Quatrième leçon - partie 2

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Une fois dans l'ascenseur, il m'a demandé où on allait. J'ai répondu qu'il verrait bien avec un sourire en coin.

On a marché sur quelques kilomètres, j'ai pas lâché sa main. On est finalement arrivés devant le London eye.

— Tu choisis, j'ai décidé. (Y a pas trop de touristes, c'est pas une période vacancière). La roue, Schrek, ou le donjon.

— De quoi tu as envie, toi ? il demande, désormais pendu à mon bras en m'observant.

— Schrek.

— On y va, alors.

— Trop bien !

Je cours vers l'attraction et le tire à ma suite. Il suit docilement, je le vois sourire lorsque je me retourne. On arrive rapidement au guichet et il se dépêche de payer en me poussant de sa hanche.

— Thomas ! Je me fâche. Laisse-moi payer des fois ! Je grogne.

— La prochaine fois, il reprend ma main et me tire pour rentrer, puis la lâche.

— Eh ! On traverse un couloir avec des bruitages et des décors de dessin animé.

— Quoi ? C'est toi qui as choisi ! Il s'offusque, croyant que je râle contre l'environnement.

Je tends ma main, les joues gonflées. Moi aussi je peux être un gamin quand je veux. Il tend la sienne et effleure mes doigts avant de relâcher son bras le long de son corps.

— Tu veux ma main ? il demande avec un air que j'identifie comme malicieux. (Je hoche la tête en faisant la moue). Qu'est-ce que j'ai, en échange... ?

— Toute ma reconnaissance, je lui fais une révérence.

Thomas tend lentement sa main vers moi, et je l'attrape comme si elle allait m'échapper. On avance un peu et une femme nous dit de nous mettre sur la croix au sol, qu'elle va faire des photos. Mon brun tourne le visage vers moi, hésitant.

— Tu veux ces photos ?

— Ouais. Les souvenirs c'est précieux, je lui souris.

— Tu vas les garder ? il penche la tête, l'air étonné.

— Évidemment ! Souris !

Je le tourne face à la caméra et entoure son corps de mes bras, juste derrière lui, ma tête sur son épaule. La photographe sourit, elle a l'air de nous trouver mignon. Normal. On l'est.

Le son de l'appareil photo fuse deux-trois fois avant qu'elle nous envoie un pouce en l'air. Thomas vient de passer ses mains le long de mes bras et caresse mes doigts encore sur son ventre. Je souris toujours, de plus en plus en fait. C'est que je commencerais à m'y attacher pour de vrai à ce gosse...

— Regardez juste encore en l'air, au-dessus de vous ! Nous dit la femme.

— T'as entendu princesse ? Je lui chuchote avant de regarder en l'air.

Il lève la tête et elle se pose sur mon épaule, puis ses yeux s'agrandissent. La photo se prend et je ris comme un con.

— La suite de la visite est à gauche, nous indique la demoiselle.

On suit encore des tas de couloirs et on rejoint un groupe de gens, tous accompagnés de leurs chérubins. Thomas sourit en les voyant tous.

— Alors, tu retombes en enfance ? il chuchote à mon oreille, sur la pointe des pieds.

— Carrément. C'est trop bien.

Quand la fée pose des questions, je suis le premier à répondre, me foutant des gosses qui veulent aussi dire des trucs. Leurs parents me regardent avec un air mauvais et je leur fais des grimaces. Thomas me met un coup dans les côtes lorsque je crie encore une fois à la place d'un petit gosse blond, et je suis interrompu dans mon élan, baissant les yeux sur lui, la bouche encore ouverte, comme pris en faute. Pas juste. Les doigts de mon gamin se serrent sur mon menton et il embrasse ma joue.

— Laisse-les un peu. Tu nous impressionnes déjà tous, il dit, souriant.

— Mais je connais la réponse... Je boude.

À ce moment, une petite fille lève la main et donne la réponse, toute fière.

— Je le savais, je grogne, abattu.

On continue d'avancer et je me fais violence pour rien dire. La visite continue et on visite pleins de pièces super belles et décorées magnifiquement. J'adore la maison de pain d'épice, et je suis super content de montrer des détails que j'ai remarqués à Thomas.

Lui, il ne fait que sourire à chacune de mes exclamations. Il me félicite, aussi. On arrive ensuite dans une espèce de bus, et on met des lunettes 3D. Et là, c'est trop génial, c'est à 360 degrés et j'adore les effets, on s'y croirait. Je passe ma main sur l'épaule de mon petit brun et il se colle à moi. Ses lunettes tapent sur mon épaule et il est obligé de les remettre un peu en place pour bien voir. Je ris et embrasse sa tempe avant de regarder de nouveau un peu partout.

C'est incroyable, ce truc. Et à voir le sourire de Thomas, il doit penser pareil. Tous les enfants s'exclament, crient et rient, aussi. Quand c'est fini, je suis subjugué.

Tout au long de la visite, on nous fait des photos dans pleins de situations loufoques et on prend des poses pas possibles. À un moment, Thomas a même grimpé sur mon dos, les deux bras en l'air.

Maintenant, on est devant une des employées qui nous montre un album photo de tout ce qu'on a fait durant l'heure et demie qu'a duré l'attraction et je m'émerveille. Il est trop mignon sur toutes les photos avec son petit sourire.

— Tu veux le prendre ? me demande le brun en se penchant pour voir à son tour.

— Et comment !

— Ça fait cher.

— Je m'en fous, je cherche dans mon sac et tends un billet. T'en veux un aussi ?

— Tu me prêteras pas le tien ? il sourit en fouillant sa poche.

— Si. Bien sûr, je souris et la femme encaisse ma monnaie et me donne le livre que je regarde comme le Graal.

Thomas lui donne ensuite son argent et elle lui donne un deuxième exemplaire. On repart tranquillement.

— C'était sympa de me faire découvrir ça, il dit en prenant mon bras.

— Je pouvais vraiment te prêter le mien. T'avais pas besoin d'en acheter un...

— Je l'aurai tout le temps chez moi aussi, comme ça. Je pourrai le regarder la nuit, quand j'aurai du mal à dormir.

Il me tire la langue et on ressort sur la place.

— Comme si t'allais le regarder un jour, je souris en coin. Il m'envoie une mine maline.

— Une nuit, j'ai dit.

— Idiot, je ris.

— Quelle heure il est, maintenant ? il me demande en se séparant de moi pour marcher simplement à côté. Je regarde mon portable.

— Seize heures. Tu veux une glace ?

— Nan, merci. T'en veux ?

— Non. Je veux juste encore faire le touriste.

— Je veux bien une glace, alors, il me sourit de toutes ses dents. (Le mien s'agrandit).

— Ok ! Je connais un super vendeur...

Et je commence à lui détailler des trucs que j'aime faire en marchant. C'est pas mon genre de m'exposer comme ça. C'est facile avec lui. Je continue alors qu'il lèche consciencieusement sa glace au tiramisu à mes côtés.

— T'avais raison, c'est super bon ! Tu fais quoi, après ça ? Un autre truc de touristes ? Ou bien tu vas tremper les pieds dans la fontaine ? il me tape l'épaule de la sienne.

Je vois bien qu'il se fout de ma gueule, je lui ai raconté que je faisais ça pendant l'été.

— La fontaine c'est trop bien. On va faire ça, je souris avec malice.

J'ai une idée...

— Faire quoi ? Aller dans un parc ?

— Tremper nos pieds dans l'eau.

— Si tu veux, oui. Je te suis.

Je tends la main de nouveau. Il souffle. Il sourit. Puis ses doigts viennent se serrer sur ma paume, et je repars avec un énorme sourire sur le visage. On trouve un parc et une fontaine.

— Enlève tes chaussures !

Je me débarrasse déjà des miennes et remonte mon jeans. Il fait de même lentement et finit avec son jeans serré au niveau des genoux. Ses pieds sont nus et il grimpe sur le rebord. Je pose mon sac par terre un peu à côté et y dépose tous mes objets de valeurs. Je sens qu'il me regarde faire et lui conseille de faire de même. Il pose son téléphone sur mon sac en secouant la tête.

— Tu me prends vraiment pour un idiot, il dit. Allez vas-y, il tend les bras de chaque côté de son corps et me regarde.

— Je sais. Je voulais que tu te portes volontaire... Je dis avec un air de prédateur avant de lui foncer dessus façon prise de rugby, ce qui nous fait valser tous les deux à l'eau.

Les éclaboussures jaillissent autour de nous alors que son dos finit par heurter lentement le sol de la fontaine, chute heureusement amortie par l'eau. Il doit pousser sur le fond puisqu'on se retrouve rapidement à la surface.

— T'as un peu d'eau là, je lui fais remarquer en lui en remettant sur la figure.

Il grogne et se jette sur moi à son tour, entourant mon corps par ses jambes et il réussit à me garder plusieurs secondes sous l'eau. J'en ressors à moitié étouffé et riant aux éclats. Je me suis pas amusé comme ça depuis tellement longtemps. Je le rebalance sous l'eau, aidé par ma force même s'il m'échappe toujours aussi facilement qu'une anguille. Il a juste le temps de se boucher le nez rapidement avant de boire la tasse.

Je le laisse ressortir et l'observe, les joues rougies, reprendre sa respiration. Il tousse un peu avant de sourire à nouveau et de retousser. Je tapote et frotte son dos, tendrement.

— Brutasse, va ! il lance en riant avant de se mettre en tailleur, toujours dans le bassin.

Je fais pareil, trempé de la tête aux pieds. Je caresse sa joue et souris. Ça réveille un truc là dans mon ventre. Je continue de le regarder quand tout à coup, sans m'y attendre, je me prends une giclée d'eau en pleine figure, qui me laisse pantois deux secondes.

— T'as osé, je siffle avec un air très clair sur mon visage : ma vengeance, tu vas te la bouffer bouillante mec.

Il se lève aussitôt et sort de la fontaine. Il regarde rapidement autour et finit par courir dans l'herbe pour s'y allonger.

Je me lève et cours jusqu'à lui, glacé par le vent londonien. Je me mets à califourchon sur lui ; il me réchauffe par la même occasion.

— J'étais obligé de faire ça. C'était trop tentant, tu comprends, il sourit et passe ses bras au-dessus de lui pour tenir sa tête. C'était cool, cette journée, il reprend en m’observant.

— C'est pas fini surtout.

Je me penche sur lui pour m'allonger de tout mon long, toujours à califourchon. Son corps réchauffe le mien, c'est confortable...

— Tu fais la couverture ? il dit en prenant le bout de mon tee-shirt qui pend pour l'essorer. (De l'eau coule sur l'herbe). C'est pas fini ? On va pas rester comme ça, quand même ? Et les affaires ! Va les chercher !

— Non. Avant je dois te donner ta troisième leçon.

Il passe ses bras dans mon dos pour me serrer.

— Voilà, c'est fait, je t'ai câliné en public ! Va les chercher maintenant, avant qu'on nous les vole !

— C'est pas la troisième leçon... Je m'amuse. Mais ok. J'y vais, je me redresse.

Lorsque je reviens, il est assis en tailleurs et arrache distraitement quelques bouts d'herbe.

— Au cinéma tu m'as dit que la leçon était de câliner.

— La deuxième leçon, je m'assois en face de lui.

— Non non ! La première, le dire, la deuxième, draguer, la troisième, câliner, il récite.

— Merde, tu t'en souviens mieux que moi. Tu feras le décompte pour les prochaines, je grogne. Et tu me diras quand tu veux passer à la suivante... Je souris malicieusement. Il me regarde en penchant la tête.

— C'est toi qui gères ça. Tu t'emmêles ? le coin de sa lèvre s'étire.

— Pas du tout. Je suis juste un peu fatigué, je grogne en passant à quatre pattes derrière lui. Viens me réchauffer.

Il tourne seulement le visage et je le vois tout sourire.

— On est pas très loin de chez moi, on pourrait rentrer, il dit en jaugeant ma position pour pouvoir s'installer contre moi.

— On ira après, je soupire. Je prendrai une bonne douche dans ta douche spa massage que je rêve d'essayer depuis que je l'ai vue.

Ses pommettes se relèvent et ses yeux sourient. Il se penche un peu plus en arrière et son dos finit par être totalement appuyé contre mon torse, ses mains sur mes genoux autour de lui.

— Quelle idée de se tremper sans pouvoir se sécher, hein, il dit en bougeant ses doigts à la limite de mon jeans relevé.

— J'ai pas pensé à la logistique d'après. Ça avait l'air drôle sur le moment, je frissonne.

— Donne-moi mon téléphone.

— Pourquoi ?

Je fouille dans mon sac et lui tends quand même. Curieux, je me penche sur son épaule dès qu'il l'attrape pour voir ce qu'il compte en faire. En quelques clics, il a enclenché l'appareil photo et tient son portable en l'air devant nous, et je souris de toutes mes dents.

— Trop bien, encore des souvenirs, j'embrasse sa joue.

Il tapote plusieurs fois sur son écran puis ramène le téléphone à nous. Il y a trois photos, une où je souris comme un idiot, une où je l'embrasse, et il sourit, et la dernière où je l'embrasse et il ferme les yeux. Son tee-shirt colle à sa peau sur toutes et nos cheveux sont pas en super état. On est trop beaux.

— Merci, je dis d'une voix reconnaissante. C'est trop bien.

Je me laisse tomber en arrière et l'emporte du coup avec moi.

— C'est vrai. Merci pour la glace, aussi, il étend ses bras de chaque côté pour toucher l'herbe.

— Merci pour tout le reste, je parle à voix basse, yeux fermés.

Ses mains viennent trouver les miennes et il les rabat sur lui.

— Eh, t'endors pas hein. Je pourrai jamais te porter jusqu'à chez moi, il fait en échappant un petit rire.

— Mais si. T'es fort, non ? Je souris sans ouvrir les yeux.

— T'es trop grand. Je pourrais porter une fille petite et réservée mais pas toi !

Je grogne. Il fait chier avec ses filles là. C'est nul les filles. Ça braille. Il roule du dos pour trouver une meilleure position puis soupire.

— Il commence à faire froid.

— On y va.

Je me redresse, mais lui ne fait aucun effort et je suis obligé de pousser sur mes mains pour le faire s'asseoir avec moi.

— Motive-moi, il grogne en posant sa tête sur mon épaule.

— Douche chaude, Je murmure. Avec des jets d'eau trop bien.

— Fais-moi un bisou.

J'embrasse son front. Une seconde après, il est debout et me tend sa main pour m'aider.

— Je sais pas par où c'est le plus court. Cette rue là-bas, ou celle d'à côté.

Je le regarde avec de grands yeux. Ce gosse, putain. J'attrape sa main et me relève.

— Je te suis chéri.

Il a l'air d'apprécier que je l'appelle chéri et pas princesse, au vu de son sourire. J'attrape mon sac et on sort du parc pour emprunter la première rue qu'il a désigné. On marche pas longtemps, mais on est tellement trempés que c'est hyper désagréable avec le frottement de nos fringues. Quand on tourne au dernier coin de rue, je suis étonné qu'on ait fait si vite. Je passe par l'autre côté d'habitude, alors je connaissais pas celui-là. Enfin, d'habitude... Les deux fois où je suis venu quoi.

Thomas passe devant moi pour rentrer dans l'immeuble et lorsque je passe la porte à mon tour, sous le regard surpris du portier, l'ascenseur est déjà ouvert et il est déjà dedans. Je le suis et j'attends que les portes se referment.

— Tu me prêteras un truc ? Un short plutôt, parce que tes pantalons vont m'arriver aux genoux.

Il tire la langue et acquiesce. Soudain, lorsqu'on arrive au deuxième étage, l'étage avant le sien, il semble réaliser quelque chose.

— À cette heure, c'est possible que ma mère soit rentrée et que mon père soit avec elle.

— Tu rigoles ? J'écarquille les yeux. Pas quand je suis dans le pire état du monde, pi-

La porte s'ouvre. Et merde.

Ses parents sont là sur le canapé à regarder une émission, dos à nous. Seul le bruit de l'ascenseur indique notre présence mais ils ne se sont pas retournés. Thomas s'avance jusqu'à eux.

— Salut. Y a Will, avec moi, il dit en me désignant, sur le pas de l'ascenseur. On est trempés, on monte se doucher.

— Bonjour...? J'hésite avec un petit geste de main maladroit.

La mère se lève en premier, elle fronce les sourcils mais m'accueille d'un joli sourire.

— Bonjour, Will. Je ne m'attendais pas à voir quelqu'un. Marc, tu pourrais te lever quand même.

Elle réprimande son mari et celui-ci se lève pour me serrer la main.

— Vous pouvez y aller, les serviettes sont dans le meuble, reprend la mère du gamin.

— Merci, Madame.

Je serre sa main. Elle est toute petite, cette dame. On voit que c'est sa mère. Elle a les mêmes yeux que lui aussi. Elle a l'air douce. Thomas vient déjà de s'enfuir par les escaliers. Je regarde dans sa direction avec hésitation.

— Bon, bah, je vais... Je vais y aller.

— Oui, bien sûr vas-y. Bonne douche !

Elle me sourit et se rassoit sur son canapé, et moi je file. J'ai laissé des flaques d'eau, va falloir que je pense à nettoyer... Je monte les marches et arrive dans la salle de bain collée à la chambre du petit.

Des serviettes sont sorties mais la pièce est vide. Je regarde un moment la douche spa et je sens Tom arriver derrière moi.

— Je pose tes habits là, c'est ce que j'ai de plus grand.

— Oh, ouais, merci. (Je regarde les fringues. Un t-shirt, un short, ça me va très bien). Je vais essayer de faire sécher les miens.

— Y a le sèche serviettes là-bas, si tu veux, il me montre les barreaux accrochés au mur.

— Je savais même pas que ce mot existait... Je grommelle en enlevant mon pantalon.

On vit pas dans le même monde. Il me sourit.

— T'as juste à les poser dessus et ça chauffe. T'as besoin de quelque chose d'autre ?

— Tu prends ta douche avec moi ? Je souris malicieusement, et j'ai le cœur qui tambourine. (Son nez et ses sourcils se froncent alors qu'il s'adosse contre la porte. Il me regarde). Ok, ok, pas de douche ! (Je lève les bras en l'air, puis finis par enlever mes chaussettes). C'était juste pour économiser l'eau... Il sourit un peu plus, comme amusé.

— Rien besoin, alors ? Je pense que t'as tout. Tu m'appelles sinon, je suis juste à côté. Enfin, après je descends me doucher en bas.

— Rien besoin. Pourquoi tu te douches pas ici après moi ?

— Je vais tout mouiller en attendant.

— Prends une serviette. Je vais pas te l'arracher, je hausse les sourcils.

— Alors quoi, je me mets dans une serviette et j'attends sur mon lit ? Autant aller en bas pour finir en même temps, non ?

— Ok. Je sais pas. D'accord. À toute, je le pousse jusqu'à la porte. Je fais vite alors.

Je referme derrière moi et m'appuie contre celle-ci. J'entends ses pas s'éloigner et sa porte de chambre se fermer, et je soupire, calmant les battements de mon cœur. Tant mieux qu'il ait pris ma proposition pour une blague. C'est une bonne chose finalement. Moi non plus je suis pas prêt à tout lui montrer, j'aurais dû répondre à ses questions.

J'entre dans la douche et profite du jet divin. C'est incroyable le luxe dans lequel il vit. Il s'en vante pas, pourtant. Mais cette douche ? Une tuerie ! J'ai même pas le temps d'essayer tous les boutons. Je peux même mettre la radio et je parie que cet écran là c'est une mini télé. Je vivrais dans sa douche si je pouvais. Mais toute bonne chose a une fin, alors je ressors.

J'entends des bruits de l'autre côté de la cloison, il doit être revenu. Je m'habille rapidement, son short est presque trop petit, ça me fait rire. Je sors de la pièce et me retrouve nez à nez avec Thomas qui voulait apparemment toquer à la porte. Je lui souris.

— Je te manquais déjà ?

— Enooormément, il ironise, puis me regarde de haut en bas. C'est un short moulant, en fait. Je savais pas, il a un sourire en coin.

— Ce que tu vois t'intéresse ? Je m'amuse.

Il me saute dans les bras, les mains accrochées derrière ma nuque, sur la pointe des pieds.

— Merci pour aujourd'hui, il souffle en me serrant, puis il s'éloigne jusqu'à sa chambre. Tu as pu te débrouiller pour tes vêtements ? il demande naturellement lorsque je le suis, encore hébété par son élan d'affection auquel je suis pas habitué.

— Ouais, ils sèchent sur le... Sèche-serviette.

Il acquiesce.

— Tu veux faire un truc ?

— Je sais pas. Tu veux ? Je le rejoins sur le lit.

— Ouais. Il fait beau et on a encore du temps avant de reprendre les cours. Faut profiter.

— Et tu proposes quoi ?

— On prend ma moto, et on part quelque part.

— Maintenant ? Il doit être plus de dix-huit heures trente, il roule sur le matelas pour regarder son réveil et effectivement, il est sept heures moins le quart.

— Ça nous laisse plus de vingt-quatre heures... Je souris en coin. Il me regarde et hausse un sourcil.

— Explique-toi.

— On part. On s'arrêtera dans 2-3 heures dans un B&B ! Allez ! Allons découvrir des endroits qu'on connaît pas !

Il a l'air de plus en plus sceptique.

— Et je dis quoi à mes parents ? Que je dors chez toi ?

— Exactement.

Il soupire.

— Je sais pas. T'es sûr de toi ?

— On peut jamais être sûr de rien dans la vie. Allez, prépare ton sac !

Il se lève en râlant.

— J'aime pas leur mentir. Tu sais bien conduire au moins ?

— Bien sûr que je sais conduire. Fais-moi confiance. T'as qu'à leur dire la vérité si tu préfères. On va faire une balade jusqu'à demain. Oh, il fait beau, on pourrait même prendre une tente, ça évitera les dépenses inutiles !

— Et on la met où la tente sur ta moto, idiot ? J'en ai que des grosses, ça prend bien trop de place dans un sac.

Il est face à son armoire et attrape des habits.

— Je fais souvent ça, j'ai ce qu'il faut, je mettrai dans le top case.

Il secoue la tête en posant son sac sur le lit, dans lequel il met le nécessaire.

— Ce que tu me fais pas faire, il répète pour la deuxième fois de la journée.

— C'est trop génial ! Je sautille sur place comme un gamin.

Dix minutes plus tard, on marche en direction de chez moi. On est au rez de chaussée, je lui ouvre la porte.

— Bienvenue dans mon manoir, je me marre.

On arrive directement sur la petite salle à manger-salon-cuisine, et ma mère est là, regardant la télé.

— Bonjour Madame, il dit aussitôt en s'avançant vers elle.

Elle relève des yeux surpris et se redresse, refaisant les plis de sa jupe.

— Bonjour ! Tu nous présentes, Will ? Elle sourit en faisant déjà la bise à mon petit brun.

— Maman, Thomas, Thomas, ma mère, Kathryn.

— Appelle-moi Kate ! Elle lui sourit.

Le sourire de ma mère est trop beau, il donne envie de lui faire des câlins. Tom acquiesce en lui offrant un sourire à son tour. Ma mère se retourne alors vers moi et pouffe devant mon accoutrement, j'ai dû garder le tee-shirt et j'ai seulement remis mon pantalon.

— Va donc te changer, je t'accompagne, elle dit en me poussant déjà dans ma chambre.

Thomas me regarde et sourit faiblement, restant seul dans le salon. Une fois dans ma chambre, ma mère me toise encore avec une mine amusée.

— Je vous ai vus en ville, tout à l'heure, elle dit seulement alors que j'enlève le tee-shirt du gamin.

— Ouais ? Tu nous as vus nous chevaucher comme des bêtes en public ? Je me marre. (Elle roule des yeux en me regardant). Je plaisante. Tu nous as vu quand ?

— Je sais pas. Vous étiez main dans la main sous London Eye.

— Oh, ouais. C'est juste, on est comme ça. Mais on est pas ensemble, je corrige. (Elle hoche lentement la tête.) On se connaît depuis à peine plus d'une semaine. Juste, on s'entend bien. Je crois. Je l'aime bien.

— D'accord. Tu repars ? elle demande en me voyant sortir mon sac.

— Ouais. On revient demain soir, promis, je lui souris.

— Encore tes voyages au hasard ? Elle demande avec un petit sourire.

— C'est les meilleurs.

— Avec lui, mh ? elle pose une main sur la poignée en me souriant bêtement.

— Ouais. Il est d'accord. Je suis content qu'il ait envie de venir avec moi. Ça me changera d'avoir quelqu'un.

Elle hoche la tête puis sort de ma chambre, toujours avec cet air entendu.

Je finis de préparer mon sac et on est sur le point d'y aller quand ma mère nous invite - nous oblige - à rester manger et partir un peu plus tard. Quand je refuse - c'est déjà sept heures ! - elle nous fait des sandwichs pour la route. Je la remercie et l'embrasse avant de partir. Dès que la porte se referme, Thomas se tourne vers moi.

— T'as pas des cachets à prendre ?

— Si, en mangeant. On s'arrêtera dans une heure, si ça te va.

Il hausse les épaules. Il a son petit sac sur le dos, une main agrippée à sa sangle.

— Merci de t'inquiéter. (J'embrasse sa tempe et passe devant lui jusqu'à ma moto). Donne-moi tes affaires, je dis en posant déjà les miennes devant la bécane. Il me file son sac et me regarde les ranger.

— Elle est belle.

— C'est vrai. C'est une Kawasaki Ninja. J'ai bossé un an dans un club de natation pour me la payer, je souris et ouvre un des coffres latéraux.

— Bravo, il sourit en attendant que j'aie fini pour pouvoir y grimper.

J'attrape le casque cadenassé au guidon et je lui en passe un, rangé dans le top case arrière.

— Ils ont des micros intégrés, si tu me parles je t'entends, idem pour moi, je précise avant de mettre le mien. (Je me pose sur ma moto et la démarre, et je me positionne déjà dans la bonne direction). Grimpe. Et tiens-toi bien !

— T'inquiète, j'ai l'habitude, je l'entends dire et tout de suite je sens son poids plume qui n'abaisse qu'un peu l'engin. Je démarre.

— Tu veux qu'on aille chercher ton casque ? Une veste ?

— Nan, le tien va très bien ! Et j'ai... Attends, je le sens redescendre. (Il sort une veste en jeans de son sac et la passe, puis remonte et pose ses mains sur mon ventre). Vas-y !

— Ouais, ça suffira, je dis avec une petite moue. On y va !

Il resserre un peu ses doigts, puis les enlève totalement de mon corps. On roule finalement presque deux heures avant que je m'arrête à Gloucester pour manger les sandwichs. Il fait déjà nuit, on se pose sur un banc dans la ville et je lui en tends un au jambon.

— Tu fais ça souvent ? il me demande en croquant dans le pain.

— Ça m'arrive, je confirme. J'essaie de le faire au moins tous les deux mois. Ça change du quotidien.

— À qui ai-je pris la place ?

— Un fantôme, sûrement, je rigole. Lydia est déjà venue une fois y a six mois, mais les autres c'est pas trop leur truc. J'y vais seul en général, je hausse les épaules et sors mes médicaments.

— D'accord. C'est cool, de m'avoir emmené.

— C'est cool que t'aies accepté, il sourit et croque à nouveau dans son sandwich.

— Et tu viens ici, et après tu dors en tente tout seul ?

— Ça dépend de mon humeur, de mes économies et du temps. Mais non, je change toujours d'itinéraire. Je suis passé ici qu'une fois.

Il acquiesce à mes côtés.

— On continue ?

— Oui, bien sûr, il se relève et me regarde, toujours souriant.

Il ne s'arrête jamais.

— Top. J'ai une idée d'où on va aller. C'est pas loin.

On remonte.

Bon, en vrai, c'était à une heure et demie de route. Mais quand même, quand on voit la Manche, je me dis que ça en valait la peine. On s'arrête finalement à Poole, une petite ville côtière, et rien qu'à en voir les paysages de nuit, j'ai hâte de me lever demain. On va sur la plage et on installe la tente rapidement.

Thomas installe encore les matelas auto-gonflant dedans quand je reviens du petit tour pour m'assurer que la moto va bien.

— C'est trop bien ! Fais lever le soleil ! Je lui dis en courant vers lui.

Il sort la tête puis se relève en riant. Je le prends dans mes bras et le fais tourner vite, il est tellement léger. Ses jambes ont juste le temps de s'accrocher aux miennes et ses bras d'entourer mes épaules pour ne pas tomber.

— Eh ben ! il crie en tournant encore. Le sable te fait un sacré effet !

— Le meilleur effet ! C'est trop cool ! On va mettre les pieds dans l'eau !

Je le lâche en le faisant glisser contre moi. Et ce con se rattrape pas et atterrit les fesses dans le sable à mes pieds.

— Va les mettre toi, j'aime pas avoir les pieds tous collants après. Et j'ai eu assez d'eau pour aujourd'hui, il ricane.

— Allez viens.. Je te les sécherai.

— Vas-y toi. Je t'attends, il sourit et se couche, mains derrière la tête.

— Mh... Non, c'est bon. Je reste avec toi.

Je m'assois à côté de lui en triturant le sable devant moi. Je l'entends souffler après quelques secondes, puis il est debout et me tend la main.

— Ce que t'es chiant. Ramène ton cul, on va mettre les pieds dans l'eau.

— Yes ! Je crie en me relevant.

J'attrape ses jambes et le fais basculer en le portant comme une princesse. Trop cool. J'enlève ses chaussures en marchant et les laisse tomber au sol, et je remonte son jean. On arrive dans l'eau, putain ce que j'aime le bruit des vagues...

— Même pas besoin de mouiller tes pieds, je lui murmure.

Lui, il s'accroche à moi avec ses bras, la tête dans mon cou. Il me répond en m'y embrassant là, tout doucement, et ça me fait frissonner. Je regarde le paysage, la lune qui se reflète dans l'eau, les étoiles qu'on voit super bien. Je suis comblé, tellement heureux et reconnaissant de pouvoir voir tout ça.

— C'est beau. T'as bien fait de me sortir du canapé, murmure mon brun dans mes bras.

— C'est mieux qu'un canapé hein, je souris en le regardant.

Il hoche la tête et soupire, puis la laisse tomber à l'envers. Je ris encore et regarde de nouveau autour de nous. L'eau est glacée.

— Tout est prêt dans la tente ?

— Yep.

— Cool. Merci.

Je sors de l'eau sans le lâcher et le laisse descendre seulement quand on arrive devant la tente.

— Tu vois, pieds toujours secs, je ris.

— C'est parfait, il remue ses orteils.

Je prends une serviette dans mon sac et essuie mes pieds avant d'entrer dans la tente.

— Tu prends quel côté ? me demande Thomas en s'engouffrant à son tour.

— C'est égal. Comme tu veux.

— Alors je prends le milieu, il dit et il s'étale au centre des matelas, comme une crêpe.

— Alors je le prends aussi.

Et je m'étale sur lui.

— Non, toi tu dors dehors, il grogne.

Il secoue un peu les fesses pour me déloger, et je m'étire sur lui.

— Arrête. J'ai le plus confortable des matelas là.

Il continue de bouger sous moi. Je roule finalement sur le côté et tombe à sa droite. Je le pousse un peu avec mes jambes. Il prend de la place pour un mec si petit.

— C'que t'es chiant ! il grogne en se retournant tout d'un coup sur le dos, souriant.

— Mon garçon se rebelle de nouveau... Je nargue en lui tirant la langue.

— Chut.

— Tu veux dormir ? Je me rapproche de lui, une main sous mon oreiller.

— Dis, c'est quoi la leçon dont tu voulais me parler au parc ?

— La quatrième leçon ? Je raille. Il hoche la tête et étend un peu plus ses jambes.

— J'trouvais que c'était le moment idéal pour la quatrième leçon et j'ai tout fait foirer juste parce que comme un con j'me suis planté dans les numéros, je grogne.

Il rigole.

— Il faut attendre d'être à nouveau dans un parc, alors ?

— Je sais pas. C'est un bon moment aussi maintenant... Je lui souris en le regardant, seulement éclairé par la lampe de mon téléphone portable. Lui il a les yeux fermés.

— Ben alors, dis-moi.

— À toi de réaliser ta leçon.

— Mais c'est quoi ? il tourne la tête vers moi et me regarde. Tu me l'as dit ?

— Non. Je te la dis maintenant. Embrasse-moi.

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