Une vision d’ailleurs

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À son réveil, Trixin comprit qu’il se trouvait ailleurs sans savoir où. Exit la fournaise, les nuages toxiques, le sol brulant. De prime abord, une sensation d’apesanteur différente dans son corps. Une pression étrange dans sa poitrine. Ensuite, un paysage aride aux couleurs extravagantes. Puis des individus, en nombre, se ressemblant tous.

« De la vue de mon hublot, je ne distingue qu’un bout de ciel, en permanence rouge orangé, posé sur un désert sans aucune végétation d’où tourbillonne de la poussière aux reflets violacés. L’alternance entre le jour et la nuit me semble plus longue que sur Terre. Quand je demande l’heure, on ne me répond pas. Est-ce que mes geôliers comprennent la notion du temps ? C’est sûrement un concept futile pour eux, mais pour moi ça ne l’est pas. Je suis enfermé dans ce dôme, avec pour seules ouvertures, une petite fenêtre et la porte d’entrée. D’ailleurs, des gardes y veillent pour que je ne m’échappe pas. Où pourrais-je bien aller de toute façon ? La vue sur le dehors ne m’offre aucune perspective alléchante. Peut-être que le paysage de l’autre côté me surprendrait. Je n’ai pas encore osé m’y aventurer, car les molosses m’intimident avec leurs têtes chauves deux fois plus grosses que la mienne et leurs grands yeux écarquillés sans expression. D’ailleurs tous ces extraterrestres ont invariablement la même sale tête. Je me demande bien pourquoi ils ne cherchent pas à ressembler à autre chose vu qu’ils en ont le pouvoir, car ils sont moches comme des poux. Même Fitibruss. Il n’est plus le yéti que j’ai rencontré sur Terre. Il a repris son apparence normale, c’est-à-dire laide et imberbe. En tout cas, poilu ou pas, j’apprécie quand même ses visites. C’est mon seul ami, ici. Les autres ne cessent de venir me voir pour me faire passer tout un tas de tests d’aptitudes physiques et intellectuelles. Ils n’arrêtent pas de me poser des questions. Je ne pige pas toujours leur logique. Je me sens bête des fois, car je ne sais que répondre. C’est moi l’alien ici en fait. Ils m’analysent, me mesurent, me pèsent tous les jours. Bref, je suis leur cobaye terrien. Vont-ils continuer à me tester le corps et l’esprit ? Finiront-ils par me disséquer ? Je suis bien affaibli et je n’ai plus le contrôle sur ma vie. Ma seule liberté se résume en ces quelques lignes. J’écris pour dire que je suis un terrien arraché de sa belle planète bleue, devenue un enfer en une fraction de seconde. Un beau gâchis. J’écris pour dire que nous sommes tous responsables de nos actes même si on ne représente qu’un grain de sable dans l’immensité de l’univers. J’écris pour dire que votre liberté peut s’éteindre en un éclair alors, je vous conseille de vivre à fond. À qui lira ceci, je lui souhaite de réaliser ses rêves pendant qu’il est encore possible. Trixin, survivant terrien, 2150, sur Sonate »

Trixin avait rédigé cette première lettre peu de temps après son arrivée sur Sonate. C’était la première d’une longue liste où il confiait ses souvenirs de la terre, et ce jusqu’aux derniers moments, même après l’impact de l’astéroïde. C’est sur ces écrits que je me suis basé pour vous narrer cette histoire. Je suis Yguebald, issu du croisement de mon père Trixin et d’un Sonatien, Bachold. Ici les genres féminins ou masculins n’existent pas. Nous sommes tous hermaphrodites. J’appartiens donc à la première souche hybride créée à partir des échantillons d’humains récoltés avant et après l’apocalypse sur Terre. On nous appelle les humanoïdes.

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