Quatrième leçon - partie 1

20 minutes de lecture

Un jour qui commence d'ailleurs assez mal, après un problème de réveil qui me fait me lever à neuf heures trente. Sauf peut-être pour le message que j'ai vu avoir reçu, lorsque j'ai eu le temps de regarder mon téléphone.

Mister Tom : Tu commences plus tard, aujourd'hui ? Ou malade ?

Il date de huit heures dix.

Coeuràcorps : Merde.

Et dire que j'ai pris le temps de lui répondre. Ok, pas grand-chose, mais putain je vais me faire tuer. Oh, il a remarqué que j'étais pas là... Ta gueule Will, c'est pas le moment ! Je me dépêche comme je peux et vingt minutes plus tard je suis au lycée.

J'arrive tout juste lorsque la cloche sonne et je vois tout le monde se précipiter pour sortir. Ok, au moins je passerai inaperçu pour le prochain cours... Et ça me laisse vingt minutes pour trouver mon brun.

Je le vois d'ailleurs très rapidement, écouteurs dans les oreilles sur son banc, alors qu'un gars qui lui parlait vient de partir. Il déverrouille son téléphone et je me dis qu'il doit voir ma réponse. Je cours vers lui et m'arrête avec un sourire, mes jambes touchent les siennes.

Il relève la tête en souriant ; il m'a reconnu sans me voir. Il enlève un écouteur de son oreille.

— Tu me dis merde ?

— Merde, j'ai pas vu l'heure. J'avais pas le temps d'écrire plus. Tu m'espionnes ? Il rit.

— Non. Je pensais te voir mais t'avais pas l'air là et t'étais pas avec tes amis non plus. Bon, ok, je t'espionne peut-être un peu, je ris plus fort et me penche sur lui.

— Pourquoi ? Je souris. Ses lèvres se tournent en un rictus.

— Tu m'as dit à demain.

— On a pas dit à quelle heure, je souris.

Il est mignon... Enfin, ouais. Ouais, il est mignon. Il penche la tête à droite à gauche, pas convaincu.

— Mais t'as raison. Cette fois au moins tu me poses pas un lapin, il sourit et me propose son écouteur, avant de se raviser.

— Tes amis te cherchaient, ce matin.

— Mh ? (Je l'attrape quand même et le mets dans mon oreille). Ils survivront.

— C'est pas très cool.

— Pourquoi ? Je leur dois rien, ils sont entre eux. Ils m'auraient écrit s'ils étaient inquiets, je ferme les yeux. Thomas ne dit rien de plus et je le sens se rasseoir, dos contre le banc.

— Mets ta musique.

Presqu'aussitôt, j'entends Burn it down de Coldplay, comme à son casier l'autre jour, mais elle est tout de suite remplacée par The Rasmus, ce qui me fait sourire.

— J'ai écouté la même en courant jusqu'ici y a dix minutes.

Il change alors pour Fall out Boy et verrouille son téléphone qu'il pose sur ma cuisse.

— Ça a été en rentrant hier ? Je demande pour faire la conversation après deux minutes.

— Ouaip, bien sûr. J'ai mis un moment mais j'y suis arrivé, j'entends son petit rire.

— Ouais, on était pas tout près, je confirme en hochant la tête.

— Sauf pendant le film.

Mon sourire s'agrandit.

— Exact. D'ailleurs, t'es prêt à le faire pour de vrai ? Câliner quelqu'un. Un mec.

— Je suis la fille. Je n'en ai pas besoin. J'ai seulement besoin de me faire câliner.

— Vrai. Prêt à te faire câliner alors ? Je peux te laisser une semaine si tu veux. C'est pas comme draguer ou annoncer son homosexualité. Ça prend du temps.

— Une semaine ? Pour quoi faire ? J'ouvre un œil et je vois qu'il se tourne vers moi.

— Bah, pour... T'sais. Je suis que ton cobaye.

— Pour trouver quelqu'un d'autre ? Ses sourcils se sont froncés et avec eux, tout son visage.

— Ouais. C'est ce qu'on avait dit... Tu voulais que je t'apprenne...

— Ah, il me regarde, puis se remet bien sur le banc. J'ai pas envie de chercher quelqu'un maintenant. Si il faut que j'aie quelqu'un, il faudrait plutôt arrêter, alors. J'ai déjà bien avancé, non ?

— Ouais. Ouais. C'est bien. Super. On peut aussi continuer sans que tu testes ailleurs.

— Tu crois ?

— Oui. Bien sûr. Et t'en feras ce que tu veux quand tu te sentiras prêt... Je hoche la tête.

— Ok, il se lève et m'enlève l'écouteur au passage, puis remet son sac sur son épaule. Bon, à plus.

— À plus... Je lève la main en le regardant partir, me demandant ce que j'ai fait.

La cloche sonne cinq secondes plus tard. Je soupire et vais en cours. Mais... J'avoue que ça me fait un peu - juste un peu - plaisir qu'il ait pas envie de tester ça ailleurs. J'ai un peu le sentiment que c'est juste à nous comme ça. Lorsque je m'assois en histoire, mon téléphone vibre contre ma cuisse. Je le sors discrètement.

Mister Tom : On mange ensemble ?

Je souris comme un con devant son message.

Coeuràcorps : Oui. On se retrouve à la cafétéria ou tu veux aller ailleurs ?

Mister Tom : Avec tes amis, t'inquiète

Coeuràcorps : ils ont pas besoin d'être là

Mister Tom : Y a un problème avec eux ?

Mister Tom : Avec eux et moi ?

Coeuràcorps : non. On peut être avec eux si tu veux. Je voulais juste t'avoir pour moi tout seul... ;)

Mister Tom : Comme au cinéma ?

Mister Tom : Aha

Coeuràcorps : par exemple :)

La prof hausse un peu la voix et je relève les yeux. Mon téléphone vibre à nouveau.

Mister Tom : Tu m'as repoussé dès que les lumières se sont rallumées

Mister Tom : Tu es sûr que c'est moi qui ai besoin de ces leçons ? ;)

Coeuràcorps : tu voudrais m'apprendre des choses aussi ? Tu peux...

Mister Tom : Rien à t'apprendr

Coeuràcorps : alors je continuerai à te donner des leçons.

Je n'ai aucune réponse à mon message pendant plusieurs minutes. Je continue de regarder mon portable en checkant des fois que la prof me voit pas.

Coeuràcorps : Ça va ? A la cafétéria alors ?

Mister Tom : Oui

Je range mon portable et essaie tant bien que mal de suivre le cours. À la fin des deux heures, la prof me retient pour me demander pourquoi j'étais pas là plus tôt.

— Je vous prie de m'excuser, j'ai eu un problème de réveil...

J'opte pour la vérité ouais. Je sais, d'aucun pourraient dire que je suis con. Elle commence à me sermonner, puis finit par me laisser aller en disant que ce n'est pas si grave et je soupire de soulagement.

Je file directement à la cafétéria et cherche des yeux mon Thomas. Je le trouve avec un plateau à la main à hésiter pour son repas.

— Hey, je viens embrasser sa joue derrière lui et attrape un plateau moi aussi.

— Salut. Tu viens me faire payer ton repas, encore ? il rit en prenant des pâtes carbonara.

— C'est moi qui paie cette fois, je lui souris. (Je prends une salade et un yaourt).

Lydia arrive alors derrière moi et pince ma taille en riant. Pendant ce temps, Thomas attrape une compote et va payer sa part.

— Salut beau blond ! lance mon amie.

Je réponds d'un coup de hanche à Lydia et arrive à la caisse ; je vois qu'il a déjà payé.

— Thomas ! Je m'énerve. Je vais devoir t'en payer un autre maintenant...

— Quoi, tu voulais payer pour moi aussi ? Je peux me débrouiller seul, il me sourit et m'attend, avant de faire un signe de tête à Lydia derrière.

— C'était pas une question de se débrouiller, j'en avais envie...

— Profite, Will est un gros radin, se moque la blonde.

— Ha ! s'écrie mon brun. Je le savais ! C'est pour ça qu'il veut qu'on lui paye, il fait un sourire narquois. Allez, tu le feras une prochaine fois, j'ai pris plein de trucs aujourd'hui.

— Dire que je suis gentil et qu'on m'insulte, je grommelle en payant mon repas. Allez, avance.

— Je t'insulte pas ! s'oppose Thomas en allant s'asseoir à la table où se trouve déjà Harry.

Je m'assois à côté et mon pote me fait des regards allers retours avec mon gamin. Je lui tire la langue.

— Alors vous deux... il continue quand même. Je vois Lydia s'approcher, plateau en main.

— Hm ? Je demande en enfournant une feuille de salade et sortant mes médocs.

— Ben, vous êtes vraiment ensemble ? lâche Harry lorsque Lydia s'assoit, le regard intéressé.

Je baisse le nez en me concentrant sur mon assiette, prenant rapidement une autre bouchée.

— Non, sourit Thomas à mes côtés. Je ne fais que lui payer ses choses, il dit en tapant mon épaule de la sienne. Je hoche la tête.

— Ouais. Me payer mes choses, hein. Je suis un homme entretenu.

Le gosse acquiesce et attrape mon petit pot de pilules.

— Tu fais quoi ? Je demande en enfournant une nouvelle bouchée.

— Je regarde ce que c'est.

— De la cortisone, je hausse les épaules.

— Et les autres ?

— On en est pas encore là... Je réponds en mordant ma lèvre. Je t'en parlerai, ok ? C'est rien de très important.

— Je sais pas non plus, si ça peut te rassurer, répond Lydia. Il a ses petits secrets... Je la fusille du regard.

— Je t'en parlerai. De toute façon, je répète.

— Ouais. Ok, d'accord, il repose la boîte et attrape plutôt sa fourchette pour amener ses pâtes dégoulinantes de crème à sa bouche.

Je soupire et j'ai une boule dans l'estomac. J'aime pas parler de ça. Je lui dirai bientôt. Juste, pas tout de suite.

— Et alors il t'a adopté ? Demande Lydia à Thomas, et je la remercie du changement de sujet, bien que maladroit. Le gamin hoche de la tête en avalant.

— On dirait bien.

— Ouais. Faut que j'lui trouve un nom, je souris en coin.

— Et je sais que tu trouveras quelque chose de gentil, complète aussitôt Thomas.

Lydia a un air moqueur en face de nous, l'air de dire qu'il n'y a pas vraiment de chance pour que ça arrive.

— Bien sûr, chéri, quelque chose de gentil, je lui fais un petit air faussement rassurant. Eh, Jekyll, ça t'allait bien !

Il grogne et se concentre sur son plat de pâtes. On mange silencieusement jusqu'à ce que Kyle, qui a fini un peu plus tard, nous rejoigne.

— Il est encore là celui-là ? Il grogne pour Thomas et je lève les yeux au ciel.

— Arrête un peu de faire la femme bafouée mec, je lui conseille. Le brun sourit à côté de moi.

— Je le prends pas les soirées et les nuits pourtant, il ose avec un petit sourire, pour Kyle.

— Ah ouais ? Parce qu'il est pas passé chez moi hier soir, et on avait un truc vraiment chouette de prévu, il se penche sur Tom avec provocation.

— Ta gueule, je siffle. Va t'asseoir à ta place.

Thomas soutient pourtant son regard.

— Alors peut-être qu'il a un troisième mec quelque part.

— Exactement. J'ai un troisième mec, ok ? C’est normal, je suis génial ! Arrêtez vos conneries maintenant, j'interviens.

Kyle a le sang chaud et j'ai pas envie qu'il cause des problèmes au petit.

— Quel succès, de marre Lydia.

— On le connaît ? Demande Harry nonchalamment et je le fusille du regard.

Thomas continue de manger en silence alors que Kyle s'assoit lourdement à mes côtes. Tout de suite, sa main passe lentement sur ma cuisse, et je l'arrête en la replaçant sur la sienne avec un regard que je veux dissuasif.

Pourtant, quelques secondes à peine plus tard, il recommence, l'air de rien.

— C'est ni le lieu ni le moment, je grogne en le regardant avec un air agacé.

— Pourquoi pas ?

— Kyle, je chuchote sur un ton d'avertissement. Pas maintenant. Je bouffe putain.

— On pourrait tous les deux bouffer autre chose, il grogne et sa main se resserre sur ma peau.

Je souffle et jette un regard en coin à mon petit brun.

Il était en train de manger mais lorsqu'il sent mon regard sur lui, il relève des grands yeux verts sur moi, interrogateur.

— Allez, Will. On y va... souffle Kyle à mon oreille, de l'autre côté.

— Tu m'excuses deux minutes ? Je demande à Thomas avant de me lever, franchement énervé.

Il fronce les sourcils et hoche la tête, puis retourne à la fin de sa compote. Kyle lui, me regarde dans l'expectative. Je lui fais signe de venir avec moi et sors de la cafétéria. Il me suit tranquillement. Quand je passe la porte des toilettes, je vérifie qu'il y a personne en tapant toutes les portes.

— C'est quoi ton problème Kyle ? J'attaque directement. T'es un putain de mec en chien qui veut tout le temps baiser ! Trouve-toi un mec, merde, je suis pas à ta disposition !

Il hausse un sourcil, calme.

— C'est toi qui réclamais tout le temps après moi, avant.

— Je dois constamment réclamer après toi ? Je m'énerve encore. Tu fais chier.

Il me regarde et croise les bras.

— C'est quoi, ton problème ?

— Mon problème ? C'était quoi ton petit jeu, pourquoi, pourquoi tu provoques Thomas ? T'es jaloux c'est ça ?!

— Tu te fais des idées. Seulement, j'aimerais savoir, maintenant. C'est ton mec, oui ou non ? Je veux pas continuer à baiser le mec d'un autre, il fait, un rictus sur les lèvres. Pourtant, je vois qu'il est sérieux.

— C'est pas mon mec, je te l'ai déjà dit, je lui lance un regard exaspéré.

— Alors c'est quoi ton problème ?!

— Arrête de mal lui parler et de le chercher, je grogne.

— Bien. J'arrête. Et toi, pourquoi tu as plus envie de sexe ? il fronce des sourcils en approchant. Tu veux plus me parler. Dis-moi, mec...

— C'est pas, ça a rien à voir avec le cul ! Juste parce que je suis pas passé hier et parce que j'avais envie de bouffer tranquille à midi... Je me défends.

— La semaine dernière aussi, Kyle soupire et s'avance encore. Bon, disons, on oublie, ok ? On verra la prochaine fois.

Il prend son air de faisons la paix et tend sa main, comme lorsqu'on était plus jeunes.

— Ouais. Je passerai ce soir, ça te va ? Je serre sa main. Son sourire s'agrandit.

— C'est parfait ! il s'approche, baise ma mâchoire et s'en va aussitôt.

Je grogne et ressors pour retourner à table avec les autres et finir de manger. Lorsque j'arrive, seuls mes trois amis sont présents. Pas de gamin en vue.

— Me dis pas que vous l'avez fait dans les toilettes ? Parce que si c'est le cas, j'y fous plus les-

— Ta gueule Harry. Pas drôle, je grommelle.

— Ok...

Lydia intervient pour me dire que mon brun est parti à la bibliothèque avant son cours de maths, et rajoute qu'il m'a laissé son cookie que je trouve sur la table. Quelqu'un a planté ses dents dedans et je regarde suspicieusement mes amis qui lèvent tous les mains en l'air.

Je croque dans le biscuit et le garde en bouche avant de me lever.

— J'ai des trucs à faire aussi à la biblio. On se voit plus tard !

— Eh, t'étais où ce matin ? Me crie Lydia.

— A plus ! Je réponds, déjà loin.

J'arrive dans la salle à l'odeur si particulière et je cherche mon garçon, toujours à la même table, écouteurs vissés dans les oreilles.

Je m'assois en face de lui en croquant encore dans le cookie, puis lui en tends un bout.

— Mange, c'est important. (Il sourit et secoue la tête de droite à gauche). Allez, je le secoue devant sa bouche, l'air sévère.

Je vois son petit nez se froncer alors qu'il me montre qu'il ne veut toujours pas. Je grimace avant de le manger finalement et enlève un de ses écouteurs.

— Si je te dis de manger, tu dois manger, je lui dis avec protection.

— J'ai déjà assez pris, tout à l'heure ! J'en peux plus, mon ventre est à bloc.

Son stylo se repose sur sa feuille alors qu'il me parle.

— T'es tout mince ! Où tu mets ta bouffe ? Je titille son biceps, qui est finalement plus dur que ce qu'il en a l'air. (Il me tire la langue. Gamin).

— Tais-toi. Il était bon, au moins ? J'espère que je te l'ai pas payé pour rien, un sourire coquin prend place sur son visage alors qu'il baisse à nouveau les yeux sur son papier.

— Commence pas, je fais semblant de m'offusquer. Après tu vas dire à tout le monde que je suis vraiment un mec entretenu alors que tu m'entretiens derrière mon dos.

— Entretenu par sa femme. Quelle tragédie ! Il tape rapidement à sa calculatrice et note le résultat sur son papier.

— Ma femme. Ouais, sympa, j'aime l'idée. Des boucles d'oreille pour ton anniversaire, ça te va princesse ?

Cette fois, il me fusille du regard. Vraiment.

— Je ris avec ça mais, non, d'accord ? il essaye, les joues rouges.

— C'est mieux que Jekyll… Je fais mine de réfléchir.

J'adore le voir comme ça. Il reprend tout de suite, tombé dans le panneau.

— Je veux dire... il tortille ses mains. Je te laisse m'appeler la fille et ce genre de chose, mais... C'est pas vraiment, pas vraiment drôle, hein ? Enfin, ça l'est mais pas... Tu vois.

Il rougit encore et détourne les yeux qu'il avait pourtant si bien réussi à garder sur moi. Et je retrouve ma petite chose adorable. Si mignon. Je souris béatement.

— Allez, je te laisse bosser, je me penche et embrasse sa joue. A plus tard princesse, je lui fais un petit signe.

Il soupire en se rasseyant, et moi je repars avec un sourire encore plus grand.

Je le recroise pas, le reste de la journée. Je vais directement chez Kyle à dix-sept heures. Il m'ouvre, tout sourire, et me demande si je veux pas jouer à un jeu, d'abord, ce que j'accepte avec un petit air suspicieux. On s'installe devant la console.

— T'es patient pour un mec pressé de me sauter, ses lèvres s'étirent alors qu'il appuie sur play.

— J'ai pensé que ce serait pas mal de redevenir un moment amis, avant de m'enfoncer en toi. Ça faisait longtemps qu'on avait pas joué.

— Merci pour l'attention, je ricane.

— De rien, il fanfaronne. C'est un plaisir, Will.

— Prêt à te faire niquer ? Sur le jeu, j'veux dire... Je me marre. Il me regarde comme le dernier des crétins. Allez elle était drôle... Je tente.

— Tu verras, si tu la trouves drôle ! il s'écrie en riant. Une heure et demie plus tard, je ressors de chez lui, sourire aux lèvres.

Je vais directement chez moi et prends aussitôt mon repas puis une douche, et je pars me coucher. Je dors peu ces temps.

Je me lève le lendemain à passé midi. Merci maman. C'est mon horloge medoc qui sonne, aussi je descends vite. Je regarde mon téléphone vers 13h, mais rien. Alors je prends les devants.

Cœuràcorps : hey.

Ce n'est que huit longues minutes plus tard que je reçois une réponse.

Mister Tom : Salut

Et quelle réponse.

Cœuràcorps : tu parles à d'autres mecs encore sur cette appli ?

Mister Tom : Parfois

Mister Tom : Ceux qui ont des photos et pas plus de deux cette semaine, Papa ;)

Cœuràcorps : t'en as déjà rencontrés ?

Mister Tom : Toujours pas

Mister Tom : Si ce n'est toi, le meilleur de tous ;)

Cœuràcorps : Bonne réponse :)

— Will ? Tu sors aujourd'hui ? demande ma mère depuis la cuisine, elle est rentrée des courses il y a quelques minutes.

Cœuràcorps : on sort ?

— Will, tu m'entends ? Elle répète plus fort en arrêtant l'eau.

Mister Tom : Quoi, maintenant ? Tu veux faire quoi ?

— Ouais, je sors ! Je réponds en arrivant vers elle à moitié habillé.

Je me dépêche de terminer de boutonner mon pantalon.

Cœuràcorps : maintenant. Je suis chez toi dans dix minutes.

Ma mère me regarde avec un petit sourire.

— Où tu vas ?

Mon téléphone vibre sur la tablette où je l'ai posé.

Mister Tom : Faudra me tirer du canapé, suis pas présentable et complètement affalé

— Voir un pote, je souris en l'embrassant.

J'attrape au passage une carotte qu'elle est en train d'éplucher et lui dit au revoir.

Cœuràcorps : aucun problème. Ouvre-moi dans cinq minutes.

Et je commence à courir.

Sur le chemin, je ne m'arrête qu'au niveau du début de sa rue et sors mon téléphone, sur lequel je viens de recevoir un message disant qu'il m'attend dans le hall pour l'ascenseur.

Je souris et entre, salue le portier - le mec a un portier - et entre dans le hall.

Je le vois adossé à l'ascenseur, bras croisés. Il est encore dans son short de pyjama, un tee-shirt sur le dos. Adorable. Faut que j'arrête d'utiliser ce mot.

— Salut, je souris, amusé. Sexy ! (Il roule des yeux, les lèvres étirées).

— Dépêche. Je veux retrouver mon canapé, il dit en passant sa carte contre une plaque noire sur le mur.

L'ascenseur s'ouvre tout de suite et il entre, je le suis.

— Qui t'a dit qu'on allait rester chez toi ? Je m'appuie contre un pan de l'ascenseur.

— Moi. Tu peux pas m'enlever à mon canapé comme ça.

Un sentiment bizarre dans le ventre, l'ascenseur monte et les étages défilent.

— Bien sûr que si. Il fait beau. On va sortir aujourd'hui, j'ai un sourire en coin.

— T'auras qu'à ouvrir la fenêtre.

Les portes se rouvrent sur son - immense - appartement et il se met tout de suite à courir. Puis il se jette sur le canapé. Gamin.

— Tes parents sont là ? J'hésite d'un coup.

Je déteste les parents, trop de questions.

— Mère en ville et père dans son bureau. Il sortira pas, il grogne depuis le canapé, d'où je peux pas le voir à cause du dossier marron.

— Des frères et sœurs ?

— Non. T'inquiète, personne te verra ici.

— Ok, je passe par-dessus le dossier et m'installe à côté de lui, couché en travers. Alors comme ça t'es amoureux de ton canapé ?

Il hoche la tête dans son coussin.

— C'est nul. On va sortir, tu le sais ça ? On va aller... On va aller faire un truc cool. Allez.

— Dis-moi quoi. Je sortirai pas si j'ai pas envie, il râle.

Il se tourne d'un coup pour me regarder, alangui entre le plaid et les coussins.

— C'est une surprise. Allez, ça sera cooooool, je me frotte à son épaule comme un chat.

Allez, je suis mignon, craque bon sang. Il grogne encore et passe ses jambes par-dessus les miennes.

— Il faut s'habiller ? il demande en grognant comme un idiot, rabattant le coussin sur sa tête.

— Pour sortir ? C'est mieux quand même, je me marre. Allez, ça sera cool, on va faire des trucs de touristes. Profite de la vie Thomas !

— On peut pas rester encore un peu là ? Il baisse le coussin de quelques centimètres pour que je vois ses yeux suppliants.

Ado- ta gueule Will.

— Ouais. Une petite heure alors, je grogne. Mais tu m'occupes.

— Dors. Ça t'occupera, il dit et il appuie sur un bouton de la télécommande pour allumer la télé.

Ses fesses tournent sur le canapé marron, ses jambes frottent sur mes cuisses, et il finit tourné vers l'écran, la tête soutenue par un énorme coussin et une couverture qui tombe du dossier sur sa taille.

— Je suis pas venu pour dormir. Pas cette fois. Tu veux que je parte, c'est ça ? Parce que si tu m'occupes pas je pars, je le défie. (Il hoche distraitement la tête en zappant, le bras replié sous sa tête). Je pars hein, je répète en bougeant un peu sous lui.

— Oui oui.

Je me lève, et me dirige vers l'ascenseur.

— Vraiment !

— Oui.

J'abandonne. Fait chier.

— Tu me dragues ou pas ? Je demande en venant lui cacher la télé, bras croisés. Il soupire et lève les yeux sur moi.

— Casse-pieds.

— Eh ! Joue ton rôle, feignasse !

Il se relève sur ses fesses et désigne la place qu'il vient de laisser libre.

— Assieds-toi.

Je m'affale à côté de lui.

— Oh ouais, fais-moi une danse sexy !

À la place, il se couche à nouveau, le haut du corps et la tête sur mes cuisses, toujours soutenue par son bras.

— Plus tard la danse sexy, il marmonne, les yeux sur l'écran.

— Ok, je souffle en le regardant d'en haut, amusé. Tu fais quoi la nuit, mh ?

— Trop de choses. C'est le week-end, je me repose, il ronronne presque en se recalant plus proche de mon corps, ce qui me fait sourire. Je découvre son petit côté tactile.

— C'est le week-end, donc le temps de s'éclater...

Je caresse ses cheveux. Ils sont doux. Je croirais presque ressentir sa tête bouger d'elle-même contre ma main.

— S'éclater en faisant des danses sexy ?

— Ouais, c'est trop cool les danses sexy.

— Je saurais pas te faire une danse sexy.

— Tu sais danser, non ?

Il hoche la tête contre moi et zappe encore.

— Alors danse. Je mets la musique. Ça viendra tout seul, j'explique avec sérieux en checkant déjà ma playlist.

— Quoi ? Non ! il s'écrie en se redressant tout à coup. (Il me regarde, l'air embêté, puis son visage s'éclaire tout à coup et un sourire nait sur ses lèvres). Oh. Tu étais avec Kyle hier soir ? il dit, narquois, en apportant sa main à mon cou. Tu as des dents, là. (Je touche l'endroit par réflexe. Quel con celui-là).

— Qui te dit que c'était Kyle ? C'est peut-être un mec qui s'appelle Alex ou Robin, ou Steven., je tire la langue.

— C'était Alex, Robin ou Steven ? Il penche la tête de côté et sa main reste posée sur le creux de mon cou.

— Kyle, je réponds avec un petit sourire, ma peau chauffe à son contact. Son pouce caresse l'endroit en le regardant.

— Pas besoin de me dire ça, alors, il lâche un petit rire puis se recouche comme avant, et je me détends un peu.

Ça m'énerve qu'il soit pas jaloux. Il devrait être jaloux. Pourquoi il devrait être jaloux ? Je fronce les sourcils. Trop con Will.

— J'oublie pas ma danse, je susurre en lançant Dirty, de Aguilera. Allez, vas-y.

— Ta danse ? Oui, fais-la si tu veux. Je regarde, il replie ses jambes et bouge la tête sur mes cuisses.

— Très drôle, je grogne. Faut oser dans la vie chéri, vas-y ! Il soupire et se relève.

— Et si on sortait ? Je peux aller me changer.

— Ah ouais ? Ok. Tu peux même te changer en dansant version sexy et tout.

Il me regarde un moment, puis s'avance et s'assoit à califourchon sur mes cuisses, face à moi. Ses deux mains arrivent sur mes épaules.

— Écoute Will. Je sais pas danser version sexy. D'accord ? il fait, l'air sérieux.

À ma droite, le téléphone continue avec la musique, à moitié caché par les coussins.

— Pourtant t'es vachement sexy, là... Je souffle. Il lève un sourcil.

— Bouge en rythme. Vas-y, je tiens sa taille.

Il ne fait rien pendant un moment puis finalement, il se met à bouger les hanches de droite à gauche, puis avec de petits cercles, la tête baissée.

— Ouais, comme ça, je chuchote en regardant son corps sur le mien.

Putain, il est vraiment sexy. Son dos se met à onduler lentement lorsque la musique le permet, son front se pose entre mon cou et mon épaule.

— Bordel...

Mes mains bougent sur ses hanches en rythme avec lui, je suis hypnotisé, ça y est. Il continue à onduler quelques secondes, son torse se rapproche parfois du mien, puis il se rassoit sur mes cuisses. À cet instant, la musique s'éteint.

Et moi, je recommence à respirer. Mes mains se referment sur son dos et je l'enlace sans rien dire. Sa tête glisse jusque dans mon cou et je sens qu'il est chaud contre ma peau. Je caresse tendrement ses cheveux. Ça me fait bizarre, j'ai pas l'habitude d'avoir des gestes doux. Faut dire que jusqu'ici j'avais pour politique de pas m'attacher. Enfin, c'est toujours le cas.

— Ce que tu me fais pas faire, Thomas grogne contre moi.

— Tu le fais super bien. Tu vois que tu sais danser sexy... Je ris doucement.

Il est tout léger contre moi. Son visage se relève doucement, très très rouge, et il me regarde. Ou plutôt, il me sonde, vu ses yeux.

— Si ça c'est pas de la drague, je lui souris. Regarde comme tu es beau... Je caresse sa joue affectueusement alors que mon autre main est toujours au creux de ses reins.

Il baisse les yeux une seconde puis les replace dans les miens.

— Alors c'est comme ça, qu'on te drague ? En étant beau et sexy ? il souffle.

— Ouais. C'est comme ça, je rigole.

— Donc... C'est de la drague pour te donner envie. Pas pour, tu sais. M'apprécier.

Je penche la tête de côté.

— Je t'apprécie déjà.

Il lève une jambe et roule sur le côté avant de se relever.

— Oui, oui d'accord, il souffle. Je vais me changer maintenant.

Il attrape son téléphone et prend les escaliers, et je le regarde partir. J'ai encore dit une connerie ?

Il revient cinq minutes plus tard, totalement vêtu. Je lui fais un sourire et me lance sur mes jambes, j'attrape sa main et on sort.

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