La rencontre décisive II

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Lorsqu’il revint à lui, il avait la nausée et se sentait exténué. Il ne se souvenait de rien. Un être gigantesque se profilait devant ses yeux, assis et recouvert de sable, le bras en l’air. La main tenait le phare du lac, haut perché, et semblait s’en servir de torche ou… de jouet. La personne s’amusait à masquer la lumière par intermittence avec sa paume. Ce halo clignotant aveuglait Trixin. Il se décala un peu et mit ses mains en forme de visière pour tenter de se protéger les yeux, déjà bien explosés.

Soudain, la main qui le soutenait se resserra autour de lui pour le ramener à proximité du visage de son propriétaire. Trixin vécut ce transfert comme à bord d’un train supersonique. Une sensation de vide avait parcouru son corps décharné et déjà bien fatigué. Il se demandait surtout si ses organes l’avaient suivi. Il peina à ouvrir les yeux. De toute façon, sa tête lui tournait tellement qu’il avait l’impression que ses globes oculaires ne retrouveraient pas leurs orbites de sitôt. Puis quand tout sembla remis en place, il constata avec effroi qu’il était bien la proie d’une bête sauvage. Le visage d’un géant recouvert de poils, façon yéti, lui faisait face. Cela dit, une expression aimable se dégageait de ce sourire, bouche fermée. Il frémissait déjà à l’idée de voir cette large bouche s’ouvrir, d’y être projeté et de finir mâchouillé sous la pression de puissantes molaires. Il était prisonnier, certes, mais une certaine douceur émanait de cette poigne. C’est alors qu’il entendit une voix posée lui dire :

«  Bonjour petit bonhomme, comment tu t’appelles ?

— … euh, Trixin, pourquoi ?

— Ami Trixin, enchanté. Je suis Fitibruss.

— Euh… OK. Enchan…

— Bienvenue à bord !

— Pardon ?

— Nous allons rejoindre le vaisseau spatial.

— Euh… vous faites erreur, je ne pars pas, moi !

— Sonate est un très bel endroit pourtant.

— Où ça ?

— Sonate, ma planète.

— Hein ? Vous êtes un extraterrestre ?

— Tout à fait.

— Vous n’êtes pas verts alors…

— Bonne déduction, Trixin.

— Ouais, merci. Bon… euh, c’est gentil de vous soucier de moi, mais je vais me débrouiller tout seul vraiment, merci

— La Terre est en perdition, tu n’as aucun avenir ici alors que si tu viens avec nous…

— Alors quoi ?

— Tu continueras à vivre et tu perpétueras ton espèce.

— Hein ?

— Vous n’êtes plus guère nombreux même si nous avons déjà récupéré plusieurs échantillons.

— Quels échantillons ?

— Des humains, comme toi. Tu dois être très résistant, car tu es le seul dans le coin.

— C’est vrai, que je n’ai pas croisé grand monde, mais bon… vous comptez faire quoi avec moi exactement ?

— Te ramener parmi les autres.

— Quels autres ?

— Les autres, recueillis par nous autres.

— Euh… je ne comprends pas bien là

— Je t’expliquerais tout ça bientôt, Trixin. On doit y aller maintenant.

— Mais non, je ne veux pas !

— Tu n’as plus trop le choix.

— Mais pourquoi ?

— Écoute, notre ponte Brixtstonk nous a envoyés récolter des spécimens de votre genre avant que vous ne disparaissiez tous. Voilà pour ton information.

— C’est qui celui-là, Briquetonque ?

— Notre ponte.

— Votre boss, quoi ?

— Oui, notre détaché universel.

— Oula… tous les termes sont compliqués chez vous…

— Je parle ta langue pourtant.

— Oui c’est vrai, comment ça se fait d’ailleurs ?

— Nous avons la capacité de cloner des informations et de les assimiler très vite.

— Vous voulez dire que vous êtes carrément plus intelligents que nous ?

— Nous utilisons presque 90 % de nos cellules grises.

— Ah ouais… impressionnant. Mais du coup, vous avez besoin de nous pour quelles raisons ?

— Pour la génétique.

— Ouais d’accord… On va être vos cobayes, quoi ?

— Tu es bien trop curieux. Allez, on y va !

— C’est un kidnapping en sorte.

— Non, un sauvetage.

— Oui, oh bah super !

— Eh oui, tu es chanceux. Tu vas pouvoir survivre.

— C’est vous qui le dites, moi je ne trouve pas…, vous êtes surtout en train de me contraindre à faire quelque chose dont je ne veux pas ! »

Le géant s’était levé et soulevait ses longs poils crépis par la chaleur pour aérer les plaques rouges qui se propageaient en dessous.

« Oh toi Trixin… tu es un drôle de spécimen. Je te sauve d’une mort imminente et tu rouspètes.

— Mais parce que je ne veux pas partir sur votre planète !

— Tu n’as pas le choix, l’ami Trixin.

— Et je ne suis pas votre ami, à ce que je sache !

— C’est vrai, je ne suis encore que ton sauveur.

— De toute façon, vous êtes beaucoup plus fort que moi et je ne peux pas m’échapper… mais sachez que c’est injuste ce que vous faites !

— Je ne te ferai aucun mal, Trixin.

— Mouais bon… pfff… par contre, quitte à partir loin, j’aimerais juste prendre des affaires avant s’il vous plaît. On peut faire un détour ? »

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