourquoi pas plus ?

— Par principe. Je voulais pas m'attacher à qui que ce soit... Je me suis fait avoir, je murmure avant de l'embrasser doucement.

Première fois de la journée. Ah, trop bien.

— Et pourtant, on en est pas là, il murmure contre mes lèvres avant de s'éloigner. Les autres je les connais ? il demande à un volume normal.

— Je sais pas. Le type là-bas, Marvin, je pointe avec ma fourchette.

Son regard se tourne pour le détailler.

— Tout le monde sait ? Il est bien ?

Je le regarde aussi. Il a la peau claire, des cheveux bruns et de petites taches de rousseur qui lui vont super bien - c'est elles qui m'ont fait craquer - mais qu'on voit pas d'ici.

— Ouais. Il se cache pas.

— Ok. Et l'autre ?

— Antonio. (Je le cherche et le trouve à deux tables de nous. Il est bronzé, et il a des cheveux noirs et un regard à tomber - c'est ça qui m'a fait craquer chez lui, en plus de son physique de Dieu). Lui, personne est au courant, je lui murmure.

— Mais il l'est ? Complètement ?

— Non. Enfin moi je te dirais que oui, vu le pied qu'il a pris. Mais il couche avec des filles aussi. Il vit dans une famille très catho et refuse d'admettre qu'il aime ça.

— Ouais. Ok d'accord.

— C'est tout, je lui souris.

J'ai l'impression qu'il est pas hyper rassuré.

— Bon appétit, il lance seulement à la table en commençant ses pâtes.

Kyle se marre dans son coin et je fronce les sourcils, alors qu'Harry secoue la tête, dépité.

— T'as encore des trucs à apprendre sur les couples, Will.

— Quoi ? Je demande en regardant la tablée.

Lydia m'observe en souriant, puis hausse les épaules. Kyle est encore en train de rire et Harry semble hésiter. Mon Thomas mange seulement son repas.

— C'est pas grave, il dit juste pour mes amis avant de baisser à nouveau la tête pour manger.

— Quoi ? J'ai dit un truc ? Je me sens con, comme si ça échappait qu'à moi.

— Évite les détails quand tu parles des mecs que t'as mis dans ton lit, la prochaine fois, soupire Harry.

— Oh, je regarde encore Thomas et pince les lèvres. Désolé...

— Ça va. J'étais au courant de ça, ce genre de trucs.

— Raconte comment c'était bon quand tu l'as pris aussi et ça sera le top, rajoute Kyle en se marrant.

Je le fusille du regard et j'écrase son pied sous la table.

— La ferme. Tu sais quoi Thomas, quand on sera tous les deux je répondrai à toutes tes questions sans détour, sans développer, juste comme je dois répondre. Okay ? Je caresse son dos.

— Ouais. Comme tu veux.

J'entends Lydia soupirer en face.

— T'as vu, il assume plus d'être homo maintenant, se marre Kyle a l'oreille d'Harry.

J'ignore ce petit con et je me concentre sur Lydia.

— J'ai encore dit un truc qu'il fallait pas ? Je me tourne vers Thomas. Je dis des trucs qu'il faut pas ?

— Nan ça va c'est bon, il fait d'un ton que je trouve un peu neutre, puis il se lève pour aller chercher de l'eau pour toute la table.

— Dites-moi, je grogne en les regardant tous.

— Tu es d'une indélicatesse, soupire Harry. Je plains ce pauvre petit.

— Mais c'est lui qui a demandé !

— Chéri, t'avais pas besoin de préciser que Antonio le latino sexy adorait quand tu le prenais, intervient Lydia.

— Mais c'était pas, c'était juste pour répondre que je pensais qu'il était gay c'est tout... Je finis d'une petite voix pathétique avant de frapper ma tête contre le bois de la table - après avoir soigneusement poussé mon plateau.

— Tu pouvais juste le dire comme ça, pauvre con, appuie un peu plus Kyle, tout joyeux mais je sens aussi qu'il est affligé lui aussi, et je m'affole encore plus sur la table, désespéré.

Je suis nul comme copain.

Thomas revient quand mon front tape encore sur le bois et je sens tout de suite ses doigts attraper mes cheveux pour relever ma tête.

— Te détruis pas, il me conseille en riant alors qu'il se rassoit en posant le pot à eau entre nous.

— Ouais. Je peux te parler deux minutes ?

— Je suis là, il dit avec un sourire pour moi.

— En privé.

Je me relève. Il fronce les sourcils mais me suit.

On arrive aux toilettes, je referme derrière nous après avoir vérifié qu'il y avait personne. Je l'appuie contre la porte, histoire de la bloquer du même coup.

— Pardon d'être un sale con, je murmure avant de l'embrasser comme je l'ai pas embrassé depuis des jours.

Ses lèvres bougent lentement contre les miennes, les mains sur ma nuque.

Je le colle encore, une jambe entre les siennes. Ça m'avait manqué... Il m'avait manqué. Son corps..

Sa bouche sourit contre la mienne lorsqu'il va pour s'éloigner, et je me recule aussi pour lui laisser un peu d'espace. Je l'embrasse une dernière fois légèrement, juste pour le plaisir. Je le garde entre mes bras et je le berce un peu machinalement.

— Un con, ok. Sale je sais pas, il s'amuse ensuite en triturant le bas de mon tee-shirt sur mes reins.

— Eh. Tu sais que je suis pas sale. On prend nos douches ensemble... J'ondule contre lui.

— Ouais. Ouais, c'est vrai. Un con propre, il souffle contre mon cou.

— Alors ça me rattrape juste un peu, mh ? Je souris doucement alors que quelqu'un essaie d'ouvrir la porte. Occupé ! Je crie en repoussant mon petit brun contre elle pour la refermer.

Ça peste de l'autre côté et ça repart.

— Brutasse, c'est mon dos que tu martyrises ! grogne Thomas en souriant en même temps.

— Oh, arrête, je sais que t'aimes ça, je le taquine.

— Ouais ? Et comment tu sais ça gros malin ? il me défie.

— Je le sens, je souris en lui donnant un coup de rein.

Il pince aussitôt les lèvres.

— Arrête ça, coquin Willy, il me gronde en tapant la fesse effrontément. Et en plus tu sens rien du tout, tu peux pas savoir si j'aime être comme ça, il grogne avant de tirer sur ma lèvre de ses dents en émettant un petit bruit de lion.

Je me laisse faire, souriant, léchant ses dents.

— Dis que t'aimes pas alors... Je murmure quand il me lâche.

— J'aime pas, il lance avec aplomb en posant fermement ses mains sur mes hanches.

— Ouais ? Je hausse les sourcils.

— Je sais pas. Je pense pas. Pourquoi j'aimerais ça ?

— Pourquoi ? Je me colle encore à lui. (Je relève ses mains au-dessus de sa tête). Pourquoi ? Je répète en ondulant un peu, faisant bouger ma jambe entre les siennes.

Il me fixe les joues rouges, les yeux grands ouverts dans les miens.

— Ouais. Pourquoi ? il susurre en restant plaqué contre la surface.

— Parce que ça te fait réagir... Je lui murmure en écartant un peu ses jambes.

— C'est toi te frottant à moi qui me fait réagir, il s'oppose en relâchant les muscles de ses bras.

— Le reste pas du tout ? Je le regarde dans les yeux, sourcils froncés.

Je resserre un peu mes mains autour de ses poignets.

— Je sais pas. J'ai pas l'impression. Qu'est-ce que j'aimerais là-dedans, au juste ?

— Je sais pas. Que je prenne un peu le contrôle... Je...

Il me fout mon cerveau en miettes. Ce type est anormal. J'ai bugé. Super.

— Mais tu l'as déjà, le contrôle... il me fait avec une petite tête incompréhensive.

— Mais, tu sais... Laisse tomber, je souffle en lâchant ses mains.

— Quoi ?! Non ! Explique moi ! il réagit tout de suite en reprenant lui-même mes mains pour me faire tenir ses poignets comme avant, ce qui me fait marrer.

— C'était, juste, y a beaucoup de mecs qui aiment- enfin je veux dire, moi j'aime bien, et c'est, merde, je m'enfonce.

— Qui aiment contrôler l'autre ? Qui est genre, t'es genre le gars qui domine l'autre en le soumettant ?

Il penche la tête sur le côté.

— Je suis pas, enfin c'est pas mon truc, je suis pas genre SM, juste j'aime bien... Quand y a du pouvoir.

— Ouais. Ouais, tu l'as avec moi. Je comprends pas.

— Thomas. C'est toi qui prends le contrôle en général, je rigole. Et ça me fait hyper bizarre. Ça a jamais vraiment été le cas avant. J'aime bien...

— Moi ? il a l'air super étonné.

— Ouais. Tu deviens sauvage quand t'es excité...

— C'est... C'est parce que je veux prendre des initiatives. Pour pas t'ennuyer...

— Tu le fais pour moi ? Pas pour toi ? Je m'éloigne.

— Si, bien sûr. Pour nous deux. Mais, tu vois. Je l'aurais pas fait en étant seul alors je le fais bien un peu pour toi, il rit en caressant ma joue d'une main, l'autre ancrée sur ma hanche pour pas me perdre trop.

— Ouais, je grogne. T'as intérêt à le faire pour toi aussi.

— Ouais. Bien sûr. N'empêche que c'est toi, là. Tu as le pouvoiiir ! il chantonne en me montrant ses mains emprisonnées.

— Ouais. Tu as replacé mes mains sur toi, je ris.

Il me regarde avec un air sévère et baisse à nouveau ses mains en passant ma résistance.

— Ben vas-y. Je fais plus rien, t'auras le total contrôle. Je serai une vraie poupée.

— Je veux pas que tu sois une poupée, je fronce les sourcils en le poussant un peu. Je veux jouer.

— Tu sais pas ce que tu veux, il rétorque en me poussant à son tour.

— Je te veux toi.

Je le repousse contre la porte et je colle mon corps au sien de nouveau.

— Tu m'as, il susurre à mon oreille.

Quelqu'un essaie encore d'ouvrir la porte derrière Thomas, et je la referme d'un coup en criant à nouveau que c'est occupé.

— Putain mais trouvez-vous un hôtel ! Crie une voix en frappant la porte avant de s'éloigner.

— Ouais, je reprends. À moi.

Mon brun rigole en caressant ma taille.

— On y va ? Ça a l'air d'être bientôt l'heure et j'ai pas encore mangé mon beignet.

— Ouais. Je te libère, je décide. Samedi... Samedi je te laisserai pas une seconde de répit, je murmure.

— Ok, il répond de la même manière avant de poser un baiser rapide sur mes lèvres.

On sort et je vois un gars qui s'engouffre vite à notre place.

— Alors, c'est ton truc les toilettes ? C'est spécial de discuter là-dedans, rit Thomas quand on arrive presque à la cafet.

— Au moins on est tranquille là-dedans, y a toujours des yeux et des oreilles ailleurs et je sais que t'aimes pas les bisous comme ça en public...

— Excuse-moi de pas avoir envie que les gens voient ta langue dans ma bouche et ton corps encastré au mien, il ironise et on arrive presque à notre table.

— Moi j'ai très envie qu'ils voient ma langue dans ta bouche et qu'ils sachent que ta bouche est à moi, je chuchote avant de m'asseoir.

Il lâche un petit rire en se plaçant à son tour. Il reste plus que Kyle et Harry à la table, et je vois que mon dessert a disparu.

— Kyle... Je grogne.

— Ouais chéri ? il demande innocemment en jetant un coup d'œil à Harry.

— Où. Est. Mon. Donut.

— A tes côtés. C'est pas Tommy ton dessert ? il fait d'une voix niaise pour se moquer.

— Crétin, je siffle. Tommy est pas un vulgaire donut, Tommy est, il est un praliné tu vois. Un putain de praliné hyper bon qui coûte cher, créé par un chocolatier méga célèbre. Rends-moi mon DONUT !

Kyle secoue la tête comme un robot en se marrant. À ma gauche, je sens un doigt taper sur mon épaule et un beignet au chocolat arrive sous mon nez, le visage mignon de Thomas derrière.

— T'as qu'à prendre le mien, j'ai plus faim.

— Nan ! T'es tout maigre ! Il a bouffé mon donut ! Chie mon donut Kyle, enculé. Et rembourse-moi, je tends ma main. Et toi, mange, j'ajoute pour Thomas.

— Vraiment, j'ai plus faim. Tu peux le prendre si tu veux. Je vais le laisser, renchérit mon brun alors que je fusille mon pote du regard, qui a pas l'air de s'en soucier.

— Tu me dois un donut, je grogne à l'autre en mordant dans la pâtisserie.

— T'avais qu'à pas t'enfermer dix ans aux chiottes. Dans la vie, sexe ou donut, il faut choisir ! fait Kyle d'un ton doctrinal.

— Mon donut... Il avait l'air chuper bon... Je boude en mangeant encore, tête sur l'épaule de Thomas.

— Il est pas bon, le mien ? il rit en embrassant mon front puis ma joue quand je me redresse un peu.

Pas loin dans la cafet, quelqu'un siffle. Je me retourne. Personne est levé, mais pas mal ont les yeux sur nous pour voir ma réaction. Impossible de savoir de qui ça provenait.

Je soupçonne ce petit con d'Aymeric au fond ; il prend un malin plaisir à toujours me faire chier. Je dis rien, hausse les épaules et j'embrasse mon petit brun à pleine bouche. À moi. J'ai pas honte.

Je suis sûr que ses joues se colorent pendant le baiser. Sa main s'est posée sur mon torse pour m'y caresser.

Cette fois, le sifflement provient de Kyle, à ma droite en face de la table.

Je me recule, hyper satisfait de cet intermède qui braque tous les yeux sur nous. Parce que même si j'ai une réputation de follasse homo, j'ai aussi la réputation d'être un mec sans cœur - quelle ironie, hein ?

Je me lève et fais une révérence à toute la cafet sous les applaudissements de deux-trois potes. Je tire la langue à Kyle et me rassois, prenant mon gamin par l'épaule doucement. Il rechigne pas mais effectivement, il est assez rouge.

— Je vais devoir y aller, il dit à mon oreille. Tu fais quoi demain aprem ? Sport ? Je peux venir ?

— Ouais. Bien sûr. On se voit demain, je souris tendrement.

— Tu me tiens au courant.

Il se lève et range son plateau.

— Ouais. On s'écrit, je me lève et l'embrasse avant de me rasseoir.

Il part avec Harry et me laisse seul avec Kyle. Mon pote attend qu'ils soient sortis de la salle pour se pencher sur la table et me parler.

— Alors Monsieur Cœur de Pierre ? il me lance en roulant des sourcils.

— Ouais, Monsieur Couillon ? Je demande en me penchant aussi.

Sa main vient caresser ma joue sans tendresse, puis il prend mon menton, tourne mon visage dans tous les sens puis se rabat violemment sur le dossier de sa chaise.

— Je comprends pas. C'est bien toi pourtant, il raille.

— Ouais. C'est moi. Faut croire qu'y a des trucs auxquels même la pierre peut pas résister, je me marre.

Mon téléphone vibre dans ma poche.

— Incroyable. Qui aurait cru. Et alors, il est bon le petit ?

— Ouais, je marmonne en regardant qui m'écrit. Enfin, on a pas encore tout essayé, je dis les yeux dans le vague.

Le message vient de mon Thomas, qui me demande si j'ai bien pris mes médicaments parce qu'il m'a pas vu le faire.

— Tu parles de sexe là ? Mais notre Will est de retour ! il se marre. Je parlais de votre relation. Si il était bon là-dedans, avec toi.

— Je pensais répondre à Kyle, je rigole à mon tour. Je croyais qu'il y avait que le cul dans ta vie. (Je prends mes pilules). Il est bon ouais. Bon pour moi.

J'envoie un SMS pour le prévenir.

— J'ai jamais vu Will dans une autre relation qu'avec moi alors je sais pas vraiment comment me comporter, il se justifie en croisant les bras, un petit rictus aux lèvres.

— Ça fait une semaine qu'on est ensemble. Je crois. Je devrais pouvoir battre mon record, je souris. Il est bien. Attentionné et tendre. Et mignon. Et il rechigne jamais, lui à partir à l'aventure avec moi.

— C'est parce que c'est que le début, il ricane. On a été plus que quelques jours ensemble. Bon. Et maintenant. Je suis Kyle quand même. Le sexe. Aussi bien que nous ? il me dit en souriant largement, plus espiègle que jamais.

— Je t'ai dit, on a pas tout fait. Alors pour l'instant tu restes le meilleur sur certains points, poussin, je rigole.

Il gonfle le torse et tape dessus fièrement.

— Je suis de toute façon le meilleur. Avoue-le.

— Pour l'instant, je souris encore. Mais il est prometteur...

— Prometteur. Mais pas si doué que moi dans ce qu'il fait. Ça me suffit.

Il est encore plus fier.

— Idiot, je siffle. C'est juste qu'il l'a pas encore fait. Je suis sûr qu'il t'écrasera. C'est sûrement parce que tu pressens à quel point il est meilleur que tu l'aimes pas, je tire la langue.

— N'importe quoi. Je l'aime bien, il me déplaît pas le petit. Très peu pour moi, mais pas mal pour toi. Et je suis le meilleur. Tu le sais, je le sais, tout le monde le sait. Ne démens pas ça, Willychou, il ricane en se relevant. Oh, et, évite de lui dire ça aussi. Que je suis meilleur question sexe. Conseil. Je suis un putain de bon ami aujourd'hui ! Va falloir remédier à ça, il finit plus pour lui-même en déposant son plateau.

— Ça va tes chevilles, tu vas réussir à sortir ? Je raille. (Ce mec est encore pire que moi). Je lui dirai pas que t'es meilleur chéri, puisqu'il va largement te surpasser... Je lui murmure quand je passe devant lui. A plus ! Je lui fais un signe.

Je le laisse là, avec son sourire arrogant et son air fier. Les cours reprennent dans quelques minutes maintenant, juste le temps de monter les étages.

Et les maths c'est chiant, et là je me sens chanceux de pas trop galérer en maths.

De l'autre côté de la salle, il y a parfois quelques murmures et regards vers moi que la prof reprend vite.

Ma vie est tellement passionnante. Tant mieux. Si je fais parler de moi c'est qu'il se passe un truc intéressant. Alors je souris encore plus, je provoque un peu parce que je suis comme ça, et je m'amuse du regard de ceux qui ont l'air de se dire que j'suis tellement courageux de m'assumer.

Finalement la cloche salvatrice sonne ; il est seize heures, j'en ai fini pour aujourd'hui. Je sais que mon petit brun finit plus tard, alors je rentre déjà. Je le vois demain.

Dès que je passe la porte, je vois que ma mère m'attend de pied ferme. Sac en main, veste sur le dos, appuyée contre le canapé avec un sourire.

— Ça va ? Je demande en embrassant sa petite joue de maman.

Elle sent bon ma mère.

— Super ! Je t'attendais. Prêt à partir ?

— À partir ? Où déjà ? Je demande avec un coup d'œil pour ma chambre - et indirectement mon lit fort peu confortable mais auquel je me ferais bien là maintenant.

— Ben faire les magasins ! elle me répond en cherchant ses clefs dans son sac.

— Oh. Ouais, juste ! Le petit haut et tout ça. Top. Je pose mes affaires, je me change et je suis à toi.

Je file dans ma chambre, enlève mon uniforme pour des habits plus passe-partout, me passe un coup d'eau sur le visage, et je retourne à notre petit salon.

Deux minutes après, on fend la bise dans la voiture pour le centre commercial.

— Alors, tu veux t'acheter quoi ? lance joyeusement ma mère.

— Je sais pas. Des caleçons sexy. Ouais, je me marre.

Elle me lance un regard torve.

— Ils sont pas sexy les tiens ?

— Nan. Pas assez. Oh, tu sais quoi ? On va commencer par t'acheter des trucs, ensuite je verrai si on arrive encore à me payer un jean, et d'ici là il devrait avoir fini l'école. Je lui demanderai de venir m'aider à choisir. Ça te va ?

— Tu crois que je m'y connais pas en sexy, c'est ça ? elle rigole.

— Je crois qu'il sait mieux que toi ce qu'il aimerait bien m'enlever, maman, je me marre.

— Vous vous protégez bien, hein ? Tu sais que c'est pas parce qu'il a l'air mignon et innocent qu'il l'est. Une fois que t'as chopé la maladie, elle part plus après. C'est pour la vie.

— Je sais maman. Et on a rien fait encore. Et on se protégera. Je me protège toujours.

— Bien. Continue comme ça, elle acquiesce.

— Ouais. T'inquiète pas, je frotte son dos. Je sais qu'il te reste que moi. Comme il me reste que toi.

J'embrasse encore sa joue et on sort de la voiture, garés sur le parking.

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