Septième leçon - partie 3

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C'est Julia qui vient me voir après un petit moment.

— Tu viens ? On va y rentrer.

— Ouais. J'arrive. J'ai un peu mal à la tête, je souris, je grimace, je sais pas trop.

Je souffle. J'en ai marre. J'ai tenu quoi, quatre jours ? Vraiment ? C'est la plus longue relation que je peux faire ? Ouais, c'est vraiment pas pour moi.

— Tu veux aller chercher un médicament d'abord ? s'inquiète la jeune fille en nous dirigeant vers l'entrée.

— Nan ça va aller. Faut juste que je reste un peu tranquille.

On entre et je me souviens qu'il a encore payé pour moi. Ça aussi ça m'énerve. Julia m'amène jusqu'aux garçons. Ils ne parlent pas, ils sont même pas accrochés. Thomas a le regard à terre et son pote observe la foule, bras croisés.

— Je peux te parler ? Je demande à Tom quand j'arrive à côté.

Mon brun secoue la tête sans me regarder puis avance pour commencer le parcours. Méphisto et Julia le suivent.

Je soupire, je me laisse encore une chance, une dernière fois. Après je laisse tomber. On fait les activités, personne est vraiment à fond sauf Julia qui se réjouit de tout. Il faut qu'on arrive au labyrinthe de miroir pour que je réussisse à le coincer derrière un rideau qui cache un cul de sac.

Sa tête se relève enfin vers moi. Ses yeux sont rouges et il soupire. Je passe mes pouces dessous.

— Excuse-moi. C'est la première fois pour moi. Je me pose pleins de questions et j'ai envie de le crier sur tous les toits. Ça m'a surpris parce que je savais pas qu'on devrait se cacher. On fait comme tu veux.

Je me mets contre lui qui est collé au miroir.

Il y a un moment de blanc où on se regarde simplement tous les deux, sans que personne parle. Puis il se jette dans mes bras, les mains derrière ma nuque et la tête dans mon cou, sa peau humide contre mon épiderme. Je me retrouve contre le miroir d'à côté et je l'enlace tendrement, fort. J'embrasse ses cheveux, je le câline, je veux qu'il sente qu'il est important, j'espère qu'il le sent.

— T'es vraiment bête, il murmure contre moi. Je voulais le faire, moi. Je voulais pas être caché, c'est toi qui voulais au début. T'es trop con de m'avoir dit ça.

Il se recule et tape dans mon épaule, un peu fort. Puis il soupire et me sourit un peu à nouveau.

— Ouais, pardon, j'ai paniqué ou je sais pas. J'étais en manque de te toucher et c'est devenu trop... J'ai perdu les pédales.

Il hoche lentement la tête.

— J'avais juste besoin de, t'sais de te prendre dans mes bras et de dire à tout le monde que t'es à moi...

— Ouais... Je veux pas que mes parents le sachent comme ça. Tu comprends ?

— Ouais. Mais tout le monde sait que t'es homo à l'école... Alors c'est juste, moi ? Tu veux pas qu'ils sachent pour moi ?

— Quoi ? je le vois froncer les sourcils. Ils le sauront, à l'école.

— Mais quelqu'un pourrait aussi leur dire...

— Mais non. Personne de l'école vient chez moi à part toi.

— Ouais ? Ok... Alors à l'école tu veux le dire mais chez toi on est juste amis, je résume.

— Jusqu'à ce que je leur dise. Enfin, si j'ai l'occasion de le faire. Apparemment je peux avoir du mal à rentrer à Londres, il siffle en me lançant un regard sévère.

— C'est pas ce que je voulais dire, c'était côté positif, c'était pour te donner une raison d'être avec moi... Une raison débile ok, mais je peux être con quand j'ai la trouille.

— Vraiment débile. Me fais plus ça. Je peux pas supporter ça. Je vois pas comment tu veux rentrer chez toi ? On a intérêt à être ensemble demain ? Hors de question que j'entende ça encore. Ok ? il finit plus doucement, les yeux tous près des miens.

— Je veux pas non plus t'entendre dire que tu sais pas si on sera encore ensemble demain Thomas. Ça m'a blessé aussi.

Je caresse sa joue.

— Mais c'est vrai... Je voulais pas dire que j'en avais pas envie, mais personne sait ce qu'il peut arriver, ses lèvres se posent tout doucement sur les miennes, comme une plume. Tout ça m'a blessé, il chuchote en se reculant, si bien que je l'entends presque pas avec le bruit ambiant.

— Moi aussi. C'est pour ça que c'est monté vite. On s'est blessés mutuellement. Juste... J'aimerais que t'aies confiance en nous plus que ça. Mais ça fait que quelques jours alors, ok c'est normal, tu peux pas te dire qu'on sera mariés et qu'on aura quinze gosses africains dans dix ans, mais juste... Juste, dis pas qu'on sera peut-être plus ensemble demain. Demain c'est tout près et essaie au moins de te projeter avec moi d'ici là, ok ?

Il sourit un peu plus franchement, l'air attendri.

— Je me projette bien plus loin que demain avec toi, il chuchote en baissant la tête pour poser son front sur mon torse.

— Ok. Parce que je veux plus de méga disputes alors que ça fait même pas une semaine. Ça fout la trouille.

Je soulève son menton et l'embrasse doucement.

Lorsqu'on ressort du petit coin, on tombe directement sur Méphisto, bras croisés dos au rideau.

— Putain, vous en avez mis un temps ! Je suis pas garde du corps moi ! J'espère que ça va mieux au moins, parce que plein de petits curieux ont voulu emprunter ce chemin. Allez on y va ! il attrape le bras de Thomas dans le sien et le tire à lui pour continuer, et ça me fait suivre puisque mon propre bras est tenu par le poignet par mon copain.

Finalement, grâce à Méphisto qui devait vraiment avoir hâte de sortir de là, on a pu quitter rapidement le labyrinthe.

On s'est amusés et on a vraiment profité de toutes les autres attractions. Y avait ce tunnel avec cette lumière qui tournait et qui faisait croire qu'on tombait, ça m'a refilé une nausée...

Thomas riait bien de moi, ça lui faisait rien à lui. Méphisto faisait seulement un sourire en coin et envoyait des regards complices à mon brun. Julia, elle, s'amusait à refaire encore et encore des tours dans ce tunnel. Ça la rendait dingue.

On est ensuite montés à l'étage suivant, où y avait toutes ces illusions d'optiques et ces tableaux qui bougent avec toi. Surprenant. Thomas a eu les yeux écarquillés tout le long, comme moi. Et y a eu cette boîte où on devait mettre la main sans savoir ce qu'il y avait dedans. On a passé cinq minutes à se demander qui devait se sacrifier jusqu'à ce que Thomas le fasse (j'ai joué la carte du cœur fragile, je suis un connard, mais j'ai peur bordel !). Y avait rien dedans mais ça a activé un bruit de bête sauvage qui l'a fait hurler comme un dingue. J'ai tout filmé, je suis génial. Je me suis reçu un bon coup dans l'épaule ensuite. Il a de la force le con ! Je me suis massé l'endroit, et dès que les deux autres ont eu le dos tourné, j'ai exigé un bisou. Il a embrassé sa main et l'a posée sur ma joue ; puis il s'est enfui en riant. Je vais me venger.

On arrive tout en haut et on entre dans la camera obscura, c'est une pièce ronde d'environ 10m2 plongée dans le noir, avec un plateau blanc au milieu. On peut vraiment voir en temps réel ce qui se passe dans la ville. On peut espionner les gens, en gros. Il m'en faut un !

D'autres gens sont avec nous, on s'est tous serré autour de la table pour bien voir. On pointe des gens parfois, et on rit bien aussi. Puis on sort et c'est fini.

Quand on est dehors, on se rend compte qu'il s'est passé une heure et demi. Il est déjà seize heures. Mon brun ferme les yeux sous la lumière, sa main en visière sur son front.

— Et maintenant ? il demande gaîment à Méphisto, puis à moi.

Julia est partie se chercher une glace, juste à côté.

— Maintenant, le château ! J'aime trop les châteaux ! Je m'excite tout seul.

Mon brun lui il boude, il a pas l'air enchanté.

— T'es sûr que t'as envie ? il minaude en caressant mon avant-bras du bout des doigts.

— Ou-ouais... Je regarde ses mains. Pourquoi ? T'as une autre idée ?

Je vois Méphisto nous regarder amusé du coin de l'œil. Thomas lui hausse les épaules et continue ses mouvements.

— Mais j'adore les châteaux... Je pince les lèvres. Il sait comment m'avoir. Il me regarde encore avec ses grands yeux, il les cligne rapidement quand il peut plus me fixer seulement.

— Ok... Je baisse la tête.

Il a gagné. Je regarde encore le château avec une moue triste. J'aurais aimé découvrir l'histoire de ses habitants... Le rire rauque de Méphisto me fait relever les yeux. Mon petit brun sourit, les joues rouges, puis hoche la tête. Quoi ?

— On a qu'à aller au château. Tu me distrairas alors, j'aime pas trop ça moi. Allez vite, plus vite on y est plus vite on part ! il s'exclame en prenant le bras de son pote et le mien, avant de nous tirer vers le bâtiment. Julia suit derrière avec sa glace.

J'ai raté un épisode. Mais je vais pas rater l'occasion d'y aller.

Et malgré moi, je passe un temps dingue dans chaque salle, admirant les armes, les objets, les tableaux. J'admire tout dans les moindre détails, je lis les histoires et je m'extasie.

Prince Edouard, 1628, je lis. Plutôt pas mal, tu trouves pas ? Je parie que j'aurais pu me le faire si j'avais vécu à son époque !

— Waw ! Carrément beau ! s'exclame Thomas en scrutant le tableau.

— Mais mort. À dix-sept ans. Il a même pas pu être majeur. Ça craint.

— Ouais. Il était super beau à dix-sept ans... Oh et là ! il pointe son frère, le Prince Louis. Encore mieux, il baverait presque, le gosse.

— Trop mec pour moi. Le premier a l'air plus mignon, je rigole. Au moins celui-là a vécu jusqu'à soixante-deux ans.

— Trop mec ?! C'est son portrait craché quand il était jeune ! Sauf en plus musclé. Alors là... J'aurais bien aimé le connaître, il sourit pensivement.

— Je te suffis pas ? Je demande en approchant derrière lui, pour observer aussi le tableau.

Lui, il secoue la tête et je vois un grand sourire au coin de ses lèvres. Je me penche alors que les deux autres sont déjà dans la pièce suivante et j'attrape la peau entre son cou et sa nuque.

— Eh ! il se plaint en couinant, le bruit mélangé dans un rire.

Je tire, j'aspire. Il gémit et couvre sa bouche de sa main en s'entendant.

— Will ! Arrête ! il me presse en chuchotant, tétanisé.

Je me stoppe aussitôt et me redresse.

— Non mais ça va pas !? il fait bas, retourné vers moi les yeux grands. Tu sais que tu peux pas me faire ça juste comme ça !

Je me renfrogne.

— La vengeance est un plat qui se mange froid, j'énumère en pointant mon suçon.

— Ça se voit ? il demande tout de suite, l'air un peu hésitant et paniqué.

— Nope. Je l'ai fait assez bas pour que ton col le cache. Je suis pas idiot, chéri.

— Ouais. Ça reste à voir, il lève les yeux au ciel.

— T'as gémi, je chuchote à son oreille. Ça vaut tout l'or du monde. Et tu gémis grâce à moi. Pas grâce à Louis machin chose.

Il ricane.

— Normal, il est pas là. S'il l'avait été...

— Tu veux que je recommence ? Je grogne, possessif.

— Il devait en faire, des jaloux, à son époque... répond plutôt mon brun en regardant le tableau pensivement.

— Ouais. Ou satisfaire des tas de femmes, bien contentes de se taper un Prince.

— Ouais, c'est clair ! il rit et on continue de marcher.

On arrive dans les chambres, on se fait des films aussi, on imagine la vie des serviteurs, des Rois, des Princesses... Finalement, on a visité le château en trois heures. Mais je soupçonne mon petit brun de s'être amusé presque autant que moi... Là, on rentre à pied. Le soleil a décliné mais il est loin de faire nuit.

Je suis de super humeur, j'aime ces pavés, j'aime comme les rayons reflètent les façades de façon singulière, j'aime l'odeur de vieille pierre et j'aime les badauds dans les rues qui achètent pleins de trucs I <3 Scotland. Je me sens bien et content.

J'ai l'impression que Thomas l'a remarqué parce-que parfois il fronce le nez en me voyant sourire, et parfois il me renvoie seulement la même expression en retour. Manquerait plus que je le prenne dans mes bras et que je le fasse tourner mille fois, et que je l'embrasse. Je ferai ptet ça demain avant de partir quand Julia sera plus là. Je veux l'embrasser dans chaque ville du monde. Chaque ville que j'aurais dû ne jamais pouvoir visiter...

Sa main glisse dans la mienne lorsqu'on arrive dans le quartier de son pote. Dans quelques rues, on est chez lui. Je la serre, je suis heureux. Bonheur... Bonheur de fou. J'ai hâte d'être seul avec lui.

Et pourtant, on est véritablement que tous les deux après trois bonnes longues heures. D'abord, il a fallu expliquer notre présence aux parents de Méphisto. Puis on a préparé à manger, on a mangé, on a regardé la télé, il a insisté pour passer le reste de la soirée avec son pote et maintenant, on déplace les oreillers de sa chambre jusqu'à la nôtre, en bas.

J'en ai marre. Veux être tout seul. Et quand enfin je me dis "yes, trop bien, tout seuls !" Je vois Méphisto qui s'installe en tailleurs. Et il discute. Et encore. Et toujours. Et j'ai les yeux qui se ferment.

Il part finalement et là je savoure. J'approche de mon petit brun, assis sur le lit, et je l'embrasse. Je dirais presque que j'avais oublié comment c'était - demandez à quelqu'un qui prend de la coke, c'est comme ça les addictions.

Lui, il sourit contre mes lèvres comme toujours, puis tombe dos contre le matelas. Je le suis, je m'installe sur lui et je ronronne dans son cou. On est trop bien...

— Enfin, hein ? il se marre tout bas. J'ai vu que t'en pouvais plus, il dit en caressant mes cheveux.

— T'as rien fait pour m'aider. Ça t'a fait marrer mmmmh ? Je grogne.

— Non, il fait, et il rit quand même.

— Coquin, je lèche son cou. Tu mériterais tellement de vengeance.

— Ouais ? son corps, et le mien, s'agitent sous son rire.

— Ouais.

J'embrasse ses joues. On toque. Je plisse les yeux et me repose à côté. Méphisto entre.

— On dort ensemble ? Il propose avec un sourire amusé.

Je vais le tuer sur place.

Thomas sourit à mes côtés, les joues remontées. Il fixe son ami et se redresse sur les coudes.

— Je vous entends vous marrer depuis en haut, et on va pas se revoir avant un moment Tom. Ou ça vous dérange..? On s'est bien amusés la dernière fois non ?

— Ouep. Tu veux venir ici ? Y a plus de place qu'en haut, avec ton bordel, lui répond mon copain.

Ma lèvre du bas commence à trembler. Je vais pleurer. Je vous jure que je vais pleurer.

— J'avais prévu, il rigole, et il montre son oreiller, qu'il tenait dans la main.

— Je dors à poil, je rétorque.

— J'ai déjà vu des mecs à poil.

Thomas se pousse pour se mettre au centre du lit.

— On va ptet faire l'amour, je nargue et je me reçois un coup de coude dans les côtes.

— Aïe.

Je boude. Je me déshabille rapidement sous la couette et tire mon garçon à moi.

Il se colle contre mon torse, le regard vers Méphisto qui se met en caleçon du côté gauche.

Je relève la tête. Faut pas abuser, on a pas souvent l'occasion de mater un mec pareil.

Une fois son petit striptease terminé, il se glisse sous la couette. Il tend la main et Thomas la saisit, puis s'éloigne de moi.

Ça me fait bizarre. Et un peu mal. Cette proximité. Il est plus à lui qu'à moi. C'est normal ils se connaissent depuis plus longtemps et leur relation est forte. Mais j'aurais voulu ça avec lui moi. J'aurais voulu qu'il l'ait avec moi. Mais je le laisse m'échapper, au point que seules nos jambes se touchent encore.

Un baiser claque dans la pièce comme l'autre fois, puis le corps de mon brun revient à moi. Ses cuisses me touchent, puis ses fesses, et enfin son dos. Je m'enroule autour de lui. Je me demande s'ils s'embrassent sur la bouche.

Sa main glisse sur mon bras pour finir dans la mienne.

— C'était cool, aujourd'hui, commence Thomas. C'est tôt, ton hand ? Neuf heures et demi comme la semaine dernière ?

Le sportif acquiesce et nous demande si on va venir. Thomas à l'air d'attendre ma réponse.

— Ouais. On viendra voir, je marmonne, à moitié endormi.

— Il dort déjà, commente l'un des gars.

Leurs voix sont lointaines, j'arrive même pas à distinguer si c'est celle grave et sexy de Méphisto. Je m'endors avec le sourire, caressant le ventre de mon copain.

Le lendemain, la chaleur de son corps a disparu lorsque j'ouvre les yeux.

Je regarde autour de moi, aucun des deux est là. Je remets mon pantalon, toujours sans sous-vêtements, et je passe mon t-shirt. J'entends des éclats de rire dans la cuisine ; effectivement ils sont là les deux à se marrer comme des gosses. J'arrive près de mon copain et l'embrasse tendrement.

— Coucou, je marmonne, encore endormi.

Il me sourit en réponse et je me dis que ses lèvres avaient le goût de fraises.

— Marmotte, fait Méphisto en me montrant une chaise sur laquelle m'asseoir.

— Bien dormi ? renchérit Thomas.

— Ouais. Tant que t'étais là.

— Je t'ai connu plus actif au réveil, on dirait un zombie ! il rigole en m'observant, les yeux joyeux.

— Ouais. Je vais être actif plus tard, tu verras, j'échappe un petit sourire derrière la tasse de café que Méphisto vient de me donner.

Thomas secoue la tête, le regard à terre. Ils reprennent leur discussion et j'écoute, donnant parfois mon avis.

La voix du bronzé est toujours sensuelle, comme s'il le faisait exprès, c'est dingue ça. Qu'il arrête de parler un peu. Comment Thomas a fait pour résister alors qu'il l'aimait et qu'il le voyait souvent. Et je regarde mon Tommy qui trépigne sur place, il a l'air content d'être là, et c'est vrai qu'il admire encore son pote, il a des étoiles dans les yeux quand il lui parle. Je comprends pourquoi, mais ça me rend jaloux. Je voudrais qu'il me regarde comme ça. C'est pas encore le cas... Je suis plongé dans mes pensées à le regarder. Thomas est à moi, à moi. Je veux qu'il soit à moi aussi dans sa tête. Je voudrais qu'il ait d'yeux que pour moi... Heureusement que Méphisto a pas su voir à quel point il est exceptionnel comme amant...

Je me lève machinalement et je passe derrière Thomas. Mes mains arrivent sur son ventre et ma tête se cale dans son cou. Ouais, c'est ça qui me manquait. Bouge pas. Ou alors juste un peu, pour pencher le visage et me laisser de la place. Voilà. Et tes mains sur les miennes, exactement comme ça. Et il continue de parler en jouant avec mes doigts, tranquillement.

Je pourrais fermer les yeux et me rendormir, là contre lui. D'ailleurs je me rendors pas mais je ferme les yeux quand même, profitant de la tendresse qu'il m'offre. Est-ce que j'aurais cru que des deux je serais le plus demandeur ? Jamais.

Après un moment, je sens sa tête se tourner. J'ai arrêté d'écouter leur conversation, mais j'entends qu'ils ont fini. Sa joue frotte contre mon oreille et sa bouche se pose sur mes cheveux.

— Il va falloir aller se préparer, Willy. Méphisto est déjà monté, il me dit avec douceur en câlinant mon pouce sur son ventre.

— Ouais. Dans deux minutes...

— Allez, tu dormiras dans le lit quand je me préparerai. Lève-toi ! je le sens sourire et son dos pousse contre moi.

J'embrasse sa joue et je m'éloigne à contre cœur. On arrive dans la chambre, mais j'ai pas envie de dormir, j'ai envie de m'affaler sur Thomas. Je veux que Thomas soit mon lit.

— Pourquoi t'es si fatigué ? il m'interroge porte fermée, accroupi devant son sac.

— Hein ? J'sais pas, je fronce les sourcils. (C'est vrai que c'est pas habituel). Oh, je dois prendre mes médocs, je réalise.

J'ai un coup de Flip une seconde avant de me rappeler que je les ai pris régulièrement ces derniers jours. Faudra que j'aille consulter. Je manque peut-être de vitamines ou une connerie comme ça.

— J'ai oublié de demander à M, pour la machine. On pourrait la faire le temps qu'on est partis à l'entrainement. Tu prends un de ses caleçons aujourd'hui ?

— Ah. Ouais. Ouais ok. Je capitule, je souris. Mais tu fantasmeras pas trop hein ?

Il me regarde avec son air coquin.

— J'essaierai.

Je montre les dents et je sors de la chambre. Je file à celle de Méphisto et je toque.

— Ouais ? fait sa voix rauque en approchant.

Il ouvre et je le vois en jogging, tee-shirt manches longues sur les bras.

— Tu fumes ? Je demande d'un coup.

Merde, c'est pas ce que je voulais dire.

Il a aussi l'air étonné de ma question, mais se reprend vite.

— De temps en temps, ouais. Pourquoi, t'en veux une ?

— Nan. Je fume pas. Je me demandais si y avait une explication rationnelle à ta voix. Tu chantes ? Tu chanterais bien je pense. T'as un caleçon ?

Il sourit, me regarde, puis se met à rire en se détournant.

— J'ai toujours eu cette voix. Et non, je chante pas, j'ai aucun rythme de ce côté-là.

Il arrive à une armoire, tire un tiroir et me tend un bout de tissu noir rayé de parties un peu plus transparentes.

— Ce mec a des défauts ! Je m'écrie. Sauvé. Merci.

Je regarde le caleçon. Il lui va sûrement bien. Ta gueule Will.

— Il te va ? J'en ai des plus sobres si tu veux, il fait en tirant à nouveau sur la poignée.

— Nan, c'est bon. Ça ira très bien, je souris en coin.

— Habillez-vous bien. Il fait pas chaud là-bas, il me prévient quand je repars.

Je lui fais un signe sans me retourner.

Arrivé dans la chambre, j'enlève mon pantalon et j'enfile le caleçon, et j'attire l'attention de Thomas.

— Alors ? Je remue des fesses.

Il lève les yeux de son téléphone, couché contre la tête de lit. Il me regarde et son sourire s'agrandit, puis il met un pouce en l'air.

— Imagine que moi là-dedans, c'est clair ? Je menace avec un air sévère.

— Pas besoin de t'imaginer, il répond, son air malicieux de retour. (Il pose son téléphone et se met en tailleurs). Il te va super bien.

— Ouais ? J'en achèterai de semblables alors.

Je me pose face à lui, assis aussi.

— Tu seras super beau. J'ai posé tes affaires propres là-bas, il désigne la chaise à ma droite.

— Merci. Une vraie petite femme attentionnée, je souris.

Je vais chercher mes fringues et je les passe.

— T'es prêt ? il me lance depuis la porte, prêt à sortir.

— Ouais.

Je le suis et on part tous ensemble pour le hand de Méphisto.

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