Samedi 13 octobre 2018, 10h30, commissariat boulevard Carl-Vogt

Une femme dans la cinquantaine témoignait. Hans et Alice avait réussi à travers les appels à témoin à mettre la main sur la personne qui avait vu un cycliste au bord de la route. Et elle était catégorique sur une chose. La personne qu'elle avait vue sur le vélo portait un bonnet. Et pas n'importe quel bonnet. Un bonnet type péruvien.

- Vous êtes sûr de ça?, lui demanda Hans.

- Absolument! Ça m'a frappé parce que moi aussi j'en ai un! Et j'en vois pas souvent.

Hans regarda Alice. Elle le regardait aussi. Puis elle lui dit:

- C'est intéressant, Hans. Note-le! L'inspecteur Pfäfi pris son stylo et inscrivit bonnet péruvien dans son carnet.

- Vous avez vu autre chose?, demanda Alice.

La femme soupira.

- Ben non...j'étais un peu en retard pour le boulot, alors j'allais pas m'attarder plus que ça...

Hans insista sur un point:

Est-ce que vous diriez que c'était plutôt une femme ou un homme?

- Alors...hum...j'allais assez vite...mais bon, je pencherais plutôt pour une femme. Mais bon, ça pourrait aussi être un homme un peu frêle et gringalet !

À midi, Hans et Alice dînèrent à l'Italian Pub, restaurant qui se trouvait pratiquement en face du commissariat. Alice n'aimait pas trop le cadre, alors ils n'y allaient pas trop souvent. Elle préférait faire quelque centaine de mètres à pied pour se retrouver au Sole Mio. Hans avait pris une salade Ceasar. Elle, des pâtes au saumon. Ils firent tinter leurs deux bières. Et se félicitèrent de ce nouvel élément qui allait peut-être faire avancer leur enquête.

- Un bonnet péruvien ? C'est toujours ça de pris, fit Hans en reposant son bock de Cardinal.

- Oui. Même si c'est pas extraordinaire comme détail, ajouta Alice en regardant autour d'elle.

Hans avait l'impression que sa remarque était également dirigée vers l'Ipub. Elle lui avait dit que c'était un peu froid comme ambiance. Sans personnalité. Hans devait par contre admettre que travailler avec Alice était un réel plaisir. Un plaisir dans la relation, le courant passait merveilleusement bien entre eux et, un plaisir pour les yeux. Aujourd'hui, elle portait une magnifique robe jaune et violette, longue jusqu'aux pieds. Elle avait tenté cette tenue inappropriée pour le travail d'action sur le terrain, on ne courrait pas après des malfaiteurs en robe, parce que justement, il n'était pas prévu d'action particulière en ce samedi 13 octobre. Mise-à-part l'interrogatoire de la témoin du cycliste. Elle aussi appréciait beaucoup la compagnie de l'inspecteur suisse-allemand. La veille, ils avaient passé une très agréable soirée au Sole Mio et vu que ni lui, ni elle n'était de week-end à Amriswil ou à Paris, autant passer du bon temps ensemble, et, converser sur l'affaire "E".

- Tu as été chez le coiffeur, Alice ? Non ?

- Bieeenn. Je sais pas si Diae l'aurait remarqué. Parce que j'ai pas coupé grand chose, et j'ai pas fait de couleur. Et toi tu le remarque ! Un point pour toi.

- Et bravo pour ta robe ! Je ne suis pas en train de te faire la courre, je tiens à le préciser, mais les femmes qui osent mettre de belle robe, qui ose la jouer vraiment féminine, je trouve que c'est magnifique et je n'hésite pas à le leur dire.

Alice souriait, avec un sorte d'étonnement dans l'expression. Un peu incrédule. Elle prit sa bière et invita Hans à les faire tinter encore une fois.

- Alors tu disais que c'était pas extraordinaire comme détail, le bonnet péruvien...

- Oui, fit Alice. Ça aurait été plus intéressant si elle remarqué une action particulière. Que la ou le cycliste était en train de faire quelque chose de bizarre...

- Alors ce qui peut-être considéré comme bizarre c'est qu'elle était à l'arrêt sur la route à une heure aussi matinale, et en fait, peu de temps avant que le drame ne survienne...

- Oui. C'est vrai. Mais bon. On va quand même pas traquer toutes les personnes qui portent un bonnet péruvien ?!

Hans sourit :

- Non.