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Mercredi 8 mai 2019


On sonna.

Hans se leva du canapé bleu.

Il ouvrit la porte. C'était Elena la voisine.

- Bonjour ! Je m'excuse de vous déranger...

Elle posa un carton jaune par terre, plein de légumes.

- ...mais j'ai un service à vous demander...

Hans la regardait, un peu surpris.

- Nous allons partir deux semaines en vacances, dit-elle.

Hans mit deux secondes à réagir, il trouvait à vrai dire surprenant pour des enseignants de pouvoir prendre des vacances au mois de mai :

- En vacances !? ...Mais...tant mieux pour vous...

Elena souriait. Un peu étrangement.

- ...oui...une vie de travail pour le travail, vous savez...ce n'est pas tout-à-fait une vie, n'est-ce-pas, monsieur l'inspecteur. Même si l'on est passionné par ce que l'on fait...il faut savoir s'octroyer quelques moments de repos.

- Oh mais moi, je ne peux pas trop m'en octroyer à cause de ce satané « E » !

- Oui, effectivement...

Elena souriait étrangement et Hans ne comprenait pas pourquoi elle lui tenait tout ce discours ?

D'introduction ?

À quoi ?

- Alors oui, j'ai donc un petit service à vous demander. Est-ce que vous pourriez m'arroser les plantes à l'intérieur de notre maison, dimanche.

- Dimanche ?

On était mercredi. Hans qui ne s'y connaissait pas trop en plante et ne s'y intéressait pas non plus, s'étonnait tout de même :

- C'est pas un peu long jusqu'à dimanche ?

- Non non. Je vais les arroser copieusement aujourd'hui et c'est des plantes qui tiennent très bien le coup. Non. Dimanche ce sera largement assez tôt.

Hans regardait les légumes : tomates, salades, oignons, carottes...

- Ah d'accord ! Attendez je vais vous payer tout de suite.

Hans fila à la cuisine, récupéra son porte-monnaie dans la poche intérieure de son veston, en extrait vingt francs. Quelque secondes plus tard il retrouva Elena qui attendait à la porte d'entrée. Il lui donna les vingt francs :

Il y eut un silence. Elena souriait.

- Alors je vais rassembler les plantes dans la cuisine et le salon pour ne pas que vous ayez a parcourir toute la maison. Sauf une. Trop lourde, qui se trouve en bas de l'escalier, ne l'oubliez pas celle-là !

- D'accord. Mais qui va s'occuper des plantes au delà de dimanche? demanda Hans.

- Ma sœur va s'en occuper...

- Vous avez une sœur ?

- Oui elle habite en France voisine.

Elle regarda Hans droit dans les yeux et lui dit alors avec une déconcertante assurance :

- Je suis sûre que vous allez bientôt mettre la main sur ce « satané E » , comme vous dites.

Hans sourit à son tour. Jamais il ne s'était sentit aussi loin de la solution du problème « E » :

- Permettez-moi, madame Pericolo, d'en douter...mais merci pour les encouragements.

- Ce n'est rien monsieur Pfäfi. Ça a été un plaisir, car bientôt, croyez-moi, vous allez pouvoir rejoindre votre magnifique petite famille en Thurgovie...de vous avoir comme voisin.

Hans se mit à rire. Décidément, sa voisine avait décidé de lui remonter le moral ce matin !

- Je dois vous avouer que ma famille me manque de plus en plus...alors je prie pour que vous disiez vrai...

Et Elena, toujours aussi souriante :

- Je dis vrai !

Sur ça, elle lui souhaita une bonne journée et tourna les talons.

Hans la regardait partir, puis lui demanda en haussant la voix :

- Vous partez quand ?

- Aujourd'hui ! répondit-elle sans se retourner.

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