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Restaurant le Dorian, 19 janvier 2019


François Charmey était responsable du département de la sécurité, de l'emploi et de la santé, le DSES. Lui-même ne l'était pas trop, en santé. Il avait 49 ans, mais en paraissait presque dix de plus. Au banc des accusés : son hygiène de vie. Il aimait les bonnes tables, dormait peu, détestait le sport et ne parvenait pas à arrêter la clope. Il avait essayé un nombre incalculable de fois, mais ses décisions ne tenait que quelques jours. Au grand maximum un mois. Son record. Du coup, il avait abandonné, et se disait, philosophe : il faut bien mourir un jour. De quelque chose. Peut-être que je ne vivrais pas jusqu'à 80 ans, mais je vais le faire sans me priver, en me faisant plaisir ! Voilà ma philosophie de vie ! Et l'une des manières de se faire plaisir était l'accès au pouvoir. Pour lui, une véritable drogue. Alors très vite, après des études d'avocat réussit brillamment, il se lança dans la politique. De droite. Clairement. La gauche, le social, ne l'intéressait pas. Était un frein au plaisir du développement personnel. François Charmey était ami avec Jean Walder. Ce qui ne plaisait pas à tout le monde. Il s'était marié trois fois, avait divorcé deux fois. En ce moment, depuis trois ans, sa femme s'appelait Béatrice. Avait trente-trois ans et était enceinte de cinq mois. Charmey allait être père pour la troisième fois. Avec chaque femme, il avait eu un enfant. Sa vie privée était donc relativement compliquée, mais il savait parfaitement ne pas s’embarrasser de lourdeur relationnelle. Ses ex-femmes le traitait de psychopathe. Tellement il n'en n'avait qu'à faire des besoins de ses enfants, et d'elles. Il disait régulièrement qu'il ne devait rien à personne, ce qui était évidemment une maxime qui réglait pas mal de choses.


Il mourut le samedi 19 janvier 2019 à 13h15 au restaurant le Dorian, situé près de la place Neuve. Il avait vertement renvoyé son garde du corps car il voulait dîner tranquillement, sans se sentir épié, avec Maria Stunz. Mademoiselle Stunz, 22 ans, stagiaire qui travaillait avec lui sur un dossier concernant l'emploi du temps des chirurgiens à l'hôpital cantonale. S'il pouvait, même si honnêtement il savait ses chances minimes, il amènerait Maria dans un lit d'un hôtel du coin. La jeune stagiaire au long cheveux brun foncé était à la fois extrêmement classe, François adorait la classe, et incroyablement sexy. Il en était donc au café, et commanda un petit digestif. Elle avait prit une verveine. Et il était sur le point de tenter de séduire la belle, s'apprêtait à délaisser la discussion professionnelle pour s'engager sur celle de la vie et de ses incroyables rencontre. Dehors, le soleil venait de chasser le brouillard et il se sentait l'âme d'un poète, prêt à parler de la beauté de la vie, de la beauté de la femme, et, suivant la réceptivité de Maria, de l'exaltation que pouvait générer une relation sexuelle. Il prit son verre, et, avant de partir à la pêche, but une gorgée. Puis, presque instantanément, il se sentit mal. Il ne parvenait plus à respirer. Il saisissait sa gorge, sa bouche, comme s'il cherchait à l'écarter pour faire entrer de l'air. Rien à faire. Il avait beau se dire philosophe, qu'il fallait bien mourir un jour, il lâcha tout de même dans un dernier souffle : « Putain, ça fait chier ! » suivi d'un « E ! » presque rageur, avant de s'écrouler de sa chaise devant une Maria médusée. Le personnel s'empressa d'appeler une ambulance, demanda de vive voix si un médecin se trouvait à l'une des tables. Le chef de service envoya un serveur à la quête d'un pharmacien, c'était mieux que rien. Puis il appela la police. Il savait qui était l'homme couché par terre et qui avait l'air mort. Tout-à-fait mort. Il avait cherché son pouls et il n'avait rien trouvé. L'affaire « E » était sur toute les lèvres des personnes présentes dans le restaurant.

- Mon Dieu ! C'est « E » ! s'exclama une femme d'âge mûre, particulièrement choquée.

- Nom de Dieu ! « E » a encore sévit, fit un jeune homme tout-à-fait excité par la situation.

Encore plus maintenant qu'il savait, la chose s'était ébruitée, qu'il s'agissait du conseiller d'État François Charmey. Maria Stunz pleurait. Elle n'avait encore jamais vu quelqu'un mourir. Même si elle ne connaissait pas très bien le conseiller d'État, elle avait apprécié travailler avec lui, et le voir passer de vie à trépas, assis en face d'elle, était une expérience quelque peu traumatisante. La police déboula. De tous les côtés. Le chef de service avait précisé au téléphone l'identité de la victime. Jamais Maria n'avait vu autant de voitures de police arriver, sirène hurlante et gyrophare allumé. Elle en cessa de pleurer. On entendait des sirènes en permanence. À croire que tous les véhicules de police du canton arrivaient sur les lieux du nouveau crime de « E ». Et dans le lot, Hans et Alice. Ils entrèrent dans le restaurant. Hans avait son portable à la main et était visiblement tendu. Il avait l'impression qu'il allait finir par devenir la risée du pays. Bientôt quatre mois que l'affaire « E » durait, et que des miettes à se mettre sous la dent. Hans était tellement tendu que Alice sut qu'il fallait que ce soit elle qui s'occupe de Maria Stunz. Elle s'approcha d'elle. Assise à l'une des tables, elle buvait une bière. Un peu pour oublier l'expérience qu'elle venait de vivre.

- Bonjour ! Inspectrice Noît. Je suis désolée de vous déranger. Je sais que vous avez subit un traumatisme, mais je dois vous poser quelques questions.

Maria acquiesça, sourit légèrement en tournant un peu nerveusement sa bière sur la nappe blanche.

- Avez-vous remarqué quelque chose de bizarre, quelqu'un avec un comportement étrange avant que monsieur Charmey ne décède ?

Elle but une gorgée de bière, fit une moue interrogatrice comme si elle essayait de se poser la question à elle-même.

- Euhh...on discutait boulot.

- Pendant tout le dîner ? Vous n'avez parlé que de boulot ?

- Euhh...non. Il m'a raconté des trucs sur sa vie.

- Quoi ? Enfin, est-ce qu'il a mentionné quelque chose de bizarre qui lui soit arrivé dernièrement ?

Elle finit sa bière.

- Euhhh...bof...je crois pas. Vous savez c'est difficile. Je ne m'attendais pas du tout à ce qui s'est passé.

- Vous a-t-il parlé de son garde du corps ? Pourquoi il l'a renvoyé ?

- Oui. Il m'a dit qu'il ne voyait vraiment pas son utilité, ici, dans le restaurant. Il m'a dit que le garde du corps l'attendrait au café Papon, dans la vieille-ville. Quand il irait reprendre sa voiture.

- Hum...nous avons contacté son garde du corps. Et il nous a dit que monsieur Charmey l'avait renvoyé pour la journée...le conseiller d'État vous a visiblement menti.

- Ah bon ?...je suis surprise...

- Donc rien, aucune anecdote de sa part sur un événement étrange survenu dans sa vie ?

- Euhh non. Enfin. Il m'a parlé un peu de sa vie, et ça avait l'air pas mal compliqué. Trois femmes, deux filles, une qui allait bientôt naître. Je me suis dit que sa vie était pas mal étrange quand même. Donc quelque chose d'étrange qui lui soit arrivé, en plus ? Je vois pas...quoique...l'autre jour...on a but un café au café Papon justement. En fin de journée. Et il y a eu une altercation avec une personne qui est passée derrière le comptoir et le patron. Celui-ci était très énervé, personnellement je trouve qu'il en faisait un peu trop, parce que la personne se trouvait derrière le bar.

- Vous vous souvenez de cette personne. Physiquement, à quoi elle ressemblait.

- C'était un homme. Il portait un bonnet noir.

- Habillé comment ?

- Habit sombre. Noir.

- Un détail ?

- Il avait un fil d'écouteur blanc qui sortait du bonnet. J'ai trouvé bizarre. Surtout qu'il était pas tout jeune le mec.

Alice prenait note sur son calepin. Un peu nerveusement. Cela correspondait à la description du cycliste fait par Sylvain, l'hôtelier. Elle appela Hans. Celui-ci discutait avec les serveurs, tous debout au bar. Lui aussi prenait des notes sur son calepin. Il leva la tête et regarda Alice. Celle-ci lui fit signe de venir. Il s'excusa auprès des serveurs.

- ça donne rien du côté des serveurs, et toi ?

Alice se leva :

- Viens ! Il faut qu'on aille au café Papon...et vous venez avec nous mademoiselle !

Elle ne laissa pas Hans poser plus de questions. Et il suivit un peu bêtement sa collègue.

- On y va à pied. C'est pas loin.

Et les trois montèrent la fameuse promenade de la Treille avec son plus long banc du monde, 120 mètres ! Et en haut du rempart qui donnait sur le parc Bastion et le mur des réformateurs, un café. Juste à côté de la Tour Baudet où siégeait une fois par semaine le conseil d'état. Le bien nommé café Papon. Sur le chemin, Alice avait expliqué à Maria que en revoyant le lieu, d'autres souvenirs peut-être capitaux pour l'enquête pouvaient ressurgir.


Ils entrèrent tout les trois. Le café était tout ce qu'il y a de plus charmant. Plafond voûté. Ambiance chaleureuse. Le genre d'endroit où l'on pouvait passer des heures à boire, manger, discuter. Une dizaine de client se trouvait répartit dans la salle. Hans se rendit directement au bar. Et questionna la serveuse :

- Bonjour, est-ce que le patron est là ?

La serveuse, en train d'essuyer des verres, se montra légèrement étonnée. Elle sentait bien que les deux personnes, Maria Stunz n'entrait pas en ligne de compte, n'étaient pas juste des clients venus étancher une soif :

- Euh...oui...il doit être derrière. Vous voulez que j'aille le chercher ?

- Oui, merci. Alice s'assit au bar.

Hans s'étonna.

- Ben oui. J'ai soif. On cours, on discutent depuis deux heures...

Maria Stunz s'assit à côté d'Alice. Le peu qu'elle avait côtoyé l'inspectrice lui avait suffit pour l'apprécier. Elle avait été très douce et compréhensive avec elle. Protectrice aussi.

- Bon d'accord, fit Hans et il prit également une chaise du bar.

La serveuse revint avec le patron. Un homme d'une soixantaine d'année, une barbe imposante, des lunettes à l'armature métallique, et des yeux, un regard vif, qui scrutaient avec précision le monde qui l'entourait.

- Messieurs dames ! Que puis-je pour vous ?

Sa voix était claire, dynamique, la vérité et rien que la vérité ne pouvait que sortir de cette bouche.

- Un coca ! s'il vous plaît, répondit Alice.

- Pour moi aussi, un coca, fit Maria.

- Et un cappuccino pour moi, ajouta Hans.

Le patron souriait dans sa barbe :

- Ce sera tout ? demanda-t-il , sachant pertinemment que la commande n'était que l'entrée en matière.

Hans déroula :

- Non. Évidemment. Mercredi dernier, cette jeune femme, Maria Stunz (il la désigna) et le conseiller d'état François Charmey ont but un verre chez vous, et mademoiselle Stunz a été témoin d'un incident. Un client s'est retrouvé derrière le bar...(il se tourna vers Maria)...vous pouvez nous montrer où se trouvait le monsieur ?


Maria but une gorgée de coca :

- ...Ben...là où vous vous trouvez, fit-elle en s'adressant au patron.

- Oui. Je me rappelle très bien. Et ça m'a vraiment mis en rogne. Les clients n'ont rien à faire dans les cuisines, ou derrière le bar.

- Mais qu'est-ce qu'il a dit, l'individu ? demanda Hans.

- Qu'il cherchait le journal ! Alors qu'il y en a plein posé sur la table à l'entrée, à côté de la penderie ! J'ai été sec...mais bon...ça, ça m'énerve.

- Vous pourriez nous le décrire, intervint Alice.

- Euhh...oui....à peu près...

Et Alice eut la confirmation qu'elle attendait. Bonnet noir et fil blanc d'écouteurs. Cela pouvait être le même bonhomme que celui qui avait jeté l'enveloppe devant le portier de l'Hôtel des Bergues.

- Mais...l'attitude de l'homme était comment ? Normal, bizarre, l'air suspect, comme s'il voulait en réalité voler quelque chose ? demanda Hans.

- Eh bien...bizarre quand même, pas net je dirais. J'étais en train de préparer votre commande, fit le patron en regardant Maria. Vous aviez pris quoi déjà ?

- Une verveine pour moi et un café pour monsieur Charmey.

- Et juste à ce moment-là, l'homme au bonnet noir se retrouve derrière le bar, fit Hans, le regard allumé. Tu penses à ce que je pense, Alice !

- Oui, Hans. Mercredi dernier, « E » a essayé de passer à l'action, mais a raté son coup...mais ce n'était que partie remise...

Le patron ne comprenait plus rien :

- Mais qu'est ce que vous voulez dire ? Il sentait que quelque chose de grave aurait put se passer chez lui.

- Que « E » a essayé d'empoisonner le conseiller d'état dans votre café, mais que grâce à votre présence il a dut remettre son méfait à aujourd'hui...

- Quoi ?

- François Charmey vient d'être assassiné, empoisonné à la cyanure sans doute, au restaurant le Dorian...

- QUOI !!!??? Mon Dieu ! Mais c'est horrible !!!

- Et cela aurait put arriver chez vous...

- Mon Dieu ! Je n'ose même pas l'imaginer !


Hans finit son cappuccino :

- Bon ! Nous en avons finit ici ! On retourne au Dorian. Nous avons une importante question à poser. Quelqu'un a-t-il vu un homme répondant à la description que vous nous avez donnée tout les deux.

Il regarda Maria et le patron. Avant de partir, il lui donna sa carte. Au cas où d'autres choses lui reviendraient en tête.

Et ils filèrent, reprirent la promenade de la Treille dans l'autre sens. À pas rapide, presque en courant. Le jour tombait. Maria les accompagnaient toujours. Elle prenait goût à cette histoire. C'était à vrai dire même absolument passionnant. Le choc de la mort du conseiller d'état s'était atténué. Restait cette affaire « E » dans laquelle elle se trouvait involontairement mêlée. Elle en aurait des choses à raconter à ses copines.


Ils poussèrent la porte du Dorian, toujours en état de branle-combat. La police scientifique de François Champs était en plein travail. Tout était analysé, répertorié, photographié.

- Tout le monde dans la salle ! Tous les serveurs, les cuisiniers ! Je veux voir tout le monde ici, maintenant ! fit Hans à voix haute.

Quelques instant plus tard. Une dizaine de personne étaient rassemblée.

- Un homme, habillé d'habits sombres, un bonnet noir, un fil blanc d'écouteurs sortant sous le bonnet, est-ce que ça vous dit quelque chose ? demanda l'inspecteur.

Silence. Re-silence. Puis quelqu'un se lança. Un des serveurs :

- Alors, un homme avec un bonnet noir. Oui. J'en ai vu un. Il est entré, semblait chercher quelqu'un. Je lui ai demandé s'il désirait manger. Il m 'a dit que non, qu'il voulait juste boire un café, et qu'il allait aller au bar. Après je ne m'en suis plus occupé.

- Qui servait au bar aux alentours de 13h00 ? demanda énergiquement Hans.

Savoir qu'un portrait robot se profilait petit-à-petit l'excitait. Enfin du concret. Quatre mois après le début de l'affaire « E ».

- Euhh...moi, fit un peu timidement un jeune homme qui visiblement avait peur d'être pris en défaut.

- Bien ! Ça vous dit quelque chose, l'homme avec un bonnet noir à votre bar ?

- Euhh...non...mais peut-être qu'il a enlevé son bonnet ?

- Mais est-ce que quelqu'un a but un café au bar autour des 13h00 ?

- Euhh...oui...je crois bien...oui...un homme...et aussi une femme...mais ils étaient pas ensemble...elle a but un thé...

- Comment pouvez-vous être sûr qu'ils n'étaient pas ensemble ?


- Ils ne se sont pas mis l'un à côté de l'autre. Alice intervint :

- Nous pensons que « E » sont plusieurs. Peut-être un couple. En pleine opération il est plus que probable qu'ils ne s'affichent justement pas en couple...

- ...?... Le serveur ne savait plus quoi dire.

- Bon. Quelque chose de suspect, de bizarre dans le comportement de ces deux personnes ? reprit Hans.

Le serveur était de plus en plus mal-à-l'aise.

- Eh ben...non...je vois pas...disons que l'homme n'était pas extrêmement sympathique.

- L'air préoccupé ? demanda Alice.

- ...euh...oui...c'est ça. Il avait l'air préoccupé, concentré.

- Vous vous souvenez d'autres choses, insista Hans.

- L'avez-vous vu partir ? demanda Alice.

- Euh...non...j'ai pas fait attention. Tout d'un coup il était plus là...il avait laissé la monnaie, avec un pourboire.

- François ! Les empreintes ont été prise au bar ?

- Non. On a laissé tombé, il y en avait beaucoup trop !

- Merde alors. Et la tasse de café, on oublie, elle a déjà été lavée, s'énerva Hans.

- Euh oui, confirma le serveur.

Hans regarda Alice. Réfléchit deux secondes. Puis prit la parole et s'adressa à tout le monde :

- Bien, merci pour votre collaboration. Vous pouvez disposer. Sauf vous deux.

Il pointa du doigt les deux serveurs qui avaient identifié l'homme venu consommer au bar autour de l'heure du décès du conseiller d'état.

- Vous venez avec nous pour le portrait robot.

En marchant d'un pas rapide jusqu'à la voiture, Hans se mit à rire.

- Qu'y a-t-il de drôle, Hans ? lui demanda Alice.

- Ma femme a raison. Le hasard n'existe pas. Heureusement que Diae a annulé ton week-end. T'as vu tout le bordel qu'on a du affronter. Je suis content de l'avoir fait avec toi, et pas Nicolas, ni Abdel.

Alice sourit :

- Ouaips ! Mais pour le ciné, c'est râpé !

- Hum !...je ne te le fais pas dire...

Il déverrouilla à distance les portières de la BM, et les deux inspecteurs grimpèrent dans le gros 4/4.




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