84

3 minutes de lecture


Vendredi 18 janvier 2019, 20h30


Alice ouvrit la portière de sa mini. Son smartphone vibra. Elle le sortit de la poche: Diae s'affichait.

- Merde!

Un pressentiment. Mauvais. Elle posa son sac à main sur le haut de la portière et le maintenait en équilibre avec son épaule. Et ouvrit le message:

" Ne vient pas ce week-end. Suis en révision intensif avec deux collègues! Examen exceptionnel mardi! Vraiment désolé! Week-end prochain sans problème! Je t'embrasse partout ! Didi".

- Merde! Merde!...il fait chier!...

Elle remit son portable dans le sac, le jeta sur le siège du mort. S'assit au volant, claqua la porte et démarra en trombe.

- Putain il fait chier l'éternel étudiant! Un examen exceptionnel!? Ah ouais....!

Alice finit par se calmer. Elle pourrait avoir un accident, si énervée au volant. Elle pensa à ce qu'elle allait lui répondre. Pourquoi pas:

" Peu pas week-end en 8: en formation continue exceptionnel pour inspecteur...!...gros bisou sur la joue!".

Mais pour finir, elle opta pour un assez froid:

" Je prends note. Bon week-end",

qu'elle tapa chez elle, assise dans son canapé, en sirotant une bière. Du coup, se dit-elle, elle avait le week-end pour elle. Et pour Hans, tiens donc! Et pourquoi pas ce soir?! Elle appela son collègue tout de suite.

- Allo, c'est moi! Figure-toi que Diae a annulé pour ce week-end, il a des examens à préparer. Tu as parlé de cinéma l'autre jour, ça te dit ce soir?

- Mais c'est 21h00 passé, Alice. Je sais pas si il y a des séances aussi tard. Et puis je suis super fatigué...

- Ok Hans. Pas de problème. Et demain soir?

- Oui. Tout-à-fait! Ok pour demain soir. On se mange quelque chose + ciné! Super programme.

- Tu sais ce qui passe en ce moment?

- Non, mais je regarderais. T'as une préférence pour le genre? Comédie, drame, action, film historique, dessin animé?

- Pffuit...je sais pas, j'te laisse choisir...

- Ok. Super! Alors à demain...

- À demain, Hans.

Elle raccrocha et s'assit de travers dans son canapé. Pied nus sur le siège. Sa bière à la main. Elle avait fini par se calmer par rapport à Diae. C'était normal. Il faisait des hautes études. C'était sa priorité. C'était vraiment tout-à-fait évident qu'il doive réviser pour cet examen. Du coup, avec un peu de sérénité retrouvée, elle lui écrivit un message nettement plus chaleureux:

" Bonne chance pour ton examen! Je t'embrasse partout aussi, regrette que ce ne soit pas en live!...Je t'aime, Alice".


Puis l'envoya. La journée avait été assez tendue. Cette tension expliquait en partie sa réaction épidermique à l'annulation de Diae. Elle avait compté sur ce week-end à Paris pour se changer un peu les idées et recharger ses batteries. Et puis non. Changement de programme. Et donc, aujourd'hui, Nicolas avait été chiant. Il n'avait pas hésité à critiquer ouvertement le voyage à Sion et le piètre résultat qui en avait découlé. De plus, Hans avait été maladroit et avait mentionné la halte à Montreux chez son oncle. Et même la nuit à l'hôtel ! Abdel l'avait soutenu, avait dit que ce n'était pas quelques heures qui allaient changer grand chose à l'affaire « E ». Sur ce, Nicolas avait rétorqué, qu'il ne s'agissait pas de quelques heures, mais d'une journée entière. Plus une nuit ! Et sur ce, Hans avait mis le holà:

- C'est qui le chef ici?, avait-il dit avec fermeté.

Fin de la discussion. Mais un peu tardivement, pensa Alice. Ce qu'elle ne s'expliquait pas. Comme s'il était un peu ailleurs. Il avait laissé Nicolas déblatérer toutes ses conneries. Avant de réagir. Et envoyer Nicolas à Sion surveiller Ehril Renard. Alice finissait sa bière, posa la bouteille sur la table de salon. Et eut une pensée qu'elle aurait bien voulue ne pas avoir. Nicolas soupçonnait Hans et elle-même d'entretenir une relation. Elle savait que Nicolas était après elle. Il y a un ans, il avait tenté de la draguer, sans succès. Et donc, tout ce charabia qu'il avait tenu sur le voyage à Sion, était, quelque part, de la jalousie. Voilà tout. Alors il était clair que avec l'arrêt à Montreux, et surtout la nuit à l'hôtel , cette jalousie avait été exacerbée. Nicolas pensait très vraisemblablement que les deux avaient fait l'amour au huitième étage de l'Eurotel. Et Alice pensait que l'attitude de Hans, passive face à Nicolas, était du au fait qu'il avait les mêmes soupçons qu'elle-même sur une hypothétique jalousie de l'inspecteur Vidon. Et son refus d'aller au cinéma était peut-être lié à la peur d'éventuels commérages. Mais pourquoi aurait-il peur de commérages si ceux-ci étaient infondées ? Elle regarda son portable. Diae n'avait pas répondu. Décidément, aujourd'hui elle n'aurait pas quelque chose de juste un peu agréable. Pour qu'elle puisse lâcher ses tensions, ses questionnements. Elle se sentait en déséquilibre. Sentimentalement. Et elle n'aimait pas ça.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Dam Filip ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0