49 - Debbie / Killian

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Debbie

Je jette un coup d'œil dans mon miroir pour vérifier mon look. Parfait. Avec cette petite jupe noire plissée, mes collants en laine et mon pull rose qui découvre mon épaule, Killian va vite comprendre son erreur. Je vais lui faire amèrement regretter d'avoir ignoré chacun de mes messages hier. Son attitude m'exaspère de plus en plus. Depuis mardi, il joue avec mes sentiments et je ne le supporte plus. Un coup, il m'embrasse comme si sa vie en dépendait et juste après, il me rappelle que nous sommes qu'amis, voire je deviens carrément une inconnue à laquelle il ne répond même plus.

Un trait d'eye-liner plus tard et je hisse mon sac de cours sur mes épaules, prête à affronter cette nouvelle journée qui risque d'être vraiment chaude, vu comme je suis déjà bien remontée. En même temps, c'est de sa faute aussi si mes nerfs sont en train de me lâcher. Je déteste qu'on me prenne pour une cruche.

Arrivée en bas, je passe par la cuisine pour claquer un bisou sur la joue de ma mère avant de partir. Assise devant une tasse de café fumante, elle me sourit. Elle a décidé de rester à la maison cette semaine au cas où Lucy… en fait, non, je ne veux pas y songer, parce que je suis certaine que ma meilleure amie va s'en sortir et qu'elle et mon frère seront à nouveau heureux. Hors de question que je les perde tous les deux. S'ils venaient à disparaître… Non, ça non plus je n'ai pas envie d'y penser. Lucy est forte, Killian l'a dit lorsque Logan, éploré, lui a promis de la suivre si elle passait de l'autre côté. Son bras autour de mes épaules, il m'a certifié qu'elle s'en sortirait. J'étais sceptique jusqu'à ce qu'il colle ses lèvres sur ma tempe. Comme par enchantement, je me suis mise à y croire dur comme fer.

Pour le moment, l'état de Lucy est stable, mais les médecins ne se prononcent toujours pas. En milieu de semaine, selon eux, ils devraient enfin pouvoir nous donner un véritable verdict.

— À quoi tu penses ?

Je pose les yeux sur ma mère qui me regarde avec un air soucieux.

— À Lucy.

Elle hoche la tête, un léger sourire compatissant sur les lèvres.

— Elle va s'en sortir. Dans quelques jours, je suis certaine que vous serez tous les trois réunis ici… D'ailleurs, ton frère est parti tôt ce matin, il t'a dit s'il devait passer la voir avant d'aller en cours ?

Étonnée, je fronce les sourcils. J'essaie de me souvenir s'il m'a dit quelque chose hier, mais rien ne me revient en mémoire. Je me rappelle juste qu'il est rentré totalement détendu, ce qui m'a plutôt semblé bizarre. Mais, avec lui, on peut s'attendre à tout, donc je n'ai même pas relevé. De toute façon, j'étais bien trop occupée à pester dans mon coin contre Killian.

— Non, il ne m'a rien dit du tout, mais je suppose que oui. Tu sais, maman, Lucy est tout pour lui.

— Je n'en ai jamais douté une seule seconde et ils s'aimeront encore longtemps.

Ouais, espérons juste que leur histoire ne s'achève pas comme celle de Tristan et Iseult.

— Je vais y aller, sinon je risque d'être en retard.

Je pose un nouveau bisou sur sa joue et pars récupérer mon manteau à l'entrée, avant d'aller rejoindre ma voiture.

Arrivée au lycée, je suis surprise de ne voir que Kate et Kim m'attendre. D'habitude, Killian et Reed sont là également. Qu'ils soient tous les deux en retard me surprend. Ce n'est dans les habitudes d'aucun des deux. Si je pensais parler au beau gosse qui a un drôle d'effet sur mon cœur avant le début des cours, c'est raté.

— Les mecs ne sont pas avec vous ? demandé-je aux filles en les rejoignant.

— Non. Pourtant, c'est étonnant, parce que leurs bagnoles sont là, me fait savoir Kate, en me désignant plusieurs emplacement d'un signe du menton.

Je pose mes yeux aux endroits qu'elle me désigne et, en effet, leurs trois voitures sont bien à leurs places habituelles, même celle de Logan. C'est quoi leur foutu délire, là ? J'espère qu'ils ne sont pas en train de comploter des conneries dans notre dos.

— J'ai bien l'impression que les gars nous ont posés un lapin, intervient Kim.

Elle n'a pas tort et je déteste ça.

— On a qu'à y aller, nous suggère Kate en replaçant une mèche derrière son oreille. Tant pis pour eux.

Alors que nous traversons le couloir qui mène à nos casiers, je zieute à droite et à gauche à la recherche des trois types qui nous ont lâchement abandonnées. En vain. Ils semblent s'être volatilisés. Ils ont séché ou quoi ? C'est quand même hallucinant de ne les voir nulle part.

Ce n'est qu'après avoir déposé mes affaires dans mon casier que je finis par tomber sur eux… en bonne compagnie. Très bonne même, vu les gestes que ces filles se permettent envers eux. Devant cette scène, je ne sais pas ce qui m'écœure le plus : voire l'autre blonde se coller à mon frangin alors que sa copine est entre la vie et la mort ou que McKenzie semble totalement avoir zappé mon existence entre les bras de cette rousse aux courbes bien plus avantageuses que les miennes. Quel enfoiré ! Et dire que samedi, il m'a pété une durite parce que Caleb me parlait.

La fête de Kate est vraiment géniale ! Je suis en train de discuter tranquillement avec Caleb au sujet d'un article sans importance quand Killian débarque sans crier gare. Je n'ai même pas le temps de rouspéter, qu'il enroule ses doigts autour de mon poignet et me tire jusqu'à l'extérieur dans un coin isolé des autres. Si je ne le connaissais pas, il me foutrait presque la trouille.

— C'était quoi ça ? grogne-t-il.

Les sourcils froncés, je le regarde perplexe. J'aimerais bien qu'il s'explique un peu mieux, parce que, là, je suis totalement larguée.

— Vas-y, fais ton innocente ! Tu sais très bien de quoi je parle !

Devant son ton accusateur, j'écarquille les yeux. D'un, je ne vois pas ce que j'ai bien pu faire de mal. De deux, il n'est ni mon frangin, ni même mon mec. Et ça, je l'ai bien compris depuis qu'il m'a dit d'oublier notre baiser.

— Non, pas vraiment ! Donc, soit tu m'expliques, soit j'me casse. Choisis, McKenzie.

Il plante un regard si noir dans le mien que j'en frissonne.

— Pour aller le retrouver ?

Le retrouver ? Mais de qui il parle ? De plus en plus sidérée par son attitude, je croise les bras sur ma poitrine et secoue la tête.

— Qu'est-ce que t'as bu pour être dans un tel état ?

Son regard s'obscurcit encore plus, si bien que j'ai l'impression d'avoir sorti la plus grosse connerie de ma vie. Sous son air menaçant, je ne peux m'empêcher de reculer jusqu'à ce que je percute le mur dans mon dos. Prise au piège, je n'ai plus aucun moyen de m'échapper et pour le coup, je balise un peu. Il a vraiment l'air furax, même si j'en ignore la raison.

— Je ne bois pas, me souffle-t-il à quelques centimètres de mes lèvres.

Son souffle me caresse avec une telle délicatesse que ma peau se recouvre de chair de poule. Cependant, je n'oublie pas qu'il est en train de me faire une crise et je n'en connais toujours pas la raison.

— Alors, si ce n'est pas l'alcool, c'est quoi le problème, McKenzie ? T'as encore tes règles ?

Un léger rictus étire ses lèvres une seconde, avant qu'il ne s'efface avec autant de rapidité.

— Mon problème, c'est ce gars qui te tourne autrour, avec une seule putain d'idée en tête, monter avec toi à l'étage !

Je le scrute, perplexe, jusqu'à ce que la lumière fasse jour dans mon esprit. Bordel, il est jaloux à cause de Caleb !

— Ne me dis pas que t'es jaloux parce que je discutais avec Caleb. Au cas où tu l'aurais oublié, c'est toi qui…

Sa bouche se plaque sur la mienne avant même que je puisse achever ma phrase. Son baiser est dur, brutal, comme s'il voulait me prouver à quel point ça l'a rendu furieux de voir un autre gars me tourner autour. Lorsque sa langue vient s'enrouler autour de la mienne, je perds la tête. J'agrippe ses cheveux pour le rapprocher encore plus de moi. Un gémissement quitte mes lèvres alors qu'il approfondit notre échange. Pourquoi est-ce aussi bon avec lui ? Pour rien au monde, je voudrai qu'il y mette un terme.

Hors de moi, après avoir repensé à cette scène, je m'avance vers eux, bras croisés sur la poitrine.

— Ça va ? Je ne vous dérange pas trop ?

Je fixe tour à tour celui qui s'amuse à faire faire des montagnes russes à mon cœur, puis mon frangin, avec un regard noir.

— Si, un peu. Donc si tu pouvais dégager, ce serait pas mal ! me lance celle qui colle Logan.

Je la mitraille du regard, avant que mon frère vienne jusqu'à moi pour me chuchoter quelques mots à l'oreille :

— Ce n'est pas ce que tu crois. J'te jure que je ne pourrais jamais faire un coup pareil à Lu.

Je relève la tête et devant son regard plein de sincérité, je sais qu'il dit vrai. Lucy est la seule qu'il veut à ses côtés. Il est tellement atteint que même si la plus belle femme du monde se mettait à poil devant lui, il la rembarerait. D'un signe de tête, je lui fais comprendre que j'ai saisi, néanmoins il me devra une explication dès que nous serons chez nous.

Je reporte alors mon attention sur le blond. Sa pétasse rousse ne l'a pas lâché, bien au contraire, elle est collée à lui, ses doigts glissent le long de son torse. Voir qu'il la laisse faire me met en rage. Ma main me démange au point d'avoir envie de lui coller dans la figure. Je déteste ce qu'il me fait ressentir quand il m'embrasse. Je déteste qu'il m'ignore. Et je déteste encore plus savoir que je n'étais qu'un jeu pour lui et qu'il m'a prise pour une conne avec sa scène de jalousie.

Je tente, tant bien que mal, de contenir la colère qui brûle mes veines, afin de pouvoir garder mes idées claires.

— Killian, on peut parler ?

Quand il me fixe avec dédain, je meurs d'envie de me ratatiner.

— Regarde-moi bien, tu crois vraiment que j'ai du temps à perdre avec toi ?

Ses paroles viennent me frapper en pleine poitrine. On se côtoie depuis la rentrée, on a passé du très bon temps ensemble, il a été là à me remonter le moral dans les jours les plus sombres et jamais, je n'aurais pu croire que ce mec était salaud à ce point. Je déglutis difficilement, choquée devant son attitude.

— S'il te plaît.

Me voilà, minable en train de supplier un gars maintenant. J'ai dû laisser ma tête et ma fierté quelque part pour réagir ainsi devant lui.

— Tu devrais y aller, me conseille mon frangin sentant que je suis sur le point de me faire humilier en beauté.

J'accroche mon regard au sien, puis j'acquiesce d'un signe de tête. Avant de m'éloigner, je jette un dernier regard à McKenzie. Il ne prête pas du tout attention à moi. Ses lèvres sont bien trop occupées à se poser sur celles de cette fille. Mon estomac se soulève en le voyant faire. Et dire que deux jours plus tôt, il m'embrassait comme si je lui appartenais. Connard !

Killian

Je m'en veux. Non pire que ça, je me hais de l'avoir blessée en embrassant cette fille dont je me fous carrément. Le regard triste qu'elle m'a jeté en arrivant au self à midi m'a hanté tout le reste de la journée. À peine si j'ai pu suivre les deux derniers cours. Mais quel autre choix avais-je ? Lui dire la vérité ? Et si elle s'en fout ? Ma méthode est loin d'être louable, mais je suis certain qu'elle fonctionne. Aucune fille ne supporte qu'un gars joue avec elle comme ça.

Je ne fais que la protéger en prenant le rôle du gros connard de base. Gabson m'a bien fait comprendre samedi soir, après mon retour de l'hôpital, qu'elle serait la première à trinquer si je n'exécutais pas leurs futurs ordres. Ce con m'attendait tranquillement devant mon immeuble pour me balancer à la gueule sa menace. Je ne sais pas d'où il a capté que j'étais proche d'elle, mais il le savait. C'est pourquoi je dois mettre cette distance entre nous, même si elle me flingue. Et quoi de mieux que cette conne qui me colle au cul depuis hier pour faire croire à Debbie que je suis passé à autre chose.

Alors que je rentre chez moi, le moral dans les chaussettes, je décide de faire un saut par l'hôpital. Si Lucy va mieux, ça pourrait me redonner le sourire et me dire que je ne laisse pas mon cœur dans un sale état pour rien. Et si jamais, ce n'est pas le cas, je pourrais toujours lui parler, lui dire tout ce qui me pèse. Je crois que j'ai besoin de vider mon sac.

Logan ne sera pas là, puisque Tundermann l'a obligé à se rendre à la salle de muscu. Mon pote a protesté, mais devant l'insistance de son coach, il a fini par abandonner. Juste une heure, c'est ce qu'il lui a sorti en mimant un lancé de balle pour se calmer les nerfs. C'est largement suffisant pour moi.

Quant à Debbie, ça m'étonnerait que je l'y trouve. Elle doit certainement se trouver avec cet imbécile de…

Putain, c'est quoi le nom de ce mec, déjà ? Tayeb ? Jeb ? Caleb ?

On s'en fout. Ça ne change rien au fait qu'elle doit être avec lui au journal. Ce gars, je ne peux pas le blairer. Sa façon de la mater comme si c'était du tout cuit pour lui me sort par les yeux. Si mon pote ne m'avait pas retenu à midi, je crois que j'aurais été faire ravaler son sourire à ce p'tit con. Pourquoi elle l'a laissé bouffer avec elle aussi ? Surtout qu'elle était super canon aujourd'hui. Rien que de penser à son épaule découverte, j'ai envie de faire demi-tour pour aller la retrouver, la plaquer contre un mur et la dévorer.

Doucement, mon gars, n'oublie pas pour quelles raisons t'as fait une grosse connerie aujourd'hui.

Ouais, je sais, si j'ai embrassé cette fille, c'est parce que j'en ai fait une autre encore pire en allant voir ce putain de gang. Et cette fois, Josh ne peut rien pour moi. Fais chier ! Je vais devoir crever la bouche ouverte en la laissant se barrer dans les bras d'un autre.

Arrivé sur le parking de l'hôpital, j'ai les nerfs à cran. Je dois vraiment cesser de me faire du mal en l'imaginant avec l'autre, avant d'exploser comme une bombe. Je ne me suis toujours pas servi de mes poings dans cette putain de ville, mais là ça me démange de plus en plus, surtout lorsque je pense à sa sale gueule de con. Nerveux, je fourrage dans mes cheveux à plus d'une reprise, avant de sortir de l'habitacle.

Mes pensées continuent à se chahuter alors que je pénètre dans l'hôpital. C'est horrible d'être tiraillé à ce point entre ce que la raison oblige et ce que le cœur décide. Ouais, parce que ça fout un sacré bordel sous mon crâne.

Au moment où j'arrive devant la chambre de Lucy, j'entends une voix lui parler. Cette voix, je la reconnaîtrais entre mille. Elle est si douce, si mélodieuse. Et cet accent me rend dingue. Il est si chanteur. Savoir que ma jolie brunette est ici et non pas avec l'autre con de Caleb ou je-ne-sais-quoi me détend instantanément.

Appuyé contre le chambranle de la porte, les bras croisés, je ne la lâche pas des yeux pendant qu'elle se confie à sa meilleure amie. Je capte très vite qu'elle parle de moi.

— … Tu me connais, je ne suis pas du genre à me laisser marcher sur les pieds, mais là, il me perturbe tellement que je ne sais pas comment réagir avec lui. Je suis sûr que si tu étais avec nous, il te dirait pour quelles raisons il est comme ça avec moi. Alors t'as plutôt intérêt de te réveiller très vite, parce que je crois que si je continue à voir cette fille avec lui, je vais commettre un crime.

Elle laisse passer un silence pendant qu'un tendre sourire s'étire sur mes lèvres. Si elle est prête à commettre un meutre, ça ne peut signifier qu'une chose, elle est jalouse de l'autre greluche.

Elle rassemble ses cheveux sur une seule épaule, laissant à ma vue sa peau dénudée, avant de reprendre la parole. Et moi je bave comme un clebs devant cette irrésistible tentation.

— Même si tu ne l'entendras sûrement pas, je vais te dire un secret. Je crois que… je crois que je suis amoureuse de lui.

À ses mots, mon cœur fait un triple saut périlleux, avant de se casser la gueule quand ma raison lui rappelle que cette fille n'est pas pour nous.

— Enfin, je ne sais même pas pour quelle raison, je te dis ça, parce que lui s'en fout totalement de moi. Il m'a embrassé deux fois et pas des petits baisers, mais ce matin, c'est sur elle que ses lèvres étaient posées. En même temps, comment veux-tu que je lutte face à une cheerleader ? Ces filles sont tellement canons. Je dois lui paraître si fade à côté.

Je veux bien qu'elle pense que je ne ressens rien pour elle, mais hors de question qu'elle se dénigre devant moi. Contrairement à ce qu'elle pense, elle est bien plus jolie que l'autre.

— Tu es mille fois plus belle qu'elle.

Au son de ma voix, elle sursaute, avant de se retourner vivement. Dans un geste rageur, avec la manche de son pull, elle essuie les larmes qui perlent sur ses joues. Son regard s'assombrit en découvrant ma présence par-dessus son épaule.

— T'as l'intention de te foutre encore longtemps de ma gueule, McKenzie ?

Je me mords la lèvre et enfonce mes mains dans mes poches tandis qu'elle se relève pour me faire face.

— Ouais, c'est ça, réponds rien ! De toute façon, tout ce qui sort de ta bouche, ce sont des conneries !

D'un froncement de sourcil, je lui fais capter que je veux bien en prendre plein la tronche parce que je suis un con qui essaie de la protéger, mais il ne faudrait pas non plus qu'elle abuse. J'ai moi aussi horreur qu'on me marche sur les pieds.

— T'as pas l'air d'apprécier que je te sorte ça, tu veux peut-être des exemples tant qu'on y est ? Tu veux que je te rappelle ta p'tite crise de jalousie chez Kate ? Tu vas me faire croire que ça c'était pas de la comédie ? Parce que, excuse-moi du peu, mais si t'avais vraiment été jaloux, tu n'aurais pas été roulé une pelle à cette greluche.

— Je ne lui ai pas roulé de pelle !

Elle émet un rire qui n'a rien de joyeux. Bien au contraire, il est si froid que j'en grince des dents.

— Menteur ! Le pire dans tout ça, c'est que maintenant, je suis certaine que tu vas bien te marrer avec ta pétasse. Je suis sûre que tu as entendu tout ce que j'ai dit à Lucy.

Putain, mais elle ne peut pas se la fermer deux secondes !

— Je ne lui dirai rien, parce que je ne suis pas avec elle.

— Alors, t'embrasses les filles comme ça, pour t'éclater ! Au final, t'es pire que mon frangin !

— Je voulais juste foutre de la distance entre nous. Je voulais que tu voies en moi le connard que je suis, parce que je suis incapable de rester loin de toi. Tu me rends dingue, Deb, pourtant je n'ai rien à t'apporter. Je ne suis qu'obscurité alors que tu es lumière, je veux te protéger de qui je suis réellement.

Quand sa main claque ma joue, je suis plus que surpris. Je ne vois pas ce que j'ai pu lui dire, hormis la vérité, pour la mettre dans cet état.

— Tu disais des conneries, se justifie-t-elle en se mordillant la lèvre.

Et comme chaque fois que je la vois faire un tel geste, je crève d'envie de poser ma bouche sur la sienne. Après ce qu'elle a dit à Lucy, c'est encore plus vrai. Je voudrais être assez fort pour quitter cet endroit, mais comme elle me met à genou, je reste là à fixer ses lèvres qui me narguent sans pouvoir effectuer le moindre mouvement. Même quand elle s'approche de moi, avec ce regard intense qui va finir par me foutre à terre, je ne bouge toujours pas. Ma raison me dit de me barrer avant de commettre l'irréparable, mais l'attrait qu'elle exerce sur moi est bien plus fort que ma volonté. Au moment où son corps frôle le mien, je sais que je suis cuit. Je ferme les yeux pour tenter de résister encore un peu. Mais, quand je sens ses lèvres aussi douces que de la soie, au goût de son gloss à la fraise, mon parfum préféré, c'en est totalement et irrémédiablement fini pour moi. Mon corps et mon cœur prennent le pas sur ma raison. Mon bras s'enroule autour de sa taille pour la rapprocher encore plus de moi. Je veux qu'elle sente l'effet qu'elle me fait. Je veux qu'elle comprenne que malgré mes erreurs, c'est elle que je veux et personne d'autres. Mes lèvres bougent contre les siennes de la plus délicieuse des façons. Ma langue danse avec la sienne. Je veux la goûter encore et encore jusqu'à ne plus avoir les pieds sur Terre. Je veux qu'elle aille toucher les étoiles. Je...

— Je ne vous dérange pas trop ? La présence de ma copine ne semble pas vous gêner non plus !

Putain, merde ! En entendant la voix de son frangin, je grogne de frustration. Qu'est-ce qu'il fout là, lui ? Je ne crois pas être là depuis plus d'une heure ou alors je me suis totalement déconnecté de la réalité en galochant sa frangine. Bordel Il va m'exploser !

Comme un connard, je m'éloigne d'elle sans même la regarder. Je porte mon attention sur son frangin qui me toise d'un œil mauvais.

— J'sais que j'ai merdé ! Ça n'arrivera plus.

Je ne vois rien d'autre à dire pour ma défense.

— T'as plutôt intérêt, mec, parce que ça commence à me saouler de te rappeler sans arrêt cette foutue promesse.

Honteux, je baisse la tête et me masse la nuque.

— C'est quoi cette histoire de promesse ? Logan ne me dit pas que c'est à cause de toi que Killian me rejette sans arrêt !

La voix de Deb tonne dans mon dos. Pas besoin de plus pour savoir qu'elle est hors d'elle. Pour le coup, il aurait mieux fait de se la fermer, parce que je ne vois pas comment on va pouvoir lui expliquer à présent.

— Ce n'est pas la faute de ton frère, mais la mienne, avoué-je à ma jolie brunette en me retournant pour lui faire face.

Les bras croisés sur la poitrine, elle me lance un signe du menton afin que je lui fournisse un peu plus d'explications. Je me mords la lèvre nerveusement, incapable de lui en dire plus, car si je lui avoue tout, elle va me fuir sans aucun doute. Et une part de moi, une très grande même, n'a aucune envie de la perdre.

— En voulant sauver, Lu, ce p'tit con t'a foutu en danger. C'est la raison pour laquelle lui et toi, c'est mort.

Face à la révélation de son frangin, Debbie fronce les sourcils, perplexe.

— Comment ça ?

— J'ai grave merdé. Je suis allé les voir pour les rejoindre. Je ne pouvais pas laisser Lucy entre leurs mains. Je… je voulais vraiment vous aider et...

— Quand ?

Une drôle de lueur traverse son regard, elle semble à la fois déçue et attristée.

— Après notre rencard à la patinoire.

Elle mordille sa lèvre, tout en hochant la tête. Elle doit se souvenir autant que moi de ce qu'elle m'a dit ce jour-là.

— Je t'avais pourtant demandé de ne rien faire ! crache-t-elle après un moment de silence.

Sa colère m'atteint en plein cœur. Je tente un pas en-avant pour m'excuser, mais d'une main tendue devant elle, elle m'ordonne de rester à ma place.

— Écoute …

— Non, ferme-la, McKenzie ! Tu m'as menti, mise en danger et t'as joué avec mes sentiments, alors ne t'approche plus jamais de moi ! Je ne veux plus te voir. Même ton amitié, je n'en veux plus !

C'est ce que je voulais, non ? Alors pourquoi ça me fait aussi mal ?

Abattu, je me retourne lentement et quitte cet endroit, la tête entre les épaules, mon cœur à ses pieds.

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