Lundi 8 octobre 2018 , 18h00

La salle informatique se trouvait au deuxième niveau du commissariat du boulevard Carl-Vogt. Hans prit l'escalier, et d'un pas rapide, fila vers son troisième inspecteur sur l'affaire "E", Nicolas Vidon. Dans la vaste salle remplie d'écrans de toute tailles, 17 pouces à 40, ainsi que de trois rétroprojecteurs, Nicolas était occupé à analyser les textos que Jérôme Bonnetière avait envoyés et reçus durant les six mois précédent sa mort. Et apparemment, il n'y avait pas eu que Elizabeth Masson comme amour d'été. Vraisemblablement qu'une certaine Jess, d'après la teneur explicite des textos, "On se voit à l'hôtel à 15h00, mes mains veulent passer ton corps en revue... ", avait partagé, (avec d'autres conquêtes ? ), l'été érotique du directeur de l'office cantonal de l'emploi. Non, Elizabeth n'avait pas eue l'exclusivité. Il y avait également, pour ce qui est des "E", un Etienne Fournier. Un ami de longue date apparemment, français lui aussi, qui travaillait à la douane, suisse, de Bardonnex.

- ça donne quoi, les textos de Bonnetière ?, demanda Hans. Le ton sec.

- ça donne qu'il me font bander.

- C'est si excitant que ça ?

- Ah c'est assez chaud, oui. Il semblerait qu'un certain Etienne Fournier soit une personne à interroger. Puisque tout laisse à penser que en tout cas une fois, le 2 août, dans l'après-midi, Etienne Fournier avait rejoint Jérôme et Jess, pour Jessica Tardy. Au programme : partie à trois !

- Et où peut-on trouver ces deux personnes ?

- À Meyrin pour Jessica Tardy, et Carouge pour Etienne Fournier. Voici les adresses exactes.

Hans saisit la feuille que lui tendait Nicolas.

- Demain, ils aurons notre visite.

L'inspecteur suisse-allemand se leva, mais avant de partir, il demanda :

- Tu ne devais pas voir quelqu'un ?

- Kevin Dorbst...j'ai pas eu le temps...

- T'as pas eu le temps ou t'as juste pas envie de tester le hasard qui n'existe pas ?

- Non mais, chef ! C'est débile. Prendre au hasard quelqu'un sur une liste et aller l’interroger...c'est toi qui a eu cette idée ?

Hans devint froid :

- Puisque on n'en est à se poser des questions, comment ça se fait que quand je te demande d'arrêter la filature de madame Bonnetière, tu continues...?

Nicolas ne perdit pas trop de sa contenance, malgré qu'il savait que son chef avait évidemment raison. Et il lui rétorqua, avec un sourire narquois :

- Eliah Bonnetière est sacrément bonne...elle sait vraiment y faire...

Hans le regarda sévèrement :

- Fait quand même gaffe mon coco ! Encore un coup comme ça, me désobéir, et t'es plus sur l'affaire!