Une dernière lecture

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En deux, trois enjambées, le colosse avait rejoint la zone urbaine que lui avait mentionnée Trixin. Celui-ci fit signe à son ravisseur de le surélever un peu afin qu’il ait une vision d’ensemble, mais d’y aller doucement, car les mouvements trop saccadés lui donnaient la nausée. Son kidnappeur s’exécuta. Il suivait à la lettre toutes les indications que lui demandait Trixin et n’avait donc rien d’un méchant, même si son visage arborait de plus en plus de pustules répugnantes. Curieusement, il se sentait plutôt en sécurité lové au creux de sa main.

Sur la gauche, il distingua, enfin, l’immeuble de madame Guimbeck ou du moins ce qu’il en restait. Il fit signe à Fitibruss de le descendre et se pressa d’entrer dans l’édifice éventré. Il espérait que l’escalier tienne encore. Ignorant le danger, Trixin monta les marches deux par deux alors qu’elles s’effritaient en partie derrière lui. Une fois sur le palier, l’odeur était devenue insoutenable. Le corps de Monsieur Sataï avait viré au gris et de gros vers blancs sortaient de ces orbites. Il se boucha le nez et courut vers l’appartement d’Yvonne, désormais dénué de murs et de plafonds. Il trouva l’endroit sens dessus dessous. Les livres s’étaient étalés partout sur le sol. Aucune trace de la dame. Il entreprit de récupérer le plus de livres possible. À l’aide du couvre-lit, il improvisa un énorme baluchon et y jeta tout ce qu’il put dedans. Cependant, il ne résista pas à ouvrir au hasard un des bouquins au titre abracadabrantesque « Badabim Badaboom ». Le sens du texte lui échappait quelque peu… : « Sans sa badabim magique, il se trouvait badaboum. Il n’avait plus la possibilité de badabimer les autres, ceux qu’il avait toujours pris pour des badaboumeurs. Il resterait baba de ne plus pouvoir badabi… »

Il n’eut pas le temps d’y réfléchir que le sol sur lequel il se tenait se précipita vers le bas. Il se sentit tomber sans en ressentir d’impact final, car la main chaleureuse de son ange gardien l’avait une nouvelle fois rattrapée avant qu’il ne s’abîme dans ce fracas de ruine. Malmené par la chute, Trixin s’évanouit entouré de ses livres.

Fitibruss l'avait en effet sauvé in-extremis une nouvelle fois et avait pris soin de ramasser les quelques bouquins éparpillés autour du jeune homme inconscient. Il se hâta ensuite de rejoindre son moyen de locomotion. Son vaisseau spatialement mobile était stationné sur une aire de parking désertée. Le bitume fondu avait recouvert les quatre pieds de son embarcation en contact avec le sol bien qu'ils aient un revêtement en matériel anti-calorique. Cinq minutes de plus dans cette fournaise et cela aurait pu être ses dernières. La chaleur le rongeait lui aussi. Les pustules avaient colonisé ses globes oculaires. L'ouverture à reconnaissance faciale fonctionna tout juste malgrè son apparente déformation. Technologie de pointe très fine.  À l'abri et en possession de son otage toujours évanoui, il actionna le contact et en un éclair, l'engin se détacha du sol pour disparaitre la seconde d'après dans les confins de l'univers, très loin de la Terre.

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