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Samedi 29 septembre 2018, 10h00


Hans était au volant de sa grosse BMW. Alice à ses côtés. Derrière, Françoise Géniole.

- Pourquoi voulez-vous que je vienne ? demanda cette dernière.

L'ex-amante de Jérôme Bonnetière semblait légèrement regretter son empressement à accuser Elizabeth Masson. Ou plutôt elle n'avait aucune envie d'être confrontée à la jeune secrétaire de l'accueil de l'office cantonal de l'emploi. Vingt-cinq ans. Dix de moins qu'elle. Très bien habillée. Extrêmement désirable.

- Vous l'avez accusée sans hésitation. Il y a donc des choses que vous savez sur elle. C'est une question de gain de temps, madame Géniole. Vous pourrez directement nous aider lors de l'interrogatoire d'Elizabeth Masson. Dans une affaire comme celle-ci, madame Géniole, il faut avancer vite. Le plus vite possible. Je vous remercie encore d'avoir accepté de venir.

Hans lui répétait en fait ce qu'il lui avait déjà dit au poste du boulevard Carl-Vogt. Mais elle avait apparemment besoin de l'entendre une deuxième fois.
Ils arrivèrent à l'adresse de la jeune femme. Elle habitait dans un petit trois pièces à Bernex. Pas de code à la porte. Étonnant, pensa Hans. Cela devenait rare. Aujourd'hui presque tous les immeubles étaient dotés de système de portes sécurisées. Ils montèrent deux étages, et sonnèrent. La jeune femme leur ouvrit. Elle vit immédiatement sa collègue Françoise Géniole et soupira, le regard fatigué.

- Entrez, je vous en prie, dit-elle cependant.

Tous le monde s'installa au salon.

- Vous-voulez boire quelque chose ?

Hans hésita. Alice non:

- Un café, volontiers, si vous en avez ? fit-elle.

- Nespresso, ça vous va?

- C'est parfait !

- Alors pour moi aussi, ajouta Hans.

Françoise Géniole souhaita pour sa part une verveine, mais dut se rabattre sur un thé à la menthe. La tension entre les deux femmes était palpable. Hans n'en n'avait cure et entra dans le vif du sujet :

- Madame Géniole vous a immédiatement désignée comme étant la coupable du meurtre de Jérôme Bonnetière. Alors je vous pose la question : avez-vous tué le directeur de l'office cantonal de l'emploi?

La jeune femme soupira. Et des larmes coulèrent sur ses joues. Françoise s'exaspéra :

- Non mais, Elizabeth! Tu vas pas faire dans les émotions!

Hans se demanda l'espace d'un instant, si il n'allait pas rejoindre Amriswil à la date prévue, 1er novembre. Car si Elizabeth Masson avouait maintenant qu'elle avait effectivement empoisonné Jérôme Bonnetière, l'enquête allait être très rapidement terminée. La secrétaire du service d'accueil s'énerva à son tour, des sanglots dans la voix:

- Mais comment peux-tu croire que une seule seconde que j'aie put faire une chose pareille. Je l'aimais....

- Tu l'aimais???!!!Mais comment peut-tu croire une seule seconde une chose pareille. Comment peux-tu croire aimer un homme comme Jérôme qui n'aime personne. À part lui-même! T'es vraiment naïve ma parole! On voit que t'as 25 ans! Et dans la tête, encore dix de moins.

Elizabeth se mit à pleurer à gros sanglots. Hans et Alice laissaient faire. Ils s'en était douté. Il y aurait une introduction, un préambule émotionnel à leur petite entrevue à quatre. C'était normal. Ils faisaient se confronter deux rivales. D'un même homme. Et celui-ci était mort. Il fallait laisser sortir les émotions des deux parties.

- ça va aller, fit Alice en passant son bras derrière Elizabeth, lui tapotant légèrement le dos. La jeune femme se calmait.

- Je vais être franc avec vous, mademoiselle Masson, dit alors Hans. Je ne crois pas que vous êtes la meurtrière de monsieur Bonnetière. Je ne le crois pas du tout.

Elizabeth renifla et Françoise soupira.

- Mais ce qui m'intéresse c'est ce qui s'est passé durant les deux mois où vous avez été en relation avec le directeur.

Françoise sourit:

- Elle s'est fait sauter trois fois par semaine...

Elizabeth recommença à pleurer.

- Madame Géniole, s'il-vous-plaît, fit Hans qui commençait à fatiguer. L'attitude de Françoise n'était pas constructive. Il en avait parlé seul avec Alice. Celle-ci lui avait toutefois fait remarquer à l'inspecteur qu'il ne pouvait pas ignorer que madame Géniole avait subit un traumatisme. Cela n'arrive pas à tout le monde de voir la mort en plein action. Quelqu'un mourir sous vos yeux. D'ailleurs, pour la plupart des gens, cela n'arrive jamais. On voit un membre de sa famille quand il est déjà mort, mais on est rarement là au moment même où la personne quitte ce monde. Donc, d'après Alice, madame Géniole avait agit par réflexe d'auto-évacuation. Il fallait trouver un bouc-émissaire de l'épisode cauchemardesque qu'elle venait de vivre. Et ce bouc-émissaire était évidemment Elizabeth Masson. N'avait-elle pas signé E sur la carte rose. Ne venait-elle pas de se faire larguer par le bonhomme en question. Elle, qui en plus, l'aimait. L'enfoiré ! Donc voilà, pour Françoise Géniole il fallait que la messe soit dite. Rapidement. Coupable : Elizabeth Masson.

- Mais c'est vrai ! Non ! Elizabeth ! C'est ça ! Il te l'a mise dedans ! Le plus possible. Jusqu'à ce qu'il en a eu marre de ta chatte. C'est aussi simple que ça.

Hans ne put s'empêcher de sourire. Alice aussi. Madame Géniole n'avait pas sa langue dans la poche. Et ce qu'elle avait dit, il fallait bien l'avouer, était sans doute un peu vrai. Ce qu'ils avaient appris sur les agissements de Jérôme Bonnetière par Elia Bonnetière, épouse du personnage, donnait évidemment du crédit à la version crûe de l'ex-amante de monsieur Bonnetière.

- Bon. Essayons de passer à autre chose, vous-voulez bien ?, demanda Hans. L'introduction était passée selon lui. Il fallait maintenant passer à la suite de l'histoire :

- Avez-vous remarqué quelque chose. Quelque chose d'inhabituelle. Une rencontre conflictuelle de monsieur Bonnetière. Vous-a-t-il fait des révélations sur des problèmes relationnel ? En gros quelque chose qui puisse nous mettre sur la piste de E ?

Elizabeth avait sorti un mouchoir de sa poche et s’essuyait le nez, les yeux, le visage. Elle réfléchissait. But une gorgée de café.

- Mon Dieu ! C'est difficile de me rappeler.

- Un coup de téléphone ?

Elle soupira encore :

- ...je sais pas là....il faut que je réfléchisse beaucoup...

- ça va pas être trop dure ?, questionna très ironiquement Françoise.

- Non mais, t'es pas croyable toi. C'est parce que je suis blonde ? C'est parce que t'es jalouse ? Parce que il n'a plus voulu de toi ?

- Alors certainement pas ! Et je te signale qu'il n'a plus voulu de toi non plus !

Hans intervint :

- On se calme s'il-vous-plaît ! J'aimerais vraiment que mademoiselle Masson se rappelle le plus possible d'éléments, mais je pense qu'il vaut mieux la laisser réfléchir toute seule au calme.

Il lui donna sa carte de visite. Alice également. Et tous les trois laissèrent la jeune femme seule pour réfléchir à un événement qui pourrait être susceptible d'être en lien avec E.

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